maoisme/facisme et violence antifaciste

Le punk n'est pas qu'une musique ! Ici on discute de l'actualité, des manifs et des résistances en lien direct avec notre culture. "Make punk a threat again", ça vous dit encore quelque chose ?!
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aurélie apatride
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Message par aurélie apatride » 11 août 2006 11:45

shock: Ma chère Aurélie j'hallucine toujours autant sur ta facilité à tout ranger dans des cases : anars, cocos, gentils, méchants...on croirait une rasheuse.
mais sans une grosse déception sur un certain groupe, j'aurai certainement été rasheuse, du moins un certain temps! mon discours politique radical ne m'empèche pas de discuter avec les gens, je ne dis pas "t'es un communsite je te parle pas" au premier péquin n'empèche que dès qu'on comence à me faire du révisionisme historique je sors de mes gongs.
Tu penses encore sincèrement que tout les gens suceptibles de se dire de sensibilité coco fantasme sur les régimes "communistes" passés et attendent impatiemment le moment où ils vont pouvoir "poignarder les anars dans le dos ?". En fait c'est inscrit dans tes gènes : t'es communiste, tu veux tuer les anars ?
non mais quelqu'un qui se réclame d'assassins doit etre mis devant ses responsabilités.
Pour quelqu'un qui milite comme toi, je m'étonne que tu n'ai pas eu l'ocasion de voir que généralement "la praxis dépasse l'étiquette" (pas besoin de faire de raisonnement par l'absurde en me disant "t'es prêt à militer avec un stal ?"). En gros les gens en ce qu'ils sont et ce qu'il font ont plus d'intérêt que par leur badge, leur drapeau ou l'étiquette qu'ils veulent bien se donner. Et je dis ça en tant qu'anar revendiqué.
Tu parles des sans papiers ? Y a que les anars qui leur donnent un soutien probant ? Je veux bien qu'on soit pas dans la même région mais j'ai généralement eu l'occasion de constater que les mêmes schémas se répettent d'une région à l'autre...
bien sûr, comme j'ai vu un élu socialiste aider concrètement des sans papiers, mettant sa fonction en danger (j'en dirait aps plus ça sreait dangereux) il n'empèche que ce n'est pas pour ça que je vais aps critiquer le ps. de même des curés ont sauvés des petits juifs et je crache sur els curés.
Sur le reste de ton texte, effectivement la violence change pas les personnes (puis je pense qu'il y a plus violent que les "reds de limoges") mais une opposition physique permanente évite aux cons qui ont transformer leur bêtise et leur peur en programme politique de sortir dans la rue l'exprimer. Point.
je ne vois pas en quoi se faire défoncer la gueule à un festival et foutre dehors parce que c toi qui a foutu la merde aurait changé quoique ce soit
Sarko est plus dangereux que les fafs ? Quelle trouvaille ! Merci on l'avait pas vu tout red et con qu'on est ! La seule différence c'est que Sarko à part faire des tracts et des rassemblements contre lui je peux pas faire grand-chose.... En revanche empêcher les fafs d'occuper la place qu'ils veulent dans la rue, ça je peux le faire facilement et à un petit nombre.....et je te promet que les histoires de lacets sont bien la dernière de mes préoccupations ! ;)
ben en attendant moi j'ai jamais vu un red taper un faf alors que des apos... mais bon je m'égare... moi je préfère démontrer opar a+b à un fafa qu'il fiat n'omporte quoi que lui sauter dessus (bon s'il se met à ziguer, ce genre de truc, c clair qu'il n'y a même plus à discuter)sinon contre sarko il y a quelque chose de très simple, c'est justement ne pas l'attaquer nommément car ce n'est pas vraiment lui le problème, c'est cette société pourrie, et la solution c'est LA DESOBEISSANCE CIVILE
je suis juste une petite fille, je ne veux pas grandir

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Message par Acrate33 » 13 août 2006 10:49

aurélie apatride a écrit :seule emma goldman me semble avoir eut une vie irréprochable,
sauf que ce petit flou de Lenine c'est bien servi de sa renomée et de celle de Berckman a un moment pour montrer a tout le monde qu'il y avait des libertaires, et non des moindres, qui pouvaient travailler avec le regime, meme si ils etaient pas tout a fait d'accord. Ce qui lui perettait de continuer tranquillemen les purges par derrieres. Bref ils se sont fait couilloner, mais ils s'en sont rendus compte a un moment (quand les premiers obus sont tombes sur Cronstadt exactement)...c'est le probleme des stars, ils sont loges en quartier VIP tout ca, c'est dur d'en sortir apres...

