Chroniques grecques] N° 6 : L’insurrection

Le punk n'est pas qu'une musique ! Ici on discute de l'actualité, des manifs et des résistances en lien direct avec notre culture. "Make punk a threat again", ça vous dit encore quelque chose ?!
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Chroniques grecques] N° 6 : L’insurrection

Message par Framboise » 13 févr. 2012 12:29

Posted on 13 février 2012 by juralib

From the Greek Streets

Contra Info

Athènes zone de guerre.

Alors que nous écrivons ces lignes, la ville brûle toujours et les combats continuent dans la zone d’Exarchia et de Monastiraki, tandis que la police anti-émeute a repris le reste de la ville où patrouillent sans merci des flics-motards et des colonnes de voltigeurs Delta qui font la chasse aux pillards.

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Athènes a vécu un soir d’insurrection.

Un, deux, trois millions de personnes ont pris les rues et ont livré bataille, très dure et de grande ampleur, pendant plus de sept heures face à une armée de flics qui quadrillent la ville en ce moment et sécurisent militairement le Parlement.

Pillages, incendies, barricades enflammées, bombes, cocktails Molotov, le chaos de la révolte s’est substitué au chaos de la misère.

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Toute la journée la ville fut étrangement calme, silencieuse, vide, en particulier à Exarchia, sous une pluie diluvienne. Exarchia fut totalement encerclé par des centaines de voltigeurs Delta et la fac de Droit, bastion des anarchistes révolutionnaires, fut assiégée par des centaines de MAT en tenue de combat. Plusieurs dizaines d’arrestations préventives furent à déplorer tandis que la police bloquait toutes les stations de métro menant à Syntagma.

À partir de 16 heures, un soleil flamboyant et chaud baigne de nouveau les rues de lumière et, presque instantanément, le peuple sort. Par centaines, par milliers, par centaines de milliers, finalement par millions. Des foules entières bloquent systématiquement tous les carrefours. Les avenues se vident de toute circulation pour laisser place à une masse populaire incalculable.

17 heures, les combats commencent à Syntagma face au Parlement.

La bataille révolutionnaire du peuple durera dès lors jusque 23h30. Les informations précises manquent encore, mais il semble qu’il n’y ait pas de mort.

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Est-il nécessaire de se donner la peine de toute façon vaine de tenter de « décrire » un soir d’insurrection ? Des bâtiments entiers ont brûlé, par plusieurs dizaines, dans tout le centre d’où montent encore les épaisses colonnes de fumée noire. De grandes banques la plupart du temps, des boutiques de luxe et autres carcans du Capital. Un théâtre aurait brûlé, la bibliothèque nationale également, cela n’est ni bien ni mal, a été fait ce qui devait être fait. D’après nos premières infos, il y aurait eu au moins cinq grandes zones de combat à travers toute la ville. En ce qui concerne le front parmi les plus violents de l’artère entre la place Omonia et la place Syntagma, les combats furent terribles. De nombreux blessés graves, crânes ouverts par des éclats de grenade, au sol asphyxiés, que les combattants ramassaient et traînaient à l’arrière avant d’arrêter l’une ou l’autre ambulance qui dévalaient en trombe parmi la foule révolutionnaire. Une quinzaine de barricades enflammées furent dressées sur à peine deux ou trois kilomètres d’avenue où les combats se concentraient. À l’avant sur la zone de front à peine quelques milliers de combattants, puis un no man’s land de quelques centaines de mètres et enfin la masse populaire, immense, innombrable, invincible, forte d’une formidable clameur.

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Encore une fois, les combats furent terribles. Quand la police tirait plusieurs salves de grenades offensives et explosives et chargeaient par centaines, la foule reculait en désordre avant que les combattants scandent un cri de guerre repris par la suite par des centaines de milliers de personnes d’une même voix peu avant que plusieurs milliers de personnes se mettent à charger les lignes ennemies fuyant en désordre.

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Le temps des accalmies irréelles, durant lesquelles pendant une demie-heure les combattants se relaient sur la zone de front, se soignent à l’arrière, fument une cigarette, font tourner boissons et mallox, avec un calme et sang-froid évidents, alors que 100 mètres plus haut ça canarde violemment.
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FIN DE LA SOCIÉTÉ DU SPECTACLE

Après les grands incendies, ce fut les pillages. De supermarchés, de magasins, de kiosques, et même… d’armureries. De sorte qu’à un moment de la bataille, des personnes se promenaient tranquillement avec des kalachnikov, des boucliers, des sabres, tandis que tous les revolvers et fusils disparurent presque instantanément.

