Clinatec, inauguration à Grenoble le 31/01/2012

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Clinatec, inauguration à Grenoble le 31/01/2012

Message par Framboise » 19 janv. 2012 12:51

Pièces et main d’oeuvre
À nos amis allobroges :
Grenoble, le 18 janvier 2012


Communiqué
Clinatec, le laboratoire de la contrainte,
inauguré à Grenoble le 31 janvier 2012


D’abord prévue en août, puis septembre 2011, l’inauguration officielle de Clinatec est annoncée le 31 janvier 2012. D’après Les Echos[1] , l’événement aurait les honneurs d’une visite présidentielle. Nicolas Sarkozy ne peut manquer une telle occasion de réaffirmer son soutien à l’innovation et au progrès, et son combat contre les « peurs moyenâgeuses » et les « procès en sorcellerie »[2]. En quoi il rejoint totalement, et sur la question centrale de notre époque, les élus et partisans de la gauche sociale-technocrate. On voit qu’on se proclame bien à tort « dans l’opposition » et qu’on en appelle « au changement » pour la vitrine, quand on partage les mêmes ambitions sur la fuite en avant technologique. Aussi bien Michel Destot, maire PS-CEA de Grenoble et strauss-kahnien reconverti, accueillera-t-il le cas échéant avec son habituelle fierté technopolitaine le président de la République, pour saluer de concert les travaux des nanotechnologues et neurotechnologues qu’ils ont, à la demande de ceux-ci, financés et soutenus sans discussion. Ainsi va le progrès.

Rappelons que la décision de créer Clinatec, clinique expérimentale destinée à « nous mettre des nanos dans le cerveau », a été prise par Jean Therme, directeur du Commissariat à l’énergie atomique Grenoble / Minatec, Alim-Louis Benabid, neurochirurgien grenoblois, et deux hauts responsables nationaux du CEA, lors d’une discrète réunion le 2 juin 2006, jour de l’inauguration de Minatec, dans une ville bouclée par les CRS. Scène fondatrice symbolique de l’opacité avec laquelle se prennent les décisions techno-industrielles qui, promettent les ingénieurs, « vont révolutionner nos vies ». A Grenoble comme ailleurs, les chercheurs révolutionnent nos vies, puis informent la population des innovations à laquelle elle est priée de s’adapter.

Ainsi le professeur Benabid tenait-il réunion publique, le 17 janvier 2012, à l’invitation du Groupe Progrès Solidarité du Grésivaudan – « ancré à gauche », précisait une responsable en ouverture – pour exposer les bienfaits de ses trouvailles.

On a depuis longtemps détaillé les promesses des nano-neurotechnologies, et on ne peut que renvoyer à la lecture de « L’industrie de la contrainte » (Pièces et main d’¦uvre et Frédéric Gaillard, éditions l’Echappée, 2011) pour se faire une idée des avancées de l’homme-machine et du monde-machine.

On rapportera simplement ici quelques déclarations de M. Benabid lors de cette soirée promotionnelle, devant un public conquis d’avance, puisqu’aux trois-quarts fait de collègues et amis du conférencier :

« Avec les électrodes et les implants cérébraux, on peut changer la personnalité de quelqu’un qui était anormal, pour le remettre dans la normalité. On peut faire passer les gens d’un état suicidaire à un état jovial. Faut-il en conclure qu’on peut manipuler les gens et les faire marcher au pas cadencé ? Certes, mais on les fait tellement marcher au pas cadencé par d’autres moyens ». (Rires dans la salle).

« Clinatec a été difficile à monter car de nombreux règlements s’imposent, pour lesquels il a fallu demander des dérogations. » Lesquelles, et pourquoi, on l’ignore.

Interpellé sur son silence quant aux causes environnementales de plus en plus documentées[3] de l’épidémie de maladies neurologiques (pesticides, mercure, métaux lourds, etc) - alors qu’il pourrait, en sa qualité de haute autorité médicale, demander des mesures d’interdiction des neurotoxiques - le professeur Benabid se défend : « Aller voir les pouvoirs publics, je ne sais pas bien faire ». On en rirait s’il ne s’agissait de santé publique, de milliers de malades de Parkinson, d’Alzheimer, de scléroses, d’autisme. Benabid fut collistier de Michel Destot aux dernières municipales et président du comité de soutien de la députée PS Geneviève Fioraso, également présidente de la SEM Minatec. Pour ne parler que des élus locaux.

