Le premier ministre japonais d’accord pour sortir du nucléaire
"Nous devons concevoir une société qui puisse se passer du nucléaire", a déclaré le premier ministre japonais Naoto Kan. Karyn Poupée (AFP) - 14 juillet 2011
TOKYO — Le Premier ministre japonais, Naoto Kan, s’est prononcé mercredi 13 juillet en faveur d’une sortie progressive du nucléaire, sans donner de calendrier, quatre mois après l’accident de la centrale de Fukushima.
Compte tenu de la gravité de l’accident de Fukushima, "on ne peut plus soutenir que la politique menée jusqu’à présent garantisse la sécurité de l’exploitation de l’énergie nucléaire. Nous devons concevoir une société qui puisse s’en passer", a-t-il expliqué lors d’une conférence de presse.
Le chef du gouvernement juge nécessaire de revoir de fond en comble la politique énergétique du pays, qui prévoyait avant la crise de Fukushima une augmentation de la part de l’électricité nucléaire dans la production totale à plus de 50% d’ici à 2030, contre quelque 30% en 2010.
La catastrophe, la plus grave depuis celle de Tchernobyl en 1986, a forcé plus de 80.000 personnes à évacuer les environs de la centrale.
M. Kan plaide pour une "réduction progressive" de la part de l’électricité nucléaire au profit des énergies renouvelables (solaire, éolienne, biomasse, etc.) avec pour objectif de s’en affranchir totalement.
Le Premier ministre n’a toutefois pas présenté de calendrier de sortie du nucléaire.
L’archipel compte actuellement 54 réacteurs, mais 35 sont stoppés, à cause de séismes ou pour maintenance. M. Kan a ordonné des tests de résistance qui décideront ou non de leur redémarrage.
Pour faire face à la chute de la capacité de production, le gouvernement a imposé aux grandes entreprises et aux administrations de la région de Tokyo et du Tohoku (nord-est) de réduire leur consommation de 5 % à 15 % durant l’été, période où les climatiseurs tournent à plein régime. Il a aussi demandé aux particuliers de diminuer l’usage des appareils électriques.
"Grâce à ces efforts il sera possible de fournir l’électricité nécessaire cet été et cet hiver", a assuré le chef du gouvernement de centre-gauche.
"Il est de la responsabilité de l’Etat de garantir l’approvisionnement", a-t-il insisté.
M. Kan, 64 ans, nommé il y a à peine 13 mois, est extrêmement impopulaire et critiqué pour la gestion des conséquences du séisme et du tsunami dans le Tohoku le 11 mars, et de l’accident nucléaire de la centrale Fukushima Daiichi.
Il a récemment indiqué qu’il quitterait le pouvoir une fois adoptées au Parlement trois lois qu’il juge prioritaires : une deuxième rallonge budgétaire pour la reconstruction, une loi autorisant l’émission d’obligations d’Etat et un texte sur les énergies renouvelables.
Les débats sur ce dernier projet de loi doivent commencer jeudi au Parlement, a précisé M. Kan.
Des gouverneurs d’importantes préfectures s’activent actuellement pour favoriser l’installation de systèmes solaires et plaident pour un assouplissement de la réglementation afin de faciliter la production alternative d’énergie.
La plus grande fédération patronale nippone, le Keidanren, juge pour sa part que la troisième puissance économique mondiale ne peut se passer de l’énergie nucléaire, sauf à risquer des délocalisations et une désindustrialisation du pays.
A court terme, le Japon doit réactiver des centrales thermiques au gaz, au pétrole ou au charbon, ce qui va augmenter les émissions de gaz à effet de serre et pourrait rendre caduque la promesse d’une réduction de 25 % de ces rejets en 2020, par rapport au niveau de 1990.
Depuis l’accident de Fukushima, quelques pays, comme l’Allemagne, l’Italie et la Suisse, ont décidé de renoncer progressivement à l’atome civil. D’autres, comme la France, les Etats-Unis ou plusieurs nations d’Europe de l’Est, ont au contraire réaffirmé leur attachement à cette énergie.
la catastrophe nucléaire de Fukushima
Re: la catastrophe nucléaire de Fukushima
Re: la catastrophe nucléaire de Fukushima
Vidéo, extraits de la conférence CRIIRAD du 29 juin 2011, à Lyon : " L'impact des rejets de Fukushima Daiichi en France et au Japon". Intervention de Bruno Chareyron concernant le volet "JAPON" (durée : 32 min)
http://www.youtube.com/v/EDktcbrIMJY&hl
CRIIRAD, dossier spécial Accidents nucléaires au Japon : http://www.criirad.org/actualites/dossi ... maire.html
Re: la catastrophe nucléaire de Fukushima
Bernard Laponche : “Il y a une forte probabilité d'un accident nucléaire majeur en Europe”
Le 19 juin 2011 à 18h00 - Mis à jour le 27 juin 2011 à 11h24
Physicien nucléaire, polytechnicien, Bernard Laponche est formel : la France est dans l'erreur. Avec le nucléaire, elle s'obstine à privilégier une énergie non seulement dangereuse mais obsolète. Alors que d'autres solutions existent, grâce auxquelles les Allemands ont déjà commencé leur transition énergétique.
Il est des leurs. Enfin, il était des leurs. Polytechnicien, physicien nucléaire, Bernard Laponche a participé, dans les années 1960, au sein du Commissariat à l'énergie atomique, à l'élaboration des premières centrales françaises. La découverte des conditions de travail des salariés de la Hague sera pour lui un choc : il prend conscience du danger de l'atome, qu'il juge moralement inacceptable. Dès les années 1980, Bernard Laponche, désormais militant au sein de la CFDT, prône la maîtrise de la consommation énergétique et le développement des énergies renouvelables. Les décennies suivantes lui ont donné raison. Mais la France, seul pays au monde à avoir choisi l'option du tout-nucléaire, s'obstine dans l'erreur, déplore-t-il, et s'aveugle : énergie du passé, sans innovation possible, le nucléaire ne représente pas seulement une menace terrifiante, pour nous et pour les générations qui suivront ; il condamne notre pays à rater le train de l'indispensable révolution énergétique.
