Je ne peux que plussoir à ce que disent le Kolonel et Nhuman Punk (notamment sur le fait qu'il faille savoir se décentrer pour entrevoir ce que peuvent subir les moins bien lotis). Par contre, Yann, j'ai toujours du mal avec tes raccourcis condescendants.
Yann a écrit : ↑02 nov. 2020 10:40
Si il y a bien une chose que le punk m'a appris, c'est qu'il fallait être maitre de son destin. Et faire les choses soit-même. Je l'ai toujours appliqué. J'habite là où j'ai envie d'habiter, je travaille peu, je gagne peu, je dépense peu, je rénove moi-même ma maison, je cultive mes propres légumes et j'en achète très peu, je sor(tais) mes propres disques et organisais mes propres concerts.
J'assume tout. Les gens ont le choix. On nait tous avec un cerveau. Ou alors est-ce que vous allez me dire que je suis plus intelligent qu'un autre ?
Non, rassure-toi, on ne va pas te le dire.
Les gens ont souvent une image de nantis des campagnards, c'est faux, ici dans les Alpes, le territoire est très rural et globalement pauvre. Beaucoup de gens sont saisonniers dans le ski ou les fruits.
J'ai plein d'amis ici qui vivent en camping car, en yourtes, dans des petites maison louées. Ca coute souvent moins cher que louer ou acheter en ville. Donc c'est un choix. On trouve toujours du boulot.
En ville aussi. Il suffit de traverser la rue. Du moins il paraît.
Et bien sûr qu'il y a de la précarité en cambrousse, il ne s'agit justement pas d'opposer, comme tu le fais, misère des villes et misère des champs (ma mère aussi habite les Alpes d'ailleurs, et bien que bénéficiant du grand air, elle en subit l'isolement, ce qui est source d'inquiétude pour moi -surtout sachant que le département des Hauts-Alpes ne possède que 8 lits de réanimation... tous occupés à l'heure qu'il est).
Mais vivre en ville ça a aussi des inconvénients et les maladies contagieuses c'est est un. Faut prendre son mal en patience et assumer son choix de vie.
Non, ce genre d'affirmation reste intolérable.
Les maladies contagieuses ne touchent que les villes ? Première nouvelle.
Prendre son mal en patience ? Le confinement ne fait qu'exacerber drastiquement ce qui existe déjà, croire que cela s'arrête lors d'un déconfinement est illusoire et proprement stupide.
Assumer son choix de vie ? Quel choix de vie ? Quel choix tout court ? Parce que toi, tu as eu le choix, pense-tu vraiment que c'est le cas de la majorité d'entre nous ? Le chômage est-il un choix ? Les minima sociaux en sont-ils un ? Se retrouver seule avec ses enfants / en HLM / en foyer / à la rue / émarger aux Restos du coeur sont-ce des choix ? Ou, pire, la preuve d'une quelconque faiblesse mentale ou intellectuelle ? Tu crois vraiment que les 6 millions de chômeurs de France (et bien davantage de précaires) auraient juste dû écouter du punk pour voir la lumière ?
En fait, si je résume, il t'a été donné le choix, la chance, de pouvoir mettre en oeuvre des décisions qui t'ont conduit à une certaine qualité de vie. Grand bien te fasse. Mais du coup, au lieu de blâmer l'immense majorité qui n'a pas eu ces choix, cette chance, ne devrais-tu pas t'appuyer sur l'assise que te procures ton confort personnel pour développer de l'empathie et une solidarité active ?
J'ai beaucoup d'anciens camarades totos qui sont parti des grandes villes pour "prendre le maquis". Hélas, je ne peux que constater aujourd'hui qu'un certain nombre d'entre eux (pas tous, encore heureux) le prennent à présent en infusion ce même maquis.
En clair, ils se réfugient en quasi-autarcie, cultivant salades-tomates-oignons sans plus s'occuper de leurs anciens voisins coincés à bouffer des kebabs au pied de cités délabrées.
Et moi, tu vois, je n'ai aucun, mais alors aucun respect pour les babas, les hippies, appelle-ça comme tu voudras.
Créer d'autres modes de vie, oui. Mais toute alternative au système dominant qui ne sache rester offensive contre celui-ci peut bien crever dans son potager.
Je ne peux supposer des combats sociaux que tu mènes éventuellement, mais ce que tu décris ressemble foutrement pour moi à un putain d'embourgeoisement (ce qui peut se produire sans que tu gagnes des mille et des cent), avec son cortège de mépris pour ceux qui seraient supposément trop cons pour suivre ton glorieux exemple.
"Quand on veut, on peut" est l'antienne du discours méritocrate de cette "start-up nation".
Franchement, je préfère rester dans ma cité pleine de misère mais surtout de solidarités plutôt que me retrouver à la campagne avec un voisin comme toi !
Tant pis pour le parapente.
En dehors de ça, mes sincères condoléances pour ta grand-mère.