Maisons d'édition sur la musique

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bub
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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par bub » 02 févr. 2023 14:41

ya bien "demain les flammes" qui éditent des bouquins mais j'imagine que la réponse était dans la question.
les universitaires de pind! (nos spécialistes des punk studies)
les éditions Philharmonie de Paris

bub
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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par bub » 03 févr. 2023 14:33

juste pour ajouter quoiqu'en s'éloignant un peu, vu que beaucoup de maisons d'éditions ont leur collections "musiques"
- https://www.nada-editions.fr/categorie- ... e-culture/
- http://www.lemondealenvers.lautre.net/catalogue.html
- https://www.editions-harmattan.fr/index ... _bouquet=4
- https://www.payot-rivages.fr/rivages/ca ... re-culture
- les presses universitaires (à chaque ville, sa presse)
- les éditions libertaires (si ca résonne)

sinon, je suis bien sûr d'accord avec christoff, mais c'est déjà le cas, ya pas mal de labels qui sortent déjà du livre (mass prod, et mon cul ...) et encore, ya possibilité de sortir sous forme de brochures (infokiosques), ya quand même pas mal de solutions, rien que de le produire à compte d'auteur dans une imprimerie du coin (genre scopie ;))... après faut parler de la diffusion aussi, parce que pour se retrouver dans toutes les bonnes librairies, il faut une maison d'édition qui ait les reins solides voir beaucoup de démarchages...

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par ratcharge » 03 févr. 2023 16:19

bub a écrit :
03 févr. 2023 14:33
Sinon, je suis bien sûr d'accord avec christoff, mais c'est déjà le cas...
Ben ouais t'as bien raison Bub, d'ailleurs je suis un peu tombé de ma chaise en voyant cette phrase de Christophe :
ChristOff a écrit :
01 févr. 2023 15:27
Coucou, peut-être ça parait une idée un peu débile, mais pourquoi pas un projet de bouquin édité par la scène punk. Je me demande pourquoi cette idée ne nous traverse même plus la caboche !!!!
Quand on voit à quel point le monde de l'édition est gavé de punks ou assimilé·e·s, et inversement, comme le monde du punk est gavé de projets éditoriaux, perso j'aurais plutôt tendance à dire "Pourvu que ça dure!"

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par ChristOff » 03 févr. 2023 18:57

Mmh, bah non, justement, c'est pas le cas... Je parle de faire des bouquins DIY, sans ISBN, qui rentrent pas dans les clous de la société marchande, et vous me dites " ah mais génial, y a plein de punks trentenaires ou quarantenaires qui bossent dans l'édition, donc bah attends, on parle de la même chose là, non ?"...

Honnêtement, ça me parait même fou que vous soyez plus en capacité de voir que c'est quand même sacrément différent.

Moi quand j'évoquais du bout des lèvres l'idée de faire un bouquin édité par la scène punk, je parlais précisément d'un truc qui, symboliquement et concrètement n'aie pas honte de se démarquer du "monde de l'édition" et des "projets éditoriaux"... Qui revendique aussi l'idée que le punk, c'est une culture protéiforme, certes, mais qui s'est nourrit de la contre-culture, de la critique de la société marchande. Moi je pense que le punk tel que je l'aime (mais je prétends pas qu'il soit l'unique acceptation possible du terme, hein, qu'on soit bien clairs), c'est le lieu où en toute simplicité on a dit : "Ok, y a tous ces gens qui critiquent le capitalisme, qui font des chansons ou des livres sur ça, mais quand faut passer au tiroir caisse, bah ils se font payer par des sociétés marchandes... Nous, on se dit que le message serait encore plus fort, plus crédible et plus percutant si en plus de notre message, on l'accompagnait de pratiques claires et simples qui prouvent que nous seulement on peut détester ce monde, mais qu'on peut faire plus qu'en causer, on peut tenter des ruptures dans nos vies, ici et maintenant"...

Et franchement, il l'a pas été percutant ce message ??? Est-ce que, au-delà de la zique, c'est pas ça qui nous a tous et toutes fait faire des petits bouts de changements dans nos vies, etc...