Chacun verra, le 31 janvier prochain, à quel point le professeur Benabid a peu l’occasion de s’entretenir avec « les pouvoirs publics ». A condition bien sûr de passer la barrière de CRS qui ne manquera pas d’accompagner l’inauguration de Clinatec.


[1] 08/12/11
[2] Voir son discours au Tricastin, le 25/11/11
[3] Voir notamment « Menace sur nos neurones » (M. Grosman, R. Lenglet, Actes Sud, 2011)


Merci de faire circuler,
http://www.piecesetmaindoeuvre.com
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Re: Clinatec, inauguration à Grenoble le 31/01/2012

Message par Framboise » 20 janv. 2012 15:56

Je remonte ceci qui n'est pas destiné qu'à nos amis grenoblois. Bien sûr, s'ils peuvent s'inviter le 31 janvier, c'est pas plus mal...
Mais surtout, faites tourner, faites tourner...
Et, si vous le pouvez procurez-vous les ouvrages de
Pièces et Main d'oeuvre en particulier "RFID, la police totale".
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Re: Clinatec, inauguration à Grenoble le 31/01/2012

Message par Framboise » 30 janv. 2012 12:39

Rassemblement contre l’inauguration de Clinatec, mardi 31 janvier 2012 à 17h30, parvis Louis Néel (Minatec)
Fermez Clinatec, le laboratoire de la contrainte
Faut-il implanter des électrodes dans le crâne des malades de Parkinson pour calmer leurs symptômes (dans certains cas) par du courant électrique, ou stopper le déversement des pesticides qui fabriquent des malades en quantités industrielles ?
Faut-il stimuler électriquement le cerveau des fumeurs pour les dégoûter du tabac, ou se demander à quels besoins physiques et psychiques répond l’addiction à la nicotine ?
Faut-il envoyer du courant dans le cerveau des anorexiques pour modifier leur comportement alimentaire, ou offrir aux jeunes filles d’autres modèles de silhouettes que celui de squelettes
publicitaires ?
Faut-il mettre des implants neuro-électroniques dans le crâne des dépressifs et des suicidaires ou changer les conditions de travail chez France Telecom/Orange et Renault ou à l’hôpital de Lille ?
À Clinatec, on a tranché. Les maladies neurodégénératives et les souffrances psychiques explosent sous l’effet d’un environnement chimique, économique, technologique, social, délétère ? Les neurotechnologues choisissent de gommer les effets du monde-machine pour rétablir l’illusion de la normalité.
L’homme-machine, nous y voici. Et c’est à Grenoble, au centre Clinatec, issu du Commissariat à l’énergie atomique/ Minatec, que nos chercheurs et nos industriels l’élaborent, en font la promotion et le mettent en service.
Etes-vous fiers ? honteux ? révoltés ? indifférents ? des millions des subventions que vous financez aux laboratoires de la technopole pour aboutir à ce résultat ?
Clinatec est une « clinique expérimentale » destinée entre autres à tester sur des cobayes volontaires des dispositifs électroniques implantables dans le cerveau. Ceci d’une part afin d’agir sur certaines zones neuronales pour corriger des symptômes de maladies (électrodes miniaturisées) ; d’autre part de développer des interfaces cerveau-machine pour piloter « par la pensée » des objets ou des prothèses électroniques (oeil, oreille, bras artificiels, exosquelette, etc). Bref, il s’agit d’appliquer les propriétés des nanotechnologies aux neurosciences.
C’est le 31 janvier 2012 que sera inauguré Clinatec, peut-être avec Nicolas Sarkozy, mais de toutes façons en catimini. Ont-ils quelque chose à se reprocher ? Nous avons des choses à leur reprocher.
Comme d’habitude dans la technopole, la liaison recherche-industrie est le moteur du développement de Clinatec. Il est moins question ici de prévenir et de soigner que de chercher des applications rentables à une technologie. Les « kits de stimulation » sont commercialisés par des industriels tels que Medtronic (partenaire du professeur Benabid), toujours en quête de nouveaux débouchés. Comme dit Benabid : « Donnez-moi une maladie, je traite ». En quoi le promoteur de Clinatec est conforme aux préconisations de son collègue Feuerstein, directeur de Grenoble Institut des Neurosciences : « Il est ainsi de la responsabilité de la Région de soutenir les développements futurs de cette thérapeutique fonctionnelle efficace [qui] contribue au rayonnement des équipes régionales remarquables qui la font progresser pour l'optimiser et étendre ses applications, en vue de permettre à Rhône-Alpes de maintenir son rôle pionnier
mondial. (…) une collaboration avec le CEA et le LETI devrait être à même de développer de nouvelles innovations technologiques très pointues (…) conduisant vraisemblablement à des retombées industrielles non négligeables. »11 http://www.grenoble-universites.fr/1163 ... __article/