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Message par Chéri-Bibi » 13 août 2006 22:38

aurélie apatride a écrit :on a déjà parlé de lénine daniel, il me semble bien que tu t'en revendique (cela dit on a eut cette discution quand tu étais ivre mort donc c'était oas très constructif!! hihi) sinon les anars se réclament d'expèriences et non de leaders (durutti était anti putes, proudhon j'aborde même pas le sujet, mackno un chef militaire autoritaire... seule emma goldman me semble avoir eut une vie irréprochable,je suis très admiratrice de cette femme ce qui est très différent que d'absoudre les crimes d'un homme sous prétexte qu'on admire ses idées ou je ne sais quoi)le problème c'est que les anarchistes "connus" l'ont souvent été en temp de guerre et du coup ça signifie certaine actions peu glorieuses dû au contexte particulier qui font qu'on ne peut raisonnablement se revendiquer entièrement d'un homme sans excuser de strucs pas excusables. ce n'est pas pour rien qu'il y a des marxistes, de sléninistes, de strotskistes, alors que g jamais rencontré de bakouninistes, proudhonistes ou durrutistes!!!)
Doit y'en avoir pourtant... Bref, une marque de lessive ou une autre, c'est pas très consistant de s'enfermer dans des ismes. Il y a belle lurette que j'en ai plus rien à foutre que quelqu'un me dise "j'suis anar" ou "j'suis coco" tant que j'ai pas vu de quoi il retourne... et je doute qu'on puisse prouver grand chose sur son engagement de tous les jours via internet.
Et effectivement on ne peut glorifier quelqu'un, qui que ce soit d'ailleurs, vu que le long d'une vie certains "grands hommes" ont été capables du pire comme du meilleur. Lénine est probablement un de ceux-là et c'est pour ça que je le range pas dans le même panier que Staline ou Mao (c'est à dire avec les ordures).
De là à m'en revendiquer... je devait effectivement être très bourré ou chanter l'Infanterie.

Non, ce qu'il faut c'est pas des faux-débats anar/coco, beau/pas beau, c'est des soviets du peuple partout bordel!
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Message par Acrate33 » 14 août 2006 7:08

Et effectivement on ne peut glorifier quelqu'un, qui que ce soit d'ailleurs, vu que le long d'une vie certains "grands hommes" ont été capables du pire comme du meilleur.Lénine est probablement un de ceux-là et c'est pour ça que je le range pas dans le même panier que Staline ou Mao (c'est à dire avec les ordures).
bof, ca me parait un peu court, Staline et Mao ne tombent pas du ciel, ils sont le produit d'une ideologie. De plus, avant de prendre le mechant pouvoir ils etaient des militants revolutionnaires et ils ont chacun bien bougé.
Par exemple, le pére Staline braquait des banques en géorgie pour financer la revolution (comme Durutti en espagne), tandis que le pere lenine se contentait d'écrire des bouquins et de faire le chef dans son groupuscule...bouquins qui ont forgés le systeme qui a ammené au stalinisme...bref....il y a les hommes (et les femmes et les trans) et les idees...c'est quand meme important les idees....

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Message par kolonel muller » 14 août 2006 9:40

Acrate33 a écrit :tandis que le pere lenine se contentait d'écrire des bouquins et de faire le chef dans son groupuscule.......
Comme le chef des indépendantistes Judéens dans LA VIE DE BRYAN????? ;)

wgf

Message par wgf » 14 août 2006 10:08

je saute par dessus le colonel et me demande si:
c'est peut-être pour ca que la question des nationalités dans l'Empire puis dans l'après Empire une fois la révolution triomphante, fut surtout pensée par Staline dès..... 1913. Entrainant de grosses saloperies dans le Caucase et l'Asie centrale...(':oops:')

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Message par kolonel muller » 14 août 2006 11:04

wgf a écrit :je saute par dessus le colonel et me demande si:
c'est peut-être pour ca que la question des nationalités dans l'Empire puis dans l'après Empire une fois la révolution triomphante, fut surtout pensée par Staline dès..... 1913. Entrainant de grosses saloperies dans le Caucase et l'Asie centrale...javascript:emoticon(':oops:')
Embarassed
(D'ailleurs qu'est-ce qui t'arrive toi, ça fait déjà deux fois que tu postes et qu'il n'y a pas de fôtes d'ortograff, c'est PARIS VIOLENCE qui t'inspire?)

