Préjugés, sexisme: combat permanent

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xnicox
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Re: Préjugés, sexisme: combat permanent

Message par xnicox » 31 mars 2013 13:09

Je suis d'accord avec alcibiade, il y a de nombreuses choses qui peuvent être critiquées dans la "théorie queer", aller aussi loin, c'est trop. C'est, en fait , super facile de tomber dans quelque chose de discréditant en utilisant des mots comme "gourous", "secte", et aussi assez facile je trouve. C'est quand même un peu les mots de grands médias et politiciens pour parler de tous les mouvements contestataires et minoritaires...

A cela il faut aussi prendre en compte les évolutions de ce mouvement, et s'intéresser aussi à différents collectifs d'individus actuels et pas uniquement a des textes. Nombreuses sont les personnes qui se considèrent comme "queer" mais avec assez de recul pour en faire quelque chose de nouveau, en accords avec certaines éthiques, étant d'accord avec certaines idées mais pas toutes.De ce fait on peut rencontrer dans la vraie vie des gens rattachées au queer mais étant également engagées et "en accord" avec "le féminisme".

Mon avis, qui n'engage que moi, est qu'il faut un peu arreter de baser ses critiques sur des mouvements en se basant que sur des textes sans jamais voir les possibles évolutions et possibilités crées dans le réel.
Le mouvement queer est très protéiforme; par exemple on peut trouver des soirées cataloguées queer (dans certaines grandes villes) qui seront remplis de personnes se considérant "queer" mais juste par rapport a l'identité, sans remettre en cause ni le patriarcat ni autre principe de la société actuelle;à côté de ça il existe differents collectifs/ou individus partageant l'étiquette queer qui voient leur combat comme partie de quelque chose de global, politiquement conscient et integré a 'autres luttes...

MélusineCiredutemps
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Re: Préjugés, sexisme: combat permanent

Message par MélusineCiredutemps » 31 mars 2013 23:57

OK... face à tant d'affirmations relativistes qui s'économisent de toute démonstration (à bin oui, pour ça faudrait passer par le fait de prendre au séreux l'écrit... et admettre qu'une idéologie et/ou une théorie quelle qu'elle soit est définie assez clairement pour pouvoir être identifiée et non confondue avec tout et son contraire) une question toute simple me passe par la tête :
Est-ce qu'il existe, au moins un collectif d'adeptes de la théorie queer qui, clairement, ne soit pas pro-prostitution ?
Modifié en dernier par MélusineCiredutemps le 01 avr. 2013 0:19, modifié 1 fois.

MélusineCiredutemps
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Re: Préjugés, sexisme: combat permanent

Message par MélusineCiredutemps » 01 avr. 2013 0:02

Même si je ne partage pas toutes les idées défendues par Sheila Jeffreys, voici une présentation intéressante de son livre très instructif et bien documenté à propos de la théorie queer :

" Débander la théorie queer ", un livre de Sheila Jeffreys

C’est dans un contexte d’expansion du courant queer dans les grandes capitales et au sein des universités qu’a été publié en 2003 l’essai critique de Sheila Jeffreys, professeure de science politique à l’Université de Melbourne en Australie, dont le titre Unpacking Queer Politics (1), pourrait se traduire littéralement par Débander la théorie queer. Dans les années 90, on a assisté au sein de la communauté lesbienne au phénomène du "packing", nom donné au port d’un godemiché sous le pantalon afin de simuler l’existence d’un pénis. Cette pratique, note Jeffreys, révèle chez ses adeptes le culte de la virilité et l’abandon de la lutte féministe contre les rapports hiérarchiques de genre.

Au départ, le terme "queer" (pédé) était une insulte homophobe. Le courant queer a repris par dérision l’appellation à son compte et regroupe celles et ceux qu’on a accusé-es de perversité, de déviance, les parias, les inclassables qui vivent dans les marges de l’identité sexuelle et de la normalité. On y retrouve des transsexuels, des bisexuels, des adeptes du sadomasochisme, du fétichisme, de l’automutilation corporelle, de la pédophilie.

Ce courant originaire des États-Unis a fait irruption partout dans les années 80-90. Au Québec, on se rappellera l’engouement pour les outrances de l’universitaire américaine Camille Paglia, les spectacles de la star porno Annie Sprinkle et le livre de Nathalie Collard et Pascale Navarro, Interdit aux femmes - Le féminisme et la censure de la pornographie qui se porte à la défense de la pornographie (2). Et, plus récemment, le livre d’Élisabeth Badinter, Fausse route (3) qui fait aussi la promotion de la libéralisation de la sexualité en dénonçant le " nouvel ordre moral féministe ".

On voit apparaître un peu partout les bars fétichistes et sadomasochistes, la mode du cuir, des chaînes, du piercing et du tatouage, la vogue des drag queens, du transsexualisme, les automutilations publiques de groupes comme Jackass et le défilé de la fierté gay qui consacre la récupération commerciale du mouvement contestataire gay et lesbien des années 70.

En 1998, dans la mouvance du post-modernisme et du néolibéralisme dominant, un collectif sous la direction de Diane Lamoureux publie Les Limites de l’identité sexuelle (4), qui définit le queer comme une libération individualiste de toute forme d’identité contraignante et limitative. La même année, lors du congrès de l’ACFAS, Line Chamberland s’interroge, pour sa part, sur la remise en question par le courant queer de la base identitaire du mouvement lesbien et des perspectives féministes de résistance politique à la domination patriarcale.

Sheila Jeffreys, militante de la Coalition contre le trafic des femmes (CATW), a déjà publié, en 1993, The Lesbian Heresy (5), un essai qui dénonce l’emprise de l’industrie du sexe au sein de la communauté lesbienne, le sadomasochisme, la pornographie, les jouets sexuels désormais considérés comme parties intégrantes de la sexualité lesbienne. Elle y signale le regroupement sous l’appellation queer "de s/m, lesbiennes, gay, activistes pédophiles, tout autant que de libertaires socialistes et radicaux plus conventionnels" qui rejettent le lesbianisme "puritain et moraliste" comme une contrainte au même titre que l’hétérosexualité. Le modèle sadomasochiste mis de l’avant par le queer réaffirme, au nom de la libération sexuelle, la primauté du modèle patriarcal dominant/dominée.

Dix ans plus tard, dans Unpacking Queer Politics, Jeffreys montre le cheminement du mouvement lesbien féministe des années 70 jusqu’à son absorption par le mouvement gay et queer des années 80 qui, en choisissant de parodier la virilité et la féminité dans les rapports butch-femme, de normaliser la violence et l’autodestruction dans des rapports sexuels sadomasochistes entre femmes, reproduit les rapports patriarcaux de domination masculine et de subordination féminine qu’ont toujours combattus les lesbiennes féministes. En agissant ainsi, affirme Jeffreys, le courant queer nie le principe d’égalité dans les relations et les rapports sexuels pratiqué par la communauté lesbienne féministe.

La revendication gay de droits égaux au sein du système patriarcal remplace la remise en question radicale des rapports de pouvoir patriarcaux par les lesbiennes radicales des années 70. Ainsi, la lutte gay pour le mariage, considéré par les lesbiennes féministes comme l’institution patriarcale par excellence, va à l’encontre de leurs principes identitaires fondamentaux, en intégrant dans les relations de même sexe les stéréotypes hétérosexuels qui reflètent les rapports sexuels de domination. À l’instar du travail du sexe, toute sexualité déviante est promue comme un choix transgressif et libérateur, selon le principe du droit de faire tout ce qu’on veut de son propre corps.

Jeffreys montre comment le queer est devenu une immense industrie lucrative, ses membres étant ciblés par le marché de la chirurgie transsexuelle, du piercing, des mutilations corporelles, de la pornographie, des vêtements et de la coiffure exprimant l’identité butch, femme ou drag queen, la multiplication des bars spécialisés, etc. Le queer valorise la masculinité et, les lesbiennes qui en font partie, au lieu d’affirmer leur identité de femme lesbienne, cherchent à devenir semblables aux hommes par tous les moyens jusqu’à l’utilisation de la chirurgie et de la prise d’hormones qui les convertira en hommes, seule identité acceptable dans la perspective queer.

Pour justifier le viol, on prétend que la violence fait partie inhérente de la sexualité. Pour le courant queer, les rapports de pouvoir sont à la base du plaisir. Plus les rapports sadomasochistes sont poussés, plus le plaisir est grand. Dès lors, rien d’étonnant à ce qu’on y ridiculise les lesbiennes féministes en les traitant de puritaines, de politiquement correctes et d’anti-sexe.

Incompatibilité entre lesbiennes féministes et queer

Selon Jeffreys, la théorie queer apparue dans les années 70 allait à l’encontre des principes de libération des gay et lesbiennes féministes et marquait un ressac quant à la possibilité d’un changement social radical. La plupart des écrits queer tentaient d’intégrer les lesbiennes et les gay dans une théorie de la citoyenneté sexuelle qui reposait sur la subordination des femmes et l’élimination de tout point de vue féministe.

Le retour à une sexualité hypervirile serait une réaction à la stigmatisation vécue par les homosexuels qualifiés d’hommes manqués, d’efféminés. Le mouvement gay, composé d’hommes blancs, de classe moyenne, avec une minorité de lesbiennes et de personnes de couleur, donna petit à petit la primauté aux seuls problèmes vécus par les hommes gay et abandonna l’analyse de l’oppression, qui l’animait auparavant, pour se consacrer à la lutte pour l’égalité avec les hétérosexuels et le partage de leurs privilèges, sans remettre en question la suprématie masculine.

Les lesbiennes féministes se retirèrent vite de ce nouveau courant ne se reconnaissant pas dans le modèle masculin agressif de liberté sexuelle basé sur des rapports sexuels multiples et impersonnels dans les lieux publics, les toilettes, les saunas, les bars etc. D’autre part, elles jugeaient insultante l’imitation exagérée par les drag queens des pires stéréotypes féminins, conséquences même des rapports de domination et d’inégalité vécus par les femmes.

L’amour des femmes prôné par les lesbiennes n’avait pas de place dans la théorie queer et, bientôt, celles qui demeurèrent dans ce mouvement ne se contentèrent plus de jouer le rôle de butch, mais entreprirent de se transformer, non seulement en hommes mais en hommes gay, en subissant des opérations mutilantes et en prenant de la testostérone.