On présente toujours l'énergie nucléaire comme une technologie très sophistiquée. Vous dites qu'il s'agit juste du « moyen le plus dangereux de faire bouillir de l'eau chaude » (1) . C'est provocateur, non ?
Pas vraiment... Un réacteur nucléaire n'est qu'une chaudière : il produit de la chaleur. Mais au lieu que la chaleur, comme dans les centrales thermiques, provienne de la combustion du charbon ou du gaz, elle est le résultat de la fission de l'uranium. Cette chaleur, sous forme de vapeur d'eau, entraîne une turbine qui produit de l'électricité. L'énergie nucléaire n'est donc pas ce truc miraculeux qui verrait l'électricité « sortir » du réacteur, comme s'il y avait une production presque spontanée...
Pourquoi cette image s'est-elle imposée ?
Les promoteurs du nucléaire ne tiennent pas à mettre en avant la matière première, l'uranium. C'est lié au fait qu'à l'origine le nucléaire était militaire, donc stratégique. Et puis en laissant penser que l'électricité est produite directement, ils lui donnent un côté magique, ainsi qu'une puissance trois fois plus élevée, car c'est la chaleur produite que l'on évalue, pas l'électricité. Or les deux tiers de la chaleur sont perdus, ils réchauffent l'eau des fleuves ou de la mer qui sert à refroidir les réacteurs.
Parlons donc du combustible...
Ce sont des crayons d'uranium, de l'uranium légèrement enrichi en isotope 235, pour les réacteurs français. La fission est une découverte récente (1938) : un neutron tape un noyau d'uranium qui explose, produit des fragments, donc de l'énergie, et des neutrons, qui vont taper d'autres noyaux – c'est la réaction en chaîne. La multiplication des fissions produit de la chaleur. Or les fragments de la fission sont de nouveaux produits radioactifs, qui émettent des rayons alpha, bêta, gamma... A l'intérieur des réacteurs, vous produisez donc de la chaleur, c'est le côté positif, mais aussi des produits radioactifs, notamment du plutonium, le corps le plus dangereux qu'on puisse imaginer, qui n'existe qu'à l'état de trace dans la nature. On aurait dû s'interroger dès l'origine : ce moyen de produire de l'eau chaude est-il acceptable ?
Cette réaction en chaîne, on peut tout de même l'arrêter à chaque instant, non ?
Dans un fonctionnement normal, on abaisse les barres de contrôle dans le cœur du réacteur : elles sont constituées de matériaux qui absorbent les neutrons, ce qui arrête la réaction en chaîne. Mais il faut continuer de refroidir les réacteurs une fois arrêtés, car les produits radioactifs continuent de produire de la chaleur. La nature même de la technique est donc source de risques multiples : s'il y a une panne dans les barres de contrôle, il y a un emballement de la réaction en chaîne, ce qui peut provoquer une explosion nucléaire ; s'il y a une fissure dans le circuit d'eau, il y a perte de refroidissement, la chaleur extrême détruit les gaines du combustible, certains produits radioactifs s'échappent, on assiste à la formation d'hydrogène, cet hydrogène entraîne des matières radioactives et peut exploser.
Mais on multiplie les systèmes de protection...
Vous avez beau les multiplier, il y a toujours des situations dans lesquelles ces protections ne tiennent pas. A Tchernobyl, on a invoqué, à juste titre, un défaut du réacteur et une erreur d'expérimentation ; à Fukushima, l'inondation causée par le tsunami. Au Blayais, en Gironde, où la centrale a été inondée et où on a frôlé un accident majeur, on n'avait pas prévu la tempête de 1999. Mais on a vu des accidents sans tsunami ni inondation, comme à Three Mile Island, aux Etats-Unis, en 1979. On peut aussi imaginer, dans de nombreux pays, un conflit armé, un sabotage... Puisque le point de départ, c'est la création de produits radioactifs en grande quantité, la catastrophe est intrinsèque à la technique. Le réacteur fabrique les moyens de sa propre destruction.
Y a-t-il eu des innovations en matière nucléaire ?
Aucun progrès technologique majeur dans le nucléaire depuis sa naissance, dans les années 1940 et 1950. Les réacteurs actuels en France sont les moteurs des sous-marins atomiques américains des années 1950. En plus gros. Les réacteurs, l'enrichissement de l'uranium et le retraitement, sont des technologies héritées de la Seconde Guerre mondiale. On a juste augmenté la puissance et ajouté des protections. Mais parce que le système est de plus en plus compliqué, on s'aperçoit que ces protections ne renforcent pas toujours la sûreté.
On a du mal à croire qu'il n'y ait eu aucune innovation majeure...
Si, le surgénérateur ! Avec Superphénix, on changeait de modèle de réacteur. Et heureusement qu'on l'a arrêté en 1998, car il était basé sur l'utilisation du plutonium. Le plutonium est un million de fois plus radioactif que l'uranium. Comment a-t-on pu imaginer faire d'un matériau aussi dangereux le combustible d'une filière de réacteurs exportable dans le monde entier ?
Nicolas Sarkozy affirme que si l'on refuse le nucléaire, on doit accepter de s'éclairer à la bougie. Qu'en pensez-vous ?
Il est lassant d'entendre des dirigeants qui n'y connaissent rien continuer à dire n'importe quoi. Nicolas Sarkozy ne croit pas si bien dire ; un jour, et pourquoi pas dès cet été, les Français s'éclaireront à la bougie : comme nous sommes le seul pays au monde à avoir choisi de produire 80 % de notre électricité avec une seule source, le nucléaire, et une seule technique, le réacteur à eau pressurisée, si nous sommes contraints d'arrêter nos réacteurs, nous retournerons à la bougie ! Pas besoin d'une catastrophe, juste un gros pépin générique, ou une sécheresse et une canicule exceptionnelles. Car on ne peut pas faire bouillir l'eau des rivières. En revanche, si l'on décidait de sortir du nucléaire en vingt ans, on pourrait démultiplier notre inventivité énergétique pour justement éviter la bougie.
Les défenseurs du nucléaire disent qu'en France, avec notre nouveau réacteur, l'EPR, que l'on construit à Flamanville, on arrive à un risque quasi nul...