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Message par Chéri-Bibi » 14 août 2006 11:46

Acrate33 a écrit :bof, ca me parait un peu court, Staline et Mao ne tombent pas du ciel, ils sont le produit d'une ideologie. De plus, avant de prendre le mechant pouvoir ils etaient des militants revolutionnaires et ils ont chacun bien bougé.
Tout à fait. Mais ce qui m'intéresse c'est plus le mouvement des idées que l'impasse des volontées de pouvoir individualistes de quelques leaders... Le collectif, voilà ce qui fait vraiment les révolutions.
Alors rien à foutre d'un combat de chapelles avec une énième discussion sur Trotsky, Lénine, l'anarchisme ou la pomme de terre comme alimentation du prolétaire (quoique...). Et surtout rien à foutre des étiquettes de tout un chacun, le fascisme c'est juger les gens sur ce qu'ils sont, pas sur ce qu'ils font.

De toute manière je préfère les Marx Brothers (Groucho, Harpo, Chico, Zeppo, Karl).
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Message par Acrate33 » 14 août 2006 11:52

Chéri-Bibi a écrit : Tout à fait. Mais ce qui m'intéresse c'est plus le mouvement des idées que l'impasse des volontées de pouvoir individualistes de quelques leaders... Le collectif, voilà ce qui fait vraiment les révolutions.
ben justement....l'essence du leninisme n'est elle pas de confier le pouvoir a des "hommes de confiances" et de nier la capacite des masses a s'auto-organiser ?

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Message par Chéri-Bibi » 14 août 2006 17:05

Et alors? Je t'ai dit que j'étais "léniniste"? Relis le manifeste de l'ISS mon vieux. Profite, c'est gratuit (je ne suis qu'un skinhead situationniste qui veux le communisme réel et c'est déjà suffisant).

Et si ça t'interesses, y'a aussi un bouquin vachement bien qui s'appelle "La société du spectacle" de Guy Debord (c'est quand même le type qui a écrit "La rue des bons enfants" bordel!) pis qui dit:

91 - Les premiers succès de la lutte de l'Internationale la menaient à s'affranchir des influences confuses de l'idéologie dominante qui subsistaient en elle. Mais la défaite et la répression qu'elle rencontra bientôt firent passer au premier plan un conflit entre deux conceptions de la révolution prolétarienne, qui toutes deux contiennent une dimension autoritaire par laquelle l'auto-émancipation consciente de la classe est abandonnée. En effet, la querelle devenue irréconciliable entre les marxistes et les bakouninistes était double, portant à la fois sur le pouvoir dans la société révolutionnaire et sur l'organisation présente du mouvement, et en passant de l'un à l'autre de ces aspects, les positions des adversaires se renversent. Bakounine combattait l'illusion d'une abolition des classes par l'usage autoritaire du pouvoir étatique, prévoyant la reconstitution d'une classe dominante bureaucratique et la dictature des plus savants, ou de ceux qui seront réputés tels. Marx, qui croyait qu'un mûrissement inséparable des contradictions économiques et de l'éducation démocratique des ouvriers réduirait le rôle d'un Etat prolétarien à une simple phase de législation de nouveaux rapports sociaux s'imposant objectivement, dénonçait chez Bakounine et ses partisans l'autoritarisme d'une élite conspirative qui s'était délibérément placée au-dessus de l'Internationale, et formait le dessein extravagant d'imposer à la société la dictature irresponsable des plus révolutionnaires, ou de ceux qui se seront eux-mêmes désignés comme tels. Bakounine effectivement recrutait ses partisans sur une telle perspective : «Pilotes invisibles au milieu de la tempête populaire, nous devons la diriger, non par un pouvoir ostensible, mais par la dictature collective de tous les alliés. Dictature sans écharpe, sans titre, sans droit officiel, et d'autant plus puissante qu'elle n'aura aucune des apparences du pouvoir.» Ainsi se sont opposées deux idéologies de la révolution ouvrière contenant chacune une critique partiellement vraie, mais perdant l'unité de la pensée de l'histoire, et s'instituant elles-mêmes en autorités idéologiques. Des organisations puissantes, comme la social-démocratie allemande et la Fédération Anarchiste Ibérique, ont fidèlement servi l'une ou l'autre de ces idéologies ; et partout le résultat a été grandement différent de ce qui était voulu.