« Avec les électrodes et les implants cérébraux, on peut changer la personnalité de quelqu’un qui était anormal, pour le remettre dans la normalité. On peut faire passer les gens d’un état suicidaire à un état jovial. Faut-il en conclure qu’on peut
manipuler les gens et les faire marcher au pas cadencé ? Certes, mais on les fait tellement marcher au pas cadencé par d’autres moyens. » Professeur Benabid, neurochirurgien, promoteur de Clinatec, présentation à Saint-Ismier (38) le 17 janvier 2012.
Les nouveaux débouchés des implants cérébraux, c’est l’homme-machine. Ce qui soulage des malades sert aussi à « augmenter » des bien-portants (vision nocturne, super ouïe, « cognition augmentée », supermémoire). Déjà, l’armée américaine contraint ses soldats à accepter toute technologie d’augmentation de leurs performances. Ceux qui pourront se payer les prothèses neuroélectroniques gagneront la course à la compétitivité économique et à la rentabilité individuelle. Comme le proclament les hérauts américains des nano-bioneurotechnologies : « Tout moyen d’améliorer la santé mentale pouraugmenter les marges de profit sera recherché. La diffusion des neurotechnologies dans l’industrie
créera un nouveau « terrain de jeu » économique sur lequel les individus qui les utilisent auront la capacité d’atteindre un plus haut niveau de productivité que ceux qui ne les utilisent pas. »2
Mais la fabrique de quelques hommes « augmentés » produira plus encore des hommes diminués, contrôlés – des robots marchant au « pas cadencé » selon Benabid. Au point que le Parlement européen même s’inquiète de l’usage de cette technologie « par des acteurs puissants pour contrôler les gens. »3
On peut déjà effacer des souvenirs, en créer de nouveaux, télécommander des rats, des singes et des humains.
En traitant des problèmes de santé publique du point de vue le plus étroit – les symptômes plutôt que les causes – et le plus réductionniste – les neurones plutôt que la personne - les promoteurs de Clinatec se comportent en techniciens et non en médecins. Leur conception mécaniste de l’homme, conforme à l’idéologie technicienne au pouvoir, irrigue le projet de monde-machine, rationalisé, optimisé, machinisé, bref, anti-humain.
Écoutez plutôt ces deux neurobiologistes en vue : « L’avènement des cerveaux machines pourrait modifier de façon radicale la manière dont nous pourrons interagir avec notre entourage. Quelle défaite pour les fanatiques de l’âme et de ses mystères ! À moins qu’il ne s’agisse simplement d’une défaite de l’humain, s’il faut en croire le choeur des lamentations des humanistes transis. »4
Dévoyer la recherche dans les neurotechnologies est un choix politique, et non technique.
Les décideurs suivent les chercheurs qui promettent de « révolutionner nos vies », construisent à leur demande Clinatec avenue Félix Esclangon, le financent (2,2 millions d’euros pour la Ville de Grenoble) et en assurent la promotion. Rien à voir avec un quelconque processus naturel – ce progrès qu’on n’arrête pas : il s’agitd’un projet porté, programmé, calculé. Avons-nous voulu cette révolution sociale et anthropologique ? L’homme-machine est-il votre rêve pour vos enfants ? Qu’importe, il faudra obéir. Avec les neurotechnologies, nous franchissons un seuil dans l’histoire de l’Homme.
Nous vous parlons du techno-totalitarisme, de l'incarcération de l'homme-machine dans le monde-machine. Tout ce qui est possible sera réalisé. Nous vous parlons de la société de contrainte par possession technologique. Par possession, on entend l'état de ceux que gouverne une puissance technologique, qui les prive de la libre disposition de leur pensée ou de leurs actes et en fait l'instrument de sa volonté. En termes de gouvernance pour le pouvoir, une population de cyborgs, d'organismes pilotés, d'hommes bioniques, bio-électroniques, d'hommesmachines enfin, est insurpassable. Nous vous parlons de la cyber-police, de la neuro-police, de la police totale, d'un dispositif permettant au pouvoir de contraindre les sans-pouvoir à exécuter ses volontés tels des marionnettes, un robot, un individu sous hypnose.
On voit que la technologie est la continuation de la police, du pouvoir politique par d'autres moyens, et que cybernétique et neuro-technologie couronnent ce rationalisme policier qui prétend faire de nous des insectes sociaux et de l'humanité une fourmilière machine.
C’est maintenant que nous pouvons encore décider. Et vous, que voulez-vous ?