Chaque pays assure que ses réacteurs sont mieux que les autres. Avant Fukushima, le discours des Japonais était le même que celui des Français. On en est déjà à cinq réacteurs détruits (Three Mile Island, Tchernobyl, et trois réacteurs à Fukushima) sur quatre cent cinquante réacteurs dans le monde, des centaines de kilomètres carrés inhabitables. La probabilité théorique, selon les experts de la sûreté nucléaire, devait être de un pour cent mille « années-réacteur » [une année-réacteur, c'est un réacteur fonctionnant pendant un an, NDLR], voire un million d'années-réacteur pour un accident majeur, type Tchernobyl ! La réalité de ce qui a été constaté est trois cents fois supérieure à ces savants calculs. Il y a donc une forte probabilité d'un accident nucléaire majeur en Europe.
Une innovation majeure pourrait-elle vous conduire à revoir votre jugement ?
Je ne vois pas de solution dans l'état actuel, non pas de l'ingénierie, mais de la connaissance scientifique. Je ne dis pas qu'un jour un savant ne trouvera pas un moyen d'utiliser l'énergie de liaison des noyaux de façon astucieuse, qui ne crée pas ces montagnes de produits radioactifs. Mais pour le moment, il n'y a pas !
Pourquoi vous opposez-vous à Iter, expérience sur la fusion menée à Cadarache, sous l'égide de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) ?
La fusion, c'est l'inverse de la fission. On soude deux petits noyaux, deux isotopes de l'hydrogène, le deutérium (un proton et un neutron) et le tritium (un proton et deux neutrons), et cette soudure dégage de l'énergie. Mais il faut arriver à les souder, ces noyaux ! Dans le Soleil, ils se soudent du fait de la gravitation. Sur Terre, on peut utiliser une bombe atomique, ça marche très bien. L'explosion provoque la fusion des deux noyaux, qui provoque une seconde explosion beaucoup plus forte : c'est la bombe à hydrogène, la bombe H. Pour une fusion sans bombe, il faut créer des champs magnétiques colossaux afin d'atteindre des températures de cent millions de degrés. Iter, à l'origine un projet soviétique, est une expérience de laboratoire à une échelle pharaonique, des neutrons extrêmement puissants bombardent les parois en acier du réacteur, ces matériaux deviennent radioactifs et doivent d'ailleurs être remplacés très souvent. Je ne suis pas spécialiste de la fusion, mais je me souviens que nos deux derniers Prix Nobel français de physique, Pierre-Gilles de Gennes et Georges Charpak, avaient dit qu'Iter n'était pas une bonne idée. Ils prônaient les recherches fondamentales avant de construire cet énorme bazar. Personne n'a tenu compte de leur avis, et nos politiques se sont précipités, sur des arguments de pure communication – on refait l'énergie du Soleil – pour qu'Iter se fasse en France.
Pourquoi ?
Parce que les Français veulent être les champions du nucléaire dans le monde. Les Japonais voulaient Iter, mais leur Prix Nobel de physique Masatoshi Koshiba a dit « pas question », à cause du risque sismique. Je pense que ce projet va s'arrêter parce que son prix augmente de façon exponentielle. Et personne ne s'est posé la question : si jamais ça marchait ? Que serait un réacteur à fusion ? Comme disent les gens de l'association négaWatt, pourquoi vouloir recréer sur Terre l'énergie du Soleil puisqu'elle nous arrive en grande quantité ?
Que répondez-vous à ceux qui pensent que l'impératif du réchauffement climatique, donc la nécessaire réduction des émissions de CO2, nous impose d'en passer par le nucléaire ?
Tout d'abord, on ne peut pas faire des émissions de CO2 le seul critère de choix entre les techniques de production d'électricité. Faut-il accepter qu'au nom du climat, tous les cinq ou dix ans, un accident de type Fukushima se produise quelque part dans le monde ? Ensuite, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a montré que si l'on voulait tenir nos objectifs de réduction des émissions de CO2, la moitié de l'effort devait porter sur les économies d'énergie. Pour l'autre moitié, le recours aux énergies renouvelables est essentiel, la part du nucléaire n'en représentant que 6 %. Il faut donc relativiser l'avantage du nucléaire.
Vous avez commencé votre carrière au CEA et avez été un artisan de cette énergie. Que s'est-il passé ?
J'ai même fait une thèse sur le plutonium, et je ne me posais aucune question. Tout est très compartimenté au CEA, je faisais mes calculs sur la centrale EDF 3 de Chinon, n'avais aucune idée des risques d'accident ni du problème des déchets. Je travaillais avec des gens brillants. Et puis j'ai commencé à militer à la CFDT, après 68, et on s'est intéressé aux conditions de travail des travailleurs de la Hague. Je me suis aperçu que, moi, ingénieur dans mon bureau, je ne connaissais rien de leurs conditions de travail, et que les gens de la Hague ne savaient pas ce qu'était un réacteur nucléaire. On a donc écrit, en 1975, un bouquin collectif qui a été un best-seller, L'Electronucléaire en France. Le patron du CEA de l'époque a d'ailleurs reconnu la qualité de ce travail. Pour cela, j'ai travaillé pendant six mois à partir de documents américains, parce qu'en France il n'y avait rien. La CFDT a alors pris position contre le programme nucléaire. J'ai commencé à travailler sur les alternatives au nucléaire et, en 1982, je suis entré à l'Agence française pour la maîtrise de l'énergie.
Cela fait trente ans... Que prôniez-vous à l'époque ?
Mais la même chose qu'aujourd'hui : économies d'énergie et énergies renouvelables ! Les principes de l'électricité photovoltaïque, donc des panneaux solaires, étaient déjà connus. Aujourd'hui, on ne parle que de l'électricité, mais ce qu'il faudrait d'abord installer partout, c'est des chauffe-eau solaires ! Rien de plus simple : un fluide caloporteur circule dans un tube sous un panneau vitré, et permet d'obtenir de l'eau à 60 degrés. L'Allemagne, pays moins ensoleillé que la France, a dix fois plus de chauffe-eau solaires. Dans le Midi, il n'y en a pas, ou si peu !
Cela ne demande pas beaucoup d'innovation...
