Maisons d'édition sur la musique

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ratcharge
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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par ratcharge » 07 févr. 2023 10:33

Bon, faut croire que je suis incapable de la fermer, donc surprise! Me revoilà. Juste, quand je lis les fantasmes de Christophe sur les maisons d'éditions (un milieu qu'au moins tu as l'honnêteté d'admettre que tu ne connais ni d'Ève ni d'Adam, je te l'accorde) et une phrase comme celle de Romain, "Alex il continue à publier son fanzine, à œuvrer à la luttine en même temps qu’il publie son livre chez Tusitala" (je sais que c'était le contraire d'une attaque, mais bon), je peux pas m'empêcher de revenir sur le ring.

Quand je dis que la maison d'édition c'est l'équivalent livresque du label pour la musique, ça sous-entends que dans un cas comme dans l'autre, il y a les gros industriels et les autres, avec onze-mille variations entre les deux. En l'occurrence, Tusitala, je sais pas ce que vous vous imaginez, mais c'est deux personnes dont ce n'est pas le métier et qui font ça dans leur temps libre. Et vous savez quoi? Eux non plus, ils gagnent pas un rond avec! Oui je sais, ça paraît dingue par les temps qui courent, et s'ils étaient un peu plus intolérants et/ou habillés en noir avec des patchs, on pourrait croire des anarcho-punks des années 1990. Certes ils filent des ronds aux traducteurs, correctrices, imprimeurs, diffuseurs, auteurs autrices etc, (tout comme un label file généralement une partie du pressage au groupe, ou parfois paye l'enregistrement, etc.), mais pour lui et elle, le carburant qui les fait sortir des livres, c'est la passion. Point. Et ils n'ont pas non plus la chance d'avoir des locaux dédiés à la maison d'édition... Tusitala, c'est une femme à Bruxelles, et un homme à Paris, avec chacun·e un petit bureau dans leur appart' respectif et des marmots qui courent autour, et quelques cartons de livres sous le bureau en question. Et à ma connaissance, c'est le cas de l'écrasante majorité des maisons d'édition.

Et franchement, ça me dégoûte un peu de me sentir obligé de préciser tout ça dans le cadre d'une discussion somme toute assez agressive. Je fais encore des zines et je m'active encore à la Luttine alors que j'ai sorti un roman chez Tusitala? Putain mais encore heureux, vous voulez que je fasse quoi d'autre? Compter mes valises de billets avant d'aller taper le bout de gras avec mes collègues Houellebecq et Marc Levy? C'est déjà arrivé sur ce forum que des gens posent des questions sur l'édition, et on était plusieurs à avoir essayé de répondre le plus clairement possible. Mais là, avec tous les sous-entendus de Christophe et les multiples attaques à peine voilées dans ses messages initiaux, je trouve que le ton général est plein d'accusations tiédasses qui, pour moi, relèvent du pur fantasme face à l'inconnu. Je sais pas ce que les gens s'imaginent, moi j'étais assez naïf pour penser que c'était clair, mais quand je fais ma tournée pour aller causer de mon roman un peu partout en France, c'est pas Tusitala qui me paye pour le faire, hein. Et c'est pas eux non plus qui calent les dates, à 4 exceptions près sur une vingtaine. C'est moi qui me relève les manches, qui contacte les lieux de mon choix, qui paye mon train, qui part avec mon sac à dos ou ma valise à roulettes remplie de livres et de zines, et inch'allah pour le défraiement. En gros, c'est une putain de tournée punk radicale à l'ancienne, sauf qu'il y a moins de monde lors des soirées (2 personnes à Liège, merci Clément! Et une dizaine de personne en moyenne, avec des pics à 20 ou 30). Et lors de ces rencontres, ce que je fais, c'est discuter avec les punks, les anars', les totos, les rats de bibliothèques et les curieux, c'est-à-dire les gens comme moi, celles et ceux dont l'avis a de la valeur pour moi, etc.