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La question à présent reste la suite des événements : l’armée dans les rues ? Deuxième journée d’insurrection ? Putsch fasciste ? Terreur répressive ?

Pour l’heure les occupations tiennent, et de nouvelles préfectures et mairies seraient occupées un peu partout.

Une chose est certaine : en Grèce, nous n’avons plus peur.

Lundi 13 février 2012, minuit 33.


Athènes après le chaos

La capitale grecque se remet d’une nuit de guérilla urbaine, provoquée par la révolte contre les nouveaux sacrifices votés par le parlement afin d’obtenir le soutien des bailleurs de fonds internationaux.

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La bibliothèque nationale d’Athènes, un bâtiment voisin du siège du FMI, un immeuble de l’Eurobank, et même un café Starbucks : les casseurs qui ont semé le chaos dans les rues d’Athènes durant la nuit de dimanche à lundi ont pris des cibles symboliques. Soit des bâtiments publics (certains ont tenté sans succès de forcer les portes de la mairie), soit des symboles des bailleurs de fonds internationaux, voire des États-Unis. Les foyers d’incendie se sont multipliés, touchant des cinémas, des boutiques, tandis que des manifestants au visage masqué affrontaient la police anti-émeutes aux abords du parlement. Selon les forces de l’ordre, 34 bâtiments au total ont pris feu et 150 boutiques ont été pillées. La nouveauté toutefois, c’était surtout la présence de familles venues manifester au milieu des barricades et des cocktails Molotov, avec femmes et enfants. Les violences ne se sont d’ailleurs pas cantonnées à la seule capitale grecque, et ont touché d’autres villes. La télévision publique a fait état d’affrontements dans l’île touristique de Corfou, en Crète, à Thessalonique, dans le nord de la Grèce, et dans des villes du centre du pays, Volos et Agrinio. Une forme de protestation désespérée face aux nouveaux sacrifices votés au cours de la même nuit par le parlement grec.
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À Volos

Car au moment où les rues d’Athènes s’embrasaient, les élus grecs approuvaient de nouvelles mesures d’austérité. Au menu : 3,3 milliards d’économies budgétaires par le biais de nouvelles baisses drastiques des salaires et des pensions de retraite et une nouvelle vague de suppression d’emplois dans la fonction publique. Ces mesures étaient réclamées par les bailleurs de fonds de la Grèce — Union européenne, Banque centrale européenne et Fonds monétaire international — en échange d’une nouvelle aide de 130 milliards d’euros jugée indispensable pour éviter la faillite au pays. Tandis que les députés débattaient dans l’enceinte du parlement, des dizaines de milliers de Grecs s’étaient rassemblés à l’extérieur, sur la place de la Constitution (Syntagma), pour dénoncer cette nouvelle cure de rigueur, deux ans après le début de cette politique d’austérité draconienne. Les premières violences ont éclaté dès la fin d’après-midi de dimanche. Elles ont rapidement atteint un degré au moins équivalent à celui des graves émeutes qui avaient succédé en 2008 à la mort d’un adolescent de 15 ans tué par la police.

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« Assez, c’est assez ! »

Technocrate nommé en novembre à la tête d’un gouvernement soutenu par les deux principales formations du pays, Lucas Papadémos a dénoncé ces violences. « Le vandalisme, la violence et la destruction n’ont pas leur place dans un pays démocratique et ne seront pas tolérés », a-t-il déclaré devant le parlement. Peu avant le vote, il a prévenu les députés qu’ils commettraient une grave erreur s’ils n’approuvaient pas ce nouveau train de mesures d’économies, qui représente à ses yeux un moindre mal par rapport aux conséquences éventuelles d’une faillite. « Nous avons devant nous un programme économique complet et crédible pour sortir de la crise économique et fiscale. C’est un programme qui préserve, plus que toute autre chose, la place du pays au sein de la zone euro », a dit Lucas Papadémos, tout en reconnaissant l’ampleur des efforts réclamés à ses concitoyens, confrontés notamment à une baisse de 22% du salaire minimum. Finalement, 199 députés sur 300 ont approuvé le texte mais 43 élus du Pasok (socialiste) et de Nouvelle Démocratie (conservateur) n’ont pas respecté le mot d’ordre de leurs partis et ont été exclus sur le champ de leurs formations.