L'innovation permet avant tout de réduire les coûts. L'éolien, sa compétitivité face au nucléaire est acquise. En ce qui concerne le photovoltaïque, les Allemands anticipent des coûts en baisse de 5 % chaque année. Il y a beaucoup de recherches à faire sur les énergies marines, les courants, l'énergie des vagues, la chaleur de la terre avec la géothermie. Les énergies renouvelables, sous un mot collectif, sont très différentes, et peuvent couvrir à peu près tous les besoins énergétiques. Les Allemands estiment qu'elles couvriront 80 % des leurs d'ici à 2050. C'est plus que crédible, à condition de toujours rechercher les économies d'énergie.
Le fait qu'on ait produit de l'électricité à partir du nucléaire à un coût modique, ne prenant pas en compte les coûts du démantèlement et de la gestion à long terme des déchets radioactifs, a-t-il pénalisé les énergies renouvelables ?
Oui, et comme on a fait trop de centrales nucléaires, il y a toujours eu pression pour la consommation d'électricité, et en particulier pour son usage le plus imbécile, le chauffage électrique, pour lequel la France est championne d'Europe. On construit des logements médiocres, l'installation de convecteurs ne coûte rien, cela crée du coup un problème de puissance électrique globale : en Europe, la différence entre la consommation moyenne et la pointe hivernale est due pour moitié à la France ! Résultat, l'hiver, nous devons acheter de l'électricité à l'Allemagne, qui produit cette électricité avec du charbon… Hors chauffage, les Français consomment encore 25 % de plus d'électricité par habitant que les Allemands. Qui n'ont pas seulement des maisons mieux isolées, mais aussi des appareils électroménagers plus efficaces, et qui font plus attention, car l'électricité est un peu plus chère chez eux.
Quelles sont les grandes innovations à venir en matière d'énergie ?
Les « smart grids », les réseaux intelligents ! Grâce à l'informatique, on peut optimiser la production et la distribution d'électricité. A l'échelle d'un village, d'une ville ou d'un département, vous pilotez la consommation, vous pouvez faire en sorte, par exemple, que tous les réfrigérateurs ne démarrent pas en même temps. Les défenseurs du nucléaire mettent toujours en avant le fait que les énergies renouvelables sont fluctuantes – le vent ne souffle pas toujours, il n'y a pas toujours du soleil – pour asséner que si l'on supprime le nucléaire, il faudra tant de millions d'éoliennes... Mais tout change si l'on raisonne en termes de combinaisons ! Les Allemands étudient des réseaux qui combinent biomasse, hydraulique, éolien, photovoltaïque. Et ils travaillent sur la demande : la demande la nuit est plus faible, donc avec l'éolien, la nuit, on pompe l'eau qui va réalimenter un barrage qui fonctionnera pour la pointe de jour... C'est cela, la grande innovation de la transition énergétique, et elle est totalement opposée à un gros système centralisé comme le nucléaire. Le système du futur ? Un territoire, avec des compteurs intelligents, qui font la jonction parfaite entre consommation et production locale. Small is beautiful. Les Allemands réussissent en ce moment cette transition énergétique. Parce qu'ils l'ont décidée. C'est cela, le principal : il faut prendre la décision. Cela suppose une vraie prise de conscience.
Comment expliquez-vous l'inconscience française ?
Par l'arrogance du Corps des ingénieurs des Mines, d'une part, et la servilité des politiques, de l'autre. Une petite caste techno-bureaucratique a gouverné les questions énergétiques depuis toujours, puisque ce sont eux qui tenaient les Charbonnages, puis le pétrole, et ensuite le nucléaire. Ils ont toujours poussé jusqu'à l'extrême, et imposé aux politiques, la manie mono-énergétique.
Cela vient de notre pouvoir centralisé ?
Complètement ! Dans les années 1970, un chercheur suédois a écrit une étude sur le fait que le nucléaire marche dans certains pays et pas dans d'autres. Et il en a conclu qu'une structure politico-administrative autoritaire et centralisée avait permis qu'il se développe dans deux pays : l'URSS et la France. Pour de fausses raisons – indépendance énergétique, puissance de la France –, on maintient le lien entre le nucléaire civil et militaire – le CEA a une branche applications militaires, Areva fournit du plutonium à l'armée. Ce complexe militaro-étatico-industriel fait qu'ici on considère madame Merkel comme une folle. Au lieu de se dire que si les Allemands font autrement, on pourrait peut-être regarder… Non, on décide que les Allemands sont des cons. Nos responsables claironnent qu'on a les réacteurs les plus sûrs, que le nucléaire c'est l'avenir, et qu'on va en vendre partout. C'est l'argument qu'on utilise depuis toujours, et on a vendu péniblement neuf réacteurs en cinquante ans, plus les deux qui sont en construction en Chine. Ce n'est pas ce qui était prévu… En dix ans, les Allemands, eux, ont créé près de 400 000 emplois dans les énergies renouvelables.
En dehors des écologistes, personne, y compris à gauche, ne remet en cause le nucléaire...
Les choses évoluent vite. Fukushima ébranle les pro-nucléaire honnêtes. Je pense que la décision allemande aura une influence, pas sur nos dirigeants actuels, mais sur nos industriels et aussi sur les financiers. Ils doivent se dire : vais-je continuer à mettre mes billes dans un truc comme ça ? Il y avait jadis l'alliance Areva-Siemens pour proposer des réacteurs EPR, mais Siemens en est sorti depuis des années. On peut toujours se rassurer en pensant que les Allemands se trompent, mais on peut difficilement soutenir qu'ils aient fait ces dernières décennies de mauvais choix et que leur industrie soit faiblarde...
Les écologistes peuvent-ils peser sur les socialistes ?
Bien sûr. Déjà, en 2000, tout était prêt pour l'EPR, mais Dominique Voynet, ministre de l'Environnement, a dit à Lionel Jospin : « Si tu fais l'EPR, je démissionne. » C'est la seule fois où elle a mis sa démission dans la balance et l'EPR ne s'est pas fait à l'époque. Je travaillais auprès d'elle comme conseiller sur ces questions, j'ai pondu trois cent cinquante notes. Il y avait une bagarre quotidienne entre le ministère de l'Environnement et le ministère de l'Industrie, qui se moquait complètement de la sécurité. Malheureusement, l'EPR est reparti avec Chirac en 2002. Et il va nous coûter très cher. En un demi-siècle, on a gaspillé l'énergie, on a fait n'importe quoi. Il est urgent de choisir une civilisation énergétique qui ne menace pas la vie.
