Maisons d'édition sur la musique

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ratcharge
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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par ratcharge » 08 févr. 2023 0:15

Parce que ça me fait chier que ces trucs soient écrits là sans réponse (mais en vrai je suis de bonne humeur, je pars bientôt en vacances 8-) ) :
ChristOff a écrit :
07 févr. 2023 15:28
la citation que tu mets était EN EFFET une réaction "à fleur de peau", donc, comme je crois l'avoir quand même bien précisé, émotionnelle, pas forcément constructive dans sa forme...
Là en gros j'ai cité mot pour mot un truc que tu as dit, mais tiens, surprise! C'est pas le bon.
ChristOff a écrit :
07 févr. 2023 15:28
Ensuite, je te donne des arguments pour relativiser chacune des assertions que tu fais sur ma vie :
- "tu n'as jamais participer à un projet de bouquin collectif, traduction, relecture, mise en page, édition" : je te réponds, bah si...
J'ai pas dit que tu n'avais jamais participé à un projet de bouquin de collectif. Par contre j'ai dit et je pense toujours :
Je blague aussi parce que tu nous sors ton éternelle tartine sur un forum internet où quelqu'un qui cherche un plan taff a juste eu le malheur, que dis-je, l'indécence crasse, de nous demander si on connaissait des maisons d'éditions potentiellement intéressées par la trad' d'un bouquin sur le punk polonais. Ben tu sais quoi? Si nos réponses te dépriment à ce point, si tu veux lancer une dynamique collective pour que ce bouquin soit entièrement traduit, relu, corrigé, mis en page, imprimé, façonné et distribué par des personnes qui écoutent du punk, libre à toi de te relever les manches, au lieu de râler sur Internet.
Et ensuite, tu enchaînes :
ChristOff a écrit :
07 févr. 2023 15:28
- "tu ne connais rien au monde de l'édition" : je te réponds, bah j'ai filé des coup de main et donc participer à la vie d'une maison d'édition local, aux prétentions politiques et DIY... mon jugement ne correspond peut-être pas à ta réalité, mais bon, alors du coup, on établi que ta réalité est plus "réelle" que la mienne ?
Et là, je réponds que je m'en bas les couilles que tu aies déjà encollé la tranche d'un livre ou pas. Ce dont je parle, c'est de ton mépris affiché et assumé pour le monde de l'édition, c'est-à-dire pour les livres en général, dès lors qu'un pauvre code-barre ou un ISBN – dont personne de censé n'a rien à foutre – est imprimé là, quelque part sur sa couverture. Au mieux du mieux, je trouve ça extrêmement limité, et au pire, un peu dangereux comme raisonnement.
ChristOff a écrit :
07 févr. 2023 15:28
"tu ferais mieux de sortir et d'aller dans des librairies pour rencontrer des gens différents" : je te réponds, bah moi, j'ai été "bénévole" dans une de ces librairie pendant une dizaine d'année, ça me permet en effet pas de brasser l'ensemble de ce qui se passe, mais bon, j'ai quand même un peu le droit de me faire mon opinion, non ?
J'ai parlé de librairies amies.
Modifié en dernier par ratcharge le 08 févr. 2023 0:54, modifié 1 fois.

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par ratcharge » 08 févr. 2023 0:24

PS : Bisous et à tout de suite!

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par ratcharge » 08 févr. 2023 0:31

PPS : Face à tout ce mépris des livres, c'est un miracle que j'ai pas encore atteint le point Godwin.

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par ratcharge » 08 févr. 2023 0:44

kaosyouki a écrit :
07 févr. 2023 21:06
J'aurais plus compris la distinction si à la place de Dischord l'exemple avait été Epitaph ou un label du genre.
Ouais un peu pareil, au lieu de ça :
trois grandes figures : (1) la major (Universal), (2) le label indépendant (Dischord Records), (3) l’autoproduction (Crass Records).
J'aurais plutôt vu un truc comme ça : (1) la major (Universal), (2), le gros label soit-disant "indé" (Epitaph), (3) le gros label vraiment "indé" (Dischord), (4) le petit label (LADA ou Mutant ou Les Chœurs de l'Ennui, au hasard), (5) l'autoproduction (attention, le gros de Crass records n'est pas de "l'autoproduction" mais du "gros label vraiment indé" ou du "petit label", puisque le label ne se contente pas de sortir les disques du groupe éponyme).