Dans les années 80, des lesbiennes, comme Gayle Rubin, se mirent à faire campagne pour défendre la pornographie soit au nom de la liberté d’expression, soit parce qu’elles voulaient la rendre accessible aux femmes. Rubin considère que les féministes sont intégrées à la société hiérarchique dominante et doivent être traitées comme des ennemies. Dans Penser le sexe (6), elle poursuit son apologie de toutes les minorités sexuelles dissidentes et se concentre surtout sur la défense de la pédophilie en refusant d’y voir une forme d’exploitation sexuelle. Pour elle, toute loi visant à régir la sexualité constitue « un apartheid sexuel » destiné à renforcer les structures du pouvoir en place. Jeffreys montre que la sexualité est le point de divergence fondamental entre le féminisme lesbien et le courant queer.

La masculinité étant considérée la plus haute valeur au sein de la culture queer mixte, l’amour des femmes est mal vu et celles qui s’en réclament sont traitées de "politiquement correctes". Jeffreys remarque que le courant queer n’a jamais remis en question le système patriarcal et a capitulé devant les impératifs économiques de l’époque. Des pratiques résultant de l’oppression sexuelle sont mises en marché par la promotion des bains publics, des bars, du piercing, de la chirurgie transsexuelle. Un nouveau secteur économique gay tire d’énormes profits de l’industrialisation de la pornographie et de la prostitution.

Les travaux de Foucault, en développant la notion de "transgression", fournissent une base théorique populaire au courant queer. Jeffreys constate que le philosophe français, gay et sadomasochiste, n’a cependant pas jugé bon d’inclure l’expérience spécifique des femmes dans sa réflexion sur la sexualité et l’homosexualité. Pour Judith Butler, penseuse importante du queer, la transgression au niveau de l’habillement et de la représentation est révolutionnaire et capable de renverser les rapports sociaux fondés sur le sexe. De son côté, Jeffreys montre que la volonté postmoderne de refuser toute certitude identitaire a été utilisée par des théoricien-nes queer pour signer l’arrêt de mort du lesbianisme. Pour elle, la théorie queer vient d’un courant historique anti-libération, individualiste, anti-matérialiste et sexiste.

La commercialisation néolibérale de la sexualité

Jeffreys cite Max Kirch (7), pour qui la théorie queer rend impossible toute transformation sociale, par l’importance accordée à la fluidité de l’identité et à la relativité de toute expérience. Il y voit la conséquence et la défense d’un stade particulier du capitalisme qui requiert l’existence d’individus repliés sur eux-mêmes afin d’atteindre ses objectifs économiques de profits au moyen de la croissance illimitée de la production et de la consommation. Selon Kirch, la théorie queer déconstruit la collectivité, encourage l’indifférence politique et relativise la sexualité et le genre.

Ce qui était, il n’y a pas si longtemps une communauté gay ou lesbienne est maintenant devenu un secteur commercial. Dans certains milieux, le queer est commercialisé par le "piercing", le cuir, les coiffures en pics. Les privilèges de classe et la glorification du capitalisme font partie intégrante de l’industrie queer. Plusieurs universitaires écrivent sur ce fétichisme consommateur et inventent un discours queer qui reflète leur dépendance envers la mode et la consommation de masse.

La chirurgie transsexuelle de femme en homme (FTM) rapporte beaucoup. On en estime le coût entre 50 000 $US à 77 000 $US, un coût qui repousse beaucoup d’aspirantes vers des charlatans et des vendeurs d’hormones illégaux. Il donne aussi à penser que les profits des compagnies pharmaceutiques et des chirurgiens sont des facteurs importants pour expliquer la promotion contemporaine de la transsexualité comme solution pour les lesbiennes malheureuses.

On assiste à l’introduction du capitalisme dans des activités sexuelles pratiquées par les hommes gay depuis des décennies. Le culte de la virilité avait besoin de cette commercialisation pour s’enraciner et prendre de l’expansion. C’est ainsi qu’on s’est mis à faire la promotion d’un "style de vie rebelle". Le discours sur la liberté sexuelle est appuyé par des forces commerciales puissantes (propriétaires de bars, de bains publics, producteurs de porno) qui visent à tirer un profit maximal de la sexualité gay. Ce sont les intérêts commerciaux qui ont transformé le comportement sexuel gay d’avant les sorties du placard (coming out) en un marché lucratif à travers la création de lieux publics d’échanges sexuels.

Les échanges sexuels ont lieu sur la place publique, dans les toilettes, les parcs, dans les salles arrières des bars ou des librairies, où il y a des isoloirs à cet effet, dans les saunas et bains publics, les clubs qu’on a modelés souvent en forme de toilettes ou d’autres terrains de drague. Le sexe public signifie en général l’exploitation sexuelle en vue du profit, soit des hommes gay eux-mêmes, qui paient un espace pour avoir des rapports sexuels entre eux ou d’hommes et de garçons qui sont payés pour leurs services sexuels dans la prostitution et la pornographie.

On peut comprendre pourquoi, dans un tel contexte, des promotrices du queer, comme Gayle Rubin et Pat Califia, s’attaquent au "féminisme moraliste" qui s’oppose à la pornographie, à la pédophilie, au sadomasochisme et aux rapports sexuels publics.

http://sisyphe.org/spip.php?article1050
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Re: Préjugés, sexisme: combat permanent

Message par MélusineCiredutemps » 01 avr. 2013 0:08

La théorie "queer" et la violence contre les femmes
Par Sheila Jeffreys

Je parlerai ici de la manière dont les théories queer et postmoderne ont influencé la capacité des féministes et des lesbiennes de s’organiser pour contrer et même reconnaître la violence exercée envers les femmes. Dans ces deux théories, basées sur l’individualisme libéral, de nombreuses formes de violence sont renommées « transgression », « choix » ou "représentation". Je me concentrerai sur trois formes de violence : la prostitution comme moyen pour les hommes d’abuser des femmes, les opérations transsexuelles et l’industrie des « modifications corporelles ».

Mon point de départ est ce vieux slogan qui a maintenant perdu de son sens : « Mon corps m’appartient ». Pour faire un parallèle avec la violence, je suggère que ce slogan a deux significations importantes :

1. Nous sommes très affectées par le concept de femme-objet, qui implique que notre corps est considéré comme un objet que les autres peuvent utiliser sans égard de notre désir ou de notre personnalité, comme c’est le cas dans le viol, le viol d’enfant et la prostitution. Ce qui est fait à notre corps nous affecte. Pour survivre à cet usage violent ou agressif que subit notre corps, nous devons apprendre à nous en dissocier. Pour ce qui est de la prostitution, le slogan « Mon corps m’appartient » nous permet de reconnaître les conséquences de la dissociation nécessaire aux prostituées pour pouvoir survivre à la violation de leur être engendrée par la violence sexuelle commerciale.

2. Le slogan « Mon corps m’appartient » signifie aussi que notre corps n’est pas en cause. C’était le message sous-jacent des groupes de conscientisation qui a permis à tant de femmes d’accepter la physiologie de leur corps et de mettre de côté le maquillage et les autres déguisements. Les problèmes que les femmes ou les hommes peuvent avoir quant à l’apparence de leur corps ou à leur « configuration » génitale sont politiquement construits par une société gouvernée par des hommes dans laquelle les femmes, et quelques hommes, sont sexuellement et physiquement violées par des hommes, dans laquelle la construction des rapports sociaux de sexe et du corps parfait est utilisée pour renforcer le contrôle social et favoriser la domination masculine et la subordination des femmes. L’insatisfaction vis-à-vis de notre corps, qui découle de ces conditions politiques, est un problème politique. La mutilation du corps est une tentative de le couper pour l’adapter à un système politique oppressif, plutôt que de chercher à adapter le système au corps humain.

Une des valeurs féministes essentielles consiste à créer une sexualité de l’égalité dans laquelle il nous est possible d’assumer notre corps, d’en être fière et de l’aimer tel qu’il est.

Dans le contexte de l’oppression, rien de tout cela ne fut simple. Dans les années 1980, il y a eu un ressac face aux principes fondamentaux du féminisme. Les travaux féministes dénonçant la pornographie, le harcèlement sexuel, le maquillage, les talons aiguilles et autres pratiques nocives au nom de la beauté étaient décrits comme politiquement corrects, puritains, anti-sexe.

Les forces qui ont contribué à ce ressac

1. Le libéralisme

Le point central du féminisme libéral, qui restreint son étude de la politique à la sphère publique, a pris de l’ampleur dans les années 1980 et 1990. Le point de vue de féministes libérales - telles que Katie Roiphe et Naomi Wolf ainsi que de la journaliste britannique Natasha Walters, tant adulées par les éditeurs et les médias - selon lequel les femmes sont tout à fait capables de gérer les problèmes dans leur vie privée, le harcèlement sexuel, le viol, la violence conjugale, les tâches ménagères, appartient justement au libéralisme qui sous-tend les idées postmodernes et queer.

Les femmes doivent utiliser leur "pouvoir féministe", dit Wolf. Nous sommes libres de nous maquiller, mais il est étonnant que ce soit encore les femmes qui choisissent cette forme de pouvoir. Apparemment, hommes et femmes ont cette possibilité, mais les hommes ne montent pas au barricades pour s’épiler les sourcils, se mettre du rouge à lèvres, porter des chaussures d’estropiés et des jupes courtes moulantes.

On justifie les pratiques violentes par le consentement des victimes. Le sadomasochisme, la prostitution et la chirurgie esthétique ne sont pas considérés comme des pratiques d’oppression créées par les relations de pouvoir inégales liées à la suprématie masculine. On en fait des inventions féminines pour le propre plaisir [des femmes] plutôt que des pratiques traditionnelles néfastes (PTN).

L’obsession autour des notions de « choix » et de « consentement », que Wolf et son clan associent au viol, est reprise avec zèle par les théoriciens postmodernes et queer qui définissent le sadomasochisme et la prostitution, le transsexualisme et les modifications corporelles comme des moyens ultimes d’accomplissement personnel et de prise de pouvoir.

2. Le postmodernisme

Le postmodernisme, qui regroupe un ensemble d’idées principalement définies par des hommes gais dont la majorité sont des intellectuels français au langage hermétique, a été adopté, avec un enthousiasme manifeste, par de nombreuses universitaires féministes et des théoriciens queer dans les années 1980 et 1990. Selon moi, l’adhésion de certaines femmes et hommes gais à ces idées a été motivée par leurs ambitions universitaires qu’il serait très difficiles de réaliser si elles défendaient une perspective féministe radicale. Seules les idées d’hommes respectés par d’autres hommes vous permettront d’aller loin au niveau académique. Ainsi, par exemple, des féministes et des hommes gais ont adopté les idées du sadomasochiste Michel Foucault. Dans les années 1960, il était devenu encore plus populaire que Marx dans les milieux branchés et progressistes. Dans plusieurs départements, tels que les études culturelles, il était, et demeure, obligatoire au programme.

