rackhame a écrit :Sur le fait de prendre ou non parti, à partir du moment où on s'exprime vis à vis d'un témoignage, oui, on prend parti, et émettre une prise de position du type "moi je doute que ce soit un viol" ou "elle aurait dû faire ça ou ne pas faire ça", c'est un jugement. Les personnes qui trouvent que dans ce fil de discussion, la seule position acceptée est de prendre parti pour l'agressée devraient relire les posts, la majorité portent un jugement sur la démarche du texte original.
On a pas dit que la seule position acceptée est de prendre parti pour cette fille (désolée, mais le mot "agressée" ne me convient pas), on a juste souligné le fait que toi et Bub, vous ne tolérez aucune autre prise de position.
Se permettre des réflexions du type "oui, mais elle est retournée le voir, ..." pour mettre en doute le viol, c'est refuser de prendre en compte le contexte et la construction sociale qui font qu'il est difficile de se reconnaître en tant que personne violée et qu'on a souvent tendance à d'abord s'en prendre à soi-même, à se dire, non, c'est pas ça qui m'est arrivé, c'est de ma faute, c'est moi qui vis mal les choses, qui ai un problème avec mon corps, bref, c'est toutes les conneries du système de pensée dominante qui nous revient dans la gueule, tous ces préjugés avec lesquels on grandit, au milieu desquels on vit. Toute cette construction de merde imposée à grands coups de violence. S'il était si facile que ça de réagir face à un viol, de se reconnaitre en tant que personne qui a été violée et de se positionner tout de suite en réaction à la situation et à la personne, les violences conjugales n'existeraient pas, on se prendrait une tarte, et on en rendrait (ou pas) une, puis, on se casserait. La situation ne perdurerait pas. Or, on le sait, c'est pas comme ça que ça se passe, les mécanismes d'ancrage de la culpabilité sont énormes et le sentiment de non droit à réagir aussi. Alors, oui, des personnes violées qui ont fréquenté leur agresseur pendant un certain temps, j'en connais, des personnes qui ont réagi autrement aussi, parce qu'il n'y a pas de modèle pré-établi, qu'il n'y a pas de bonnes ou de mauvaises victimes, parce que dans ces cas-là, on fait ce qu'on peut, comme on peut, et que les autres n'ont pas de jugement négatif à avoir.
D'accord, toutes les personnes ne réagissent pas de la même manière. Admettons.
Sur le fait de nommer, à demi-mots ou directement, bah oui, ça fout toujours les boules quand ça sort de la sphère privée, mais heureusement que ça en sort.
Non, pas heureusement. Le but c'est quoi ? De dresser une liste noire des gens dont il faut se méfier ? Qu'il faut éviter ? Tout ce que cela a réussi à instaurer, c'est un certain malaise qui rend la discussion difficile.
Et puis, il y a quelque chose qui me turlupine. Cette fille dit que sa mémoire défaille dès qu'elle évoque quelque chose qui pourrait apparenter l'acte sexuel à un viol. Alors qu'est-ce qu'on doit penser ? On doit dire que oui, elle a été violée, alors qu'elle-même ne semble vraiment pas sûre de ce qu'elle dit ?
En Europe, les violences conjugales sont la première cause de mortalité des femmes entre 16 et 50 ans, c'est à dire l'âge où elles sont considérées comme étant dans le champ du "sexable", "appropriable", cen'est pas le cancer, pas le suicide, pas les accidents de voiture, non, leur première cause de mortalité, c'est leur mec. Un tiers des femmes subit des violences conjugales au cours de sa vie, pour le viol, c'est inquantifiable, les études américaines parlent d'une femme sur 3. Bien sûr, c'est des chiffres, c'est à manier avec des pincettes, mais quand même, ça nous concerne presque toutes, ça ne veut pas dire que ça n'existe pas chez des hommes, mais ça veut dire que si une importante partie des femmes sont agressées, une importante partie des hommes sont agresseurs, et qu'être catégorisé homme signifie aussi ne pas vivre en permanence avec ce risque là sur la tête. Alors, oui, on ne parle pas de la même façon selon la place qu'on occupe dans la pyramide hiérarchique, parce qu'on ne subit pas les mêmes choses.
Dans le monde, une forte proportion d'hommes sont des agresseurs. M. est un homme. Donc M. est un agresseur ? Ton truc ne tient pas debout.
"I came to America because I heard the streets were paved with gold. When I got here, I found out three things: first, the streets weren't paved with gold; second, they weren't paved at all; and third, I was expected to pave them."