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par blacksquare » 09 févr. 2023 6:30

Oui, on pourrait effectivement se poser la question de la pertinence d'une telle schématisation de la scène punk organisée autour de ces trois grands pôles chez Fabien Hein. Je suis d'accord avec vous, on pourrait largement affiné l'analyse en proposant une analyse plus détaillée comme vous le faites. Mais là dessus, il y a vraiment deux manières de voir les choses.

1. Lorsqu'on est sociologue de métier et qu'on écrit des livres, on est peut être dans une démarche qui se veut scientifique, donc dans une démarche qui cherche à être la plus objective, la plus descriptive et la plus neutre possible et dans ce cas là, on peut critiquer Hein, comme vous le faites à juste titre, en disant que les catégories d'analyses qu'ils proposent ne sont pas assez fines, et que donc son discours manque de rigueur (je note aussi au passage qu'il y a des erreurs de catégorisation chez lui puisqu'il range Maximum RnR du côté des terribles intégristes et sectaires du DIY, pensez vous vraiment que ce soit le cas ?). Mais lorsqu'on est sociologue et qu'on écrit des livres dont on espère qu'ils se vendent et/ou qu'ils soient vendus, on peut aussi être dans une démarche de simplication ou de vulgarisation, on essaie de développer un discours qui ne soit pas trop théorique et qui ne rentre pas trop dans le détail pour ne pas prendre la moitié de ses lecteurs, en produisant par exemple un discours universitaire hyper technique et ardu. Cette deuxième manière de voir le travail de Hein permettrait sans doute de comprendre pourquoi il s'en tient à trois principaux pôles et qu'il n'en propose pas plus, comme vous le faites. Mais je crois que tant que l'on s'en tient là, on loupe le sens véritable de son propos qui, en réalité, n'est pas un propos scientifique, ni un propos de sociologie vulgarisée mais un propos politique.

2. A mon humble avis, on comprend mieux pourquoi Hein articule son discours autour de ces trois pôles si on ramène, de façon tout à fait nietschéenne, son discours " sociologique" sur le punk à ses propres valeurs politiques et sociales. Or, si on fait cela, qu'est-ce que l'on constate ? Aristote définit la vertu, ce qui est bien ou ce qui est milieu, comme le juste milieu entre deux excès. Par exemple, le courage se pose comme une vertu puisqu'il est à mi-chemin entre deux excès que sont, d'une part, la peur et, d'autre part, la témérité. Etre bon, c'est donc être courageux. Hein reprend Aristote : le bon punk, c'est celui qui est à mi-chemin entre deux excès, d'une part, les "vendus", les amis du grand capital (1), et d'autre part, les moralistes, les pures, les intégristes du DIY (3). Décidement, il faut être raisonnable et défendre (2), soit Fugazi, Dischords Records, etc. qui représentent une voie intermédiaire, un juste milieu entre Green Day et Crass. Je souligne au passage que l'éditeur de Hein se situe lui aussi dans ce juste milieu : ni autoproduction à la Crass, ni grosse maison d'édition à la Grasset ou Gallimiard, donc le monsieur choisit dans le monde de l'édition du livre des maisons d'éditions qui sont l'équivalent des labels qu'ils défendent. Cela dit, on peut se poser la question : pourquoi Hein valorise ainsi (2) au détriment de (1) et de (3), et cela alors même qu'une authentique rigueur sociologique exigerait de lui un discours axiologiquement neutre ?? Tout simplement parce que (2) correspond à sa propre pratique du rock et de la musique. Donc son discours ne vise en fait qu'à une seule chose : légitimer ses propres pratiques musicales à lui, se légitimer lui-même tout en dénigrant et en déllégitimant les autres (bouh les vilians Green Day et Crass).