Ouais, bien sûr, passé 25 ans, on se fait rattraper par des réalités, on est obligé-e-s de composer avec certaines choses. Moi, je parle pas d'une contre culture "parfaite", mais juste qui assume de quitter ce monde flou, où on produit des "projets éditoriaux" qui causent de punk, qui finissent sur France Culture, dans les vitrines des librairies branchouilles... et qui, c'est mon avis, finissent par juste transformer le punk en un truc "culturel" de plus, en un sous-genre musical assimilable et qu'on peut mettre sous vitrines.

Tu dis "pourvu que ça dure" Alex, mais moi, sans rentrer en conflit et faire le kéké, je pense précisément l'inverse. Pourvu que cette parenthèse confuse que les punks quarantenaires recyclés dans le monde de l'édition ont ouvert s'arrête.

Pas de soucis, faut trouver des solutions pour payer son loyer, tout ça, je suis pas un puriste ou un "intégriste", mais là, vous avez choisi de mélanger, dans le flou artistique le plus complet, la culture punk marginale, rebelle, avec le monde des "projets éditoriaux"... J'en reviens même pas que tu puisses utiliser ces mots comme s'ils ne portaient pas déjà en eux tous les symboles de nos défaites, et tous le symbolisme de la pseudo-rationalité capitaliste...

Qu'est-ce qu'on a gagné avec tout ça ? Parce que je connais par cœur tout l'argumentaire qui consiste à dire que si on "s'ouvre pas", on est des intégristes et on cause qu'aux converties. Que, c'est animés de la meilleure des volontés d'ouverture du monde que, finalement, on accepte les fiches de paie, la TVA, les marges de diffuseurs, les ISBN, la pubs, les stars, etc ? Sauf qu'en vrai, tout ce qu'on a gagné c'est de refaire tranquillement revenir le punk dans la case "rock'n'oll", safe et marchandisable. Dorénavant, la presse rock, les chroniqueurs, partout, à la télé, à la radio, tout le monde va parler de punk. Des universitaires s'en emparent. On publie des livres "normaux" qui en cause. Le punk va s'afficher partout... Mais de quoi on parle ? Qu'est-ce qui devient visible et lisible dans cette normalisation ? Cette petite flamme qui disait : "On va pas se contenter de faire la critique de ce monde, on va aussi accompagner cette critique de prises de risque dans nos vie à nous", elle a disparu. Le punk, c'est redevenu des coupes de cheveux colorées et des looks d'enfers, du cuir et des riffs d'acier. Wow, super...

Alors, je sais que c'est perdu d'avance, qu'on est vite un triste-sir moralisateur et arrogant quand on essaie de dire gentiment que cette voie choisie par certain-e-s, elle nous rends pas service, qu'elle contribue petit à petit à rendre acceptable l'idée qu'en fait, c'est pas la peine de brailler et faire du baroufe, parce qu'en fait, au bout du compte, il existe qu'un seul et unique chemin : celui de la société marchande. Bien sûr, c'est tout à fait possible de jouer avec les curseurs, de jouer avec les fantasmes du "street-washing", mais au bout du compte, l'idée c'est que ça va rester du business as usual, avec juste un petit parfum exotique de plus à rajouter au grand catalogue géant de la consommation.

Je sais que je serais toujours un peigne-cul de service pour dire que la culture punk DIY, elle est loin d'être parfaite, mais ça n'a rien à voir avec de l'auto-entreprenariat ou de l'artisanat.

En vrai, j'ai zéro soucis avec le fait qu'on pose sur la table des questions indépassables sur notre survie dans un monde où rien n'est fait pour nous. Je prends personne de haut. Je me crois pas plus "pur". Payer un loyer, et même aller, essayer de trouver une sorte de petite place dans ce monde complexe, violent... je dis pas que c'est de la merde. On s'adapte. On trouve des bouts de solutions. C'est comme ça !

Par contre, ouais, je dis qu'avoir fait sauter tous les gardes-fou avec lesquels on tentait humblement de définir et préserver notre culture de résistance punk, ça nous fragilise tous et toutes.