À l’extérieur du parlement, l’air sur la place Syntagma était enveloppé de gaz lacrymogène et la police chargeait de jeunes gens insaisissables lançant des pierres et des cocktails Molotov. Dans le ciel s’élevaient de larges colonnes de fumée provenant des bâtiments en proie aux flammes. « Nous sommes face à la destruction. Notre pays, notre maison, est sur le point de brûler. Le centre d’Athènes est en flammes. Nous ne pouvons laisser le populisme réduire notre pays en cendres », s’est exclamé l’élu conservateur Costis Hatzidakis. À l’intérieur du parlement, on pouvait entendre les détonations des grenades assourdissantes utilisées par les forces de l’ordre. Effrayés, des habitants et des touristes s’abritaient dans des halls d’hôtel pour échapper aux violences et aux gaz irritants.

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Pour beaucoup de Grecs, les nouvelles mesures d’austérité ne font que les plonger un peu plus dans la pauvreté. « Assez, c’est assez ! », s’est exclamé Manolis Glezos, 89 ans, figure historique de la gauche grecque, lors du rassemblement sur la place Syntagma. « Ils n’ont aucune idée de ce que veut dire un soulèvement du peuple grec. Et le peuple grec, toutes idées politiques confondues, est en train de se soulever », a affirmé ce héros de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, qui avait réussi à enlever un drapeau nazi de l’Acropole en 1941.

Leur presse (TF1 News, 13 février 2012)
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Re: Chroniques grecques] N° 6 : L’insurrection

Message par Framboise » 22 févr. 2012 0:14

Suite
[Grèce] Des manifestants n’hésitent pas à recourir à une violence croissante contre les médias audiovisuels
Posted on 21 février 2012 by juralib

Grèce : « Les photographes de presse ne sont pas des auxiliaires de police »


Après les émeutes du 12 février à Athènes, la police grecque a illustré des appels à témoin avec des clichés de l’AFP téléchargés illégalement. RSF et l’agence de presse condamnent cette pratique.

Les méthodes des forces de l’ordre en Grèce « scandalisent » Reporters sans Frontières (RSF). La police grecque a téléchargé des photos prises par des agences de presse lors des émeutes du 12 février, notamment sur la place Syntagma au coeur d’Athènes. Les clichés ont alors été postés sur Internet afin d’illustrer un appel à témoins. « Les photographes de presse ne sont pas des auxiliaires de police ! », s’est insurgé RSF.


Le président de l’AFP, Emmanuel Hoog, a envoyé une lettre de protestation à Athènes. « Grâce à l’intervention du bureau de l’AFP à Athènes, les images concernées ont été retirées », précise-t-il. Il revient sur le fait que la police grecque n’avait pas l’autorisation de télécharger ces clichés. « Non seulement cette pratique viole la loi sur le plan de la propriété intellectuelle, mais elle peut mettre nos équipes en danger. »

La sécurité des photographes en question

RSF craint que ces pratiques « alimentent une polémique stérile et non fondée sur la prétendue collaboration entre les médias et les services de police ». Et ce alors qu’une « partie des manifestants n’hésitent pas à recourir à une violence croissante contre les médias audiovisuels », déjà à l’heure actuelle. L’organisation élargit le débat aux autres agences, telles que Reuters, AP, EFE (Espagne), ainsi qu’aux reporters indépendants.

« Les services de police disposent largement de tous les moyens nécessaires pour procéder aux enquêtes qu’ils jugent bon d’ouvrir, à commencer par les caméras de sécurité », rappelle RSF. En août dernier, alors que des émeutes éclataient au Royaume-Uni, ce sont des images de ce type qui étaient utilisées par les autorités… et placées à la Une des tabloïds !