Bon, je ne vais pas m'éterniser là dessus. J'écris ça en un quart d'heures sur le ouéb justement pour dire que j'ai effectivement repris ce schéma de Hein pour l'appliquer aux maisons d'éditions pour animer la discussion et essayer de clarifier un peu mes propres idées sans tomber dans un discours de nerd, et cela alors que moi même je suis aussi assez critique envers ce schéma pour des raisons qu'il faudrait sans doute encore approfondir. Je tenais aussi à dire que je n'ai aucun mépris pour les maisons d'éditions (même pour Gallimard et Grasset), ni aucun mépris pour les personnes qui écrivent des livres ou qui les publient. QUe ce soit dans la scène punk ou à l'extérieur, j'écris généralement aux auteurs et/ou aux éditeurs pour les féliciter de leur travail pour leur dire quand j'ai aimé un livre. De plus, non seulement je lis beaucoup de livres et j'en achète aussi énormément, en tenant parfois compte des remarques qui sont faites sur ce forum (parmi les 7 livres commandés sur arrivent samedi en librairie, il y a les deux livres de Cookie Mueller qu'Alex nous conseillait de lire, et comme j'avais adoré Georg Tabb, je me suis dit pourquoi pas). Enfin, lorsque je souligne que lorsque j'écris qu'Alex écrit son fanzine Ratcharge, qu'il oeuvre à la luttine et qu'il publie, c'est tout le contraire d'une attaque, c'est même le contraire, c'est pour dire qu'on est toutes et tous complexes, qu'on ne rentre pas dans les cases (et c'est tant mieux), et qu'on peut parfois dans sa vie évoluer sur plusieurs plans à la fois, être soi-même porteur de ce que l'on pourrait considéré, selon un certain point de vue, être des "contradictions". Mais qui peut prétendre vivre dans cette société et n'être habiter d'aucune contradiction ? C'est pourquoi, bien que je me sentais proche de l'anarkopunk lorsque j'étais encore une personne relativement active et/ou présente dans la scène, je pense que si on peut être radical dans sa critique du système, il faut être modéré et bienveillant dans sa critique des personnes, car le plus souvent chacun fait comme il peut plus que comme il veut.

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par kaosyouki » 09 févr. 2023 16:28

Je comprends tout à fait ce que tu dis. Mais en fait c'est Alex qui proposait une autre classification, pas moi, et donc tu peux nous tutoyer :) (même si sur le fond je suis assez d'accord avec lui sur ce point).
Je me contentais juste de dire que si on prend la classificatin de Hein telle qu'il la propose (pouquoi pas), je ne vois aucune raison de ne pas mettre Crass records et Dischord records dans le même groupe (le 2 donc). Arguments (qu'on peut discuter bien sûr) à l'appui. Après ça va pas me traumatiser non plus.

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par maz » 09 févr. 2023 16:51

clair que mettre Crass records en "autoprod" en l'opposant à Dischord, c'est nawak...
Crass se fait sortir son premier skeud par Small Wonder (label des premiers skeuds de... The Cure et Angelic Upstarts, entre autres !), puis monte son label distribué de suite de façon pro par une structure qui les épaulera sur tous les processus tout du long... là où Dischord est fondé par les Teen Idles (pré-Minor Threat) pour sortir leur propre 45t, avec pochettes colées à la main et tout, et distro total DIY, main à la main + poste, pour plusieurs années (plus tard, leur premier distributeur européen sera d'ailleurs le même que celui de Crass records...).
Bref, le label le plus "grassroots" comme disent les boufeurs de hamburgers, ça reste tout de même Dischord, qui ne sortait que des skeuds de potes de leur ville en leur laissant 100% de liberté artistique là où Penny Rimbaud avait une conception beaucoup plus "dirigiste" en imposant aux groupes de son label un type de son, d'enregistrement, de visuel, etc. (voir les reproches à ce propos faits à posteriori par des gars de Zounds ou The Mob, par ex), bref des pratiques plutôt proches de celles de labels "pro" si on veut chercher la petite bête...
J'aime bcp les deux labels mais je vois vraiment pas où Crass rec. serait plus DIY ??

