one-man band

Ici on cause, on débat, on discute, on s'engueule, on recherche des trucs, en lien plus ou moins direct avec le punk DIY / Punx with brainz !
bub
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one-man band

Message par bub » 25 mai 2022 18:00

Je me trompe peut-être mais il me semblait ces dernières années voir apparaitre de plus en plus de musiciens qui se produisent seuls, dans un genre de de one-man band.
Alors bien sûr, il y a l'approche folk (anti-folk), l'artiste et sa guitare mais il y a surtout un rapport à l'individualité qui me dérangait.
Je ne parle même pas d'invisibiliser des musicien-nes derrière l'artiste (je pense qu'il n'y a pas débat...), c'est plus le rapport aux collectifs, aux groupes de personnes qui vont porter un discours.
Bref et je tombe la dessus
La méthode - podcast a écrit :Rebecca Amsellem – Pour revenir sur la notion d’individualisme, vous mettez en parallèle cette notion avec le capitalisme et la domination masculine dans l’art (comme Linda Nochlin). Selon vous, l’esthétique féministe (si on peut l’appeler ainsi) est plus collaborative ?

Isabelle Alfonsi – Le travail isolé, sans personne autour n’existe pas, à moins d’être un ermite et aujourd’hui, on ne va pas se leurrer, même les ermites sont dénichés par le marché de l’art ! Aucun.e d’entre nous n’est isolé.e dans ce monde, tout le monde fait partie d’une société quelle qu’elle soit et, en deçà, de groupes sociaux, politiques, professionnels, etc. Les idées ou l’inspiration artistique ne viennent jamais du plus profond de nous ou du plus haut du ciel : pour paraphraser Donna Haraway, il n’y a pas de « vue de survol, depuis nulle part, depuis la simplicité », ce qu’essaie de nous faire croire la culture du génie. Pour moi, il ne s’agit pas tant de développer une esthétique féministe qu’une conception féministe de l’esthétique qui souligne l’immanquable présence des autres dans les parcours individuels.

[...]

Rebecca Amsellem – Pour déconstruire cette forme d’universalité, et donc de proposer une lecture égalitaire de l’histoire de l’art, vous utilisez comme méthodologie la sexualisation du masculin pour déconstruire ce qu’on considère aujourd’hui comme neutre. Pourquoi ?

Isabelle Alfonsi – C’est une idée issue de l’histoire de l’art féministe et notamment des écrits de Griselda Pollock. Pollock écrit que « l’Histoire de l’art est une Histoire de l’homme illustrée ». C’est très simple, très clair : l’histoire n’est pas écrite avec les femmes, mais écrite avec les femmes comme objets de l’histoire. Aussi la question n’est pas d’introduire les femmes dans « l’Histoire de l’homme illustrée », mais de poursuivre l’écriture d’une histoire de l’art féministe, à la suite de Linda Nochlin, de Griselda Pollock, ou de Tamar Garb qui a été ma professeure à Londres. L’histoire de l’art féministe passe par la mise en récit des corps masculins comme sexués et genrés, en prenant en compte par exemple la diversité des expériences masculines afin que le masculin ne soit pas toujours égal au neutre, à l’esprit, à l’universel et le féminin au corps comme c’est trop souvent le cas dans l’écriture de l’histoire de l’art dominante.
Ainsi le one man-band punk participerait, dans sa démarche même de cette capitalisation ambiante du punk à l'aune de son entrée dans les cultures studies. (Je ne parle de one woman band qui est une autre démarche à mon sens - voire la dernière remarque sur la volonté de sexualiser le masculin).
A discuter...