Pour en savoir plus : L’Industrie de la contrainte, par Pièces et main d’oeuvre et Frédéric Gaillard (Editions
L’Echappée, 2011), ou www.piecesetmaindoeuvre.com.
2 M. Roco, W. Bainbridge : « Managing Nano-Bio-Info-Cogno innovations – Converging technologies in society », 2005
3 Etude « Human enhancement », parlement européen, mai 2009. Traduit par nos soins.
4 Jean-Didier Vincent, Pierre-Marie Lledo, Cerveau sur mesure (éditions Odile Jacob, 2012)
Pièces et main d’oeuvre & les Humains Associés
Correspondance : PMO, Chez les Bas-Côtés – 59 rue Nicolas Chorier, 38000 Grenoble (contact.pmo@free.fr)

Rassemblement contre l’inauguration de Clinatec à Grenoble,
Mardi 31 janvier 2012 à 17h30
Parvis Louis Néel (devant Minatec).


Venez avec vos proches, vos amis, vos collègues ; venez avec du bruit (sifflets, cornes de brume, tambours, casseroles, batucadas).
Venez avec vos pancartes et vos banderoles.

Contre la fabrication de l'homme-machine, fermez Clinatec
.


Tract à imprimer et diffuser en pièce jointe, et dossier complet sur :
http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip ... rticle=353

Merci de faire circuler.
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Re: Clinatec, inauguration à Grenoble le 31/01/2012

Message par wlad » 02 févr. 2012 13:21

http://grenoble.indymedia.org/2012-02-0 ... re-par-les

Mardi 31 janvier le technogratin CEA-PS avait prévu l’inauguration de Clinatec, la clinique expérimentale du cerveau de Minatec.

Le professeur Benabid, initiateur du projet avait annoncé presque incidemment la date de l’inauguration, - jusqu’alors tenue secrète -lors d’une conférence à St Ismier, [1] alors qu’il se croyait en terrain ami. Ce sont les opposants qui dès le lendemain annonçaient publiquement l’inauguration. Depuis, silence absolu de la part des décideurs locaux. Pas une ligne dans la presse. Contacté par des journalistes depuis plusieurs jours, le CEA se refusait à tout commentaire. Au point que ce matin 1er février, l’édition grenobloise de 20 minutes titrait : « Un centre de recherche biomédicale appliquée : Clinatec expert en culture du secret ». C’est dire !

Les décideurs locaux voulaient absolument éviter la présence des opposants à l’inauguration... ce sont les opposants qui ont inauguré Clinatec ! Plus d’une centaine de personnes s’étaient rassemblées sur le parvis de Minatec pour rendre public les agissements des professeurs Berger et Benabid, et demander la fermeture de Clinatec. Nulle trace ce soir là des officiels. Pris de panique, ils auront sans doute annulé l’inauguration à la dernière minute, faisant une fois de plus montre de leur courage politique.

Plusieurs banderoles étaient visibles depuis la route :

- "Fermez Clinatec"

- "Destot, Benabid, Berger, Fioraso, hors de nos villes"

- "Non à l’homme machine !"

- "Ni neuropolice, ni neuromarketing !"

Vers 18 heures, le rassemblement se forme en cortège et prend la chaussée, bloquant la circulation. Les banderoles sont emportées. Plusieurs camions de police se positionnent à l’arrière. Le cortège prend la direction de Clinatec. Arrivé devant l’entrée, où nous attendent vigiles et chiens, des fumigènes sont allumés. Les banderoles sont accrochées sur les grilles. Slogans : "Non à l’homme machine, fermez Clinatec !", "Clinatictactictac boum boum !". Interventions au mégaphones. Après une petite demi-heure, la circulation étant toujours bloquée, le cortège se disperse.

Pour notre part, nous considérons que Clinatec a été inauguré. Que le laboratoire de la contrainte, dont les expériences se poursuivent dans une quasi clandestinité depuis plusieurs années, est désormais en fonctionnement. Que dans ces conditions, toute tentative future d’inauguration par les technocrates ne fera que les couvrir encore de ridicule.

Fermez Clinatec !

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