92 - Le fait de regarder le but de la révolution prolétarienne comme immédiatement présent constitue à la fois la grandeur et la faiblesse de la lutte anarchiste réelle (car dans ses variantes individualistes, les prétentions de l'anarchisme restent dérisoires). De la pensée historique des luttes de classes modernes, l'anarchisme collectiviste retient uniquement la conclusion, et son exigence absolue de cette conclusion se traduit également dans son mépris délibéré de la méthode. Ainsi sa critique de la lutte politique est restée abstraite, tandis que son choix de la lutte économique n'est lui-même affirmé qu'en fonction de l'illusion d'une solution définitive arrachée d'un seul coup sur ce terrain, au jour de la grève générale ou de l'insurrection. Les anarchistes ont à réaliser un idéal. L'anarchisme est la négation encore idéologique de l'Etat et des classes, c'est à dire des conditions sociales mêmes de l'idéologie séparée. C'est l'idéologie de la pure liberté qui égalise tout et qui écarte toute idée du mal historique. Ce point de vue de la fusion de toutes les exigences partielles a donné à l'anarchisme le mérite de représenter le refus des conditions existantes pour l'ensemble de la vie, et non autour d'une spécialisation critique privilégiée ; mais cette fusion étant considérée dans l'absolu, selon le caprice individuel, avant sa réalisation effective, a condamné aussi l'anarchisme à une incohérence trop aisément constatable. L'anarchisme n'a qu'à redire, et remettre en jeu dans chaque lutte sa même simple conclusion totale, parce que cette première conclusion était dès l'origine identifiée à l'aboutissement intégral du mouvement. Bakounine pouvait donc écrire en 1873, en quittant la Fédération Jurassienne : «Dans les neufs dernières années on a développé au sein de l'Internationale plus d'idées qu'il n'en faudrait pour sauver le monde, si les idées seules pouvaient le sauver, et je défie qui que ce soit d'en inventer une nouvelle. Le temps n'est plus aux idées, il est aux faits et aux actes». Sans doute, cette conception conserve de la pensée historique du prolétariat cette certitude que les idées doivent devenir pratiques, mais elle quitte le terrain historique en supposant que les formes adéquates de ce passage à la pratique sont déjà trouvées et ne varieront plus.


93 - Les anarchistes, qui se distinguent explicitement de l'ensemble du mouvement ouvrier par leur conviction idéologique, vont reproduire entre eux cette séparation des compétences, en fournissant un terrain favorable à la domination informelle, sur toute organisation anarchiste, des propagandistes et défenseurs de leur propre idéologie, spécialistes d'autant plus médiocres en règle générale que leur activité intellectuelle se propose principalement la répétition de quelques vérités définitives. Le respect idéologique de l'unanimité dans la décision a favorisé plutôt l'autorité incontrôlée, dans l'organisation même, de spécialistes de la liberté ; et l'anarchisme révolutionnaire attend du peuple libéré le même genre d'unanimité, obtenue par les mêmes moyens. Par ailleurs, le refus de considérer l'opposition des conditions entre une minorité groupée dans la lutte actuelle et la société des individus libres, a nourri une permanente séparation des anarchistes dans le moment de la décision commune, comme le montre l'exemple d'une infinité d'insurrections anarchistes en Espagne, limitées et écrasées sur un plan local.


94 - L'illusion entretenue plus ou moins explicitement dans l'anarchisme authentique est l'imminence permanente d'une révolution qui devra donner raison à l'idéologie, et au mode d'organisation pratique dérivé de l'idéologie, en s'accomplissant instantanément. L'anarchisme a réellement conduit, en 1936, une révolution sociale et l'ébauche, la plus avancée qui fut jamais, d'un pouvoir prolétarien. Dans cette circonstance encore il faut noter, d'une part, que le signal d'une insurrection générale avait été imposé par le pronunciamiento de l'armée. D'autre part, dans la mesure où cette révolution n'avait pas été achevée dans les premiers jours, du fait de l'existence d'un pouvoir franquiste dans la moitié d'un pays, appuyé fortement par l'étranger alors que le reste du mouvement prolétarien international tait déjà vaincu, et du fait de la survivance de forces bourgeoises ou d'autres partis ouvriers étatistes dans le camp de la République, le mouvement anarchiste organisé s'est montré incapable d'étendre les demi-victoires de la révolution, et même seulement de les défendre. Ses chefs reconnus sont devenus ministres, et otages de l'Etat bourgeois qui détruisait la révolution pour perdre la guerre civile.