Je vais finir là, mais oui, je pense que la scène punk est tout à fait en mesure de lancer un projet collectif d'édition d'un bouquin, qui à défaut d'être "parfait", tenterait humblement de poser les sempiternelles mêmes questions sur la société marchande, sur les processus de normalisation de nos envies et de nos goûts, sur ce que représente un "objet culturel" et quel est sa valeur symbolique, sur le fantasme de la consommation de masse (seul vecteur pour définir l'intérêt d'un "produit"), etc... et qui donc n'aurait pas honte de s'émanciper des codes du "monde de l'édition", tout comme Crass l'a fait fin des années 70 des codes du "monde de la musique". Changer de vocabulaire, changer de perspectives, changer d'emballages... bref, trouver des petits bouts de chemin pour dire, on sait qu'on vit dans ce monde de merde, et on sait qu'on va pas le faire chavirer avec nos petits bidules... mais ce qu'on sait aussi, c'est que LÀ, on crée symboliquement un petit lieu où vous aurez pas la possibilité de mettre vos gros doigts dégueulasse d'entrepreneurs, de capitalistes et de profiteurs. Alors, on sait pas toujours pourquoi, mais ce lieu là nous rends vivant-e-s, nous donne de l'espoir !

Pas de soucis si on est pas d'accord là-dessus, mais faut arrêter de faire croire que le flou artistique que vous avez décidé de nous imposer est l'unique solution.

Et oui, on peut diffuser "correctement" de tels disques et de tels bouquins. Bien sûr que c'est dur, que ça demande de l'engagement, faire des emails tous les jours, faire des colis tous les jours... Bon, bé ok, mais si ça ça nos rebute et qu'on préfère sous-traiter tout à des intermédiaires par "simplicité", des intermédiaires qui vont bien sûr, en bons éléments de la chaîne de diffusion capitaliste, empocher leur petit chèque au passage et faire monter les prix, alors ok, mais faut arrêter de faire croire qu'en dehors de ça, il y a rien.

Breeeeef, y a des chances que mon charabia soit pas super compréhensibles.

Je pense que tenir des positions un peu symboliques certes, mais facilement décryptables par le commun des mortels, ça compte, et que ça nous rends un peu libres et un peu fier-e-s, et même allez, un peu "crédibles" dans nos revendications globales.

Je discuterais tranquillement et humblement de tout ça avec plaisir, évidemment...

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par Nhuman punk » 03 févr. 2023 20:06

j'espère que tu vas pas le proposer au pind viandintox :lol:

Je suis sur bien d'accord avec des idées que t'avances ici christophe mais je crois que l'ami là il cherche justement une solution pour vivre un peu de son métier... Il a aussi auto édité un livre de poésie avec des copains et copines de brest, je pense pas que ça lui passe au dessus, les réflexions que tu poses...
viewtopic.php?f=15&t=20577


Après oui c'est faisable d'éditer un livre en mode diy et punk non marchant, y'a des tas d'exemples dans les milieux autonomes et punk, mais je crois que là viandintox cherchait juste des contacts, bref..

Mais je trouve cette discussion carrément intéressante et ça rejoint d'autres débats qu'on a eu sur ce forum il y a quelques temps. On pourrait avoir la même réflexion sur le milieu de l'intermittence, est ce que c'est cool que plein de potes bossent dans le domaine de la musique subventionée ou marchande parce que c'est là qu'illes trouvent à croûter... Perso un pote qui démonte des scènes ou déroule du cable en tant que technicien mais joue dans des groupes non marchands en dehors du taf, par exemple, je me verrais pas trop lui dire que c'est naze... bref je sais pas...

Yanic

Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par Yanic » 03 févr. 2023 20:48