Le 12 février dernier, quelque 45 bâtiments, dont plusieurs joyaux néo-classiques rénovés ces dernières années, ont été incendiés et des boutiques ont été pillées à Athènes. Plus de 80’000 personnes protestaient à proximité du Parlement où les députés étaient réunis en session extraordinaire pour voter un nouveau plan de rigueur réclamé par la créanciers du pays en échange d’un nouveau plan de sauvetage du pays. Plan sur lequel les Européens se sont mis d’accord dans la nuit de lundi à mardi.

Leur presse (Marie Simon, LExpress.fr, 21 février 2012)
Source : Jura libertaire
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Re: Chroniques grecques] N° 6 : L’insurrection

Message par Framboise » 22 févr. 2012 23:24

mercredi 22 février 2012

[Grèce] Appel des travailleurs de l’hôpital de Kilkis pour l’extension des occupations

Communiqué de l’Assemblée des travailleurs de l’hôpital autogéré de Kilkis (nord de la Grèce). 18 février 2012

Comme cela avait été décidé, l’occupation de l’Hôpital général de Kilkis commence en dépit des médecins, des politiciens et des syndicalistes installés. Malgré les tentatives désespérées des échelons les plus élevés de la bureaucratie syndicale, qui ont abandonné l’Assemblée générale des travailleurs de l’hôpital sous les huées et les sifflements, les présents, à l’unanimité, ont décidé de commencer l’occupation de l’hôpital le lundi matin 20 février et de mettre en place des groupes de travail et de responsabilité, qui travailleront sous le contrôle de l’Assemblée générale. L’information commence à se répandre largement et des médias et journalistes indépendants ont déjà manifesté leur intérêt. Les travailleurs sont conscients de l’énorme responsabilité qu’ils prennent par rapport aux patients, aux citoyens, à la société locale et aussi par rapport à eux-mêmes et aux personnes de leur entourage, et ils sont déterminés à amener leurs objectifs à terme, par des accords conclus par consensus et solidarité. Ces objectifs ne sont pas strictement sectoriels. Ils sont plus larges et ont un caractère politique. Les travailleurs de l’hôpital de Kilkis ne reconnaissent pas le gouvernement actuel, un gouvernement imposé et volontairement esclave d’autres intérêts, et déclarent l’auto-gouvernement de l’hôpital.

Ces travailleurs veulent qu’à leurs côtés il n’y ait pas seulement les citoyens de Kilkis, mais la société tout entière, à laquelle ils font appel pour que, d’une manière pacifique, elle renverse l’actuelle scène politique, en procédant à la propagation des occupations à tous les hôpitaux à travers le pays et aux lieux de travail dans tous les secteurs. Nous devons paralyser immédiatement cette Grèce que nous connaissions et que vous connaissiez, en occupant les lieux de travail et les espaces publics, jusqu’à la chute de la dictature parlementaire qui gouverne le pays et que soit érigé un gouvernement démocratique qui obéisse aux exigences populaires de nous libérer des entraves de la soi-disant dette et nous conduise sur la voie de la réorganisation et de la prospérité.

Si cela n’est pas facile, c’est parce que l’ennemi n’est pas seulement en dehors de nos murs, mais aussi à l’intérieur. Surtout à l’intérieur ! C’est ce que nous avons vu aujourd’hui à Kilkis. Ces directeurs qui s’inquiètent tellement de la perte de recettes en raison des protestations, avec leurs larbins et certains médecins contraints, ont d’abord tenté d’obtenir le soutien des dirigeants réactionnaires de la Fédération nationale des médecins hospitaliers. L’ambitieux président de cette Fédération a essayé de soutenir, non pas les médecins en lutte, mais les échelons supérieurs de la bureaucratie syndicale. Ce M. Dimitrios Barnabas « est préoccupé » parce qu’en raison des occupations et des manifestations de médecins qui ne sont pas payés depuis des mois, les hôpitaux ne vont pas bien fonctionner. Jusqu’à présent, comme vous le savez tous, ils fonctionnent à merveille...