Voilà, je sais même pas quoi dire de plus tellement j'ai l'impression d'enfoncer des portes ouvertes... Le manichéisme, c'est une vraie gangrène, mais ça peut se soigner hein, suffit d'être ouvert et d'essayer d'appréhender la réalité concrète des choses, plutôt que de s'en faire des fantasmes dans sa tête. Sur ce, je retourne un peu bosser sur ma trad' sur l'OSPAAAL avant la manif, et je vous conseille le livre quand il sortira (il sera à la fois en espagnol, en arabe, en français et en anglais dans le même volume), parce que ça parle justement de la relation entre art et militantisme, et plus précisément entre les magnifiques affiches de propagande de l'OSPAAAL, et les luttes armées qu'elles visaient à inspirer. Petit extrait en exclusivité, parce que ça me semble approprié (là c'est un mec qui parle de son père, immigré équatorien aux Etats-Unis dans les années 1970, et qui a milité toute sa vie dans les quartiers du lumpenprolétariat portoricain d'une ville pauvre du Massachusetts) :
Si sa sobre autodiscipline de gauchiste avait pu prendre des airs austères avant son voyage à Cuba, à son retour aux États-Unis, mon père ne voyait plus la beauté comme une frivolité, un luxe, un élément bourgeois. Il avait compris que la beauté était aussi nécessaire à la survie que la nourriture au corps ou l’éducation à l’intellect, et que, pour s’épanouir, l’âme avait besoin de l’inspiration et du sens des possibles que procurent art et culture. Au final, il en est venu à considérer cet épanouissement de l’âme comme l’objectif-même de toute révolution : pour quoi d’autre lutterions-nous avec tant d’acharnement ?
La bise et faites gaffe à vous dans les cortèges de tête, hein!
Modifié en dernier par ratcharge le 07 févr. 2023 11:23, modifié 1 fois.

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par ratcharge » 07 févr. 2023 10:57

Et puis en passant, Christophe, si tu trouves que tu côtoies plus assez de freaks, de nerds, d'inadapté·e·s, d'énérvé·e·s, de féministes radicales (ou de femmes en général, soit dit en passant), d'émeutiers et d'émeutières, de brigand·e·s, de post-situ déglingos', de RSIstes, de chômeurs chômeuses, de précaires, de prolos, de personnes racisées, de personnes non-binaires/ queer/ etc, de cas sociaux, d'utopistes et compagnie (sachant que j'utilise bien sûr chacun de ces termes avec toute l'affection du monde), je te conseille d'aller traîner dans les librairies amies, tu verras, c'est encore plus une bouffée d'air frais que la scène punk.

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par ChristOff » 07 févr. 2023 12:59

Et puis en passant, Christophe, si tu trouves que tu côtoies plus assez de freaks, de nerds, d'inadapté·e·s, d'énérvé·e·s, de féministes radicales (ou de femmes en général, soit dit en passant), d'émeutiers et d'émeutières, de brigand·e·s, de post-situ déglingos', de RSIstes, de chômeurs chômeuses, de précaires, de prolos, de personnes racisées, de personnes non-binaires/ queer/ etc, de cas sociaux, d'utopistes et compagnie (sachant que j'utilise bien sûr chacun de ces termes avec toute l'affection du monde), je te conseille d'aller traîner dans les librairies amies, tu verras, c'est encore plus une bouffée d'air frais que la scène punk.
Alex, je veux bien qu'on parle de nos vies, mais par pitié, je te le dis sans animosité, sans violence, arrête de faire des projections.

Arrête de croire que j'ai passé ma vie assis devant un ordi à écouter uniquement du punk et à ne fréquenter que des punks. J'ai 53 balais, je fais pas mon paternaliste hein, mais juste arrête de croire que j'ai rien vécut, rien tenté, et arrête de croire que tu connais mon quotidien. Vraiment, je dis ça tranquillement, mais si tu veux qu'on aie une discussion un minimum sereine, tes projections, sache qu'elles me semblent pas décrire "mon réel", et qu'en plus je le vie vraiment comme des rappels à l'ordre et donc des jugements cinglants (j'imagine bien que c'est pas le cas, mais donc peut-être faisons un peu attention aux autres quand on se parle, non ?).