Désolé, pas pu m'empêcher de parler de skeuds :oops:

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par bub » 10 févr. 2023 9:38

en écho à la discussion, la dernière lettre d'infos des Editions Agone
L'édition mise à mal par ses vieux mariés, même a écrit :Un peu plus souvent que de coutume, on va parler d’édition jusqu’à la fin de l’hiver. Pour suivre notre actualité éditoriale. Dont la réédition de La Trahison des éditeurs. [...]. Aussi pour suivre (un peu) l’actualité de l’édition. Ce vent de panique que « Bolloré » fait souffler sur les médias. Avec entre autres avantage de rendre moins invisible celui qu’il fait souffler sur les métiers du livre.
On dira ce qu’on veut du patron de Vivendi-Editis, et désormais de Hachette, mais surtout du mal. Il faut pourtant reconnaître de nombreuses vertus à ce méchant de comédie. Bien sûr, avec ses déclarations déplacées, ses pratiques grossières de censure et de congédiement pour crime de lèse-patronat, son affichage politique du plus mauvais goût, sa brutalité d’un autre temps et d’un autre monde, le satrape breton brouille les cartes.
Mais d’une part, il a presque réussi à saboter le coûteux travail des conseils en communication qui ont presque réussi jusque-là à faire passer les patrons pour de généreux mécènes, amateurs d’art, gens de progrès et soutiens démocrates des bonnes causes. Voilà enfin un patron digne de ce nom ! Qui dit ce qu’il fait sans ronds de jambe et qui fait ce qu’il dit sans prendre de gants. Qui n’a pas acquis à grands frais un outil de propagande pour en faire bénéficier ses employés et moins encore pour diffuser les idées de ses ennemis politiques.
D'autre part, l’indélicatesse avec laquelle Vincent Bolloré heurte la sensibilité de la bourgeoisie cultivée de gauche focalise sur son personnage toutes les indignations. Ce qui permet une distribution peu exigeante de médailles de la Résistance. On a vu comment un comique de gauche est passé tout à la fois pour une victime et un héros de la liberté d’expression.
Par la même vertu du même manichéisme de série américaine, un journaliste littéraire plutôt connu pour sa soumission au Syndicat national de l’édition patronale (SNEp) s’est lui aussi trouvé décoré. ActuaLitté aurait été mis « sous pression » par le croquemitaine de l'édition après avoir relayé un secret de polichinelle. Ce qui lui permit une mise en scène ampoulée de soi complaisamment relayée par #StopBollore puis Arrêt sur image.
Voyons comment ActuaLitté s’attaque vraiment aux dangers de la concentration éditoriale. Par exemple lorsque Minuit est racheté par Madrigall. Aussitôt l’opération annoncée, en juin 2021, de Télérama au Figaro en passant par La Croix, Le Monde, Livre Hebdo, ou encore AOC, et Sud-Ouest, toute la presse a travesti cette réalité pour la rendre conforme aux directives du nouveau propriétaire.