En quoi ces idées ont-elles contribué à l’essor du féminisme et à la compréhension de la violence ? On prétend que la notion de « femme » n’existe pas. Qu’il est essentialiste et inacceptable de parler de l’expérience des femmes ou de leur oppression, car les femmes sont des individues totalement différentes. De plus, l’oppression n’existe pas car le pouvoir est fluide et est constamment redéfini dans la communication par l’interaction de gens de bonne volonté. Aucune « vérité » n’existerait, ce qui favorise la mise en pratique d’un relativisme moral selon lequel il est tout-à-fait démodé de protester contre quelque attitude ou condition d’oppression que ce soit.

Une telle théorie est totalement inadaptée pour analyser la violence et donc, fort heureusement, peu de féministes postmodernes l’utilisent. La plupart s’intéressent aux médias, à la représentation et à l’imaginaire, et non au comportement réel ou à l’environnement matériel. Quand elles traitent de la violence, leurs conclusions sont bizarres. Sharon Marcus nous dit que le viol existe parce que les femmes n’ont pas la donne gagnante. Si seulement les femmes étaient plus sûres d’elles et capables de modifier les règles du jeu, alors les hommes ne les violeraient pas. C’est faire porter, une fois de plus, la responsabilité du viol aux femmes, chose que les féministes ont tenté de changer. Shannon Bell nous dit qu’il n’y a pas de « signification inhérente » à la prostitution. Si la prostitution n’avait pas, en effet, de sens en termes de relations de pouvoir, alors les hommes feraient la queue sur les trottoirs pour attendre des femmes en voiture impatientes de se payer leurs services. Il est très difficile d’ignorer complètement les rapports de pouvoir qu’implique la prostitution, mais les postmodernistes y arrivent.

Les féministes postmodernes nous apprennent que le corps est un texte. Pas vraiment réel, mais un texte qu’il peut être profitable de réécrire. Ainsi, elles ont l’habitude de justifier les modifications corporelles. Les sites en ligne sur la chirurgie esthétique utilisent des articles qui font référence à des théoriciennes « féministes » comme Elysabeth Grosz et Judith Butler pour légitimer les pratiques qu’ils annoncent. Ainsi, des pages de publicité défilant les unes après les autres font la promotion de différents studios de « piercing » et de « cutting » à travers le monde occidental avec, à l’appui, des photos de leurs produits. Les photos montrent des parties du corps, principalement des corps de femmes, lacérés, des dos écorchés vifs, des mollets sur lesquels apparaissent des dessins gigantesques ensanglantés, des ventres tout bonnement tailladés. Ces sites web revêtent souvent des drapeaux arc-en-ciel et le slogan « visibles et fières » ("out and proud"). On nous dit que les jeunes lesbiennes ne font ainsi que réécrire l’histoire.

3. La théorie queer

La théorie queer adapte les idées du postmodernisme aux intérêts de quelques hommes gais. Elles sont utilisées pour renommer « transgressions » diverses formes de violence comme le sadomasochisme et le transsexualisme. La théorie queer accorde une grande place à l’importance de transgresser les limites du corps ce qui, en d’autres termes, signifie lui imposer diverses formes de violence. L’attrait pour le transgenre, souvent présenté comme différent de la transsexualité, requiert aussi des modifications importantes du corps à l’aide de substances chimiques, voire d’interventions chirurgicales. Dans la théorie queer, les prostituées sont transformées en minorité sexuelle ou la prostitution en « mouvement d’affirmation », tout comme le sont d’autres bourreaux ou victimes de violence tels que les sadomasochistes, les pédophiles, les transsexuels, et sont perçues comme des rebelles définissant un nouvel avenir sexuel. En réalité, bien sûr, les prostituées sont obligées de se dissocier pour survivre et ne sont pas libérées sexuellement. Elles contribuent à la libération sexuelle de leurs colonisateurs, les hommes.

En réalité, ces pratiques violentes, qui sont valorisées par la théorie queer, peuvent toutes être considérées comme des conséquences de l’oppression. Mais la théorie queer, elle-même basée sur l’individualisme libéral, ne reconnaît pas l’interférence de la politique dans la sphère privée. Le sexe est une affaire privée et au-delà de l’analyse, même si le courant queer revendique, pour les hommes gais, la possibilité d’avoir accès à des secteurs importants de l’espace public pour y pratiquer leur sexualité "privée". Ces espaces, où l’on pousse les femmes à se sentir mal à l’aise ou insécures, qui leur semblent trop dangereux pour s’y aventurer, parce que la délicieuse sensation de peur et de danger, chargée de silence et d’incertitude, que les hommes gais entretiennent dans leurs lieux de drague, sont maintenant officiellement reconnus comme des « environnements sexuels publics", allant, par exemple, jusqu’à faire partie des politiques municipales de lutte contre le SIDA en Écosse. Ainsi, les hommes gais se sont appropriés d’importantes parties des parcs, des quais, des rues comme si cela leur appartenait.

La politique queer, par le biais de groupes comme Sex Panic aux États-Unis et Outrage au Royaume-Uni, revendique le droit pour les hommes gais libéraux d’agresser d’autres personnes pour leur seul plaisir sadomasochiste, d’utiliser de jeunes garçons pour la prostitution et la pornographie, d’acquérir des espaces publics pour leurs pratiques sexuelles. Un homme vient d’être condamné pour homicide à Melbourne après avoir étranglé un autre homme par la pratique sadomasochiste de l’asphyxie. Cet homme, connu dans le milieu sadomasochiste gai à Melbourne, chef d’entreprise SM et propriétaire de lucratifs clubs SM, aurait dérobé les cartes de crédit et la voiture du cadavre pour s’enfuir au Queensland. Au moins, il en a pris pour 5 ans.

Ma position sur toutes ces « pratiques violentes » est que leurs auteurs ont toujours tort, qu’il s’agisse d’automutilation par procuration que les femmes, les lesbiennes et les hommes gais sollicitent ou lorsqu’ils paient d’autres personnes pour pratiquer cette violence sur leur corps dans le transsexualisme, le sadomasochisme et le "cutting". Peu importe jusqu’à quel point les personnes ont elles-mêmes demandé à être violentées, il n’en demeure pas moins que c’est une erreur de se soumettre à de telles pratiques et qu’il est particulièrement choquant d’en tirer un bénéfice financier.

Le libéralisme et ses aspects les plus à la mode dans le postmodernisme et la théorie queer sont parvenus à occulter la présence d’un oppresseur. Toutes les pratiques violentes sont perçues comme des choix faits par des utilisateurs consentants, voire comme politiquement progressistes et transgressives.

Les pratiques traditionnelles néfastes (PTN)

J’aimerais examiner plus en détail d’où viennent ces pratiques violentes et suggérer qu’elles soient reconnues comme des pratiques traditionnelles néfastes (PTN). En 1995, les Nations Unies ont publié un document intitulé « Les pratiques traditionnelles néfastes (PTN) et leurs conséquences sur la santé des femmes et des enfants ». Les pratiques décrites dans ce document sont presque toutes non occidentales. Elles englobent la mutilation génitale féminine, le mariage des enfants, la préférence du fils, le gavage. La seule pratique qui s’adresse clairement aux sociétés occidentales est celle de la violence faite aux femmes, y compris celle de la prostitution.

Ce document est un outil très pratique pour comprendre la prostitution ainsi que les autres pratiques de violence dont il est question ici. La prostitution entre parfaitement dans les critères qui déterminent qu’une pratique traditionnelle est néfaste selon la définition des Nations Unies.

1. La prostitution représente un danger pour la santé des femmes et des enfants

La prostitution entraîne la destruction de l’estime de soi, les tentatives de suicides et l’automutilation, les maladies sexuellement transmissibles et le Sida, les dommages causés au système de reproduction, les grossesses non désirées, l’utilisation de drogues pour supporter les viols, et elle livre femmes et enfants aux mains des proxénètes et des bordels.

2. La prostitution est la conséquence de la subordination des femmes

La prostitution découle clairement de la subordination des femmes. C’est une pratique dans laquelle les victimes sont, dans une écrasante majorité des femmes et des enfants, et les acheteurs quasiment tous des hommes, et ce à travers l’histoire et dans toutes les cultures. C’est une pratique qui exploite l’impuissance des femmes et des enfants, une impuissance économique, physique en rapport avec la domination exercée par les hommes et la soumission des femmes et des enfants.

3. La prostitution s’appuie sur le poids des traditions.

Ses apologistes décrivent souvent la prostitution comme le « plus vieux métier du monde », ce qui, au lieu d’être une justification, devrait être vu comme une condamnation en soi des sociétés occidentales actuelles qui se proclament progressistes et en faveur de l’égalité, tout en maintenant des formes d’esclavage envers les femmes et les enfants, datant de plusieurs siècles.

4. La prostitution fait référence à des valeurs morales.

Même si on s’en rend compte plus facilement lorsqu’il s’agit de pratiques telles que les mutilations génitales féminines - car la présence des femmes dans le milieu de la prostitution a de tout temps menée à la stigmatisation et à l’ostracisme social - on peut voir que la prostitution gagne du terrain sur le plan moral depuis sa légalisation dans plusieurs pays, comme c’est le cas de Victoria, en Australie, où j’habite. Depuis que le rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT) sur la prostitution intitulé « The Sex Sector », paru en 1998, a reconnu la nécessité de la prostitution pour les pays de l’Asie du sud-est, on peut dire que le statut de la prostitution en tant que secteur industriel évolue rapidement, et à un moindre degré, celui des prostituées elles-mêmes. Il est clair que la prostitution, même si elle n’est pas toujours perçue, ce qui démontre l’ampleur de son acceptation et de son ancrage dans les cultures patriarcales.

5. Les femmes qui choisissent la prostitution l’imposent à d’autres femmes.

Bien que cela ne figure pas dans les critères des Nations Unies sur les pratiques traditionnelles néfastes (PTN), je pense qu’elles sont un élément important de la plupart d’entre elles, exception faite de la violence masculine spécifique dans les viols d’enfants et la violence domestique. Dans la plupart des pratiques qui ont pour but de préparer les femmes et les jeunes filles au mariage et au système prostitutionnel, les mutilations génitales féminines (MGF), le gavage, etc., les femmes sont les bourreaux d’autres jeunes femmes, comme le montre Mary Daly dans son analyse des rituels sadomasochistes qui correspondent entièrement aux pratiques traditionnelles néfastes (PTN) décrites par les Nations Unies.

