D'une certaine répression à Tours

Le punk n'est pas qu'une musique ! Ici on discute de l'actualité, des manifs et des résistances en lien direct avec notre culture. "Make punk a threat again", ça vous dit encore quelque chose ?!
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Viandintox
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D'une certaine répression à Tours

Message par Viandintox » 13 mars 2012 17:00

D'une certaine répression à Tours

« Il vaut mieux être à la périphérie de ce qui s'élève qu'au centre de ce
qui s'effondre. »


Pour peu que nous fassions l'usage de nos quelques forces, dans les
carcans étroits du démocratisme marchand, l’État montre les dents, avec ce
mélange de vulgarité autoritaire et de froideur bureaucratique. Pas
d'ennemi, mais seulement quelques débordements qu'il s'agit de gérer,
c'est ce que semble dire la préfecture et la municipalité à travers les
différentes attaques qu'elle nous adresse.


Nous ne ferons pas les étonnés de telles manœuvres. Nous savons quelles
fonctions particulières les pouvoirs locaux remplissent : s 'assurer de la
bonne marche à exercer sa domination, garder ses esclaves dans son giron,
et les éloigner de la gangrène que nous représentons. Quitte à se tromper
sur les véritables menaces qui pèsent sur elle...


Il faut bien des coupables, sans eux, tout serait tellement parfait...
Mais pourquoi s'entêtent-t-ils encore ? Nous ferons preuve de moins de
mansuétude et davantage de rigueur la prochaine fois, continuent-t-ils
comme pour eux-mêmes...


Les pouvoirs renforcent leurs capacités à ce que rien ne puisse se passer,
pour prouver à quel point rien d'autre que ce monde n'est possible, et
écraser ceux qui vivent d'autres choses dans la pratique.


Jouer, bien sûr, mais avec nos règles ; les autres sont des terroristes.


Référés systématiques hors de tout cadre légal pour faire disparaître toutes
tentatives de squats, arrêté municipal pour interdire un concert lié à la
« mouvance anarcho-punk » (sic), convocation d'une structure d'éducation
populaire concernant une zone de gratuité un an après les faits,
réquisitoire très dur d'un procureur malgré la requalification des faits
lors d'un procès pour outrage et rébellion sur un policier, arrêté
préfectoral interdisant un rassemblement en précisant les noms
des personnes et collectifs concernés (après que les caméras soient parties,
évidemment) : tous est bon pour détruire les espaces d'intensités
collectives en construction et empêcher ces acteurs de se répandre dans la
ville...


Ainsi, le pouvoir réadapte sa répression, avec des dispositifs
disproportionnés mais cependant inefficaces. Une présidente du conseil
général demande à des organisations défendant les sans-papiers de se
dissocier publiquement de personnes pratiquant l'action directe invisible,
une liste mélange des personnes aux sensibilités politiques différentes
les assimilant dans la même répression pour mieux mettre certains en
porte-à-faux, des artistes subventionnés par la mairie menacent les
habitants d'une maison occupée en échange d'une garantie de leur futur
confort moral et matériel : il faut casser les solidarités entres secteurs
sociaux qui tentent d'agir ensemble, malgré leurs désaccords de fond, mais
qui prennent sens dans la complémentarité de leurs pratiques.


Cette réponse d'une mairie de gauche bourgeoise et d'une préfecture
ultra-droitière est logique : nous avions sciemment décidé d'agir en
période électorale, sachant qu'elle serait plus encline à préserver son
apparence démocratique ; les effets de nos actions furent en effet
amplifiées. Sa répression fut distante et propre : pas des coups de
matraques, mais des bouts de papier signés « république française » ;
il ne s'agit pas pour eux d'une approche militaire, avec ces combats de
rue contre manifestants, mais d'une ligne politique de la répression
décidée par les têtes des pouvoirs locaux. Il fallait nettoyer proprement
et sans effusion de violence avant le moment électoral.

Nous constatons qu'à Tours, une forme de judiciarisation de la répression
se met en place : que chacun dispose d'une condamnation pour être mieux
frappé par la suite,suivant les besoins que le futur exigera. Nous ne
sommes en rien une particularité : le vieux monde dispose de multiples
moyens ; la configuration des hostilités, les ressorts propres à la
situation tourangelle, et la sorte de force que nous construisons ont fait
le reste.

L'état d’exception qui détruit les pseudo libertés individuelles n'est pas
nouveau :
il ne fait que montrer un visage plus répugnant au quotidien de notre
société. On tente de nous maintenir dans une sorte de fatalité
paralysante, et même si la peur peut parfois nous limiter, cela nous
permet aussi de la comprendre, et de la dépasser. Nous continuons à
apprendre du pouvoir, et à faire sans lui. Nous réadaptons aussi nos
pratiques et effets, nos modes d 'apparitions et interventions.


Notre existence qui se fonde sur le faire et la nécessité stratégique de
le penser sera toujours un scandale, une menace apparemment trop forte
pour un monde vermoulu : cela nous amuse que si peu de force puisse
inspirer crainte à un édifice qui se prétend si solide.




Nous laissons là nos maîtres moisir dans leur misère ancestrale,
et nous continuons de nous organiser...

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