Yanic

Re: one-man band

Message par Yanic » 25 mai 2022 23:39

bub a écrit :
25 mai 2022 18:00
Ainsi le one man-band punk participerait, dans sa démarche même de cette capitalisation ambiante du punk à l'aune de son entrée dans les cultures studies. (Je ne parle de one woman band qui est une autre démarche à mon sens - voire la dernière remarque sur la volonté de sexualiser le masculin).
A discuter...
On va dire que je n'ai pas ta maitrise des gender studies, donc mon point de vue ne pourra être qu'empirique, ce qui le discréditera à l'aune de tes références universitaires implacables. :lol: Mais pour moi, la base du punk, c'est le DIY. Ça va jusque là, on est encore d'accord sur ce point ?
Et bien je me souviens notamment d'une très longue interview d'Urban Blight (one-man-anarcho-punk band s'il en est) dans un fanzine
(malheureusement, le nom du zine en question m'échappe actuellement, je me souviens notamment dans cette même interview d'un propos très pointu sur le mythe de la croissance qui, selon les économistes©, générerait forcément de l'emploi, à partir de l'exemple d'un consultant qui a titre individuel pouvait générer des bénéfices exponentiels sans aucunement avoir besoin de personnel supplémentaire ; et ça datait de bien avant la promotion de la Startup Nation souhaitée par notre cher président !). Et dans cette même interview, disais-je, il évoquait aussi longuement son choix de faire un groupe seul, alors qu'il avait participé à quelques groupes avant. Et bien moi, c'est ce que je trouve le plus caractéristique du punk DIY : si tu as envie de faire un truc (de la musique, un fanzine, un label, etc...), et que tu ne trouves pas les gens adéquats pour t'accompagner (ou si leur participation, pour plein de raisons, ralentit le projet au lieu de le faire avancer), et bien tu le fais toi-même et puis c'est tout (ce qui est la continuité logique de "tu n'as pas de batteur sous la main et pas envie d'attendre, tu choisis l'option boite à rythme"). C'est même la base du punk en fait ! This is punk-rock, not a social center !
Le numérique a quand même permis de grandes améliorations dans le domaine, tu peux brancher ta guitare sur un PC avec une simple pédale pour faire pré-ampli et t'enregistrer ; un logiciel de boite à rythme, ça a pas l'air bien dur à maitriser, et hop, si tu as des choses à dire/faire écouter, ta démo est déjà prête. Et c'est justement à travers cette possibilité technique que je ne vois pas trop ce que la notion de genre viendrait faire là-dedans, ni en quoi le one-man-punk-band serait un problème et un symbole de la "capitalisation du punk".

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Re: one-man band

Message par organesfritsman » 26 mai 2022 10:39

Je me sens un peu concerné par le truc dans la mesure ou je fais un projet solo de temps en temps, un one-man band pour dire le gros mot.
Je me suis retrouvé dans cette situation de faire un groupe tout seul parce que soit ça n’avançait avec les autres (impératifs travail ou distance etc) ou soit je ne m'entendais pas avec les autres. Et ouais alors il y a cette idée de DIY qui est très présente et rudement facilitée par l'utilisation de la technologie (boite a rythme sur les ordis, voir même une playlist de batterie sur un téléphone ou des trucs du genre). On se retrouve seul-e à devoir tout bricoler de bout en bout, de la musique, à l'enregistrement, au support audio cassette cd etc... A ce sujet je serais super intéressé de lire l'itw de Urban Blight, si quelqu'un-e à le zine en question ou un e copie même numérique à la limite.
Pour faire le lien avec les gender studies (mais j'ai peut être rien compris), on a causé avec des copines (musicien-nes ou non) du fait d'avoir un projet solo de type one man/woman band. Et en gros elle m'expliquait qu'il y avait clairement plusieurs barrières.
Déjà , c'est l'idée même de se mettre en avant seule sur scène et le rapport au sentiment de légitimité dans ce qu'on fait. Voila personne n'apprend rien ici, on a toujours appris aux meufs à se cacher et au type à aller vers l'avant.
Mais y'a un autre truc intéressant qu'elles soulevaient, c'était dans le processus créatif même. Même si ça évolue un peu parfois à certains endroits c'est encore loin d'être le même traitement pour tout le monde.
L’accès à la pratiques des instruments ça a l'air d'être le moins pire dans cette histoire, on voit quand même de plus en plus de groupes avec des musicienne quoi.
Mais si on prend l'enregistrement ou la gestion du son la ça devient vraiment la honte... Ça reste enormement un milieu de types qui gardent leurs techniques de types et leurs connaissances quoi. Au point même ou parfois les mecs viennent changer le son des amplis des meufs sur scène "pour leur montrer", ou changer globalement le son de leur concert sans leur demander leur avis. Y'avait eu une discussion a Rennes la dessus y'a 2-3 ans dans un petit fest, plus dans le milieu noise mais c'était assez représentatif d'un ensemble. C'est toute cette possession du savoir technique aussi qui constitue pas mal un blocage aussi apparemment.