Propos recueillis par Vincent Remy Télérama n° 3205
(1) Titre d'une contribution dans les pages Rebonds de « Libération » (24 mars 2011).
Re: la catastrophe nucléaire de Fukushima
En réécoutant http://www.youtube.com/watch?v=zFGY1xqY8-o j'ai furieusement l'impression que c'était prémonitoire...
Re: la catastrophe nucléaire de Fukushima
JAPON : PETITS ARRANGEMENTS ENTRE NUCLÉAIRE ET INCINÉRATION Le 11 juillet 2011
Le séisme et le tsunami qui ont frappé le Japon ont entraîné la production d’environ 25 millions de tonnes de déchets post-catastrophe. L’accident nucléaire de Fukushima ajoute un problème de taille : une partie des déchets produits sont désormais radioactifs, ce qui change totalement la donne quant à leur élimination. Malheureusement, la réponse apportée par le gouvernement japonais ne semble pas la meilleure : une partie de ces déchets vont en effet être brûlés dans des incinérateurs qui vont ainsi relarguer directement dans l’air des poussières radioactives [1] en plus des résidus de combustion. Ces déchets solides seront stockés dans des centres spécifiques… sauf ceux dont la radioactivité sera inférieure 8000 Bq/kg qui seront stockés dans des décharges classiques. Avec quels effets à long terme ? Nul ne peut le dire. La boucle n’étant pas tout à fait bouclée, les autorités s’apprêtent en outre à faire fonctionner les incinérateurs à plein régime pour pallier le manque d’alimentation du réseau en électricité d’origine nucléaire. Voilà comment une catastrophe nucléaire se transforme en opportunité pour les incinérateurs en mal de déchets. Ces derniers jours, l’un des incinérateurs de déchets municipaux de Tokyo (Edogawa-ku – 200 000 t/an) a d’ores et déjà produit des cendres dépassant les seuils de 8000 Bq/kg alors même que les déchets brûlés n’étaient pas censés venir d’une zone contaminée.
Re: la catastrophe nucléaire de Fukushima
Fukushima, 4 mois plus tard, la catastrophe continue
Le 11 mars dernier, un violent tremblement de terre suivi d'un tsunami inédit provoquaient la mort ou la disparition de 11.000 personnes ainsi que le plus grave désastre nucléaire depuis l'accident de Tchernobyl, en Ukraine, en 1986. Quatre mois plus tard, quelque 80.000 personnes qui vivaient dans un rayon de 20 km autour de la centrale ont dû évacuer leur domicile et vivent depuis dans des abris de fortune sans espoir de retour avant plusieurs années. Quant à la centrale nucléaire de Fukushima, elle est loin d'être sous contrôle.
Etat des lieux d'une catastrophe au très long cours.
http://www.youtube.com/v/Tk7Vf6ITloQ&hl
Les habitants face à eux-mêmes
Partir ou rester? Les habitants de Fukushima ont toujours bien du mal à se forger une opinion. Pour preuve, la municipalité a affirmé mercredi que ses 300.000 habitants n'étaient pas menacés par les radiations provenant de la centrale nucléaire accidentée. Mais la veille, un groupement de six associations de résidents et d'activistes antinucléaires a exigé l'évacuation des enfants et des femmes enceintes de Fukushima, après avoir détecté des niveaux de radioactivité jusqu'à quatre fois supérieurs à la limite légale dans les sols de la ville.
Un prélèvement effectué en juin dans un égout a notamment fait état d'un taux de césium radioactif de 46.540 becquerels par kilogramme, alors que le taux maximum légal est de 10.000 becquerels au Japon. Selon les associations, ce niveau dépasse le seuil à partir duquel les autorités soviétiques avaient procédé à l'évacuation des populations après la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986.
La terre tremble toujours
Un important séisme a touché ce dimanche le nord-est du Japon, cette même région qui avait été dévasté par le tremblement de terre suivi du tsunami il y a quatre mois. Aucun dégât n'est à déplorer mais, par mesure de précaution, les employés travaillant à la remise en marche de la centrale nucléaire endommagée de Fukushima ont été brièvement évacués du site.
Une alerte au tsunami a été lancée pour la région avant d'être levée un peu avant midi.
Des SDF pour intervenir dans la centrale
A lire sur Fukushima, 11 mars 2011, le blog d'Anne Roy, journaliste de l'Humanité: "Un reportage d’AL Jazeera, en anglais, montre comment les sans abris d’Osaka sont volontaires pour se faire recruter pour aller réparer le réacteur de la centrale de Fukushima accidenté par le tsunami. Au risque de leur vie, et en signant un contrat qui les oblige à renoncer à toute poursuite en cas de problème ultérieur. Un recours aux plus démunis, qui n’est pas sans rappeler ce qui se pratiquait déjà auparavant". Lire la suite ici
Des tests de résistance dévoilés ce lundi
Le gouvernement japonais dévoile ce lundi les détails des tests de résistance auxquels seront soumis les réacteurs nucléaires du pays mis à l'arrêt depuis la catastrophe de Fukushima. Interrogé par la chaîne de télévision Fuji TV, le ministre japonais chargé de la Crise nucléaire, Gohsi Hosono, a par ailleurs fait savoir que le gouvernement profiterait de cette occasion pour annoncer les contours d'un plan de fourniture d'électricité "sur un ou deux ans".
Selon ce même ministre, ces tests doivent déterminer la capacité de résistance des centrales japonaises face à des catastrophes naturelles majeures. Goshi Hosno a toutefois précisé que ces tests seront menés "à la japonaise", en utilisant des points de contrôle et un cahier des charges différents de ceux des Européens.
Actuellement, seuls 19 des 54 réacteurs du pays produisent de l'électricité. Les autres ont été fermés pour maintenance ou vérification, et le gouvernement redoute des pénuries lors des pics de consommation de l'été. Avant la catastrophe du 11 mars, 30% de l'électricité japonaise provenait du nucléaire.