Le rôle des hommes est alors occulté et leur responsabilité reste difficile à démontrer. Dans certaines pratiques, comme celle qui consiste à brûler les veuves au Rajasthan, on tente de faire croire que les femmes choisissent librement de mourir sur le bûcher funéraire de leur mari. Les cultures, qui ont adopté ces pratiques, imposent des pressions sociales si puissantes que l’insoumission semble impossible et « le choix » inconcevable. Dans les cultures occidentales, on pense que les femmes optent librement pour la prostitution, alors qu’on rend les agresseurs tout simplement invisibles. On pourrait presque croire que les femmes s’enferment dans des pièces et s’y prostituent seules. Les hommes ont besoin de se cacher afin d’éviter les retombées sociales que leurs pratiques prostitutionnelles auraient sur les femmes avec qui ils entretiennent des relations officielles.

A Victoria, il y a de plus en plus d’histoires de femmes dont le mariage, de 25 ans et plus, a été détruit par le comportement prostitutionnel de leur mari, un comportement que ce dernier considère légitime dans un État où la prostitution est une industrie autorisée, réglementée et taxée. Quelle douleur est celle de ces femmes, qui découvrent, par exemple, dans l’album de photos familiales, des photos de jeunes femmes nues qui pourraient être leurs filles, qui doivent affronter leurs proches qui les accusent de ne pas avoir été des femmes suffisamment dévouées, qui perdent la loyauté de leurs enfants qui prennent la part du père agresseur. Tout cela cause des préjudices à grande échelle qu’on institutionnalise en légalisant la prostitution.

6. La violence est légitimée par l’idéologie masculine.

Mary Daly parle elle aussi de la manière dont les rituels sadomasochistes sont légitimés et glorifiés par les idéologies masculines et les universités. C’est là que prennent place les idéologies dont je viens de parler, les idéologies qui dissimulent ou légitiment les pratiques violentes, le libéralisme, la théorie queer et postmoderne.

L’occident a une culture qui dissimule les pratiques violentes et l’oppression en en rejetant la responsabilité sur les victimes, sous prétexte de la liberté de « choix » ou en glorifiant ces pratiques. Je voudrais ajouter aux groupes d’opprimé-es victimes de pratiques traditionnelles néfastes (PTN), les lesbiennes et les hommes gais. La discrimination envers les lesbiennes et les hommes gais, à laquelle viennent s’ajouter les expériences de violences sexuelles masculines subies dans leur enfance, fait de ces êtres des cibles de choix pour les industries du transsexualisme et de la chirurgie esthétique, qui vont littéralement « retirer » du corps des victimes leurs histoires douloureuses, dans un but lucratif. Le transsexualisme a une longue histoire. Plusieurs cultures ont choisi de construire la domination masculine et la subordination féminine en les réglementant soigneusement, en mettant dans une troisième catégorie les jeunes hommes hors-normes ou qu’on voulait utiliser pour d’autres hommes dans la prostitution. Ce n’est pas une histoire dont on peut se vanter, mais une histoire d’oppression à laquelle il nous faut mettre fin.

Le « cutting », le « piercing » et le tatouage ne sont malheureusement pas seulement une mode. Pour plusieurs victimes de violence sexuelle et d’oppression envers les lesbiennes et les gais, se taillader le corps est devenu une obsession, un moyen de se draper dans l’acceptation publique de l’automutilation qu’autrement ils pratiqueraient chez eux en se sentant coupables. Les pénectomies, les langues perçées, le corps transpercé par des épées, les tatouages sur le visage ont des conséquences. Ces pratiques peuvent être fatales, elles ont des incidences sur la recherche d’emploi, elles peuvent mener à la perte de la parole, au Sida et à bien d’autres problèmes de santé. Le « cutting » est très éloigné de l’idée féministe de départ selon laquelle « Mon corps m’appartient », qu’il est beau et en santé et ne mérite aucune violence, coercition ou d’être caché par le maquillage ou le voile, tailladé par des opérations de chirurgie esthétique ou des opérations transsexuelles.

Les formes de violence que j’ai présentées ici, la prostitution, le transsexualisme, le « cutting », démontrent la brutalité de l’oppression subie par les femmes, par les enfants, par les lesbiennes et par les hommes gais dans les cultures occidentales au sein desquelles les opprimé-es doivent se dissocier ou se taillader pour survivre. Mais ces libéraux, qui veulent nous faire croire que nous vivons dans le meilleur des mondes, avec des chances égales pour tous, décrivent ces pratiques comme relevant de choix personnels des victimes, en détournent le sens ou encore les glorifient à travers les idéologies postmodernes et queer.

Aujourd’hui, au Canada, comme en Australie, des pratiques traditionnelles violentes existent bel et bien et nous devons être capables de les identifier clairement et de toujours combattre toute tentative de les justifier ou de s’en servir pour alimenter des industries lucratives. Les salons de « cutting », les bordels devraient être aussi inconcevables que le serait l’idée de créer des industries liées aux mutilations génitales féminines. Bien sûr, les magazines spécialisés dans les modifications corporelles utilisent des images de jeunes filles et de femmes mutilées pour exciter les hommes.

http://sisyphe.org/spip.php?article1051

MélusineCiredutemps
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Re: Préjugés, sexisme: combat permanent

Message par MélusineCiredutemps » 01 avr. 2013 0:34

Syndicalisme et prostitution. Quelques questions embarrassantes

Par “Dones d’Enllaç”

Aborder la prostitution en termes syndicaux est trompeur – et faussement solidaire avec les femmes prostituées – lorsque l’on veut examiner cette réalité. Cela donne l’impression qu’il s’agit de la “défense organisée” d’un certain collectif de femmes. Mais, en fait, ce traitement de la question conduit à l’acceptation impuissante d’un phénomène de domination et de violence sexiste. Parler de l’organisation syndicale de la prostitution présuppose qu’il s’agit d’un travail, et que c’est un travail humainement acceptable. Cependant, la première hypothèse évacue tout un faisceau de questions sociales, raciales et de genre: quel type de « travail » est-ce, ce « travail » exercé au profit exclusif du plaisir masculin par des femmes ou des êtres féminisés? Et, singulièrement, par des femmes pauvres, placées dans des situations d’extrême vulnérabilité, étrangères ou appartenant à une minorité ethnique opprimée?

La deuxième hypothèse n’est pas moins contestable: un «métier» qui connaît un taux de mortalité 40 fois plus élevé que la moyenne, un «travail» associé à des situations généralisées de stress, d’alcoolisme et d’addiction aux drogues devrait, au moins, susciter de vives interrogations et être mis en quarantaine à partir d’un point de vue strictement syndical. Les enfants qui extrayaient le charbon dans les mines anglaises du XIXe siècle – ou les enfants qui, de nos jours, travaillent dans les usines asiatiques pour le compte des grandes firmes de l’économie mondiale – effectuent incontestablement un travail. Le syndicalisme de classe considère, cependant, que ce travail devrait être interdit, car il a des effets dévastateurs sur ces enfants et parce qu’il ne permet pas leur développement en tant qu’êtres humains. Le syndicalisme, dont l’horizon historique est l’abolition de l’esclavage salarié, lutte quotidiennement pour réduire le taux d’exploitation du travail par le capital. Et il cherche à obtenir des conditions matérielles et morales plus favorables pour la classe ouvrière. Par conséquent, le syndicalisme classique considère qu’il y a des seuils de respect de la dignité et l’intégrité humaines en-dessous desquels ces relations contractuelles sont impossibles.

Eh bien, parler de défense syndicale du «travail sexuel» implique de considérer que, dans la prostitution, ce seuil peut être établi. Et même que, à partir de là, il est tout à fait possible d’améliorer progressivement les conditions de travail pour les personnes prostituées. La réalité dément à chaque pas une telle prétention. La simple tentative d’application de certains paramètres syndicaux dans le monde de la prostitution conduit à une absurdité qui donne des frissons. Voyons quelques exemples…

Quel serait l’âge légal pour l’exercice professionnel de la prostitution? Considérons-nous que, à l’âge de 18 ans, une fille est déjà prête à être possédée par tout individu disposé à payer un prix stipulé? Serions-nous prêts à admettre des “contrats d’apprentissage» à un âge plus précoce? A 16 ans, par exemple? Lorsque l’on sait que dans les pays industrialisés, l’âge moyen d’entrée dans le monde de la prostitution se situe en dessous de quinze ans, la conclusion logique serait que cette «période de formation» ne ferait que perfectionner ou professionnaliser – et, bien sûr, formaliser – une pratique avec laquelle ces filles seraient déjà «naturellement» familiarisées. Parlant de la formation… Les syndicats ne devraient-ils pas veiller à garantir son homologation à travers des diplômes accréditant cette qualification professionnelle? Soit dit en passant, cette option de «travail», enfin normalisée, devrait être proposée dans les écoles et les collèges, comme perspective d’avenir pour les jeunes, prioritairement pour les filles. Et, par la même occasion, les offres d’emploi dans l’industrie de la prostitution devraient être inclues, avec les autres offres, sur les panneaux de tous les bureaux des Agences pour l’Emploi. (On peut imaginer que le syndicalisme le plus rigoureux revendiquerait avec force que la gestion de ces demandes de «professionnelles du sexe» soit dans les mains d’un réseau public, en rejetant l’intrusion des entreprises de travail temporaire).

En effet, si tel était le cas, une personne au chômage pourrait-elle refuser une offre d’emploi de prostitution correspondant au profil requis par l’employeur? Pourrait-elle continuer à bénéficier des allocations de chômage, si elle n’acceptait pas une telle proposition? (Comment dites-vous? Que dans l’industrie du sexe existent d’autres circuits, un « marché du travail » tout à fait particulier? Eh bien, ces circuits obscurs sont inacceptables pour le syndicalisme, qui exige sans cesse transparence et normalisation des rapports contractuels! Il est impossible de défendre une catégorie socioprofessionnelle dans un cadre informel.)