Bon, alors, donc, en toute sincérité, sans agressivité, je te le dit. Tu crois vraiment que j'ai fréquenté que les concerts punks avec des "anarcho-punks" dans ma vie ? C'est même d'ailleurs l'inverse, l'ensemble des expériences militantes et humaines qui m'ont marquées je les ai faites à côté des punks (puisqu'ils voulaient pas participé, et que ce qui les intéressaient c'était d'acheter des disques et causer de zik)... J'ai participé à une librairie anarchiste pendant plus de 10 ans, j'ai participé dans un collectif trèèèès hétérogène (décroisant-e-s, totos, étudiant-e-s post CPE, hommes, femmes, non-binaires) à des ouvertures multiples de squat. J'ai été dans des collectifs divers et variés (soutien aux sans-pap', anticarcéral, pour la défense de l'affichage public sauvages, etc. ), J'ai fais des zines, un projet de zine collectif tiré à 1000 exemplaire, j'ai participé à des émissions radio qui parlaient pas de punks. J'ai faits des traductions, filé des coups de mains à une "maison d'édition alternatives", tout ça sans rémunération hein. J'ai participé à un lieu politique anarchiste auto-géré intergénérationel (3 générations d'anarchistes, des anarchistes qui venaient de plein d'endroit différent) pendant quasi 15 ans. Bref, je veux pas te raconter ma vie, mais peut-être ça serait plus simple si tu projetais pas sur moi des trucs que tu crois être ma réalité. Et je le répète, on peut se parler de trucs persos (pour moi le perso est politique, pas de soucis, c'est d'ailleurs pour ça que je me permet de te répondre publiquement), mais pas dans ce cadre où tu débarques et où tu veux m'apprendre la vie par le biais de tes expériences.

Je suis un prolo, fils de prolo, j'ai grandi au Val Fourré à Mantes-la-Jolie, j'ai quitté l'école à 18 ans, sans le BAC. Je l'ai quitté en court d'année scolaire car l'école me faisait chier et ne m'intéressait pas. J'ai commencé à m'impliquer dans une "scène" punk (hardcore-punk même en vrai, car je connaissais que dalle de l'anarchisme et de l'anarcho-punk), où j'ai direct compris que la plupart des gens autour de moi (qui sont devenus mes ami-e-s hein, et pour lesquels j'ai du respect) venaient pas du même endroit que moi. Pas grave hein. Mais ouais, c'était souvent des gens éduqués et avec un background social différent. J'ai toujours été complexé par ma bêtise, mon manque de culture, mon incapacité à lire autant que les autres et à savoir faire la synthèse de ce que je lisais. Milieu punks, puis milieu anarchiste, j'ai toujours côtoyé des gens qui avaient fait des études, milité dans des orgas (étudiantes puis politiques), qui savaient parler et articuler des idées, faire des synthèses, ... Et accessoirement, c'est pas le centre de tout, mais j'ai globalement toujours fréquenté des gens qui en plus d'être plus intelligents que moi, étaient plus "à l'aise dans la vie" (séduisants, charismatiques, avec du pouvoir d'achat, etc.).

Je suis "straight-edge" depuis 1991 (lire ici que pour moi l'alcool est un vecteur de normalisation et un outil capitaliste, mais comme pour le reste, j'en connais zéro des straight edge hein, mes ami-e-s sont tout sauf ça, donc je méprise personne avec ça et je juge personne), abstinent sexuel depuis 1997, j'ai pas d'enfants, pas de voiture, je ne suis pas salarié depuis 1995, tout cela a des répercussions sociales, non ? Je n'aime pas aller au resto, j'ai pas de thunes pour aller au ciné, en vacances, "faire des sorties". Je suis obsédé par la "décroissance" et donc j'ai coupé mon chauffage, mon chauffe-eau, ma chasse d'eau. Bref, tout ça, pour le meilleur et pour le pire, ça impact l'expérience de la vie sociale, non ?

Je te dis vraiment, vraiment, vraiment pas ça sur le ton de l'agressivité, mais de la même façon que je connais pas ton quotidien, que je présume pas de ton équilibre psychologique, je pense que tu ne connais rien de ma vie et de "comment je vais". C'est pas grave hein, moi je pense que ça ne nous empêche pas de nous respecter et de parler de trucs politiques (et autres) ensemble.

Mais, si tu veux aborder le perso, alors je pense que c'est bien aussi que tu sois en capacité d'entrevoir que ta vie, tes expériences, ton enthousiasme, tes peurs, tes passions, ne sont pas transposables à ma vie (et celles des autres de façon générale, non ?). Je trouve que ta façon de hiérarchiser nos vies, sur la base de tes expériences et de ce que tu projettes de la mienne, ça pourra pas marcher.