Merci Christoff pour cette intervention salutaire et détaillée, et en même temps très retenue sur la forme, c'est appréciable.
Je ne reprendrais pas (en forcément moins bien) ce que tu évoques, mais je trouve en effet important de distinguer deux choses :
D'une part les productions DIY, qui nous font vibrer, parce que ce principe nous fait écho, représente un choix politique.
D'autre part, les productions commerciales. Et là, il n'y a pas de demi-mesure possible. On a un traducteur à rémunérer, bon et bien du coup, ça veut dire également et avant tout un auteur à rémunérer, et ainsi de suite pour chacun des maillons de la chaine, qui en dégage "un profit". Ce n'est pas forcément mal, interdit, c'est juste autre chose.
ChristOff a écrit :
03 févr. 2023 18:57
Tu dis "pourvu que ça dure" Alex, mais moi, sans rentrer en conflit et faire le kéké, je pense précisément l'inverse. Pourvu que cette parenthèse confuse que les punks quarantenaires recyclés dans le "monde de l'édition" ont ouvert s'arrête.
Idem dans le monde de la musique, au passage. On peut avoir un guitariste de groupe anarcho-punk lyonnais des années 80 qui est maintenant directeur de SMAC, et se revendique encore de son glorieux passé quand ça l'arrange, donc c'est super, tout ça, vive les vieux punks qui ont su faire fructifier le capital !
"Le punk mène à tout à condition d'en sortir", n'est-ce pas ? :evil:
Nhuman punk a écrit :
03 févr. 2023 20:06
On pourrait avoir la même réflexion sur le milieu de l'intermittence, est ce que c'est cool que plein de potes bossent dans le domaine de la musique subventionée ou marchande parce que c'est là qu'illes trouvent à croûter... Perso un pote qui démonte des scènes ou déroule du cable en tant que technicien mais joue dans des groupes non marchands en dehors du taf, par exemple, je me verrais pas trop lui dire que c'est naze... bref je sais pas...
Bah, justement, là, les deux sont clairement séparés. Il déroule des câbles et règle le pied de micro de Dick Rivers, c'est son activité professionnelle. Par ailleurs, bah il joue dans les groupes DIY, c'est son loisir, c'est quand même le cas majoritaire, non ?!! Le problème, c'est quand on commence à dire qu'on va vouloir vivre de son groupe punk... Là, oui, on rentre tout de suite dans des notions plus malsaines.

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par ratcharge » 03 févr. 2023 23:39

ChristOff a écrit :
03 févr. 2023 18:57
Mmh, bah non, justement, c'est pas le cas... Je parle de faire des bouquins DIY, sans ISBN, qui rentrent pas dans les clous de la société marchande, et vous me dites " ah mais génial, y a plein de punks trentenaires ou quarantenaires qui bossent dans l'édition, donc bah attends, on parle de la même chose là, non ?"...

Honnêtement, ça me parait même fou que vous soyez plus en capacité de voir que c'est quand même sacrément différent.

Moi quand j'évoquais du bout des lèvres l'idée de faire un bouquin édité par la scène punk, je parlais précisément d'un truc qui, symboliquement et concrètement n'aie pas honte de se démarquer du "monde de l'édition" et des "projets éditoriaux"... Qui revendique aussi l'idée que le punk, c'est une culture protéiforme, certes, mais qui s'est nourrit de la contre-culture, de la critique de la société marchande. Moi je pense que le punk tel que je l'aime (mais je prétends pas qu'il soit l'unique acceptation possible du terme, hein, qu'on soit bien clairs), c'est le lieu où en toute simplicité on a dit : "Ok, y a tous ces gens qui critiquent le capitalisme, qui font des chansons ou des livres sur ça, mais quand faut passer au tiroir caisse, bah ils se font payer par des sociétés marchandes... Nous, on se dit que le message serait encore plus fort, plus crédible et plus percutant si en plus de notre message, on l'accompagnait de pratiques claires et simples qui prouvent que nous seulement on peut détester ce monde, mais qu'on peut faire plus qu'en causer, on peut tenter des ruptures dans nos vies, ici et maintenant"...

Et franchement, il l'a pas été percutant ce message ??? Est-ce que, au-delà de la zique, c'est pas ça qui nous a tous et toutes fait faire des petits bouts de changements dans nos vies, etc...

Ouais, bien sûr, passé 25 ans, on se fait rattraper par des réalités, on est obligé-e-s de composer avec certaines choses. Moi, je parle pas d'une contre culture "parfaite", mais juste qui assume de quitter ce monde flou, où on produit des "projets éditoriaux" qui causent de punk, qui finissent sur France Culture, dans les vitrines des librairies branchouilles... et qui, c'est mon avis, finissent par juste transformer le punk en un truc "culturel" de plus, en un sous-genre musical assimilable et qu'on peut mettre sous vitrines.

Tu dis "pourvu que ça dure" Alex, mais moi, sans rentrer en conflit et faire le kéké, je pense précisément l'inverse. Pourvu que cette parenthèse confuse que les punks quarantenaires recyclés dans le monde de l'édition ont ouvert s'arrête.