Le syndicalisme exige des contrats bien définis, reconnus et protégés par l’Etat. À ce propos, que serait un contrat de prostitution? Seraient-ce des contrats permanents, fixes / discontinus «temporaires, saisonniers, de service»? Sera-t-il possible d’y établir le droit de refuser certaines demandes des «clients»? Comment définir une faute professionnelle ou fixer des barèmes de productivité? Ces contrats, feraient-il l’objet d’une convention collective de l’industrie de la prostitution? Les syndicats savent que pour que la défense des salariés soit effective, il est nécessaire d’élargir le champ de la négociation au maximum: l’individu isolé est faible face à l’employeur. On peut donc supposer, que le syndicalisme verrait de meilleures possibilités dans le cadre de l’industrie du sexe, négociant avec des employeurs reconnus, plutôt que sous un régime précaire de prostitution «artisanale», face à des misérables proxénètes de quartier. Nous pouvons supposer aussi que serait prévue une inspection du travail sérieuse. Quels devraient être les critères pour sanctionner un abus patronal ? Et éventuellement, comment le détecter et le prouver? Sera-t-il possible de dénoncer le patron d’un bordel qui obligerait «ses filles», par exemple, à réaliser des «services sexuels» non désirés ? (C’est-à-dire que le syndicat reconnaîtrait le reste de ces services, comme des « actes désirés » par les femmes?)

Et ainsi de suite. Les domaines que le syndicalisme se doit d’aborder sont nombreux. Les maladies sexuellement transmissibles, seraient-elles considérées comme des maladies professionnelles? Et les troubles psychologiques et la toxicomanie directement liés à la pratique de la prostitution? Comment gérer un système d’arrêt-maladie? Et l’âge de la retraite… faudrait-il l’établir à 67 ans? Ou bien, considérions-nous que c’est un travail pénible justifiant une retraite anticipée?

Assez. Dans les conditions réelles des industries du sexe, un monde dominé par le crime organisé dans lequel sont exploitées des personnes préalablement conditionnées par tout un système proxénète, le fait d’évoquer l’action syndicale implique de décharger sur les femmes la responsabilité de leur situation et de la légitimer (au-delà de la promesse d’adoucir certains de ses aspects). Pire encore, une approche syndicale de la prostitution, comme activité professionnelle, conduit inévitablement à dynamiter les droits du travail de l’ensemble de la classe salariée, et porte directement atteinte à la liberté des travailleuses (qui, non seulement deviennent légalement susceptibles d’être prostituées, mais poussées effectivement à la prostitution). Un syndicalisme au service des intérêts des exploiteurs est un syndicalisme jaune. Et, dans ce cas, un syndicalisme ouvertement proxénète.

http://acciofeminista26n.wordpress.com/ ... rassantes/

MélusineCiredutemps
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Re: Préjugés, sexisme: combat permanent