Quelle conscience sociale ! Les médecins sans scrupules et irresponsables, avec les infirmières et les autres employés hospitaliers exigeant ce qu’il leur est dû et qui se battent pour une santé publique gratuite, ils les appellent une « foule ». L’indescriptible M. Barnabas a préféré rester à l’écart de la foule. Esquivant la combative présidente de l’ENIK (syndicat des médecins hospitaliers de la province de Kilkis), Mme Leta Zotaki, qui attendait pour le rencontrer, comme convenu, il a participé à une réunion privée avec le vice-président réactionnaire et le personnel de direction de l’hôpital avant l’Assemblée générale qui avait été appelée au même endroit. Le président de la Fédération des médecins de l’hôpital « veut que l’hôpital soit ouvert pour que les gens soient à nos côtés » selon ses propres mots. Mais ensuite, il n’a pas précisé, quand la « foule » a commencé à arriver, Son Excellence a été interrogée à ce sujet : comment il conçoit la lutte syndicale des médecins, surtout aujourd’hui, si ce n’est avec d’énergiques protestations et occupations. Il la conçoit sans doute avec des protestations symboliques, avec des actions appelées uniquement pour qu’elles soient vues par le gouvernement, avec une rhétorique vide qui dégoûte tout le monde, dans le meilleur des cas avec une grève d’une journée qui ne fait de mal à personne. Ce sont, en bref, les moyens les plus efficaces sur lesquels compte la bureaucratie syndicale en ces moments sans précédent. Une conception très originale du syndicalisme combatif, mais pleinement représentative de l’attitude des directions syndicales, en particulier au niveau fédéral. Si les travailleurs s’attendent à ce que ces messieurs les amènent à des luttes victorieuses, ils vont devoir attendre longtemps ...

Les travailleurs et les citoyens à travers le pays, de toute l’Europe et partout dans le monde doivent voir un exemple dans les occupations, continues et non pas symboliques, qui commencent à Kilkis et ailleurs, ainsi que dans les luttes qui, depuis quelques temps, sont en plein développement aux Aciéries Grecques, à la chaîne de télévision Alter, à Loukisa et dans des dizaines d’endroits en Grèce et dans d’autres pays, et ils doivent procéder à l’occupation, dès que possible et en coordination, de tous les lieux de travail et espaces publics, en maintenant les occupations jusqu’à ce qu’elles provoquent la chute du gouvernement imposé et la dissolution des mécanismes de parti qui depuis tant d’années ont concoctés et imposé le régime inhumain d’aujourd’hui. Le peuple doit se battre en dehors du parlement, avec des luttes dans les rues et sans attendre ou espérer inutilement que le pouvoir ne leur donne rien, en revendiquant une puissante constitution démocratique et une nouvelle transition, qui mettent le pays sur la voie du progrès et le transforme de nouveau en un lieu de démocratie, d’égalité, de justice et de prospérité.

Διεθνή της ΕΣΕ / CAS Madrid

Traduction OCLibertaire (à partir de la version en castillan publiée sur le site Internet de la Coordinadora Anti Privatización de la Sanidad de Madrid (CAS) [ http://casmadrid.org/ ])

Appel précédent

Un hôpital grec sous contrôle ouvrier

Les agents hospitaliers de Kilkis, en Grèce, ont occupé leur hôpital local et ont publié une déclaration disant qu’il était désormais entièrement sous contrôle ouvrier. L’hôpital général de Kilkis en Grèce (Macédoine centrale) est maintenant sous contrôle ouvrier. Les travailleurs hospitaliers ont déclaré que les problèmes qui durent depuis longtemps du Système de santé national (l’ESY) ne pouvaient être résolus. Les travailleurs ont répondu à l’accélération du régime des mesures impopulaires d’austérité en occupant l’hôpital et l’ont déclaré sous contrôle direct et complet par les travailleurs. Toutes les décisions seront dorénavant prises par les « travailleurs de l’assemblée générale ».

L’hôpital a déclaré que « Le gouvernement n’est pourtant acquitté de ses responsabilités financières et, si leurs demandes ne sont pas satisfaites, ils se tourneront vers la communauté locale pour avoir le plus large soutien possible afin de garantir les soins de santé publique gratuits soins et de renverser le gouvernement et tous les politiques néolibérales. » A partir du 6 février, le personnel hospitalier ne traitera que les soins d’urgence tant que leurs salaires et les sommes qui leur sont dues ne seront pas payées. Ils demandent également un retour aux niveaux des salaires qu’ils percevaient avant la mise en œuvre de mesures d’austérité.

La prochaine assemblée générale aura lieu le 13 février, et une conférence de presse le 15.