Donc la question c'est faut il arrêter les one-man band ou on partage nos pratiques parce que en vrai c'est plutôt simple et agréable à faire ? 8-)

bub
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Re: one-man band

Message par bub » 27 mai 2022 7:37

Hey ! globalement d'accord avec vous à première vue, chacun-e fait ce qu'il lui plait avec les moyens du bord, DIY, etc...
Mais je me posais plutôt la question de la maitrise totale, en lien avec le mythe du super héros.
Je prends un détour, avec l'importance de l'Auteur Compositeur Interprète par rapport à l'Interprète. En gros, le groupe de reprise (communément appelé groupe de baloche) est dénigré par rapport à un groupe qui joue ses propres morceaux. Finalement, comme si à partir de la maitrise d'un instrument, tu devais maitriser aussi l'écriture et l'harmonie musicale. C'est le biais d'autorité. Le musicien il joue trop bien de la guitare, du coup ce qu'il raconte ou ce qu'il joue, c'est l'éclate (ou vice versa). Et pourtant, à une époque pas si éloignée (le moyen âge), on dénigrait la nouveauté en pensant que les ritournelles millésimées étaient passées par la moulinette des générations qui avaient gardé le meilleur. En gros, le collectif a sélectionné pour vous la crème. Aujourd'hui, c'est toujours plus de nouveau (le Nupes, le NPA, etc... ce qui me vient à l'esprit). Alors que bien souvent, le nouveau c'est de l'ancien enrobé par un concept publicitaire. Le one man band refait du nouveau à sa sauce, sans pour autant plonger dans l'originalité.
Du coup, le one man band, maitrise tout de A à Z, joue de plusieurs instruments. OK mais maintenant pourquoi le montrer ? Moi aussi je gratouille dans mon salon, mais je ne m'expose pas pour autant en spectacle. Quel est l'intérêt de se représenter sur scène, un narcissisme ? un futur profit ? (on ne sait jamais on peut être repéré par un producteur)
Notez que je me pose la question par rapport à ce que j'imagine une recrudescence du phénomène. Et d'ailleurs l'effet COVID ou on se met en représentation en jouant de tout, n'est pas anodin. L'accès facile à la technique en est un autre (notre bonne socièté technicienne qui donne l'illusion de tout maitriser après une recherche google adéquate)
Ceci dit, il y a plein de bonnes raisons de faire un one man band. Poussé par le collectif notamment (c'est trop bien ce que tu fais, vas-y prends la parole). D'autant plus que urban blight (pour reprendre l'exemple) était pas reputé pour ses concerts (en a-t-il fait un même ?). Pour le côté genre, c'est le rapport au corps qui est mis en spectacle, une approche ignorée par le masculin.
Bon, je livre mes reflexions et je suis conscient qu'il y a plein d'écueils et que c'est pas abouti... (maitrise vs DIY) :hausse:
Je me pose des questions...

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Re: one-man band

Message par Laurent NTZine » 27 mai 2022 9:40

bub a écrit :
27 mai 2022 7:37
Et pourtant, à une époque pas si éloignée (le moyen âge), on dénigrait la nouveauté en pensant que les ritournelles millésimées étaient passées par la moulinette des générations qui avaient gardé le meilleur. En gros, le collectif a sélectionné pour vous la crème.
Tu as des éléments attestant cette affirmation ou bien elle est lancée gratuitement uniquement parce qu'elle soutien ta thèse ?
Je demande ça parce qu'en terme d'inventions dans le domaine de la musique, le Moyen Âge se pose là : le nom de nos notes vient de cette période ; invention des neumes (lointains ancêtres de nos notes rondes) et de la portée musicale également.
Alors, concernant le "dénigrement de la nouveauté", je reste circonspect.
bub a écrit :
27 mai 2022 7:37
Du coup, le one man band, maitrise tout de A à Z, joue de plusieurs instruments. OK mais maintenant pourquoi le montrer ? Moi aussi je gratouille dans mon salon, mais je ne m'expose pas pour autant en spectacle. Quel est l'intérêt de se représenter sur scène, un narcissisme ? un futur profit ? (on ne sait jamais on peut être repéré par un producteur)
La démonstration fonctionne tout aussi bien avec un collectif musical. Ok, on joue dans mon garage, on maîtrise nos instruments et on est bien calé, "OK mais maintenant pourquoi le montrer ?"

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Re: one-man band

Message par fredasse » 27 mai 2022 9:52

[/quote]
Et bien je me souviens notamment d'une très longue interview d'Urban Blight (one-man-anarcho-punk band s'il en est) dans un fanzine
(malheureusement, le nom du zine en question m'échappe actuellement,
[/quote]

tu dois sans doute parler du premier numéro de bambule.