95 - Le «marxisme orthodoxe» de la II° Internationale est l'idéologie scientifique de la révolution socialiste, qui identifie toute sa vérité au processus objectif dans l'économie, et au progrès d'une reconnaissance de cette nécessité dans la classe ouvrière éduquée par l'organisation. Cette idéologie retrouve la confiance en la démonstration pédagogique qui avait caractérisé le socialisme utopique, mais assortie d'une référence contemplative au cours de l'histoire : cependant une telle attitude a autant perdu la dimension hégélienne d'une histoire totale qu'elle a perdu l'image immobile de la totalité présente dans la critique utopiste (au plus haut degré, chez Fourier). C'est d'une telle attitude scientifique, qui ne pouvait faire moins que de relancer en symétrie des choix éthiques, que procèdent les fadaises d'Hilferding quand il précise que reconnaître la nécessité du socialisme ne donne pas «d'indication sur l'attitude pratique à adopter. Car c'est une chose de reconnaître une nécessité, et c'en est une autre de se mettre au service de cette nécessité» (Capital financier). Ceux qui ont méconnu que la pensée unitaire de l'histoire, pour Marx et pour le prolétariat révolutionnaire, n'était rien de distinct d'une attitude pratique à adopter, devaient être normalement victimes de la pratique qu'ils avaient simultanément adoptée.


96 - L'idéologie de l'organisation social-démocrate la mettait au pouvoir des professeurs qui éduquaient la classe ouvrière, et la forme d'organisation adoptée était la forme adéquate à cet apprentissage passif. La participation des socialistes de la II° Internationale aux luttes politiques et économiques était certes concrète, mais profondément non critique. Elle était menée, au nom de l'illusion révolutionnaire, selon une pratique manifestement réformiste. Ainsi l'idéologie révolutionnaire devait être brisée par le succès même de ceux qui la portaient. La séparation des députés et des journalistes dans le mouvement entraînait vers le mode de vie bourgeois ceux qui étaient recrutés parmi les intellectuels bourgeois. La bureaucratie syndicale constituait en courtiers de la force de travail, à vendre comme marchandise à son juste prix, ceux mêmes qui étaient recrutés à partir des luttes des ouvriers industriels, et extraits d'eux. Pour que leur activité à tous gardât quelque chose de révolutionnaire, il eût fallu que le capitalisme se trouvât opportunément incapable de supporter économiquement ce réformisme qu'il tolérait politiquement dans leur agitation légaliste. C'est une telle incompatibilité que leur science garantissait ; et que l'histoire démentait à tout instant.


97 - Cette contradiction dont Bernstein, parce qu'il était le social-démocrate le plus éloigné de l'idéologie politique et le plus franchement rallié à la méthodologie de la science bourgeoise, eut l'honnêteté de vouloir montrer la réalité - et le mouvement réformiste des ouvriers anglais, en se passant d'idéologie révolutionnaire, l'avait montré aussi - ne devait pourtant être démontrée sans réplique que par le développement historique. Bernstein, quoique plein d'illusions par ailleurs, avait nié qu'une crise de la production capitaliste vînt miraculeusement forcer la main aux socialistes qui ne voulaient hériter de la révolution que par un tel sacre légitime. Le moment de profond bouleversement social qui surgit avec la première guerre mondiale, encore qu'il fût fertile en prise de conscience, démontra deux fois que la hiérarchie social-démocrate n'avait pas éduqué révolutionnairement, n'avait nullement rendu théoriciens, les ouvriers allemands : d'abord quand la grande majorité du parti se rallia à la guerre impérialiste, ensuite quand, dans la défaite, elle écrasa les révolutionnaires spartakistes. L'ex-ouvrier Ebert croyait encore au péché, puisqu'il avouait haïr la révolution «comme le péché». Et le même dirigeant se montra bon précurseur de la représentation socialiste qui devait peu après s'opposer en ennemi absolu au prolétariat de Russie et d'ailleurs, en formulant l'exact programme de cette nouvelle aliénation : «Le socialisme veut dire travailler beaucoup.»



98 - Lénine n'a été, comme penseur marxiste, que le kautskiste fidèle et conséquent, qui appliquait l'idéologie révolutionnaire de ce «marxisme orthodoxe» dans les conditions russes, conditions, qui ne permettaient pas la pratique réformiste que la II° Internationale menait en contrepartie. La direction extérieure du prolétariat, agissant au moyen d'un parti clandestin discipliné, soumis aux intellectuels qui sont devenus «révolutionnaires professionnels», constitue ici une profession qui ne veut pactiser avec aucune profession dirigeante de la société capitaliste (le régime politique tsariste étant d'ailleurs incapable d'offrir une telle ouverture dont la base est un stade avancé du pouvoir de la bourgeoisie). Elle devient donc la profession de la direction absolue de la société.