La déclaration suivante a été émise par les travailleurs : 1. Nous constatons que les problèmes actuels et durables de l’ESY (le système national de santé) et des organisations apparentées ne peuvent être résolus par des demandes spécifiques et isolées ou concernant nos intérêts particuliers, car tous ces problèmes sont le fruit d’une politique gouvernementale antipopulaire plus générale et du néolibéralisme mondial. 2. Nous constatons aussi, qu’en faisant des revendications particulières nous faisons en fait le jeu d’un gouvernement brutal. Ce pouvoir, pour faire face à son ennemi – qui est constitué par le peuple affaibli et divisé, fait tout pour empêcher la création d’un front uni et populaire à l’échelle nationale et mondiale ayant des intérêts communs et des exigences contre l’appauvrissement social créé par les autorités politiques. 3. Pour cette raison, nous plaçons nos intérêts particuliers dans le cadre général de revendications politiques et économiques qui sont posés par une très grande partie du peuple grec qui est aujourd’hui sous l’attaque du capitalisme la plus brutale. Ces revendications doivent être défendues jusqu’au bout afin d’aboutir, dans la coopération entre les classes moyennes et populaires de notre société. 4. La seule façon d’y parvenir est de remettre en question, dans l’action, non seulement la légitimité politique mais aussi la légalité d’un pouvoir arbitraire, autoritaire et antipopulaire qui avance à grand pas vers le totalitarisme. 5. Les travailleurs de l’Hôpital général de Kilkis répondent à ce totalitarisme par la démocratie. Nous occupons l’hôpital public et le mettons sous notre contrôle direct et total. L’hôpital de Kilkis sera désormais autogouverné et le seul moyen légitime de prise de décision sera l’Assemblée générale de ses travailleurs. 6. Le gouvernement n’est pas libéré de ses obligations économiques de dotation en personnel et en fournitures. Si il continue à ignorer ces obligations, nous serons obligés d’informer le public de cette situation et de demander au gouvernement local mais surtout à la société civile de nous soutenir par tous les moyens pour : (a) la survie de notre hôpital (b) le soutien au droit aux soins de santé public et gratuits (c) le renversement, par une lutte commune populaire, de l’actuel gouvernement et de toute autre politique néolibérale, d’où qu’elle vienne (d) une démocratisation profonde et substantielle, c’est à dire une démocratisation qui permettra à la société réelle et non pas à des tiers de prendre les décisions concernant son avenir.

7. Le syndicat de l’hôpital de Kilkis commencera, à partir du 6 février, une grève en n’assurant que les soins d’urgence jusqu’au paiement complet pour les heures travaillées et la hausse de nos salaires au niveau qu’il était avant l’arrivée de la troïka (UE- BCE-FMI). Pendant ce temps, sachant très bien quelle est notre mission sociale et nos obligations morales, nous protégerons la santé des citoyens qui viennent à l’hôpital en fournissant des soins de santé gratuits à ceux qui en ont besoin, appelant le gouvernement afin qu’il prenne ses responsabilités, en espérant qu’il renoncera en dernière minute à sa cruauté sociale immodérée.

8. Nous décidons qu’une nouvelle assemblée générale aura lieu, le lundi 13 février dans le hall du nouveau bâtiment de l’hôpital à 11 heures, afin de décider des procédures qui sont nécessaires pour mettre en œuvre efficacement l’occupation des services administratifs et réaliser avec succès l’auto-gouvernance de l’hôpital, qui débutera à partir de ce jour-là. Les assemblées générales auront lieu tous les jours et seront l’instrument primordial pour la prise de décision en ce qui concerne les employés et le fonctionnement de l’hôpital. Nous appelons à la la solidarité du peuple et des travailleurs de tous les secteurs, à la collaboration de tous les syndicats des travailleurs et des organisations progressistes, ainsi qu’au soutien de tous les médias qui ont choisi de dire la vérité. Nous sommes déterminés à continuer jusqu’à ce que les traîtres qui vendent notre pays et nos gens s’en aillent. C’est eux ou nous ! Les décisions ci-dessus seront rendues publiques par le biais d’une conférence de presse à laquelle tous les médias sont invités mercredi 15/2/2012 à 12h30. Nos assemblées quotidiennes commencent le 13 Février. Nous allons informer les citoyens sur chaque événement important qui aura lieu dans notre hôpital par le biais de communiqués de presse et conférences. En outre, nous allons utiliser tous les moyens disponibles pour faire connaître ces événements afin de faire de cette mobilisation réussie. Nous appelons
► a) Nos concitoyens faire preuve de solidarité avec notre mouvement,
► b) Tout citoyen injustement traité de notre pays à agir par des actions de contestation et d’opposition contre ses oppresseurs,
► c) Nos collègues d’autres hôpitaux à prendre des décisions similaires,
► d) les employés dans d’autres domaines du secteur public et privé et les participants à des organisations syndicales et progressistes à agir de même,
afin d’aider notre mobilisation à prendre la forme d’une résistance universelle ouvrière et populaire et de soulèvement, jusqu’à la victoire finale contre l’élite économique et politique qui aujourd’hui opprime notre pays et le monde entier.
Source : OCL
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Re: Chroniques grecques] N° 6 : L’insurrection