" Des décennies pour remédier aux conséquences de l'accident "
Le Premier ministre japonais Naoto Kan a déclaré samedi que la décontamination du site de la centrale nucléaire de Fukushima prendrait plusieurs dizaines d'années, en présentant pour la première fois un programme de très long terme pour cette opération. "Un grand nombre d'habitants ont été contraints d'évacuer. Il faudra trois, cinq, voire 10 ans pour parvenir à en reprendre le contrôle, et même plusieurs décennies pour remédier aux conséquences de l'accident."
Sur le court terme, le Japon suit un programme pour stabiliser la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, responsable d'émissions radioactives de très haut niveau après la panne de ses systèmes de refroidissement. Ce projet, que s'est procuré NHK, s'inspire d'une étude des données sur la manière dont les Etats Unis ont procédé lors de l'accident nucléaire de la centrale de Three Mile en 1979. Tepco espère réduire les fuites radioactives d'ici à fin juillet et parvenir à refroidir les réacteurs pour les arrêter au plus tard d'ici à janvier prochain.
A plus long terme, la Commission japonaise à l'énergie atomique et l'exploitant de la centrale de Fukushima, Tokyo Electric Power (Tepco), sont convenus de commencer à retirer le combustible nucléaire fondu vers 2021, selon la NHK. La chaîne de télévision publique a rapporté que les autorités, l'opérateur et les fabricants d'équipements estimaient qu'il faudrait "plusieurs décennies" avant de pouvoir démanteler les réacteurs de la centrale.
Re: la catastrophe nucléaire de Fukushima
En Allemagne, la sortie du nucléaire ne se fera pas aisément Karl de Meyer (Les Echos) - 13 juillet 2011
Le développement des énergies renouvelables implique des lignes à haute tension et des éoliennes géantes dommageables pour l’environnement. Et des centrales à charbon sont en construction outre-Rhin.
Il faut déjà naviguer une vingtaine de milles marins à partir de Norddeich, petit port au charme batave, à un jet de pierre des Pays-Bas, avant d’apercevoir, à l’horizon, les douze éoliennes du parc offshore Alpha Ventus. On soupçonne alors leur gigantisme. Mais ce n’est qu’au moment où le « Wind Force I » se positionne précisément sous l’une d’elles qu’on en prend la pleine mesure. Les pales de 60 mètres de long, qui tournent autour de leur axe, à 90 mètres au-dessus de l’eau, « nanifient » le bateau et ses passagers. « Et ce n’est que la partie visible, insiste Claus Burkhardt, le patron du projet pilote, dans lequel sont associés les géants E.ON, Vattenfall et le producteur régional EWE. Il faut encore ajouter les 30 mètres d’eau sous le bateau et les fondations, fixées à 40 mètres sous le plancher sous-marin. Au total, chaque construction mesure 220 mètres. »
Le ballet synchrone et étonnamment silencieux des douze géants évoque un film de science-fiction. Et, de fait, Alpha Ventus, c’est l’avenir. Celui du bouquet énergétique allemand. Dans le plan de sortie de l’atome, que le Parlement doit finir, cette semaine, de valider, l’éolien offshore joue un rôle primordial. Il bénéficie d’aides au financement de la banque publique KfW. Et d’une augmentation des tarifs garantis par la nouvelle loi sur les renouvelables, qui fixe un objectif de 35 % d’énergie verte dans la production d’électricité en 2020 (17 % en 2010).
On comprend facilement cette préférence : en pleine mer, le vent souffle plus fort, plus souvent. Les turbines peuvent y fonctionner à pleine capacité quelque 4.000 heures par an, contre 2.000 à terre. Fort de ses 60 mégawatts de capacité installée, Alpha Ventus produit chaque année de quoi approvisionner 50.000 ménages de trois personnes. L’offshore évite en outre, sur le continent, l’extension du phénomène de Verspargelung, un terme utilisé outre-Rhin pour dénoncer l’invasion des éoliennes, ces « asperges » géantes...
Des techniciens au pied marin
Mais ce n’est pas la voie de la facilité, loin de là. Claus Burkhardt expose un long catalogue des difficultés propres à la technologie : « Plus vous allez loin, plus la mer est profonde, plus l’installation est complexe et coûte cher. On est à 60 kilomètres des côtes, car il a fallu tenir compte du parc naturel et des lignes de transit des navires commerciaux. Pour rentabiliser des investissements aussi importants, 250 millions d’euros ici, les éoliennes doivent tourner le plus souvent possible, donc vous devez prévoir des systèmes redondants, pour qu’une panne à un endroit n’entraîne pas automatiquement un arrêt. Les personnels doivent non seulement avoir des compétences en électrotechnique, mais aussi être des marins . » Sans compter que le parc n’est pas toujours accessible, à cause de la météo, et que l’exploitation en haute mer implique une forte corrosion par le sel et de fortes contraintes mécaniques sur les structures.
Le gouvernement aimerait voir essaimer 5.000 éoliennes en mer du Nord et en mer Baltique d’ici à 2025-2030, ce qui assurerait une capacité d’au moins 25.000 mégawatts. Mais, même si cet objectif est atteint, la conversion énergétique du pays n’en sera pas pour autant acquise, loin de là. Une fois le courant produit au nord, encore faut-il le transporter jusqu’au sud industrieux du pays, là où il est consommé.
Or, dans les régions de transit, ça bloque. Petra Enders est une des opposantes les plus résolues aux nouvelles autoroutes de l’électricité prévues par Berlin - on parle de 4.500 kilomètres d’ici à 2020. Maire (gauche radicale) de Grossbreitenbach (2.800 habitants), elle conteste par tous les moyens juridiques la ligne à haute tension que planifie l’opérateur 50Hertz à travers la forêt de Thuringe, « coeur vert de l’Allemagne ». Pas vraiment une « eco-warrior » postcommuniste : elle reçoit à la mairie en petite robe noire, le visage souriant encadré d’anglaises. Mais, l’étude d’un universitaire sous le bras, elle assène un argumentaire visiblement rodé : « Cette nouvelle ligne n’est pas nécessaire. Il y a de nouvelles techniques qui permettraient de faire passer plus de courant dans les câbles existants. » Elle insiste sur les dangers pour la santé des riverains et le tourisme local.