Message par MélusineCiredutemps » 01 avr. 2013 0:45

Anatomie d’un lobby pro-prostitution - Étude de cas : le STRASS, en France

Par le C.A.F. (Comité Abolitionniste Francophone) Mars 2013
* Prérequis 1 : Si des liens ne fonctionnent pas, ils ont tous été enregistrés au format PDF et en capture d’écran, donc disponibles sur demande. * Prérequis 2 : Nous remercions infiniment le militant abolitionniste qui s’est donné la peine de suivre et de faire des captures d’écran pendant 8 mois du fil Twitter de la secrétaire générale du STRASS. Il en a recueilli plus de 600 tweets qu’il a triés, classés et publiés sur http://sousleparapluierouge.wordpre....
Nous le remercions également de nous les avoir fait parvenir au fur et à mesure. Cette étude aurait été impossible sans son travail.
Militant-e-s, enseignant-e-s et chercheur-e-s en Belgique, Suisse, France et au Québec, nous formons un groupe de travail informel sur la prostitution depuis quelques années. Pour cette première publication militante, nous souhaitons partager avec le grand public notre analyse d’un intervenant significatif de la francophonie, le STRASS, http://site.strass-syndicat.org, le "syndicat" du “travail sexuel" en France. Comme nous espérons le montrer, le STRASS nous apparaît moins comme un syndicat que comme un lobby défendant ses intérêts commerciaux. Nous nous sommes penchés sur ce cas particulier - le mode de fonctionnement d’un lobby - dans un cadre qui nous a semblé intéressant à deux titres : 1. la France a annoncé des mesures législatives abolitionnistes, c’est-à-dire en théorie radicalement contraires à leurs objectifs ; 2. dans ce pays le mot et le titre de "lobby" sont quasi tabou et non reconnus (contrairement à Bruxelles, ou au Canada par exemple). Comment donc opère un lobby qui ne peut pas dire son nom ?
Introduction Dans les années 1990, quand la législation de normalisation des maisons closes au Pays-Bas (dans le redlight d’Amsterdam, notamment) était en train d’être discutée, votée puis mise en place, des féministes néerlandaises avaient déjà fait part à certains d’entre nous de leurs interrogations concernant une possible manipulation du personnel politique local par le lobby des proxénètes locaux quant au vote de cette disposition, en sous-entendant le risque d’un travail "au corps" des parlementaires (1). En 1998 existait à Bruxelles un bureau du "lobby officiel de l’industrie pornographique" sans que ça ait l’air de surprendre qui que ce soit… Même pas la France où l’expression de « lobby » a habituellement mauvaise presse.
Néanmoins, nous avons pu obtenir confirmation par des présidentes et/ou directrices d’associations abolitionnistes internationales et/ou ONG & organisations internationales (notamment l’historienne Malka Marcovitch de la CATW, Madame Wassyla Tamzali de l’UNESCO, Madame Françoise Gaspard, longtemps déléguée représentante de la France auprès de l’ONU) que, dès la fin des années 1990, dans de nombreuses conférences organisées soit par des ONG, soit par des organisations internationales (ONU, PNUD, OIT, etc.), elles avaient l’impression qu’il existait un front commun de lobbies faisant obstruction aux droits des femmes et réunissant d’étranges compagnons de lit : par exemple le Vatican, les représentants de l’Arabie Saoudite et les groupes règlementaristes de la prostitution (2).
Typiquement, la première organisation internationale que les lobbies règlementaristes ont visée est bien évidemment l’Organisation Internationale du Travail (OIT) : il est, en effet, prioritaire pour eux de faire redéfinir la prostitution comme un "travail sexuel" dans des textes internationaux (qui priment juridiquement sur les textes nationaux). Comme d’imposer une distinction entre "prostitution choisie" versus "prostitution forcée". C’est par ce truchement qu’on a procédé en 2002 à la normalisation règlementariste des bordels en Allemagne, où l’on peut constater que la police est désormais impuissante parce que, pour démontrer ce forcing, la charge de la plainte repose sur les femmes, et aucune n’a les moyens d’en porter parce qu’elles sont sous la coupe des maquereaux mafieux qui prospèrent (3).
Généalogie d’un lobby
Mais retournons à notre cas de figure. La France est, depuis la fin des années 1940, un pays officiellement abolitionniste. Sous la pression d’une foule d’associations abolitionnistes réunies au sein d’une coalition dynamique, "Abolition 2012", elle a annoncé vouloir s’engager de plus en plus dans cette voie depuis l’élection du socialiste François Hollande, en mai 2012. En outre, la particularité de ce pays est qu’aucune association ni groupe en général n’ose véritablement se revendiquer du terme de "lobby" ; malgré l’existence de lobbies en France, le "lobbying" que l’on observe au Canada, par exemple, n’est pas historiquement une tradition française. On constate même que cette expression est quasi absente du champ lexical politique.
Il y a deux explications majeures à ce phénomène : la première est le souvenir terrible qu’a laissé le terme de "lobby juif" comme outil de propagande antisémite pendant les années 1930. La deuxième est que ce mot fait partie d’une petite collection bien française de figures d’une "américanisation" honnie : le sens commun (journalistique en particulier) abhorre certaines "américanisations" de la vie française, dont toute pénalisation de l’exercice du pouvoir sexiste, par exemple, toute sanction du harcèlement sexuel au travail, toujours jugée "excessive" et qualifiée de méthode "à l’américaine". Tout se passe comme si, dans ce beau pays qu’est la France, les sexes vivaient en parfaite harmonie… (On retrouve ce poncif dans une foule de discours politiques, à droite comme à gauche et durant tout le XXe siècle).
Le STRASS a donc dû naître et tenter de faire du lobbying sans jamais passer pour tel. Nous examinerons comment, selon nos observations, il a réussi à occuper un terrain politique et médiatique, et à devenir en somme un véritable lobby qui ne dit pas son nom.
Comment le STRASS est devenu lobby :
Le groupe actuel a vu le jour en 2006 sous le nom "Les Putes". Il était à l’époque constitué quasi uniquement d’hommes, gays, trans, travestis, pour la plupart issus de la prostitution occasionnelle parisienne gay et SM et qui garnissaient de leurs photos professionnelles un site internet relativement haut de gamme pour l’époque. Une des premières qu’ils ont ciblée fut la sociologue chercheuse au CNRS, Marie-Victoire Louis, une des chercheuses spécialisées les plus en pointe du projet abolitionniste : elle a tout de suite reçu des "Putes" des tombereaux d’insultes publiques par courriels, qui ont connu une diffusion massive (4).
Ils se positionnèrent ensuite en défenseurs des libertés civiles au sein du groupe activiste anti-SIDA Act-Up (5), conformément à une stratégie observée également au Canada. En multipliant des activités publiques spectaculaires, ou "happenings", ces activistes commencèrent à se revendiquer comme une minorité sexuelle au sein de la nébuleuse LGBT : des parias, des "mauvais objets" sociaux opprimés par la société bourgeoise.
En logeant leur lobbying dans le domaine de la prévention du sida, ils refilaient implicitement aux prostituées la responsabilité de la prévention auprès des clients qui refusent le port du préservatif … (Étrange réitération de l’hygiénisme syphilitique du XIXe siècle qui avait mené à l’instauration des maisons closes.)
L’institutionnalisation de ce discours s’est faite dans la commission "sex work" de l’organisation Act-Up via la question SIDA&prévention (qui lui a permis de rallier le milieu LGBT.) Pour rappel, le millionnaire Pierre Bergé est – entre autres donateurs - un des grands argentiers d’Act-Up, qui a ainsi les moyens de se payer un-e ou des salarié-e-s à plein temps. C’est dans ce contexte qu’a été créé en mars 2009 le STRASS ("Syndicat" du Travail Sexuel) sous forme d’association "loi 1901" (structure très courante et très souple en France). "Les Putes" ont ajouté quelques femmes à leur groupe initial et les ont bientôt mises de l’avant comme porte-parole afin de ne plus être montrés du doigt par les féministes françaises comme un groupe d’hommes qui ne s’exprimaient pas légitimement sur le sujet.
On voit donc que c’est en adoptant le nom de "syndicat" et la figure de la "représentation" (de qui ? sur la base de quel quorum d’une communauté comptant des dizaines de milliers de personnes prostitué-e-s en France ?) que ce lobby a pu échapper à un label honni. Geste qui a eu lieu en même temps que la mise en avant de femmes qui leur a permis de se revendiquer d’une rhétorique "féministe" apprêtée pour la cause, c’est-à-dire axée uniquement sur la très libérale autodétermination prêtée d’emblée aux prostituées sans égard aux éventuelles preuves du contraire et ce, sans aucune référence à un objet historique majeur du féminisme : la structure patriarcale, qui reconnaît dans la prostitution un instrument essentiel d’asservissement des femmes.
Ainsi relookés, avec un discours de talking points bien rodés, souvent directement emprunté au lobby multimillionnaire de l’industrie du sexe aux USA, en Australie et aux Pays-Bas, leur percée médiatique était bien partie. Nos informateurs ont documenté leur positionnement dans les médias français, à mesure que glissaient dans leur camp quelques personnalités connues comme Hélène Hazera (ancienne prostituée, travesti, qui anime une émission sur la radio publique France Culture… (6) et le cinéaste Jean-Michel Carré, documentariste ex-abolitionniste (7).
Dans le milieu LGBT parisien, leur argumentaire essentiellement défaitiste a graduellement rallié de nombreux intellectuels, universitaires ou journalistes (Bourcier, Borillo, Iacub, Ogien, Lestrade, Zaoui, Dorlin, Badinter, Sastre, Giard, Girard, Millet, Fassin, Tissot et Tévanian du collectif Les Mots Sont Importants, Revue Minorités, Revue Vacarme). Et bien entendu, sans surprise, la presse "libérale libertaire" française : Libération, Les Inrockuptibles, Technikart (8).
La rhétorique de la minorité sexuelle opprimée, du paria, du mauvais objet social à réhabiliter, de la parole légitime de femmes libres privées de droits communs, a "pris" comme une mayonnaise auprès de certaines élites intellectuelles et médiatiques de l’Hexagone qui rataient rarement une occasion de moquer toute critique féministe des rapports hommes-femmes et de leur exploitation commerciale. Dernièrement on a même pu constater une alliance de victimisation avec "Les Indigènes de la République" sur la question du voile, notamment lors de l’agression de Mme Caroline Fourest à la Fête de l’Humanité, le 15 septembre 2012.
Alors que les « travailleuses et travailleurs du sexe » luttent politiquement aux États-Unis contre le lobby des producteurs de films pornographiques qui cherchent à leur refuser la protection des préservatifs sur les plateaux de tournage (voir la proposition B du référendum de novembre 2012 en Californie), en France, ce "syndicat" (le STRASS) semble aussi avoir des liens avec l’industrie pornographique, mais beaucoup plus consensuels. Leur "porn star" Katsuni tient une rubrique complaisante dans Les Inrockuptibles et Thierry Schaffauser, un des fondateurs des "Putes" puis du STRASS, outre d’être "escort" à Londres, est également acteur porno en Grande- Bretagne. Le STRASS a aussi le soutien sans faille de la presse sur le "sexe" française : "Sexactu" pour GQ magazine et "Rue 69".
S’il est difficile de vérifier quelque représentation des personnes prostituées en France, on peut quotidiennement observer l’activisme politique et le "travail de l’opinion" menés par le STRASS. On peut constater sur le Web (9) que leur secrétaire générale, la dénommée "Morgane Merteuil", ne ménage pas sa peine sur les réseaux sociaux FB et Twitter, où elle nous informe sans cesse qu’elle va prendre x avions et/ou trains pour aller représenter le STRASS dans des congrès internationaux comme l’AWID à Istanbul, écrire un livre, faire de la promotion de ville en ville, donner des interviews (10), etc. Mme Merteuil y témoigne elle-même ne recevoir que quelques clients par semaine (ce qui fait d’elle une simple "occasionnelle"). Comme elle dit vivre dans le chic Montreuil (une banlieue hipster en périphérie de Paris) elle ne peut selon nous, assurer un tel train de vie à moins d’être rémunérée (on espère salariée !) par le STRASS, ce qui est absolument légal en France puisque c’est une association. Le STRASS lui-même ne fait pas vraiment mystère des moyens don’t il dispose : il a des adhérents, reçoit de l’aide (au moins sous forme matérielle) d’Act-Up et accepte les dons (ce qui, encore une fois, relève du fonctionnement normal et légal d’une association lambda en France).
On ne peut que s’interroger à nouveau sur ces moyens quand on voit, par exemple, qu’un des fondateurs de l’organisation Thierry Schaffauser, fils de bonne famille (d’un grand psychanalyste à Paris), est "escort" de luxe à Londres, qu’il a probablement deux logements, l’un à Paris et l’autre à Londres, qu’il se paye des études au Royaume-Uni (qui rappelons-le, n’a pas un système public et gratuit d’enseignement comme en France), et qu’il est responsable et porte-parole de plusieurs organisations internationales de "putes" (ce dont il ne se cache pas, comme en témoigne son mur FB public et son blog).
Même grand train de vie pour le porte-parole dénommé "Gilda Carrington-Ewing (Maîtresse Gilda)", un homme travesti qui se vante, dans des entrevues dans Les Inrockuptibles et sur le plateau TV Canal Plus, de ne faire que "du "SM, domina" pour 500€ (déclarés ?) de l’heure. (11).
Nous avons tenté de pousser l’investigation jusqu’à savoir si les autorités fiscales françaises s’étaient intéressées aux comptes et à l’argent du STRASS : sans succès. Ce qui peut s’expliquer par trois hypothèses : les autorités fiscales françaises n’y ont pas pensé ; une enquête a eu lieu et n’a rien donné ; une enquête est en cours et on préfère n’en rien divulguer. En l’état actuel de nos informations, il nous est impossible d’avancer une quelconque considération sur ce sujet.
Positionnement politique Une fois le STRASS positionné dans Act-Up, ses "putes" ont réussi à s’introduire dans la commission LGBT de EELV (Europe Écologie Les Verts, le parti écologique français), à Paris, via des élues ou ex-élues : Anne Souyris et Malika Amaouche (12), Pascale Ourbih, ainsi que la sénatrice Alima Boumediene-Thiery et désormais la sénatrice Esther Benbassa qui leur distribue des fonds publics (13).
Ces entrées dans les hautes sphères politiques expliquent sans doute que les "Assises de la prostitution" organisées par le STRASS aient eu lieu plusieurs années de suite au Sénat, une prestigieuse institution de la République française, ce dont s’était offusquée la militante abolitionniste, élue et femme politique de gauche Mme Henriette Zoughebi, dans un texte pour lequel le STRASS a réussi à la faire condamner (14).
Après plusieurs mois d’enquête sur cette filière, nous avons découvert que la personne clé de ces connections a été Cécile Lhuillier, qui fut/est à la fois vice-présidente salariée d’Act-Up et contact presse au STRASS (15).
Ces dernières années, le STRASS a également tenté de se positionner au sein du centre LGBT (Lesbiennes, Gais, Bisexuels, Trans) de Paris ainsi qu’à l’Inter-LGBT. Peine perdue : ils se sont heurtés à la résistance systématique de Christine Le Doaré, présidente du CLGBT (jusqu’en juin 2012) et lesbienne féministe très politisée, devenue entre-temps militante abolitionniste et qui a dû vivre tout ce temps-là sous protection policière des Renseignements Généraux, notamment en raison des menaces du camp règlementariste. Elle s’en explique sur son site où elle documente toutes les insultes, violences, menaces et harcèlements dont elle a été victime (16).
Selon Madame Le Doaré, on a affaire à un groupe de pression qui veut absolument s’agglomérer à la nébuleuse LGBT pour se voir attribuer le crédit d’une minorité sexuelle à part entière. On ne peut que s’étonner de la vigueur avec laquelle le STRASS répond à toute personne (notamment les LGBT) ne partageant pas ses position (le STRASS a même créé l’insulte intimidante "putophobe", un calque de l’accusation d’homophobie). Le STRASS va jusqu’à tenter d’attribuer à tout abolitionniste la responsabilité de la mort des prostituées et de l’épidémie de SIDA (17), une dérive également constatée chez les lobbyistes réglementaristes les plus extrêmes au Québec. Rien ne se crée...
Après le milieu LGBT, la prochaine étape, en bonne logique politique française, a été de tenter de se positionner auprès du Parti socialiste français, tâche plus difficile pour eux à cause de la mouvance réunie autour de la coalition "Abolition 2012" et du poids au PS de la parlementaire Danièle Bousquet. Cette dernière est la co-auteure d’un rapport déposé le 13 avril 2011, issu d’une mission parlementaire d’information sur la prostitution en France. Cette mission a réalisé un travail considérable, alimenté par l’audition de plus de 200 personnes, et a abouti à 30 propositions recommandées par les parlementaires (18). Un autre obstacle à la tentative de subornation du PSF est une longue tradition abolitionniste héritée de Victor Hugo et Jean Jaurès.