Message par Framboise » 25 févr. 2012 19:58

Point de vue de John Holloway*
Nous sommes tous grecs !

La Grèce nous montre comment protester contre un système en faillite

jeudi 23 février 2012, par OCLibertaire
La violence de la réaction en Grèce est un cri lancé au monde. Combien de temps allons-nous rester assis et regarder le monde déchiré par ces barbares, les riches, les banques ? Combien de temps allons-nous rester là à regarder l’augmentation des injustices, à assister au démantèlement des services de santé, à une éducation réduite à un non-sens critique, les ressources en eau du monde privatisées, des communautés humaines anéanties et la terre déchirée pour les profits des sociétés minières ?

Athènes en flammes ! Flammes de rage ! Quelle horreur ! Quelle plaisir ! Je n’aime pas la violence. Je ne pense pas que l’on peut gagner beaucoup de choses en incendiant des banques et en brisant des vitrines. Et pourtant je ressens une vague de plaisir quand je vois les réactions à Athènes et dans les autres villes de Grèce en réponse à l’acceptation par le Parlement grec des mesures imposées par l’Union européenne et le Fonds monétaire international. Mieux : s’il n’y avait pas eu cette explosion de colère, je me serais senti à la dérive dans une mer de dépression.

Ce plaisir est la joie de voir que les opprimés tant de fois piétinés se retournent, font face et rugissent. La joie de voir ceux qui ont été battus mille fois rendre les coups. Comment pouvons-nous demander aux gens d’accepter docilement les coupes féroces dans leur niveau de vie qu’impliquent les mesures d’austérité ? Voulons-nous qu’ils expriment leur accord quand l’énorme potentiel créatif de tant de jeunes est simplement éliminé, quand leurs talents sont pris au piège dans une longue vie de chômage ? Et tout cela uniquement pour que les banques puissent être remboursées, et que les riches deviennent encore plus riches ? Et tout cela, juste pour maintenir un système capitaliste qui a depuis longtemps dépassé sa date de péremption et qui n’offre désormais plus rien d’autre au monde que sa destruction. Pour que les Grecs acceptent docilement les mesures, il faudrait multiplier la dépression par la dépression, la dépression d’un système qui a échoué, aggravée par la dépression de la dignité perdue.

La violence de la réaction en Grèce est un cri lancé au monde. Combien de temps allons-nous rester assis et regarder le monde déchiré par ces barbares, les riches, les banques ? Combien de temps allons-nous rester là à regarder l’augmentation des injustices, à assister au démantèlement des services de santé, une éducation réduite à un non-sens critique, les ressources en eau du monde privatisées, des communautés humaines anéanties et la terre déchirée pour les profits des sociétés minières ?

Cette attaque, qui prend une forme si aiguë en Grèce, se déroule dans le monde entier. Partout l’argent a subordonné la vie humaine et non-humaine à sa logique, la logique du profit. Ce n’est pas nouveau, mais l’intensité et l’ampleur de l’attaque est nouvelle, et est également nouvelle la prise de conscience généralisée que la dynamique actuelle est une dynamique de mort, qu’il est très probable que nous sommes tous emmenés vers l’anéantissement de la vie humaine sur terre. Lorsque de savants commentateurs expliquent les détails des dernières négociations entre les gouvernements sur l’avenir de la zone euro, ils oublient de mentionner que ce qui est en train de se négocier si légèrement, c’est l’avenir de l’humanité.

