Fragments contre-culturels (Autour du livre Grenoble Calling)

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ratcharge
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Fragments contre-culturels (Autour du livre Grenoble Calling)

Message par ratcharge » 23 sept. 2024 10:54

Eh! Un texte intéressant publié ce jour pour qui s'intéresse aux pratiques du punk anarchiste et à leur transmission :
Entre 2018 et 2021, Nicolas Bonanni et Margaux Capelier se sont livrés à l’exercice d’interviewer une soixantaine de personnes ayant participé (ou participant toujours) au mouvement punk à Grenoble. De ce travail de collecte est sorti en 2021 le livre Grenoble Calling. Une histoire orale du punk dans une ville de province 1980-2020 (éditions Le monde à l’envers), qui fait la part belle aux expériences collectives, squats et expérimentations politiques, sous forme d’un montage d’extraits d’entretiens, illustré de nombreuses archives et accompagné d’un cd. Dans cet article, l’un des auteurs revient sur quelques aspects de la rédaction et de la réception de ce livre.
> https://lundi.am/Fragments-contre-culturels
"Le punk, particulièrement le punk DIY anarchiste, celui qui tente d’incarner les idées dans des pratiques, est hyper adapté pour les gens qui veulent s’impliquer à 100 %. Ça peut nous saisir dans tous les aspects de l’existence. Et sans doute que c’est ça qu’on vient y chercher et dont on a du mal à décrocher. Ça enrichit, ça nourrit, peut-être que ça enferme un peu mais en tout cas ça vient éclairer les pratiques avec quelque chose qui les transcende, qui laisse espérer une forme de dépassement des pratiques quotidiennes. Les tarifs, les modes d’organisation, qui on invite et qui on n’invite pas, à quelle lutte donner le bénef du concert, quelles ambiances privilégier dans la salle (pogo or not pogo ?)… mais aussi le reste de la vie, le travail, les relations amoureuses, etc. Le punk anarchiste propose d’articuler politique et culture, utopie et pratiques concrètes, et ça, bordel, c’est super riche."
> https://lundi.am/Fragments-contre-culturels

bub
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Re: Fragments contre-culturels (Autour du livre Grenoble Calling)

Message par bub » 24 sept. 2024 9:13

Hey, carrément, déjà le livre en soi est très chouette, même si on ne connait pas plus que ca la scène grenobloise (il y a le côté expérience - histoire orale - genre squats et pirate pour rester dans l'actualité ;) avec https://lundi.am/Squats-Pirates lundiam se focalise sur l'a-punk ?)

Et là ou du coup il y avait matière à réflexion, entre ton article https://lundi.am/Sur-les-pratiques-du-punk-radical c'était le constat du fond de l'article
Il faut dire que, pour ma part, je me suis éloigné de l’univers contre-culturel depuis quelques années. Je suis de moins en moins convaincu du principe de base de l’anarcho-punk, principe qui m’a pourtant énormément porté pendant quinze ans : incarner dans des formes culturelles spécifiques l’idéal politique anarchiste. Aujourd’hui, j’analyse deux mouvements contradictoires dans l’anarchisme : l’un de repli sur des formes culturelles (badges, patchs, drapeaux, musique, A cerclé…), et l’autre de circulation et de rencontres autour de formes politiques, de pratiques de luttes (Zads, Gilets jaunes, luttes étudiantes…).
[...]
J’ai le sentiment que, même si la liaison avec le punk, la musique et la contre-culture ont amené énormément de choses à l’anarchisme (et m’ont, moi, amené à l’anarchisme), celui-ci serait aujourd’hui gagnant à se lier non à des formes culturelles, nécessairement identitaires, mais à des pratiques de luttes partageables, réappropriables. Ainsi, depuis plusieurs années, je m’éloigne de l’anarcho-punk et de l’hypothèse contre-culturelle pour privilégier un travail plus directement ancré dans les luttes sociales et les idées politiques. Et je regarde le punk anarchiste d’un peu loin, avec des lunettes déformantes qui me le montrent engoncé dans ses certitudes, ses pratiques et ses réseaux affinitaires (c’est vrai surtout les jours où je suis fatigué). Cette trajectoire personnelle, avec les relations ou absences de relations qu’elle implique, les amitiés ou inimités qu’elle produit, n’a sans doute pas aidé à la réception du livre. Je précise ici que ma co-autrice est, elle, plus impliquée (et enthousiaste) dans ces réseaux !
Autant, ton article m'avait "réconcilié" avec l'idée de culture, autant l'approche contre-culturel (finement analysé dans le bouquin "revolte consommée") reste un écueil. Mais parle-t-on de culture ou de contre culture ou d'agriculture ?
Du coup, je m'interroge sur les biais cognitifs des différents articles, le verre d'eau à moitié plein ou vide n'est ni vide ni plein. La culture est un véhicule de l'affinité, qui reste un moteur de l'action politique. Par contre le côté identitaire devient à double sens, il peut juste caractériser des caractéristiques de traits communs (valeurs, mode de vie, musique...) ou devenir un étendard communautariste indépassable. (pour citer les Clébards "Dis-moi c'est quand, mon commandant, qu'on a viré facho").
Comme le verre d'eau, la réalité est un mélange des deux, un peu de fantasme avec un peu de désabusement.

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