Mon état de santé (et oui, on est pas tous et toutes 100% valides), mon état psychologique, mes choix de vie, ça isole socialement. C'est pas "misérabiliste" hein, et c'est toi qui veut absolument parler de ma vie. Ne pas avoir de background étudiants, ne jamais avoir "lu", et puis ne pas avoir quoi que ce soit qui te "légitimes" dans la vie social (pas de boulot, car oui, même chez les punks et les anars, le boulot est central et nivèle les relations... pas de famille, idem, je suis le seul dans les milieux que je fréquente à pas avoir de gosse et/ou ne pas vivre en couple/autre)... tout ça impact forcément nos réalités de manières différentes, et je préjuge PAS de ta vie, que je ne connais pas.

J'ai déjà gouté, l'essentiel de ma vie même hein, aux relations sociales. J'ai toujours été le seul "straight edge", le seul "non en couple", le seul "non salarié".... je dis pas ça pour frimer ou j'sais pas quoi, mais je veux dire des efforts pour vivre dans "la vraie vie", tout en tentant de rester "fidèle" en ce que je crois, j'ai fait que ça l'essentiel de ma vie d'adulte. Ne présume pas de ce que j'aurai ou non pu vivre, d'accord ?

Je suis pas le type punko-centré que tu imagines que je suis. Je suis pas le type sectaire, sûr de lui, manichéen que tu imagines que je suis. Je cherches pas à te convaincre, mais juste te dire, si tu reviens à la charge un message sur trois avec des sous-entendus sur la "non"-qualité de ma vie sociale, ça va être difficile de communiquer sereinement il me semble, non ?

C'est pas destiné à être méchant, et même c'est un gros effort, parce que oui, tes piques, moi elles me blessent à mort (et que comme un paquet de gens, quand je me sens jugé et que je suis blessé, j'ai tendance à monter le ton et devenir con), je me doute que tu le fais pas dans ce sens, mais c'est ça aussi je pense la capacité à se "sociabiliser", non ? Arrêter de croire qu'on "connait" l'autre, alors qu'on se contente de scruter sa vie uniquement sur la base de la notre.

Bref, je ferme cette parenthèse. Je me repends pas en trucs trop perso, mais mon email, c'est stonehengerecords@hotmail.com si tu veux parler de choses perso, avec plaisir, ok ?

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par kolonel muller » 07 févr. 2023 14:07

Elle est houleuse votre discussion, mais passionnante ! J'adore vos témoignages à tous les deux, ça soulève plein de questions qu'on se pose toutes et tous à un moment ou à un autre... Par contre Alex je n'imaginais pas ça comme ça la boîte qui t'a sorti ton roman ! Je me doutais bien que tu n'étais pas devenu milliardaire mais je pensais que c'était tout de même plus confortable pour toi et pour eux et que oui ta tournée était financée !! Quoi qu'il en soit ce n'est pas moi qui vais te lancer la pierre pour ces réussites, réussites toutes relatives donc... Attends je rectifie, pour davantage de clarté et éviter les malentendus : ça n'est pas moi qui t'aurait lancé la pierre si tu avais sorti ton roman sur une plus grosse boîte...
Sinon Christophe j'aime bien ce que tu dis sur les origines sociales et le niveau d'éducation dans la scène anarcho, sur tes complexes, sur ton sentiment d'être "moins bien" que d'autres qui sont cultivés et qui s'expriment merveilleusement bien ! Je suis loin d'avoir votre vécu à tous les deux en matière de punk mais perso j'ai commencé par la scène punk phaco (pogo, baston, cuites...) et là c'était pratiquement l'inverse, bien qu'issu d'un milieu modeste, et bien qu'étant assez peu cultivé, avec toutes les questions que je me posais, j'avais l'impression d'être l'intello de service et j'aurais bien aimé que les punks que je fréquentais le soient un peu plus ! Paradoxalement, quand j'ai choppé ton DESIDERATA, j'ai presque flippé parce que je n'entravais même pas la moitié de ce qui y était écrit :lol:
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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par ChristOff » 07 févr. 2023 15:00

Coucou Colonel Muller, bah, désolé si ça donne une impression de discut "houleuse", c'est sans doute un des gros points faible des discut' par forum interposé... ça va vite à interpréter les choses (moi le premier hein, je me crois pas plus en capacité que la moyenne de tout bien piger)... Souvent, j'ai l'impression d'être super dans la retenue et après je vois que les gens se sont senti agressés, j'ai la honte, tout ça... Pourtant, vraiment, je relis plein de fois avant de posté, pour tenter d'éviter le pire de la réponse émotionnelle pourrie. Mais bon, même quand on croit être super diplomate et faire méga gaffe, je sais bien qu'on peut quand même être à côté de la plaque, ou qu'en tout cas les gens en face ils/elles pigent pas les intentions. La communication, c'est souvent chaud de chez chaud hein !