99 - Le radicalisme idéologique autoritaire des bolcheviks s'est déployé à l'échelle mondiale avec la guerre et l'effondrement de la social-démocratie internationale devant la guerre. La fin sanglante des illusions démocratiques du mouvement ouvrier avait fait du monde entier une Russie, et le bolchévisme, régnant sur la première rupture révolutionnaire qu'avait amené cette époque de crise, offrait au prolétariat de tous les pays son modèle hiérarchique et idéologique, pour «parler en russe» à la classe dominante. Lénine n'a pas reproché au marxisme de la II° Internationale d'être une idéologie révolutionnaire, mais d'avoir cessé de l'être.


100 - Le même moment historique, où le bolchevisme a triomphé pour lui-même en Russie, et où la social-démocratie a combattu victorieusement pour le vieux monde, marque la naissance achevée d'un ordre des choses qui est au coeur de la domination du spectacle moderne : la représentation ouvrière s'est opposée radicalement à la classe.


101 - «Dans toutes les révolutions antérieures, écrivait Rosa Luxembourg dans la Rote Fahne du 21 décembre 1918, les combattants s'affrontaient à visage découvert : classe contre classe, programme contre programme. Dans la révolution présente les troupes de protection de l'ancien ordre n'interviennent pas sous l'enseigne des classes dirigeantes, mais sous le drapeau d'un "parti social-démocrate". Si la question centrale de la révolution était posée ouvertement et honnêtement : capitalisme ou socialisme, aucun doute, aucune hésitation ne seraient aujourd'hui possibles dans la grande masse du prolétariat.» Ainsi, quelques jours avant sa destruction, le courant radical du prolétariat allemand découvrait le secret des nouvelles conditions qu'avait créées tout le processus antérieur (auquel la représentation ouvrière avait grandement contribué) : l'organisation spectaculaire de la défense de l'ordre existant, le règne social des apparences où aucune «question centrale» ne peut plus se poser «ouvertement et honnêtement». La représentation révolutionnaire du prolétariat à ce stade était devenu à la fois le facteur principal et le résultat central de la falsification générale de la société.



102 - L'organisation du prolétariat sur le modèle bolchevik, qui était né de l'arriération russe et de la démission du mouvement ouvrier des pays avancés devant la lutte révolutionnaire, rencontra aussi dans l'arriération russe toutes les conditions qui portaient cette forme d'organisation vers le renversement contre-révolutionnaire qu'elle contenait inconsciemment dans son germe originel ; et la démission réitérée la masse du mouvement ouvrier européen devant le Hic Rhodus, hic salta de la période 1918-1920, démission qui incluait la destruction violente de sa minorité radicale, favorisa le développement complet du processus et en laissa le résultat mensonger s'affirmer devant le monde comme la seule solution prolétarienne. La saisie du monopole étatique de la représentation et de la défense du pouvoir des ouvriers, qui justifia le parti bolchevik, le fit devenir ce qu'il était : le parti des propriétaires du prolétariat, éliminant pour l'essentiel les formes précédentes de propriété.