Pas de soucis, faut trouver des solutions pour payer son loyer, tout ça, je suis pas un puriste ou un "intégriste", mais là, vous avez choisi de mélanger, dans le flou artistique le plus complet, la culture punk marginale, rebelle, avec le monde des "projets éditoriaux"... J'en reviens même pas que tu puisses utiliser ces mots comme s'ils ne portaient pas déjà en eux tous les symboles de nos défaites, et tous le symbolisme de la pseudo-rationalité capitaliste...

Qu'est-ce qu'on a gagné avec tout ça ? Parce que je connais par cœur tout l'argumentaire qui consiste à dire que si on "s'ouvre pas", on est des intégristes et on cause qu'aux converties. Que, c'est animés de la meilleure des volontés d'ouverture du monde que, finalement, on accepte les fiches de paie, la TVA, les marges de diffuseurs, les ISBN, la pubs, les stars, etc ? Sauf qu'en vrai, tout ce qu'on a gagné c'est de refaire tranquillement revenir le punk dans la case "rock'n'oll", safe et marchandisable. Dorénavant, la presse rock, les chroniqueurs, partout, à la télé, à la radio, tout le monde va parler de punk. Des universitaires s'en emparent. On publie des livres "normaux" qui en cause. Le punk va s'afficher partout... Mais de quoi on parle ? Qu'est-ce qui devient visible et lisible dans cette normalisation ? Cette petite flamme qui disait : "On va pas se contenter de faire la critique de ce monde, on va aussi accompagner cette critique de prises de risque dans nos vie à nous", elle a disparu. Le punk, c'est redevenu des coupes de cheveux colorées et des looks d'enfers, du cuir et des riffs d'acier. Wow, super...

Alors, je sais que c'est perdu d'avance, qu'on est vite un triste-sir moralisateur et arrogant quand on essaie de dire gentiment que cette voie choisie par certain-e-s, elle nous rends pas service, qu'elle contribue petit à petit à rendre acceptable l'idée qu'en fait, c'est pas la peine de brailler et faire du baroufe, parce qu'en fait, au bout du compte, il existe qu'un seul et unique chemin : celui de la société marchande. Bien sûr, c'est tout à fait possible de jouer avec les curseurs, de jouer avec les fantasmes du "street-washing", mais au bout du compte, l'idée c'est que ça va rester du business as usual, avec juste un petit parfum exotique de plus à rajouter au grand catalogue géant de la consommation.

Je sais que je serais toujours un peigne-cul de service pour dire que la culture punk DIY, elle est loin d'être parfaite, mais ça n'a rien à voir avec de l'auto-entreprenariat ou de l'artisanat.

En vrai, j'ai zéro soucis avec le fait qu'on pose sur la table des questions indépassables sur notre survie dans un monde où rien n'est fait pour nous. Je prends personne de haut. Je me crois pas plus "pur". Payer un loyer, et même aller, essayer de trouver une sorte de petite place dans ce monde complexe, violent... je dis pas que c'est de la merde. On s'adapte. On trouve des bouts de solutions. C'est comme ça !

Par contre, ouais, je dis qu'avoir fait sauter tous les gardes-fou avec lesquels on tentait humblement de définir et préserver notre culture de résistance punk, ça nous fragilise tous et toutes.

Je vais finir là, mais oui, je pense que la scène punk est tout à fait en mesure de lancer un projet collectif d'édition d'un bouquin, qui à défaut d'être "parfait", tenterait humblement de poser les sempiternelles mêmes questions sur la société marchande, sur les processus de normalisation de nos envies et de nos goûts, sur ce que représente un "objet culturel" et quel est sa valeur symbolique, sur le fantasme de la consommation de masse (seul vecteur pour définir l'intérêt d'un "produit"), etc... et qui donc n'aurait pas honte de s'émanciper des codes du "monde de l'édition", tout comme Crass l'a fait fin des années 70 des codes du "monde de la musique". Changer de vocabulaire, changer de perspectives, changer d'emballages... bref, trouver des petits bouts de chemin pour dire, on sait qu'on vit dans ce monde de merde, et on sait qu'on va pas le faire chavirer avec nos petits bidules... mais ce qu'on sait aussi, c'est que LÀ, on crée symboliquement un petit lieu où vous aurez pas la possibilité de mettre vos gros doigts dégueulasse d'entrepreneurs, de capitalistes et de profiteurs. Alors, on sait pas toujours pourquoi, mais ce lieu là nous rends vivant-e-s, nous donne de l'espoir !