C'est marrant les parcours individuels que le punk a donné à nos vies. J'suis pas un fana des études "historiques" et tout ça sur le punk, mais souvent je me dis que ça pourrait être intéressant de faire un truc vaguement "socio" (pas dans les clous de la discipline forcément hein), et voir si toutes les visions/compréhensions qu'on a de cette scène sont réalistes ou pas.

J'ai pas mal de potes punk qui viennent de la branche plus phaco, et je trouve ça méga intéressant de tenter de piger leurs parcours, parce que là, moi je connais vraiment pas cette scène, et évidemment, j'ai des préjugés dessus hein, mais ces potes m'ont aussi fait piger que mes à priori tenaient pas vraiment.

Ouais, Desiderata, c'était animé je pense de bonnes intentions, mais en vrai, on était à côté de la plaque sur plein de trucs... et d'ailleurs notamment on était incapables de piger la complexité et la diversité de ce que le mot "punk" pouvait inclure.

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par ratcharge » 07 févr. 2023 15:07

ChristOff a écrit :
07 févr. 2023 12:59
Alex, je veux bien qu'on parle de nos vies, mais par pitié, je te le dis sans animosité, sans violence, arrête de faire des projections.
Dans ce message, je ne faisais que réagir à ce que tu m'as écris un peu plus tôt. Par exemple :
ChristOff a écrit :
07 févr. 2023 12:59
Franchement, un jour aussi, pose toi la question de savoir pourquoi les gens ont du mal à "sortir de chez eux"... Est-ce que justement la vague de rationalisation qui a gentrifier en profondeur nos mondes n'est pas un motif de fragilisation pour ceux et celles qui se retrouvent comme des ronds de flan dans les ruines que vous avez laisser de notre univers ? C'est bien gentil de venir après dire "ooooh la honte, il vient plus fréquenter le réel, bouuuuuh le tocard", mais en vrai, peut-être c'est bien aussi de réfléchir comment le changement de population que vous avez imposé à la scène est un vecteur d'isolement...
Si là j'étais pas censé m'inclure dans ton "vous", j'y comprends plus rien. Tu parlais à qui au juste? Parce que c'est sûrement pas moi ni les personnes qui fréquentent ou lisent ce forum qui ont "imposé à la scène" le "changement de population" qui serait "vecteur d'isolement" dont tu parles. Et "les ruines" que moi et d'autres auraient "laissé", perso je suis en radical désaccord avec toi, je pense qu'elles sont l'œuvre de gens bien précis, des gens avec des noms et des adresses comme le disait si bien Tragedy, mais ces gens à combattre, je pense que tu te trompes très très grossièrement de cible en croyant les trouver sur ce forum.

Et puis du reste, maintenant tu me dis qu'il faut pas aborder les sujets perso, c'est bien ça? Moi qui croyait que le personnel était politique, décidément je capte vraiment rien à ce que tu racontes.

Et demande-toi aussi pourquoi je prends tout ça autant à cœur. Bien sûr que c'est tout ça est aussi putain de personnel. Quand tu sous-entends, sans rien y connaître, que le monde de l'édition est un repère de dangereux capitalistes gentrificateurs, tu parles de moi, qui ai pour ainsi dire un pied dans le punk et l'autre dans l'édition, oui, bien sûr. Mais tu parles aussi et surtout de mes proches, que ce soit des ami·e·s, des potes, des camarades, des collègues et jusqu'à ma compagne, qui fait du bénévolat dans l'édition depuis toute sa vie, qui n'a jamais eu le moindre bout d'un "vrai taff" tellement le monde du salariat néolibéral l'a toujours fait bader, et je pourrais continuer à enchaîner les exemples comme ça jusqu'à l'épuisement. Donc oui, tes attaques, moi je les prends très très personnellement, et je ne défends pas que moi en y répondant, et j'en ai franchement rien à foutre si mes contre-attaques te font du mal à l'égo. De ce que j'en ai appris, se remettre en question dans la vie, c'est rarement indolore, et idem pour ce genre de discussions quand il y a du répondant.
Modifié en dernier par ratcharge le 07 févr. 2023 15:29, modifié 1 fois.