Nous sommes tous Grecs. Nous sommes tous des sujets dont la subjectivité est simplement écrasée par le rouleau compresseur d’une histoire déterminée par le mouvement des marchés monétaires. Des millions d’Italiens ont protesté à maintes reprises contre Silvio Berlusconi, mais ce sont les marchés monétaires qui l’ont viré. La même chose en Grèce : manifestation après manifestation contre George Papandreou, mais à la fin, ce sont les marchés monétaires qui l’ont licencié. Dans les deux cas, des serviteurs de l’argent, loyaux et éprouvés, ont été désignés pour prendre la place des politiciens déchus, sans même un simulacre de consultation populaire. Et cette histoire n’est même pas faite par les riches et les puissants, même si, certainement, ils en tirent profit : cette histoire est faite par une dynamique que personne ne contrôle, une dynamique qui est en train de détruire le monde, si nous laissons faire.

Les flammes d’Athènes sont celles de la colère, et nous nous en réjouissons. Mais la rage est dangereuse. Si elle se personnalise ou se retourne contre des groupes particuliers de personnes (les Allemands, dans ce cas), elle peut facilement devenir purement destructrice. Ce n’est pas un hasard si le premier ministre à démissionner en signe de protestation contre la dernière série de mesures d’austérité en Grèce soit le chef de file du parti d’extrême droite, le Laos. La rage peut facilement devenir une rage nationaliste, fasciste même ; une rage qui ne fait rien pour rendre le monde meilleur. Il est important, alors, d’être clair sur le fait que notre rage n’est pas une rage contre les Allemands, pas même une rage contre Angela Merkel ou David Cameron ou Nicolas Sarkozy. Ces politiciens sont des symboles simplement arrogants et pitoyables de l’objet réel de notre colère – la règle de l’argent, la soumission de toute vie à la logique du profit.

Amour et rage. Rage et amour. L’amour a été un thème important dans les luttes qui ont redéfini le sens de la politique au cours de la dernière année, un thème constant des mouvements « Occupy », un sentiment profond, même au cœur des affrontements violents dans de nombreuses régions du monde. Mais l’amour avance main dans la main avec la rage, la rage de « comment osent-ils nous prendre nos vies, comment osent-ils nous traiter comme des objets ? ». La rage pour un monde différent qui force son chemin à travers l’obscénité du monde qui nous entoure. Peut-être.

Cette poussée vers un monde différent n’est pas seulement une question de rage, bien que la rage en fasse partie. Elle comporte nécessairement la construction patiente d’une manière différente de faire les choses, la création de différentes formes de cohésion sociale et de soutien mutuel. Derrière le spectacle des banques qui brûlent en Grèce, il y a un processus plus profond, un mouvement plus calme de personnes qui refusent de payer les tickets de bus, les factures d’électricité, les péages autoroutiers, les dettes bancaires ; un mouvement, né de la nécessité et de convictions, de personnes organisant leur vie d’une manière différente, en créant des communautés de soutien mutuel, de réseaux alimentaires et des cuisines populaires, en occupant des bâtiments vides et des terres, en créant des jardins communautaires, en retournant à la campagne, en tournant le dos aux politiciens (qui n’osent plus maintenant se montrer dans les rues) et en créant des formules de démocratie directe pour prendre des décisions sociales. Encore insuffisant peut-être, encore au stade expérimental, mais crucial. Derrière les flammes spectaculaires, il y a cette recherche et cette création d’une autre façon de vivre qui va déterminer l’avenir de la Grèce, et du monde.

Nous sommes tous Grecs.

John Holloway*

Texte publié dans The Guardian (UK) le 17 février et Página/12 (Argentine) le 22 février 2012

Traduction OCLibertaire (à partir des deux versions).
P.-S.
(*) John Holloway est professeur de sociologie à l’université de Puebla (Mexique). Marxiste hétérodoxe, auteur de nombreux ouvrages, dont Changer le monde sans prendre le pouvoir. Son dernier livre (Crack Capitalism, 2010) est sur le point de sortir aux éditions Libertalia, sous le titre Brèches dans le capital.
"La religion est la forme la plus achevée du mépris."
(Raoul Vaneigem)

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