D'autant plus que urban blight (pour reprendre l'exemple) était pas reputé pour ses concerts (en a-t-il fait un même ?).
yep, je me souviens l'avoir vu à dijon en 2005 si mes souvenirs sont bons.

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Re: one-man band

Message par kolonel muller » 27 mai 2022 11:14

bub a écrit :
27 mai 2022 7:37
Du coup, le one man band, maitrise tout de A à Z, joue de plusieurs instruments. OK mais maintenant pourquoi le montrer ? Moi aussi je gratouille dans mon salon, mais je ne m'expose pas pour autant en spectacle. Quel est l'intérêt de se représenter sur scène, un narcissisme ? un futur profit ? (on ne sait jamais on peut être repéré par un producteur)
Je suis en train de lire "journal d'un déglingué", de PRINCE RINGARD, qui a commencé par un ONE MAN BAND. Jette-y un oeil si tu en as l'occasion, tu verras que parfois il ne faut pas chercher de midi à 14h : une personne isolée, un profond mal-être, pas d'autres musicos sous la main et le besoin vital de chanter pour s'exprimer, c'est tout, rien de plus, et surtout, rien de moins !!! J'aurais le moindre talent musical (chant, instru...), je ne me poserais pas de questions, je foncerais, ça donnerait un ONE MAN BAND entre SUICIDE (qui n'en était pas un, je sais) et MOPO MOGO !! :-P
Mon vrai nom c'est FRED :-)

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Re: one-man band

Message par organesfritsman » 27 mai 2022 11:49

Je suis assez d'accord avec l'idée que la "démonstration" y'en a partout aussi dans les groupes qu'on écoute, qu'on va voir en concert ou qu'on fait jouer. C'est des individualités dans un projet collectif.
Y'a pas forcement besoin d'avoir un one man band pour ça.
On entend souvent les expressions "ouah ça joue", "super son que vous avez la", ou "super votre son d'enregistrement". Ca m'arrive de le dire aussi mais pour moi c'est pas gage de qualité, je trouve même ça un peu ennuyeux quand c'est trop "maitrisé". Enfin qualité c'est pas le mot, puisque si ça peut en être, mais c'est plus que je ne ressens rien en termes émotionnels.

Alors si un one man band apporte autre chose que de la démonstration (technique, musicale etc) en faisant justement une musique simple ou en apportant du contenu politique ?
Je suis tout à fait d'accord que ça reste du déjà fait et qu'il n'y a plus d'originalité nulle part cela dit. Mais j'ai l'impression justement que quand tu sais ça et bien tu cherches plus vraiment la démonstration, étant donné que t'as conscience que c'est du réchauffé. Ca devient alors simplement un truc ludique ludique et/ou un instrument de propagande selon les cas ahah.

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Re: one-man band

Message par kaosyouki » 27 mai 2022 12:30

Les souvenirs de Fredasse sont bons, il a même fait des concerts ailleurs qu'à Dijon.

On sous estime l'influence (devrais-je dire la tradition?) culturelle. Par exemple si le nombre de groupes à boites à rythmes est plus élevé en moyenne en France qu'ailleurs c'est parce qu'il y a eu les Bérus ou encore Ludwig Von 88. Et la France c'est aussi le pays de Rémy Bricka !



Pour appuyer ma thèse, Laurent Urban Blight vit depuis un bon moment aux Pays-bas, et ben il a arrêté le one-man band et fait maintenant un vrai groupe qui s'appelle Mondroof.

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Re: one-man band

Message par organesfritsman » 27 mai 2022 13:00

kaosyouki a écrit :
27 mai 2022 12:30
Les souvenirs de Fredasse sont bons, il a même fait des concerts ailleurs qu'à Dijon.

On sous estime l'influence (devrais-je dire la tradition?) culturelle. Par exemple si le nombre de groupes à boites à rythmes est plus élevé en moyenne en France qu'ailleurs c'est parce qu'il y a eu les Bérus ou encore Ludwig Von 88. Et la France c'est aussi le pays de Rémy Bricka !



Pour appuyer ma thèse, Laurent Urban Blight vit depuis un bon moment aux Pays-bas, et ben il a arrêté le one-man band et fait maintenant un vrai groupe qui s'appelle Mondroof.
Bah la toute de suite je comprends mieux :dance:

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