Pas de soucis si on est pas d'accord là-dessus, mais faut arrêter de faire croire que le flou artistique que vous avez décidé de nous imposer est l'unique solution.

Et oui, on peut diffuser "correctement" de tels disques et de tels bouquins. Bien sûr que c'est dur, que ça demande de l'engagement, faire des emails tous les jours, faire des colis tous les jours... Bon, bé ok, mais si ça ça nos rebute et qu'on préfère sous-traiter tout à des intermédiaires par "simplicité", des intermédiaires qui vont bien sûr, en bons éléments de la chaîne de diffusion capitaliste, empocher leur petit chèque au passage et faire monter les prix, alors ok, mais faut arrêter de faire croire qu'en dehors de ça, il y a rien.

Breeeeef, y a des chances que mon charabia soit pas super compréhensibles.

Je pense que tenir des positions un peu symboliques certes, mais facilement décryptables par le commun des mortels, ça compte, et que ça nous rends un peu libres et un peu fier-e-s, et même allez, un peu "crédibles" dans nos revendications globales.

Je discuterais tranquillement et humblement de tout ça avec plaisir, évidemment...
Franchement Christophe, j’ai envie de te répondre, oui à + de lectures autoproduites et autodiffusées (fanzines et livres confondus), et non à des triples LP d’Amanda Woodward (ou aux vinyles en général). C’est pas sérieux tout ce pétrole et tout ce plastique!

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par ratcharge » 04 févr. 2023 2:51

Et toujours pour Christophe, si tu veux voir tout ce que la scène punk/anar’/toto/ etc sort de livres et fanzines autoproduits et autodiffusés, je t’invite à faire un tour à la Luttine la prochaine fois que tu passes à Lyon. C’est une réjouissance permanente, on a évidemment les bouquins dont tu parles (et qu’on distribue dans des quantités conséquentes, pour ce qui est du livre « S’occuper de son sperme » puisque tu le cites), mais aussi des tonnes de publications qui contredisent toutes, là, dans le monde réel, ton post initial. Faut juste mettre le nez dehors et pas rester planté devant son ordinateur, quoi.

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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par ChristOff » 04 févr. 2023 12:48

Alex, ok, bon, allez, je vais tenter de pas te suivre dans cette stratégie de la petite pique en guise de tout élément de débat...

Au passage, zéro soucis pour discuter de l'impact écologique de la production vinylique hein. Le pressage, l'impression papier, la sérigraphie, le transport des "produits" de l'usine à chez nous, les ordis utilisés pour concevoir les pochettes, les couvertures, les mises en pages, les montages audio... tout ça impacte en effet de la pire des façons notre environnement.

Pas de soucis donc pour dire que globalement, l'industrie des petits objets culturels, quels qu'ils soient, est un fléau sans nom.

Je te laisse faire ton petit classement de quel gaspillage te semble plus raisonnable ou justifiable, à priori tu sembles avoir le bon goût nécessaire pour ça.

De mon côté, ces questions sont au centre de ma vie depuis des années, et oui, s'est un "compromis" complexe que de continuer à sortir des disques... Ma vague perspective c'est de me dire qu'il faut "contrebalancer" les effets de la vague de semi-professionnalisation du punk en continuant à montrer qu'on peut faire les choses autrement. Je suis conscient que cette perspective vient butter contre la réalité du gaspillage des ressources. Face à deux problèmes majeurs pour moi, je reconnais que c'est difficile de trouver des réponses 100% adaptées.

Ensuite, pfffff, difficile de répondre à tes messages hein, vu le festival de contre-feu classiques utilisés, mais bref, ai-je dis que la production de bouquins DIY n'existaient pas ?... au contraire, c'est un peu par ce chemin que je me suis immiscé dans cette discussion : pourquoi quand on parle d'éditer un bouquin sur le punk on se met direct à sortir une liste de "maisons d'édition", alors que potentiellement il existe d'autres options ? J'ai d'ailleurs cité en effets deux de ces tentatives de bouquins là, preuve que, même depuis mon ordinateur, j'arrivai à imprimer un peu le réel.