103 - Toutes les conditions de la liquidation du tsarisme envisagées dans le débat théorique toujours insatisfaisant des diverses tendances de la social-démocratie russe depuis vingt ans - faiblesse de la bourgeoisie, poids de la majorité paysanne, rôle décisif d'un prolétariat concentré et combatif mais extrêmement minoritaire dans le pays - révélèrent enfin dans la pratique leurs solutions, à travers une donnée qui n'était pas présente dans les hypothèses : la bureaucratie révolutionnaire qui dirigeait le prolétariat, en s'emparant de l'Etat, donna à la société nouvelle domination de classe. La révolution strictement bourgeoise était impossible ; la «dictature démocratique des ouvriers et des paysans» était vide de sens ; le pouvoir prolétarien des soviets ne pouvait se maintenir à la fois contre la classe des paysans propriétaires, la réaction blanche nationale et internationale, et sa propre représentation extériorisée et aliénée en parti ouvrier des maîtres absolus de l'Etat, de l'économie, de l'expression, et bientôt de la pensée. La théorie de la révolution permanente de Trotsky et Parvus, à laquelle Lénine se rallia effectivement en avril 1917, était la seule à devenir vraie pour les pays arriérés en regard du développement social de la bourgeoisie, mais seulement après l'introduction de ce facteur inconnu qu'était le pouvoir de la classe de la bureaucratie. La concentration de la dictature entre les mains de la représentation suprême de l'idéologie fut défendue avec le plus de conséquence par Lénine, dans les nombreux affrontements de la direction bolchevik. Lénine avait chaque fois raison contre ses adversaires en ceci qu'il soutenait la solution impliquée par les choix précédents du pouvoir absolu minoritaire : la démocratie refusée tatiquement aux paysans devait l'être aux ouvriers, ce qui menait à la refuser aux dirigeants communistes des syndicats, et dans tout le parti, et finalement jusqu'au sommet du parti hiérarchique. Au X° Congrès, au moment où le soviet de Cronstadt était abattu par les armes et enterré sous la calomnie, Lénine prononçait contre les bureaucrates gauchistes organisés en «Opposition Ouvrière» cette conclusion dont Staline allait étendre la logique jusqu'à une parfaite division du monde : «Ici, ou là-bas avec un fusil, mais pas avec l'opposition... Nous en avons assez de l'opposition.»


104 - La bureaucratie restée seule propriétaire d'un capitalisme d'Etat, a d'abord assuré son pouvoir à l'intérieur par une alliance temporaire avec la paysannerie, après Cronstadt, lors de la «nouvelle politique économique», comme elle l'a défendu à l'extérieur en utilisant les ouvriers enrégimentés dans les partis bureaucratiques de la III° International comme force d'appoint de la diplomatie russe, pour saboter tout mouvement révolutionnaire et soutenir des gouvernements bourgeois dont elle escomptait un appui en politique internationale (le pouvoir du Kuo-Min-Tang dans la Chine de 1925-1927, le Front Populaire en Espagne et en France, etc.). Mais la société bureaucratique devait poursuivre son propre achèvement par la terreur exercée sur la paysannerie pour réaliser l'accumulation capitaliste primitive la plus brutale de l'histoire. Cette industrialisation de l'époque stalinienne révèle la réalité dernière la bureaucratie : elle est la continuation du pouvoir de l'économie, le sauvetage de l'essentiel de la société marchande maintenant le travail-marchandise. C'est la preuve de l'économie indépendante, qui domine la société au point de recréer pour ses propres fins la domination de classe qui lui est nécessaire : ce qui revient à dire que la bourgeoisie a créé une puissance autonome qui, tant que subsiste cette autonomie, peut aller jusqu'à se passer d'une bourgeoisie. La bureaucratie totalitaire n'est pas «la dernière classe propriétaire de l'histoire» au sens de Bruno Rizzi, mais seulement une classe dominante de substitution pour l'économie marchande. La propriété privée capitaliste défaillante est remplacée par un sous-produit simplifié, moins diversifié, concentré en propriété collective de la classe bureaucratique. Cette forme sous-développée de classe dominante est aussi l'expression du sous-développement conomique ; et n'a d'autre perspective que rattraper le retard de ce développement en certaines régions du monde. C'est le parti ouvrier, organisé selon le modèle bourgeois de la séparation, qui a fourni le cadre hiérarchique-étatique à cette édition supplémentaire de la classe dominante. Anton Ciliga notait dans une prison de Staline que «les questions techniques d'organisation se révélaient être des questions sociales» (Lénine et la Révolution).


105 - L'idéologie révolutionnaire, la cohérence du séparé dont le léninisme constitue le plus haut effort volontariste, détenant la gestion d'une réalité qui la repousse, avec le stalinisme reviendra à sa vérité dans l'incohérence. A ce moment l'idéologie n'est plus une arme, mais une fin. Le mensonge qui n'est plus contredit devient folie. La réalité aussi bien que le but sont dissous dans la proclamation idéologique totalitaire : tout ce qu'elle dit est tout ce qui est. C'est un primitivisme local du spectacle, dont le rôle est cependant essentiel dans le développement du spectacle mondial. L'idéologie qui se matérialise ici n'a pas transformé économiquement le monde, comme le capitalisme parvenu au stade de l'abondance ; elle a seulement transformé policièrement la perception.