Un seul honnête journaliste n’a pas dissimulé sa servilité en saucissonnant comme les autres le communiqué officiel qu’un ébéniste de Madrigall a préparé pour son patron : ActuaLitté l’a reproduit intégralement. On y enfile comme des abstractions sans histoire les mots de « résistance », de « clandestinité », d’« engagement », de « conviction », de « vertu » et de « liberté d’expression »…
Après tout, ça n’est que le fonds d’une maison née de la Résistance à l’occupant national-socialiste qui va blanchir et enrichir une maison qui a prospéré sous la collaboration avec l’occupant national-socialiste. Pas de quoi en faire tout un plat !
Il y a de quoi en faire une discussion à part entière ! Hormis ca, je m'inscris en faux :
ratcharge a écrit :
08 févr. 2023 0:31
PPS : Face à tout ce mépris des livres, c'est un miracle que j'ai pas encore atteint le point Godwin.
Je n'ai pas vraiment senti de mépris des livres, au contraire même, à la réflexion, l'écriture punk a toujours été présente, que ce soit avec les paroles incontournables dans la musique mais également par la multiplicité des fanzines.
Je ferai même un rapprochement entre la durée courte des morceaux punk et les articles du fanzinat. Là où un livre qui s'étale sur des centaines de pages ressemblerait plus à un morceaux de bravoure proche d'une symphonie. On pourrait également analyser l'apparition de livres punks avec l'accès à des morceaux punk interminables (genre The Decline de NOFX, LARD, ou les longueurs crust des groupes d'Alerta Antifascista). Quand on parle de littérature prolétarienne, quel est l'analogie en termes de musique si ce n'est - la oi! - ? Il y a tout à gagner à construire des analogies entre éditions musicales et éditions des livres.
Et honnêtement, quand je me remémore des discussions sans fin sur l'adhésion à la SACEM et l'apparition de code barres sur un disque (ce qui est maintenant affaire close, je crois), je trouve que le milieu du livre devrait aussi se poser ces questions - oui une personne sensée devrait reconsidérer un pauvre code-barre ou un ISBN -.
Oui, je suis toujours choqué de voir Conflict ou Flux of Pink Indians sur Amazon.co.uk. J'imagine que c'est grâce à un pauvre code-barre, parce que j'ose espérer que les gaziers n'ont pas donné leur accord pour apparaître sur le site. (quoique).
Celà étant, je ne ferai pas l'intégriste et le pourfendeur de code barres, parce que je consomme régulièrement du code barre, quand j'achète du papier toilettes ou une boîte de flageolets ou un livre. Mais c'est un choix qui n'est pas anodin et qui est doit être pris avec considérations (cf le mail de chéribibi) du moins dans le milieu punx.