Après Alex, vu le ton et le contenu de tes deux réponses, je vais pas aller beaucoup plus loin, j'ai autre chose à glander, et je sens que tu vas me surprendre avec tes réponses et ta volonté apparente de "débattre".

C'est quand même taré la capacité des gens quand ils se sentent sur la défensive de balancer direct de la p'tite merdouille au lieu de discuter.

Je continu à dire que le problème que moi je vois avec les "maisons d'éditions", la semi-professionnalisation de tous les concepts, la rationalisation à tous les étages, c'est que ça valide jusque dans nos milieux le fait qu'il n'y a qu'un chemin possible, et oh, par hasard, c'est précisément celui de la société dominante...

Du coup, on se retrouve à toujours avoir un vague discours contre le capitalisme, mais DANS LE MÊME TEMPS, on reproduit quasi trait pour trait ses impératifs en terme de fonctionnement. On se retrouve avec des disques avec des "A" cerclés sur des labels pro. On se retrouve avec des bouquins militants avec des codes barres... On peut estimer que c'est pas grave et que seul le message a de l'importance. Moi, mon point de vue (que je ne prétends donc toujours pas être LA vérité), c'est que la façon dont on délivre un message a autant d'importance que le message en lui-même. Que c'est ce genre de portes que le punk DIY a ouvert. Nous dire que le "politique", c'était pas juste des slogans, des intentions, des trucs sur lesquels réfléchir un jour, mais bien des choses qui demandaient de mettre nos existences dans la balance ici et maintenant. Genre, le politique est personnel. Moi, ça m'a chamboulé, j'avais biberonné comme tout le monde à la "radicalité" manufacturée et bien dans les clous de la société marchande. JAMAIS j'avais entendu des trucs comme ça. JAMAIS on m'avait emmené sur ces sentiers là... Alors, j'ai peut-être pas "raison", peut-être qu'on "touche" plus de monde en mettant un code barre sur son bidule, mais je pense que c'est pas si sûr que ça, et que souvent les gens qui ont fait le choix de rationaliser les idées radicales, ils sont pas plus objectifs que moi pour faire le bilan de leurs nouvelles stratégies. Parce qu'une constante du capitalisme, c'est qu'il dira TOUJOURS que c'est lui le meilleur, que c'est lui le champion, mais en réalité, est-ce vrai ?

Alors, toi tu peux trouver que tout ça c'est pas un soucis. Moi, je pense que ça obscurci immensément la compréhension qu'on va avoir du message colporté par nos disques, nos bouquins, et autre... que les gens qui vont recevoir se message n'auront plus le petit bonus que moi je trouve extraordinaire et qui laisse flotter dans l'air un parfum d'anarchie, tranquille, mais réel et concret. La possibilité d'autre chose que de consommer des slogans, des objets politiques mais qui ne nous donnent aucunes clés pour tenter de lier les idées véhiculées et nos vies. Bref, des trucs stimulant, oui, je dis pas le contraire, mais qui vont probablement nous laisser à nos places de "consommateurs/trices".

On peut ne pas être d'accord (à priori on l'est), c'est pas un drame, et en vrai, à la différence de toi apparemment, je prétends pas avoir "raison". Je dis juste, moi j'ai "grandi" dans une scène punk qui m'a apporté cette perspective, ça m'a fait tellement de bien, je m'y suis senti tellement bien. Et puis un jour, tous mes compères ont eu 30-35 piges, ils ont voulu bosser et s'intégrer à la société (pas de soucis, je vais le redire à chaque fois, mais oui, le pognon est une réalité indépassable, et la marginalité à un coup social parfois lourd), et là, ils se sont dit, ce que la génération radicale avant eux s'était également dit d’ailleurs hein: "oh mais génial on va BOSSER autour de notre passion". Sans doutes qu'ils ont imaginé que eux arriverait à lier le meilleur des perspectives radicales de leur culture punk avec le "meilleur" (?) des méthodes managériales, avec les comptes à rendre à l'état (TVA, ISBN, comptabilité), et moi, avec donc le potentiel d'erreur de jugement dont je suis capable, j'observe que en 15 ans, la scène punk s'est totalement transformée. Que c'est plus un problème pour personne de vendre aux même prix que la société marchande, d'avoir recourt à la "promotion" (avec, oh surprise, exactement les mêmes éléments de langages, mais juste recalibrés pour titiller les punks). Que il y a cette lame de fond de "normalisation" et de "rationalisation" de tout, et qu'au final 90% des interlocuteurs avec lesquels j'ai des interactions me causent de trucs que je trouve hallucinants. Même depuis devant mon ordi, j'arrive à capter qu'il y a, allez, va savoir, peut-être une sorte de lien entre cette vague de labels et de maisons d'éditions et d'atelier de sérigraphie "semi-pro" (oops, pardon, "indé") et la disparition dans l'imaginaire punk de choses auxquelles moi je tiens.