Après avoir passé des vêtements plus sportifs, elle invite à une balade jusqu’au sommet de la colline de la Haube (811 mètres) pour constater les déjà nombreux outrages que la nature a dû subir dans la région. « La ligne à haute tension existante, la carrière de pierre, le tunnel que la Deutsche Bahn creuse pour ses trains rapides et les deux décharges où les roches seront entreposées. Cette nouvelle ligne haute tension, c’est la goutte qui fait déborder le vase. Ce ne sont pas les indemnisations de 40.000 euros par kilomètre du gouvernement qui nous rendront nos arbres. » Petra Enders remet en question la globalité du nouveau concept énergétique : « Il reste dans l’ancienne logique d’une production centralisée, qu’il faut ensuite transporter vers les lieux de consommation. Alors qu’il nous faut un grand nombre d’unités de production décentralisées. » Sur le modèle de Feldheim : un petit village du Brandebourg qui, après quinze ans d’expérimentation, est désormais autosuffisant et qui s’est débranché du réseau. Un parc d’éoliennes sur ce plateau venteux et une unité de biogaz alimentée par la coopérative agricole permettent l’autarcie et des factures allégées.
On comprend bien, toutefois, que le concept ne peut être généralisé à toute l’Allemagne, première puissance industrielle d’Europe. Matthias Kurth, président de l’agence fédérale chargée des réseaux, se montre tout aussi combatif que Petra Enders : « Je vous l’assure, ces nouvelles lignes haute tension sont absolument nécessaires, compte tenu des quantités de courant dont nous avons maintenant besoin. La nouvelle loi va simplifier et unifier les procédures d’autorisation des tracés. Ce qui réduira les possibilités de recours. Ce qu’il nous faut faire, bien sûr, c’est augmenter l’acceptation de la population à ces nouveaux projets d’infrastructures. Donc associer les citoyens dès le début des projets. »
Centrale au charbon et réservoir géant
Ce n’est pas E.ON qui prétendra le contraire. Parce que les renouvelables ne pourront pas compenser immédiatement les capacités du nucléaire et que de vieilles centrales conventionnelles sont progressivement arrêtées, il faudra bien de nouvelles centrales au gaz et au charbon. E.ON a commencé en 2007 la construction d’une centrale au charbon, à Datteln, au coeur de la Ruhr, région industrielle très densément peuplée, hérissée de cheminées. Datteln 4 est une centrale de 1.050 mégawatts, au rendement de 45 %, plus « propre » que les trois anciennes unités voisines qu’elle doit remplacer. Elle devait démarrer cette année, mais la justice, saisie par des riverains et l’ONG BUND, a gelé une partie du chantier en 2009.
Aujourd’hui, sur le site, Andreas Willeke, le patron du projet, est visiblement fier de faire visiter le coeur de l’usine et la tour de refroidissement (180 mètres). « En fait, tout est prêt à 90 %. Les turbines Alstom sont là. Pour éviter qu’elles ne s’oxydent, on a dû acheter des machines pour assécher l’air à l’intérieur. » Les affaires d’E.ON, qui a déjà investi 1 milliard d’euros, semblent s’arranger. Un nouveau plan d’aménagement - juridiquement béton -est en cours de préparation par les autorités locales. Mais Dirk Jansen, qui suit le dossier pour BUND, n’abandonnera pas si facilement : « La Rhénanie-du-Nord-Westphalie, qui affiche des objectifs très ambitieux en matière d’émissions de CO2, est pour l’instant lanterne rouge en Allemagne pour les renouvelables. Et que fait-on ? On investit dans des monstres comme Datteln 4. Désolé, ce n’est pas cohérent. »
Le syndrome Nimby (« not in my backyard ») touche aussi les infrastructures de stockage de l’énergie. Parce que l’électricité éolienne et solaire est par définition volatile, moins prévisible, il faut pouvoir la stocker quand on en produit trop, faute de quoi on déstabilise les réseaux. Les chercheurs travaillent à la mise au point d’un stockage sous forme gazeuse, mais, d’ici là, le procédé le plus éprouvé consiste à pomper de l’eau avec le courant excédentaire vers des réservoirs en altitude. En période de forte consommation, on relâche l’eau pour obtenir de l’électricité hydraulique. Las, le projet de réservoir géant d’Atdorf, dans la Forêt-Noire, se heurte, lui aussi, à de vives résistances, notamment, encore une fois, de la part de la puissante BUND, qui craint pour les espèces animales, végétales et les eaux souterraines. Du coup, l’Allemagne envisage désormais de stocker de l’énergie en Norvège, via de nouveaux câbles sous-marins. Les Norvégiens ont plus de place et savent qu’ils ne pourront vivre éternellement de leur rente dans les hydrocarbures.
Un défi citoyen
Le tournant énergétique allemand représente donc non seulement un immense défi technologique, logistique, organisationnel, mais, presque surtout, citoyen. Angela Merkel appelle d’ailleurs régulièrement à un engagement de chacun. Le fait que l’opposition (Verts et SPD) ait soutenu le paquet énergie, au Bundestag, va dans le sens d’un consensus national. Mais les Allemands vont-ils suivre ? Vont-ils surmonter leurs contradictions ? Une étude de la fondation Bertelsmann, début juin, concluait à une grande méfiance des citoyens à l’égard de leurs représentants. Près de 80 % des sondés souhaitent être plus impliqués, via des référendums locaux ou des initiatives populaires, particulièrement sur les projets d’infrastructures. Il faudra donc, aussi, beaucoup de pédagogie pour réussir la sortie de l’atome en dix ans. On peut penser que le pays, qui a mené à bien sa réunification en moins de vingt ans, saura se mobiliser. L’institut DIW, en mai, a publié une étude optimiste sur le formidable potentiel qu’offre la conversion du modèle énergétique, en termes de recherche, d’emplois et d’exportations futures. On entend d’ailleurs peu d’industriels se lamenter sur les nouveaux plans du gouvernement. En juin, Siemens a annoncé qu’il avait remporté son premier contrat en Chine : 21 éoliennes pour un parc offshore au large du Jiangsu. Et Nordex va, lui, équiper deux champs dans la région du Ningxia. La Chine est, de loin, le premier marché mondial pour l’éolien.
Re: la catastrophe nucléaire de Fukushima
samedi 6 août 2011, 15h Rassemblement à Rocamadour contre le nucléaire militaire et civil
Depuis plusieurs années, le groupe Sortir du nucléaire Lot commémore les bombardements atomiques subis par les populations d’Hiroshima et de Nagasaki les 6 et 9 août 1945.