Mais les membres du STRASS ont essayé, et avec la même stratégie : par le biais de la filière LGBT. Tout d’abord via Kévin Gagneul (19), colocataire de Morgane Merteuil militant socialiste à Paris, et un temps responsable des questions "sida" à une organisation proche du PSF, Homosexualité et Socialisme (HES), déjà alignée sur l’agenda règlementariste ; et via le (désormais ex) président de cette organisation, Gilles Bon-Maury, qui milite par ailleurs pour la légalisation de la maternité de substitution ("Grossesse Pour Autrui" ou GPA), un dossier chaud en France. Kévin Gagneul a également été longtemps collaborateur à la mairie du 3e arrondissement de Paris d’un conseiller de la Ville de Paris
Fait encore plus intéressant : M. Bon-Maury a été nommé à l’automne 2012 au cabinet de la très abolitionniste Ministre des droits des femmes, Mme Najat Vallaud-Belkacem. Il y est "Conseiller en charge de l’accès aux droits et de la lutte contre les violences faites aux femmes". La porte-parole du STRASS a plastronné sans vergogne, parlant de "rééquilibrage” : "Cette nomination permettra peut-être au président Homosexualité et Socialisme (HES) de faire entendre un point de vue plus ouvert sur le travail du sexe que celui exprimé par le ministère (20)."
L’équipe d’HES vient donc d’être renouvelée, notamment pour permettre la démission de M. Bon-Maury au moment de son entrée au cabinet du ministère, et M. Gagneul n’en fait plus partie. La nomination de M. Bon-Maury a provoqué un tollé dans le milieu des associations féministes françaises de lutte contre les violences. Alors que le PSF comprend moult femmes féministes surqualifiées pour ce poste de par leurs diplômes et expériences de terrain sur ce sujet des violences, a été placé à ce poste un homme, pro-prostitution, pro-GPA, dont la seule expérience aura été de présider une association qui s’est ouvertement battue contre les associations féministes françaises inquiètes de la dérive prostitutionnelle à laquelle elles associent la GPA…
Tout ceci indique donc, selon nous, du côté du STRASS, une dynamique qui n’est pas celle d’un syndicat mais plutôt d’un lobby, disposant de certains moyens, de réseaux, et surtout d’une stratégie à long terme cohérente, même si elle s’accompagne de débordements surprenants. Nos informateurs nous ont signalé divers actes d’intimidations issues de membres du STRASS.
Visant les associations abolitionnistes :
Fin 2011 : lettre de menace d’un membre du STRASS reçue par 37 associations du regroupement "Abolition 2012". Bousculade du cortège abolitionniste le 8 mars 2012 13/04/2012 : chahutage par des membres du STRASS de la conférence de presse d’"Abolition 2012" au Divan du Monde à Paris ; les membres du réseau d’hommes proféministes Zéro Macho ont dû intervenir pour les maintenir à l’extérieur de la salle. 16/09/2012 : Fête de l’Humanité (traditionnellement organisée par le Parti communiste français) : attaque du stand de l’association abolitionniste OLF ("Osez Le Féminisme"), membre d’"Abolition 2012", par des personnes portant les sigles d’Act-Up et du STRASS.
Plus grave, visant des personnes : Diffamations continues nominatives et publiques de militant-e-s (21).
Nous avons pu avoir accès à un ensemble de plaintes dont il ressort que, outre Mme Le Doaré, placée pendant son mandat à la présidence du CLGDT sous protection policière des RG (Renseignements Généraux) notamment à cause du STRASS, il y a eu en 2012 d’autres agressions de militantes abolitionnistes (dont une agression sexuelle, plusieurs piratages informatiques, une tentative d’incendie devant un domicile privé et des harcèlements téléphoniques, ayant entraîné des mesures de surveillance judiciaire de ces personnes). NÉANMOINS, nous restons très prudents et réservés quant à cette information : une enquête de la police judiciaire française est en cours et, pour l’instant, elle n’a ni inclus ni exclu le STRASS, et il faut avoir en tête que plusieurs groupes d’intérêt peuvent coexister. Notre impression est que le STRASS est essentiellement engagé dans un lobbying médiatique et politique (où il est stratégique de ne pas se décrédibiliser.) L’industrie du sexe étant florissante en France comme ailleurs, ces agressions peuvent très bien être le fait de réseaux mafieux dont pour l’instant aucun lien n’a été établi avec le STRASS.
Nous serions d’autant plus étonnés de leur implication que le STRASS semble bien connaitre le droit français et a une stratégie très procédurière d’utilisation du système judiciaire pour déstabiliser ses adversaires : nous rappelons qu’ils ont réussi à faire condamner pour diffamation Mme Henriette Zoughebi (22), ce qui est un "trophée" dont ils se vantent sur les médias sociaux (23).
Ici se pose de nouveau la question des ressources financières dont dispose le STRASS pour intenter de telles poursuites : d’après un avocat français que nous avons sollicité, le coût lambda de frais judiciaires pour ce genre de procédure (appelée en France "1ère instance ET Appel") se situe entre 10 et 15 000 euros (environ 20 000 USD)
De l’extérieur, nous nous étonnons du peu de réactions des associations abolitionnistes françaises à ces menées. Toujours selon le même avocat, de nombreuses plaintes auraient pu être déposées pour injures publiques, diffamations, troubles provoqués, et il n’en est rien. Cette inertie est-elle due au manque de moyens du mouvement abolitionniste français ou à sa division (52 associations ont tout de même réussi à se fédérer autour d’un mouvement "Abolition 2012") ? La question reste entière…
Fait encore plus stupéfiant : le STRASS a réussi à rallier à sa politique le Planning familial français, une des plus grandes associations féministes du pays, traditionnellement abolitionniste, qui se positionne aujourd’hui contre la responsabilisation des clients (24).
Nous retenons particulièrement que le STRASS semble avoir parfaitement compris, intégré et maîtrisé l’outil de "viralité" que constituent les médias et les réseaux sociaux en s’imposant sur la place publique. En plus de son travail qu’on peut qualifier "d’entrisme", le STRASS bénéficie d’une extraordinaire "community manager" (faiseuse d’opinion) en la personne de sa secrétaire générale "Morgane Merteuil", qui se dépense sans compter sur les réseaux sociaux (FB, Scoop-it et surtout Twitter) à cibler les comptes des journalistes les plus influents. Nous avons constaté que les comptes twitter français les plus lourds (ceux qui comptent des milliers d’abonné-e-s) sont ouvertement en contact avec le STRASS et en font la promotion active (25).
Par exemple, on remarque une interaction nourrie de la porte-parole du STRASS avec (25) : . Camille_69 co-fondatrice de Rue 69, désormais à l’hebdomadaire l’Express : + de 11 000 abonné-e-s . La journaliste Diane Saint Réquier : plus de 9 980 abonné-e-s . Marie-Gaëlle Zimmerman, ex journaliste au Nouvel Observateur, qui anime désormais le site acontrario.net : plus de 8 377 abonné-e-s . "Crêpe Georgette Valérie CG" blog féministe très actif : + de 2 200 abonné-e-s . "Daria Marx" blogueuse influente (sur des questions de sexe, entre autres) : plus de 4 175 abonné-e-s, très populaire chez les "jeunes". Elle identifie les "putes" à un groupe discriminé comme les obèses. . Sexactu Maïa Mazaurette pour GQ Magazine : plus de 9 316 abonné-e-s . Katsuni, actrice porno qui blogue sur le site des Zinrocks : plus de 82 800 abonné-e-s.
Si l’on additionne le tout, le STRASS réussit donc à faire passer, promouvoir et défendre ses idées en inondant les utilisatrices et utilisateurs du réseau Twitter (sans prendre en compte les autres réseaux sociaux) à hauteur de plus de 100 000 personnes (sous réserve des éventuels doublons dans cette audience cumulée). Et il le fait par l’intermédiaire d’autres intervenants, des femmes, "journalistes sexe", ce qui est extrêmement astucieux… et une technique classique de lobbying.
En face : aucun compte abolitionniste de ce type, juste une myriade de petits comptes de personnes ou associations, qui n’ont aucune stratégie commune ni cohérente…ou alors le compte twitter d’Abolition 2012 qui comptent…255 abonné-e-s (par charité on va intégrer leur page FB qui compte 500 "j’aime" en sachant que ce sont souvent les mêmes que sur twitter…) Et surtout jusqu’ici Abolition 2012 a été incapable de faire ce qu’a remarquablement mis en place le STRASS depuis un an : un système de relais efficace de personnalités influentes et bien ciblées.
Nous nous interrogeons donc sur la possibilité du mouvement abolitionniste français de percevoir et de réagir à une guerre d’usure qui menace de lui ravir une victoire qu’il semble prendre pour acquise. Il serait opportun d’étudier quelle part ont joué des stratégies semblables dans les avancées de l’industrie du sexe dans d’autres territoires : Nouvelle-Zélande, Pays-Bas, Allemagne et bien sûr, au Canada.
Nous sommes d’autant plus inquiets que les dispositifs abolitionnistes tant promis mais toujours reportés depuis 2012 par la ministre des droits des femmes Mme Najat Vallaud-Belkacem viennent d’être reportés sine die : "Car le futur texte de loi sur la prostitution, qui sera également d’initiative parlementaire, ne sera sans doute pas examiné avant un an. Des groupes de travail ont été instaurés fin 2012 à l’Assemblée nationale et au Sénat. Leurs travaux « vont se rejoindre en fin d’année », indique Najat Vallaud-Belkacem dans le magazine Causette." (source : Les Nouvelles News, 27.02.2013)
En langage politique français, rien ne signe plus l’enterrement, la dilution ou le report ad aeternam d’un projet que le terme "groupe de travail"…
Le STRASS a donc bel et bien réussi son travail de sape du projet abolitionniste français, néanmoins : Abolition 2012 a certainement perdu une bataille mais pas forcément la guerre car tout ne se joue pas sur le plan médiatique en France. Il y a heureusement des parlementaires motivé-e-s qui peuvent encore inverser le cours de l’Histoire.
Il nous semble également reconnaître à l’œuvre une vieille figure de sociologie politique concernant les organisations ("léger" versus "lourd").
L’échec (momentané) d’Abolition 2012 tient selon nous à deux causes :
  précisément comme le lobbying est tabou en France, il n’y a pas de formations universitaires de lobbyisme, comme aux Etats-Unis par exemple. "Abolition 2012" n’a pas de porte parole identifiable, ni de stratégie lisible, ni de communication offensive et claire, tout simplement parce qu’ils n’ont pas encore pensé ou trouvé un véritable conseil en lobbyisme…
  il y a un écart de structure fondamental entre le STRASS et "Abolition 2012". Les uns sont un tout petit groupe, où la prise de décision est rapide, qui sait manœuvrer dans l’urgence, extrêmement vite (exactement comme Act-Up à ses débuts). Ils sont mobiles, alertes, réactifs. En face on a une organisation de plus de 40 associations (d’où sa très grande supériorité en terme de légitimité politique aussi !), où un cahier des charges de démocratie interne et de débats doit être mis en place et respecté. Il faut pouvoir réunir tous les membres, en même temps, donc être forcément en décalage face à l’actualité, la prise de décision y est inévitablement plus lente et moins réactive…A l’inverse les membres du STRASS ne représentent qu’eux mêmes et n’ont pas à s’embarrasser à mettre une quarantaine d’associations d’accord.
Conclusion Toutes ces actions et indicateurs nous montrent que nous avons beaucoup plus affaire avec le STRASS en France à un lobby, qui se donne le nom de "syndicat" pour l’apparence. Mais le problème de fond est qu’un tel syndicat ne peut exister puisque la prostitution en France n’est pas un travail, n’est pas fait en regard d’un employeur, ne regroupe jamais de communauté en mesure d’élire de représentants, entre autres critères qui permettent de qualifier une association de "syndicale" (26).
Comme nous le rappelions au début, il faut aussi attribuer cette distorsion au fait qu’en France il n’existe pas de tradition de "lobbying", le mot "lobby" étant presque une injure, alors que dans d’autres nombreux pays les groupes de pression ne se cachent pas, les lobbies se nomment, s’affrontent et rendent des comptes à la société dans une certaine transparence. En France, ces intervenants se présenteront toujours dans le champ idéologique, arguant "la défense de", "le droit à" (et l’on pourrait faire un parallèle avec les associations masculinistes françaises, difficiles à repérer de par leurs dénominations, leurs déclarations d’intentions inoffensives, etc.) Typiquement le STRASS déclare lutter pour le droit commun des personnes prostituées alors que concrètement ils demandent une normalisation/règlementation de la "profession" (27).
En conclusion, nous croyons que le STRASS et son travail n’a rien d’anodin ni de syndical. Son terrain est la prostitution des personnes, et son objectif en est la normalisation, sans égard à des méfaits documentés et contre lesquels la France s’est engagée à sévir. Comme nous l’évoque l’un des derniers billets d’une abolitionniste française qui souligne bien l’écart abyssal entre le discours du STRASS et ses actions : "Ne nous laissons pas aveugler par les paillettes…" (28)
C.A.F. (Comité Abolitionniste Francophone) Mars 2013
Prochain article : les lobbies de l’industrie du sexe au Canada
Notes 1. Voir les études de Marie-Victoire Louis, sociologue française, chercheuse au CNRS, sur la mise en place de la législation néerlandaise : http://www.marievictoirelouis.net/i... notamment http://www.marievictoirelouis.net/d...
2. Voir encore les analyses de Marie-Victoire Louis à cet endroit + un article récent dans Le Point : http://www.marievictoirelouis.net/d... http://www.lepoint.fr/societe/viole...
3. Explications et témoignage d’un responsable de la police allemande : http://www.scribd.com/doc/52440819/... Il en est de même aux Pays-Bas, à tel point que les autorités municipales d’Amsterdam font aujourd’hui marche arrière : http://www.lemonde.fr/style/article... et ils envisagent même le modèle suédois : http://www.upi.com/Top_News/World-N...
4. Ces envois sont toujours consultables sur le site internet de Madame Louis : http://www.marievictoirelouis.net/d...
5. Commission Sex Work : http://www.actupparis.org/spip.php?...
6. Voir le portrait et le parcours d’Hélène Hazéra http://www.minorites.org/index.php/...
7. Voir les constatations navrées du Mouvement du Nid, association abolitionniste française : http://www.mouvementdunid.org/Pour-...
8. Un exemple parmi d’autres : http://www.liberation.fr/societe/01..., où sont aussi évoqués les liens avec et Cécile Lhuilier, dont nous parlerons plus loin.
9. Merci encore à notre récolteur de tweets : donc voir http://sousleparapluierouge.wordpre...
10. On peut vérifier tout ceci ici : http://sousleparapluierouge.wordpre...
11. À propos de Thierry Schaffauser lire : http://en.wikipedia.org/wiki/Thierr..., http://thierryschaffauser.wordpress.com, et http://www.minorites.org/index.php/... http://radicalprofeminist.blogspot.... http://www.2h27.fr/2010/04/nuit-mai...
12. Malika Amaouche est également contact presse pour le STRASS, information que l’on peut vérifier ici :http://site.strass-syndicat.org/201...’ump/
13. Informations vérifiables ici : http://estherbenbassa.eelv.fr/journ... http://estherbenbassa.eelv.fr/reser...
14. Tous les détails de l’affaire ici : http://stopauxviolences.blogspot.fr...
15. Information disponible ici :http://site.strass-syndicat.org/201...’ump/
16. http://christineld75.wordpress.com pour les insultes publiques des militantes, voir http://sousleparapluierouge.wordpre...
17. le texte en question se trouve ici : http://site.strass-syndicat.org/201...
18. On peut la consulter ici : http://www.prostitutionetsociete.fr...
19. On peut vérifier cette information grâce aux tweets récoltés ici : http://sousleparapluierouge.wordpre...
20. Toutes ces informations peuvent être vérifiées ici :http://yagg.com/2012/08/25/gilles-b... et http://sousleparapluierouge.wordpre...
21. À lire ici : http://sousleparapluierouge.wordpre...
22. Texte consultable ici : http://site.strass-syndicat.org/201...
23. voir le tweet dans http://sousleparapluierouge.wordpre...
24. Le texte du Planning Familial Français est visible ici : http://www.planning-familial.org/ar.... Les militantes féministes abolitionnistes françaises en sont absolument stupéfaites et n’ont jamais compris ce qui a poussé le MFPPF à donner autant de "billes" au STRASS…
25. Tous ces exemples sont vérifiables ici grâce à la grande attention du militant abolitionniste qui a passé beaucoup de son temps libre sur twitter afin de recueillir tous ces tweets : http://sousleparapluierouge.wordpre...
26. Nous renvoyons à un article qui démontre remarquablement, et systématiquement ces contradictions entre les prétentions de tels lobbys et la réalité de l’industrie du sexe : http://acciofeminista26n.wordpress....
27. Information vérifiable ici : http://sousleparapluierouge.wordpre...
28 http://sandrine70.wordpress.com/201...