Bref, je pense que c'est pas inintéressant de faire des bilans parfois des choses qu'on fait, non ?

Et puis, pas grave si on est pas d'accord, à la limite si la discut' t'intéresse, on peut aussi se dire qu'on est pas obligé de tomber dans le pire (petites piques destinées à prouver "l'incohérence" manifeste de celui qui ose poser des questions... ou pour dire qu'il est déconnecté du réel.... au passage, note que cette "stratégie" de défense, oh surprise, c'est exactement les mêmes éléments de langage de la société dominante quand elle doit défendre ses "projets" face à des critiques). On se connaît depuis plus de 20 piges, je crois avoir jamais cessé de te soutenir, malgré, oui, désolé, les petites questions de fonds que je me pose...

Bref, franchement si c'est pour me balancer des petites boules puantes sur ma vie, tout ça, laissons tombé, ok, on a qu'à dire que tu as raison, d'accord ?

P.S. Franchement, un jour aussi, pose toi la question de savoir pourquoi les gens ont du mal à "sortir de chez eux"... Est-ce que justement la vague de rationalisation qui a gentrifier en profondeur nos mondes n'est pas un motif de fragilisation pour ceux et celles qui se retrouvent comme des ronds de flan dans les ruines que vous avez laisser de notre univers ? C'est bien gentil de venir après dire "ooooh la honte, il vient plus fréquenter le réel, bouuuuuh le tocard", mais en vrai, peut-être c'est bien aussi de réfléchir comment le changement de population que vous avez imposé à la scène est un vecteur d'isolement...

ChristOff
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Re: Maisons d'édition sur la musique

Message par ChristOff » 04 févr. 2023 13:04

je remet un petit P.S., parce qu'en vrai, ça me touche vraiment ta pique méchante sur le fait que je suis déconnecté du réel et que je "sors plus de chez moi"... Franchement, mon univers était un univers de freaks et de marginaux, squateurs, mal fringués, pas obsédés trop trop par les apparences, et surtout par exemple qui achetaient pas des disques juste parce que c'était "hype". Oui, les gens achetaient aussi des disques pour soutenir un label, un groupe, une scène. Oui, les gens qui me commandaient des disques étaient des potes et pas des "clients". Oui, quand j'allai à un concert, c'était pas festival de bière bio artisanal local, de bobos embourgeoisés habillés comme des milord. Alors oui, quand vous avez transformé ce monde en un truc un peu plus propre sur lui, parce que vos objets culturels, pour que ça paie vos loyers, il fallait bien les vendre plus cher hein, et que donc, d'un coup, les "consommateurs" qui ont débarqués avaient du pouvoir d'achat... ça s'appelle la gentrification, non ? Et oui, la gentrification, elle a ses winners, et elle a ses perdants... J'ai 53 balais, j'aime pas les fringues, j'suis gros, je stress en "société" (car avant, quand j'allai à des concerts, j'avais pas l'impression d'être un mutant, j'étais comme "tout le monde", mais aujourd'hui, je ressemble à un clodo, et oui, ça augmente mon incapacité sociale)... C'est vous il me semble qui avez transformer la scène, alors c'est bien gentil de venir après coup remettre un petit coup sur le crâne des losers qui ont plus trop de "foyer" hein... désolé, moi ça me rend FOU la méchanceté de ton propos, mais surtout la déconnexion totale de la réalité que vous avez construite.

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