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par ChristOff » 07 févr. 2023 15:28

Pfff, sérieux Alex, c'est dur de causer avec toi, non ?

On est affecté par les discussions, ok, et on surinterprète les choses dites qu'on prends pour nous, d'accord... mais essais aussi de pas systématiquement t'emporter et foncer dans la lecture qui me semble partielle des choses...

Bon, j'ai bien dit que le perso était en effet politique ET que ça me dérangeais pas forcément de parler de nos vies. Il me semble que c'était écrit noir sur blanc, non ? J'apportais juste une précision : de mon point de vue, tu fais des projections et du coup, c'est difficile, même sur ce terrain de parler sereinement. Je te demandais juste d'au minimum pas partir du principe que tu connaissais ma réalité. J'ai dans le même temps préciser que moi je connaissais pas la tienne.

Bref, ensuite, la citation que tu mets était EN EFFET une réaction "à fleur de peau", donc, comme je crois l'avoir quand même bien précisé, émotionnelle, pas forcément constructive dans sa forme...

Ensuite, je te donne des arguments pour relativiser chacune des assertions que tu fais sur ma vie :

- "tu n'as jamais participer à un projet de bouquin collectif, traduction, relecture, mise en page, édition" : je te réponds, bah si...

- "tu ne connais rien au monde de l'édition" : je te réponds, bah j'ai filé des coup de main et donc participer à la vie d'une maison d'édition local, aux prétentions politiques et DIY... mon jugement ne correspond peut-être pas à ta réalité, mais bon, alors du coup, on établi que ta réalité est plus "réelle" que la mienne ?

- "tu ferais mieux de sortir et d'aller dans des librairies pour rencontrer des gens différents" : je te réponds, bah moi, j'ai été "bénévole" dans une de ces librairie pendant une dizaine d'année, ça me permet en effet pas de brasser l'ensemble de ce qui se passe, mais bon, j'ai quand même un peu le droit de me faire mon opinion, non ?

Mon dernier message, bah, j'ai mis les formes, je te dis juste, si on discute, qu'on sait qu'on est pas d'accord sur plein de trucs, on peut aussi s'éviter les trucs à l'emporte pièce non ? J'ai relu mes messages, et donc mis à part ce "P.S." que j'ai mis après que tu m'aies quand même (souviens toi) carrément dit que mon avis c'était grosso modo de la merde parce que j'étais incapable de sortir de chez moi et me confronter à la "vraie vie", donc mis à part ce "P.S." qui était émotionnel, qui incluait du perso, de la colère et donc une part de connerie, j'ai jamais parlé de toi, j'ai toujours fait gaffe à être pondéré. Ta communication est en yoyo en permanence. Un coup, tu discut' tranquille. Un coup, tu pars dans des interprétations et des jugements (relis le message que tu m'as envoyé bourré en rentrant de ta soirée par exemple hein). Bon, bah moi, j'ai pas la sérénité et la quiétude suffisante pour piger ça.

Bref, je prétends pas avoir raison et tout pigé, mais ce que je ressens, c'est que tes messages sont en permanence émaillés de jugements moral sur ma vie (vinyle pas bien, faut sortir un peu mon gars, si tu sortais tu comprendrais la vie...) Évidemment j'interprète en partie, c'est malheureusement un élément compliqué de la communication, ici sur un forum en particulier, mais on serait dans la vraie vie, ça serait pareil)

Bon, ça a pas de sens, je me barre de la discut'

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par ratcharge » 07 févr. 2023 15:39

ChristOff a écrit :
07 févr. 2023 15:28
Mais essais aussi de pas systématiquement foncer dans la lecture qui me semble partielle des choses...
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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par kolonel muller » 07 févr. 2023 15:41

ChristOff a écrit :
07 févr. 2023 15:00

J'ai pas mal de potes punk qui viennent de la branche plus phaco, et je trouve ça méga intéressant de tenter de piger leurs parcours, parce que là, moi je connais vraiment pas cette scène, et évidemment, j'ai des préjugés dessus hein, mais ces potes m'ont aussi fait piger que mes à priori tenaient pas vraiment.