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par ChristOff » 10 févr. 2023 11:28

Ok, j'avais dit qu'il fallait arrêter l'escalade et qu'il fallait mieux s'éclipser, et je continue de le penser. J'ai réfléchi pendant deux jours s'il fallait m'exprimer ici une dernière fois, ce matin je me suis réveillé en me disant que "oui". Sans doute que dans 10 minutes je le regretterais ou me mettrais à douter, mais bon...

Je met ici cependant une dernière intervention, comme une sorte de "communiqué final", et cette fois, je m'éclipse pour de bon. Ce type de communication ne fonctionne pas et ne tient pas ses promesses et contribue à rendre le message complexe et illisible.

1) Sur le fond, mes intentions et mon objectif / ma volonté à la base était simplement de réagir à ce qui m'apparaissait comme un constat que j'associe à une forme de "défaite" (en gros : on parle de créer un objet (pas de mépris avec l'utilisation de ce mot ici, ok ?) qui raconte un bout de l'histoire punk, et on imagine direct placer cet objet dans une perspective et une proposition disons de livre "classique", "conforme"). Je pointe pas le fait qu'un individu cherche à grailler et à trouver de l'argent pour vivre, non, ça il me semble avoir dit à plusieurs reprises que c'était pas discutable en soit... mais juste l'idée que peut-être on arrivait plus collectivement à imaginer que la "forme" avec laquelle on entendait partager des bouts de la culture punk pouvait raconter en elle-même des bribes du message punk. Disons, sans me prendre pour un "philosophe", juste tenter de nous placer à un autre niveau de "réflexion" et réfléchir ensemble au fait que peut-être on avait perdu le gout mais peut-être même aussi la capacité de "conceptualiser" des liens entre nos modes d'action et les impacts des choses qu'on essaie tous et toutes de faire pour vaguement "infléchir" le réel et tenter de "changer le monde". En gros, sans faire 20000 lignes dessus : le punk DIY, en tout cas une frange de ce monde, pose comme principe que la forme qu'on donne à nos actions et nos discours va être aussi un élément de notre message. Que cette façon de redistribuer les cartes, de reprendre l'initiative, de tenter de se réapproprier nos "moyens" a eu un impact sur le réel et à forgé au minimum deux générations de punks qui, pour simplifier disons, ont tenter de ne plus être uniquement des "consommateurs" de slogans et d'objets culturels révolutionnaires, mais aussi des acteurs. Deux générations de punks qui ont tenter de ne plus se conformer à l'impératif ultime de la société marchande qui veut nous faire nous laisser sagement dans nos cases, prédestinés par nos races, nos genres, nos classes. Qui nous affirme que le monde doit être gérer par des "spécialistes", des professionnels, y compris quand il s'agit de politique et que donc, "l'efficacité" ultime consiste à rester à nos place et laisser faire. Ces punks se sont mis à investir des terrains où ils/elles étaient pas destinés parler, créer, produire, être. Je ne me crois pas investi d'un statut de "représentant", de "leader charismatique", et ce n'est pas "ma" scène. Juste je me suis trouvé là, par hasard, comme plein de gens. J'ai pris gout à ces formes de réappropriation. Je les d'abord vécut comme une mini-révolution personnelle, auto-centrée sur moi, puis avec les années, j'ai eu le sentiment que ces victoires là valaient le coup qu'on comprenne d'où elles venaient et que c'est pas seulement ma petite existence à moi qu'elles avaient chamboulé, mais tout un imaginaire collectif. Je pense fermement que ça c'est précieux, mais je le vends pas comme l'ultime et unique perspective politique. Je souhaite juste qu'on puisse discuter, évaluer, et comprendre à quel point cette culture DIY a des potentiels autres que de créer de simples objets (toujours pas de mépris caché derrière ce mot). En gros, dans "Do It Yourself", peut-être que c'est pas le "do" tout seul qui compte (l'idée intéressante il me semble, c'est pas juste de "produire" à tout prix, mais justement réfléchir sur comment on produit, et éventuellement, sans nous la raconter, pourquoi), c'est pas non plus le "yourself" tout seul (c'est pas juste faire nos trucs dans nos coins), mais l'idée de la réappropriation collective, de la solidarité, des connections et des liens créer partout. Je pense qu'avec le temps, ces "concepts" autour du DIY ont perdu pour nous de leur valeur et de leur force. La société marchande sait assimiler tous les concepts qui lui sont hostiles, et elle a su semer le trouble là-dedans aussi. L'apparition de l'auto-entreprenariat a, par exemple, me semble-t-il été un vecteur par lequel le capitalisme est venu "complexifier" et "pacifier" le DIY et a désamorcé des aspects de son caractère subversif. On peut ne pas être d'accord avec ça. Pas de soucis. Je suis ni "spécialiste" ni un "philosophe", je peux me gourer. Moi, en tout cas, mon propos est et restera de dire : au minimum, si ça nous intéresses, tentons de garder un regard un peu objectif et critique sur tout ça. Et moi je pense qu'il y a là un vrai terrain de réflexion.