http://www.scoop.it/t/prostitution-les- ... ch-english

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Re: Préjugés, sexisme: combat permanent

Message par Bibo » 01 avr. 2013 12:14

Le STRASS ne représente rien, franchement. 10 personnes à tout casser à Paris, qui constituent un petit groupe absolument pas représentatif de la réalité de la prostitution, ou du moins de celle que je vois chez moi, à Chateau Rouge (Paris 18). Un micro-phénomène donc, mais qui tente en effet d'influer sur les débats, grâce aux éternels relais pro-prostitution, qui, comme par hasard, sont aussi pro-voile ...
(et pour en revenir sur la polémique du MLH hors-série), une réponse sera publiée dans le prochain numéro, je vous tiendrai au jus)
« Enfer chrétien, du feu. Enfer païen, du feu. Enfer mahométan, du feu. Enfer hindou, des flammes. A en croire les religions, Dieu est né rôtisseur. »
Victor Hugo

Norma Bates

Re: Préjugés, sexisme: combat permanent

Message par Norma Bates » 01 avr. 2013 17:12

Le STRASS, même si tu dis ses membres peu nombreux-ses à Paris (leur page wiki parle de 500 adhérents au total) se rallie à d'autres groupes pro-prostitution (and co...), et est un "syndicat" actif. Par exemple, il est intervenu activement dans l'agression de Caroline Fourest à la fête de l'Huma 2012, alors même que C. Fourest ne se dit pas abolitionniste, mais ose simplement poser des questions sur ce thème dans certains de ses écrits.....
Le STRASS fais également partie de réseaux internationaux bien plus puissants, et agissant pour le compte du capitalisme sexuel que dénoncent les articles publiés par Mélusine, donc, ce n'est pas rien non plus, et je comprends que des féministes (et justement le CAF) aient envie de savoir qui ils-elles sont (et auprès de qui) et ce qu'ils-elles prônent.
On trouve des articles intéressants sur le STRASS, notamment sur sa porte-parole, ici.

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Re: Préjugés, sexisme: combat permanent

Message par abFab » 03 avr. 2013 20:41

Au sujet du Strass...

Bibo : "Le STRASS ne représente rien, franchement. 10 personnes à tout casser à Paris, qui constituent un petit groupe absolument pas représentatif de la réalité de la prostitution, ou du moins de celle que je vois chez moi, à Chateau Rouge (Paris 18)."

Il ya entre 18 et 20.000 prostitué(e)s officiellement (et 300.000 selon certains)... à la louche disons 100.000
Le Strass revendique 500 membres, Bibo tu en comptes 10... allez on va dire 100 membres.

Il ya 25.000.000 de travailleurs. Donc si je suis ta logique, tout groupement qui a moins de 25000 adhérents ne représente rien (et a fortiori ne peut-être considéré comme un syndicat). C''est une logique qui se défend... mais qui risque de nous amener dans des discussions qui vont déborder du cadre de ce topic :lol:


Ensuite, entre les abolitionnistes et les règlementariste, la question de fond est morale, on la retrouve dans un texte cité plus haut :

"Aborder la prostitution en termes syndicaux est trompeur [...] Parler de l’organisation syndicale de la prostitution présuppose qu’il s’agit d’un travail[...]"

... et évidement à partir du moment où l'on considère que la personne qui vend sa force de travail sous forme de service sexuel n'exerce pas un vrai travail, on l'exclue de facto du champ syndical.
Tout le reste en découle.
Mais à la base il ya bien une position morale.


Ensuite, en ce qui concerne le "lobby" du strass.
Ce serait presque à mourir de rire si la charge n'était pas aussi violente et virulente (et comme elle est anonyme, et même pas lié à une orga quelconque, elle est carrément glauque). A la lecture du texte on a l'impression que les pauvres petits abolitionnistes ne parviennent pas à se faire entendre au milieu d'une sorte de déferlante réglementariste. C'est plutôt cocasse quand on pose en regard la réalité des choses dans notre beau pays : toute la classe dirigeante est entièrement abolitionniste. Le france est officiellement abolitionnistes, les ministres en charge de ces questions (et NVB en tête) sont abolitionnistes, "Osez le féminisme" (une des principales associations féministes, je suppose qu'on ne les présente plus) est abolitionniste. Alors certes, le mouvement du nid n'a peut-être pas encore fait "sa révolution internet", mais en a t'il vraiment besoin quand les idées qu'il défend sont partagées et actées par les dirigeants successifs?

Bref.

Les organisation abolitionnistes sont composées de personnes qui ne sont pas prostituées, mais qui savent mieux qu'elles ce qui est bon pour elles.
Le strass, lui est composées de travailleur(se)s du sexe.

Et comme le disait tonton marx : l'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes. A moins de considérer les travailleurs du sexe comme une sorte de sous-espèce incapable de penser par elle-même, je ne vois pas pourquoi on ne leur appliquerai pas la formule.
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Re: Préjugés, sexisme: combat permanent

Message par Bibo » 03 avr. 2013 20:52

Le france est officiellement abolitionnistes, les ministres en charge de ces questions (et NVB en tête) sont abolitionnistes
J'aimerais bien savoir combien de ministres se payent des prostituées tiens ...
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