Ouais, Desiderata, c'était animé je pense de bonnes intentions, mais en vrai, on était à côté de la plaque sur plein de trucs... et d'ailleurs notamment on était incapables de piger la complexité et la diversité de ce que le mot "punk" pouvait inclure.
Pour le parcours c'est simple en ce qui me concerne : rien d'autre à la ronde ! Les grands frères punks des potes étaient des punks à crête, fans d'EXPLOITED, des mecs - toujours !! - qui pensaient que si t'as pas de crête t'es pas punk et que punk = violent, délinquant... Et quand toi tu n'étais pas comme ça, parce que trop jeune, parce que pleins de raisons (genre ta maman qui n'aurait jamais toléré que tu te coiffes comme un loulou !!!!), c'était tout de même le modèle vers lequel il fallait tendre, et on ne se posait pas plus de questions, voire pas de questions du tout, du moins dans un premier temps... Bref ça m'a fait tout drôle le jour où j'ai commencé à fréquenter la scène DIY : mais c'est quoi ces punks qui se font la bise, qui mangent des tartines en buvant du thé, qui lisent des bouquins aussi épais que l'humour des personnes qui m'avaient "inspiré" jusque là !!!??? Je n'y comprenais plus rien !!!
En tout cas oui, j'aime bien savoir par quoi les gens ont commencé, quel a été leur parcours... C'est là que l'on se rend compte de la diversité des personnes qui se réclament de cette culture, c'est là que l'on comprend pourquoi il y a des niches ou plutôt des sous-groupes qui ne communiquent pas ou peu entre elles... Après c'est aussi une question de dynamiques locales : quels sont les groupes, qui sont les personnes qui se bougent et donc les modèles qui s'imposent? C'est peut-être moins vrai aujourd'hui à l'époque du tout numérique où l'on peut découvrir des groupes pointus en quelques clics même dans une petite ville de province chiante à mourir...
... Désolé pour la parenthèse, je fous tout en l'air avec mes digressions !!!!!!
Modifié en dernier par kolonel muller le 07 févr. 2023 22:10, modifié 1 fois.
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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par kaosyouki » 07 févr. 2023 21:06

Fabien Hein dans son livre sur la culture et l’autodétermination dans le punk distingue trois grandes figures : (1) la major (Universal), (2) le label indépendant (Dischord Records), (3) l’autoproduction (Crass Records). Si on reprend ces trois figures pour les appliquer à la production non plus de disques mais de livres, on peut schématiser de la façon suivante : (1) les gros éditeurs (Gallimard/Grasset), (2) les éditeurs indépendants (Le passager clandestin), (3) les livres autoproduits (je n’ai pas envie de donner d’exemples précis). Déjà, dans la sphère du disque, il a toujours existé des tensions, les anarkopunks reprochaient à Dischord Records leur compromission avec le système.
Je fais un hors sujet parce que j'aime bien pinailler et que c'est plus fort que moi.. Je connais pas Fabien Hein, mais je ne pige pas la distinction entre Dischord et Crass records.
D'une part parce que Dischord à commencé dans le même genre de conditions, avec les mêmes objectifs (sortir les disues de ses propres groupes, puis de ceux des potes, puis des groupes qu'on trouve intéressants, avec un focus sur Washington DC pour Dischord).

Aussi parce que Ian McKaye et Jeff Nelson (et donc Dischord) étaient très liés avec John Loder (ingé-son de quasi tous les disques sortis sur Crass records, qui faisait Southern studios et Southern records, donc Crass records), et que je ne vois pas bien la différence de fonctionnement fondamentale entre les deux labels.

Et aussi parce que le "catalogue" de Crass records il n'est plus chez Southern maintenant (qui d'ailleurs était critiqué par certains "anarcho-punks" aussi, par exemple John Active), mais chez One Little Independant dont l'origine est certes dans l'anarcho-punk, mais qui est quand même un GROS label indé.

Enfin c'est qui les anarkopunks qui reprochaient à Dischord Records leur compromission avec le système ? Parce que je pense qu'anarcho-punk ça ne veut pas dire grand chose de très précis en fait, le terme recouvre plein de réalités différentes, et si on parle de "l'anarcho-punk" britannique de la première moitié des années 80, c'était pas toujours la grande entente entre tous les gens qui étaient affublés ou se réclamaient du terme.

J'aurais plus compris la distinction si à la place de Dischord l'exemple avait été Epitaph ou un label du genre.

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