2) Sur la forme, mes messages sont longs, et ma façon de m'exprimer est chiante. Je le sais. (parenthèse ici pour tenter de vaguement avoir des pistes sur le pourquoi du comment : je suis un fils de prolo qui a pas été à l'école, et qui se sent dominé et submergé, à tort ou à raison, depuis l'adolescence par le langage, donc oui, j'ai l’obsession de tenter d'être précis parce que je flippe toujours qu'on me comprenne pas et qu'on dévalorise mon propos, qu'on me fasse dire ce que je j'ai jamais dit). Techniquement pourtant, je relis tout ce que j'écris plusieurs fois avant de publier, et je tâche de ne pas répondre dans l'émotion (je donne ici, comme toujours, zéro leçon, puisque concrètement, j'ai moi aussi fait la preuve que j'arrivais pas toujours à respecter ma ligne et que j'étais capable de m'enflammer et de répondre en mode bras de fer). Je m'applique également à ne pas "personnaliser" le débat, et donc à ne pas parler de tel ou tel individu, mais tenter de garder tout ça au niveau de la réflexion globale et collective. Je suis pas un neuneu, je SAIS que des choses que j'écris peuvent potentiellement donner l'impression que je fais la leçon ou que je pointe du doigt telle ou telle personne. Je SAIS que des gens vont se sentir attaquées. Je crois néanmoins systématiquement tenter de donner des éléments pour désamorcer tous ces mécanismes d’individualisation. Le mode de réaction viscéral où on se sent attaquer et où on pense devoir réagir en nous défendant individuellement me semble compréhensible évidement, mais je pose la question : du coup on fait quoi ? On se parle plus, on essaie plus de construire des bouts de réflexion collectives ? Il n'existe pas/plus d'espace où, sans nous la raconter, on peut parler de politique sans exclusivement le ramener à nous ? On est tous et toutes des animaux hésitants, blessés, fragilisés par telle ou telle contrainte, expérience et réalité (pas que ça hein, on a aussi des forces en nous, bien sûr). La communication c'est pas un exercice facile. Mais moi, j'y crois qu'on devrait aussi pouvoir nous retrouver dans des espaces "politiques" où on pourrait parler sans nous sentir attaqués et où la communication ne serait pas juste une longue série de bras de fer mano a mano. Pour moi, aussi difficile que ça puisse être parfois, le "politique" c'est justement cet espace qui transcende nos émotions individuelles et où la réflexion collective nous permet de réfléchir en quittant un peu cet espace schizophrénique où tout ne tourne plus qu'autour de nos capacités individuelles à comprendre le monde. Je suis un gros parano, j'ai pas confiance en moi. M'exprimer publiquement, c'est un effort de tous les instants. Je suis pas le roi des ring de boxe, et j'encaisse très mal les coups. Je fais la leçon à personne. Je crois juste que, tout en faisant gaffe, on devrait pouvoir se parler autrement. On ne saura sans doute jamais toujours gérer les émotions contradictoires que nous procure le sentiment d'être jugé, mais le garde-fou posé ici c'est celui du débat "global". C'est aussi pour tenter de clarifier "d'où je parle" que j'inclus, je le crois, le doute. Je ne suis pas parfait, et il ne s'agit pas de parler d'un monde de perfection. On va tous et toutes être confronter à des choix, qui vont potentiellement venir altérer nos convictions, nos volontés. Vivre dans ce monde hostile est complexe. Je suis pas en dehors du game. Je fais des choix, certains sont, et je le sais, pas en cohérence totale avec mes "idées" et ce que j'aimerai avoir le force de vivre. Parfois je réagi face à ce monde et ses contraintes par la fuite en avant, la colère, la résignation, ou l’acceptation de certaines formes de confort. Et ce que ce doute en moi implique fondamentalement, c'est que je vie pas dans un monde où je me vois comme détenteur d'une vérité et acteur droit et fier de pratiques valeureuses et exemplaires. Comme tout le monde, j'ai un "idéal" que je tente de confronter au réel, mais je sais que cet idéal va à un moment ou à un autre devoir se frotter à des choses sur lesquelles j'aurai peut-être pas le dessus. Bref, je crois que ma communication inclue tout ça et que, je peux sans doute être parfois peu clair, mais que je tente de jalonner mes pavés de petites ancres qui permettent de désamorcer les éléments récurants pouvant foutre la merde dans le propos. Présence du doute en toile de fond, capacité à accepter mes imperfections, tentative de repousser l'objet du débat à un truc "collectif". Bref, je tente. Sans doute que je me goure, comme tout l'monde, mais je tente.

Bref, je fini là, je n'interviendrai plus sur des forums. Pas que je pense que l'écrit est "pire" que la vraie vie. Je pense que dans le fond, les mêmes difficultés nous auraient submergés dans "le réel" (comme si nos doutes, nos complexes et nos complexités étaient rendu plus simple par magie dans les confrontations IRL, alors même que viennent s'ajouter, en plus de ce que je viens d'évoquer, une myriades de problèmes en plus : nos corps, nos voix, les effets de groupes, l'occupation de l'espace, etc..). Mais bon, j’accepte l'idée que ma façon d'écrire cause plus de mal qu'elle ne fait de "bien". J'ai plus envie de m'exposer de la sorte et retomber dans les mêmes écueils : moralisateur aigri et déconnecté du réel, juge sectaire et manichéen vs. un monde des vrais gens cools et ouverts. Ce schéma me convient pas, et je le trouve plombant. je vois pas de solutions pour nous sortir de là, donc je fais un pas en arrière.