106 - La classe idéologique-totalitaire au pouvoir est le pouvoir d'un monde renversé : plus elle est forte, plus elle affirme qu'elle n'existe pas, et sa force lui sert d'abord à affirmer son inexistence. Elle est modeste sur ce seul point, car son inexistence officielle doit aussi coïncider avec le nec plus ultra du développement historique, que simultanément on devrait à son infaillible commandement. Etalée partout, la bureaucratie doit être la classe invisible pour la conscience, de sorte que c'est toute la vie sociale qui devient démente. L'organisation sociale du mensonge absolu découle de cette contradiction fondamentale.


107 - Le stalinisme fut le règne de la terreur dans la classe bureaucratique elle-même. Le terrorisme qui fonde le pouvoir de cette classe doit frapper aussi cette classe, car elle ne possède aucune garantie juridique, aucune existence reconnue en tant que classe propriétaire, qu'elle pourrait étendre à chacun de ses membres. Sa propriété réelle est dissimulée et elle n'est devenue propriétaire que par la voie de la fausse conscience. La fausse conscience ne maintient son pouvoir absolu que par la terreur absolue, où tout vrai motif finit par se perdre. Les membres de la classe bureaucratique au pouvoir n'ont pas le droit de possession sur la société que collectivement, en tant que participant à un mensonge fondamental : il faut qu'ils jouent le rôle du prolétariat dirigeant une société socialiste ; qu'ils soient les acteurs fidèles au texte de l'infidélité idéologique. Mais la participation effective à cet être mensonger doit se voir elle-même reconnue comme une participation véridique. Aucun bureaucrate ne peut soutenir individuellement son droit au pouvoir, car prouver qu'il est un prolétaire socialiste serait se manifester comme le contraire d'un bureaucrate ; et prouver qu'il est un bureaucrate est impossible, puisque la vérité officielle de la bureaucratie est de ne pas être. Ainsi chaque bureaucrate est dans la dépendance absolue d'une garantie centrale de l'idéologie, qui reconnaît une participation collective à son «pouvoir socialiste» de tous les bureaucrates qu'elle n'anéantit pas. Si les bureaucrates pris ensemble décident de tout, la cohésion de leur propre classe ne peut être assurée que par la concentration de leur pouvoir terroriste en une seule personne. Dans cette personne réside la seule vérité pratique du mensonge au pouvoir : la fixation indiscutable de sa frontière toujours rectifiée. Staline décide sans appel qui est finalement bureaucrate possédant ; c'est-à-dire qui doit être appelé «prolétaire au pouvoir» ou bien «traître à la solde du Mikado et Wall Street». Les atomes bureaucratiques ne trouvent l'essence commune de leur droit que dans la personne de Staline. Staline est ce souverain du monde qui se sait de cette façon la personne absolue, pour la conscience de laquelle il n'existe pas d'esprit plus haut. «Le souverain du monde possède la conscience effective de ce qu'il est - la puissance universelle de l'effectivité - dans la violence destructrice qu'il exerce contre le Soi des sujets lui faisant contraste.» En même temps qu'il est puissance qui définit le terrain de la domination, il est «la puissance ravageant ce terrain».


108 - Quand l'idéologie, devenue absolue par la possession du pouvoir absolu, s'est changée d'une connaissance parcellaire en un mensonge totalitaire, la pensée de l'histoire a été si parfaitement anéantie que l'histoire elle-même, au niveau de la connaissance la plus empirique, ne peut plus exister. La société bureaucratique totalitaire vit dans un présent perpétuel, où tout ce qui est advenu existe seulement pour elle comme un espace accessible à sa police. Le projet, déjà formulé par Napoléon, de «diriger monarchiquement l'énergie des souvenirs» a trouvé sa concrétisation totale dans une manipulation permanente du passé, non seulement dans les significations, mais dans les faits. Mais le prix de cet affranchissement de toute réalité historique est la perte de la référence rationnelle qui est indispensable à la société historique du capitalisme. On sait ce que l'application scientifique de l'idéologie devenue folle a pu coûter à l'économie russe, ne serait-ce qu'avec l'imposture de Lyssenko. Cette contradiction de la bureaucratie totalitaire administrant une société industrialisée, prise entre son besoin du rationnel et son refus du rationnel, constitue une de ses déficiences principales en regard du développement capitaliste normal. De même que la bureaucratie ne peut résoudre comme lui la question de l'agriculture, de même elle lui est finalement inférieure dans la production industrielle, planifiée autoritairement sur les bases de l'irréalisme et du mensonge généralisé.
IN GIRUM IMUS NOCTE ET CONSUMIMUR IGNI
Nous tournons en rond dans la nuit et le feu nous dévore

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