Le 66° anniversaire du bombardement atomique revêt cette année un caractère particulier suite à la catastrophe de Fukushima qui a débuté le 11 mars dernier et touche à nouveau le Japon dans sa chair.
Le choix symbolique de Rocamadour pour cette commémoration s'inscrit dans la continuité des positions antinucléaires de l'église, le Pape Benoit XVI s'est en effet prononcé contre l'énergie nucléaire en réaction à la catastrophe de Fukushima (discours du 9 juin 2011) - après ses prises de position pour le désarmement nucléaire. Rocamadour est en outre situé à quelques kilomètres seulement du Centre d'Études de Gramat (CEA), où des essais de tirs à l'Uranium appauvri ont servi à la France d'expérimentation pour perfectionner ce type d'armes actuellement utilisées par la France contre la Libye sous l'égide de l'OTAN.
L'État français ne peut pas ignorer les effets tératogènes de ce type d'armes et ses conséquences sur les populations civiles et les générations futures puisqu'elles sont responsables du syndrôme dit de la guerre du Golfe. Pas plus ne peuvent l'ignorer les responsables du Centre d'Études de Gramat qui ont effectué plus de 1.000 tirs à l'UA en prenant à chaque fois de multiples mesures - et en prenant à chaque fois toutes les précautions pour confiner les poussières radioactives et chimiques dégagées par les tirs. (voir notre dossier sur ce sujet). Pas plus ne peuvent l'ignorer nos responsables politiques locaux que nous avons à maintes fois avertis et sollicités sur ce sujet, et que nous interrogeons encore une fois ici.
Le groupe Sortir du nucléaire Lot, qui appelle à cette manifestation, demande que l'utilisation de ces armes soit interdite au niveau international. Il appelle la France à en cesser l'utilisation, fusse t-elle avec des munitions concédées par l'OTAN, et l'exorte à revoir sa position sur son usage (cf. question de M. Jean-Luc Warsmann du 9 novembre 2010 au Ministre de la défense sur les armes à uranium appauvri).
Nous appellons les citoyens à venir nombreux nous rejoindre, à Rocamadour, porte du Figuier (première entrée depuis l'Hospital) à partir de 15h, où un tract d'information sera diffusé.
Le Groupe Sortir du nucléaire Lot
http://leliencommun.org/sdnlot / sdnlot@free.fr / 05 65 38 08 39 / 06 30 40 96 64
http://groupes.sortirdunucleaire.org/Ra ... eaire,2772
http://www.lelotenaction.org/rubrique,r ... 10090.html
Re: la catastrophe nucléaire de Fukushima
http://www.youtube.com/v/sdHMZs3mouURecord de radiations à Fukushima avec 10 sieverts par heure 02/08/2011
La compagnie Tokyo Electric Power annonce que lundi 1er août à Fukushima, les détecteurs de radon de la centrale nucléaire accidentée ce sont affolés affichant au moins 10 sieverts par heure. Un niveau de radiations anormalement élevé entre les réacteurs 1 et 2 de la centrale nucléaire japonaise qui a subi un violent tremblement de terre et le tsunami du 11 mars 2011. Suite à cette accident ,c’est plus de 80 000 personnes qui ont du quitter leur domicile en raison de risques pour la santé sur un rayon de 20 kilomètres.
Pour vous donnez un ordre d’idée , le 3 juin avait été enregistré 4 sieverts par heure dans le réacteur numéro 1.
Tepco, exploitante du site, est incapable d’expliquer cette hausse : « Nous sommes toujours en train de vérifier la cause de tels niveaux élevés de radioactivité« . On sait que le gouvernement japonais et Tepco ont prévu de conduire les réacteurs vers « arrêt à froid » d’ici à Janvier 2012.
Re: la catastrophe nucléaire de Fukushima
Manifestation Contre le Nucléaire et pour l'arrêt immédiat des chantiers EPR et THT Rennes 15 Octobre 2011
Organisée par la Coordination Antinucléaire Ouest Avec le soutien du Réseau "Sortir du nucléaire"
Le gouvernement va prendre dans les prochaines semaines une décision lourde de sens. Après l’avis positif de l’Autorité de Sûreté Nucléaire, le redémarrage de la centrale de Fessenheim serait un choix catastrophique pour notre avenir à tous.
Alors que la plupart des grandes puissances économiques tracent leur chemin vers l’indépendance énergétique grâce aux énergies alternatives, alors que le parc mondial, très vieillissant, des centrales électronucléaires diminue, il serait aberrant de poursuivre la fuite en avant que nous impose la nucléocratie française.
Prolonger la filière nucléaire serait la garantie pour la France de se retrouver seule à mettre en œuvre cette technologie du XXème siècle, avec les risques inacceptables qu’elle comporte pour la santé publique. Pour lot de consolation, nous aurions des stocks de déchets toujours plus importants, toujours plus ingérables…
Récemment l’Italie et l’Allemagne ne s’y sont pas trompées en réaffirmant l’abandon du nucléaire. L’Allemagne a prévu d’atteindre en 10 ans 40 % d’électricité verte. De même, la Suisse a acté de ne pas renouveler son parc.
Il faut non seulement fermer Fessenheim, mais dans la même logique, stopper la filière du réacteur EPR et donc le chantier de Flamanville et sa ligne Très Haute Tension.
La Coordination Antinucléaire Ouest (1) réitère son appel à manifester massivement le 15 octobre prochain à Rennes pour obtenir l’arrêt immédiat des chantiers EPR et THT et invite toutes les organisations concernées à la soutenir.
Fukushima témoigne : sortons du nucléaire !
(1) Coordination d’organisations antinucléaires de Basse-Normandie, Bretagne et Pays de la Loire. Voir son site sur http://www.sdn-rennes.org.
Communiqué du 12 juillet 2011
D'autres manifestations régionales ou inter-régionales seront organisées en France le 15 octobre par les coordinations antinucléaires régionales (à Bordeaux, au Bugey...), avec le soutien du Réseau "Sortir du nucléaire".
Qui est en ligne
Utilisateurs parcourant ce forum : Aucun utilisateur enregistré et 4 invités