Toutes mes excuses pour avoir donc concrètement causer plus de stress et de flou dans une tentative de justement discuter sur le "flou" et tenter de nous "tirer vers le haut". C'est loupé, je le reconnais. On a non seulement perdu du temps, mais on s'est crêpé le chignon, on s'est fait du mal et au final, il en ressort qu'un truc encore plus amer. Bref, c'est loupé !

Paix. Solidarité. Anarchie.
Christophe
stonehengerecords@hotmail.comme
(je ferme pas la porte à la discut', mais ça se fera ici dans ce cas)

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par ratcharge » 10 févr. 2023 11:35

Bub, quand je parlais de mépris des livres, je parlais de mépris de l'objet-livre à partir du moment où il est affublé, pour plein de raisons qui varient d'un éditeur à l'autre, d'un code-barre ou d'un ISBN. Et du fait de dire ou de sous-entendre qu'un livre qui aurait de tels marqueurs sur sa couverture, indépendamment de son contenu et/ou des pratiques des personnes qui l'ont conçu, perdrait sa portée subversive et deviendrait comme par magie un objet au service du statu-quo capitaliste/ néolibéral/ etc.

Dans le feu de l'action, j'ai pas pris le temps d'y réagir, mais je trouve que Daniel Chéribibi a dit pas mal de trucs intéressants dans son post à ce sujet. Je suis pas spécialement jeune, mais quand il écrit ça, je m'y reconnais à 100% :
Il apparaît que, pour les plus jeunes, le code barre a perdu de cette signification. C'est un outil "pratique", comme le QR Code. Bref, personne ne semble plus sérieusement y attacher l'importance et la signification négative que ces quelques barres revêtent pour des types comme moi ou ChristOff (...)
Et le message de Daniel mentionne aussi Hobo Diffusion, une structure qui a le grand mérite, à mon sens, de faciliter la diffusion en librairies de tout un tas d'éditeurs de livres subversifs, y compris certains de taille très modeste, notamment en ne leur imposant pas un minimum de publications annuelles ou trimestrielles comme le font la plupart des autres diffuseurs. En gros, pour moi, un diffuseur comme Hobo, c'est un équivalent de ce que fait Ebullition aux Etats-Unis, en prenant en charge et en facilitant une partie de la diffusion d'un certain nombre de labels punk.

Il me semble aussi qu'ISBN et code-barres, au-delà de leurs statut de symboles du Grand Capital pour certains, sont aussi (surtout?) des outils de classement, de référencement, etc, qui facilitent le travail de recherche et de conseils aux libraires, bibliothécaires, etc.

Et que dire du foisonnant réseau décentralisé des librairies associatives et/ou bénévoles et/ou autogérées et/ou anar' et/ou amies et/ou camarades, qui distribuent pour la plupart du livre-avec-ISBN-et-code-barre ET du livre totalement DIY, et constituent, jusqu'à preuve du contraire, des rouages essentiels de l'anti-capitalisme et/ou de la subversion en France?

Enfin et surtout, à mon avis quand on compare un objet-livre à un autre, l'important se situe ailleurs : dans son contenu, déjà, mais aussi dans les rapports humains à l'intérieur de la structure de production (Est-ce que l'éditeur traite correctement les gens avec qui il bosse? Son fonctionnement interne est-il horizontal, vertical, un mélange des deux? L'éditeur accepte-il de vendre ses livres à moindre coût hors du réseau marchand traditionnel? Que fait-il des éventuels profits? Considère-t-il et traite-il les autres éditeurs du même type comme des concurrents ou des alliés? Etc.). Et si quelqu'un vient me dire que "Maintenant, il faut des armes" d'Auguste Blanqui ou "La stratégie du choc" de Naomi Klein ou les publications des Âmes d'Atala ou d'Agone (au hasard et parmi 100000 autres exemples possibles) sont des objets au service du statu-quo capitaliste/ néolibéral juste parce qu'ils sont affublés d'ISBN, je continuerai soit d'en rire, soit de trouver ça, euh, comment dire... Un petit peu limité?

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