lutte à Notre Dame des Landes

Le punk n'est pas qu'une musique ! Ici on discute de l'actualité, des manifs et des résistances en lien direct avec notre culture. "Make punk a threat again", ça vous dit encore quelque chose ?!
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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 28 oct. 2014 20:58

Le rapport qui évoquait les risques " d'un martyre " 27/10

En septembre, dans un rapport interne que Presse Océan a pu consulter, les services de l'Etat chargés de la surveillance de la Zad aéroportuaire de Notre-Dame-des-Landes évoquaient le scénario du pire qui s'est déroulé samedi soir au barrage du Testet, dans le Tarn où un jeune manifestant de 21 ans a été tué.
« Depuis l’époque des opérations Caesar à l’automne 2012, les zadistes pensent que le fait d’avoir un martyre parmi les leurs grandirait leur cause et leur apporterait l’adhésion d’une majeure partie de l’opinion publique en remettant NDDL sur le devant de la scène », écrivaient les rédacteurs du rapport.

Dans ce même document, ils font également état de liens des zadistes landais avec la Zad du Testet : « Selon les renseignements recueillis un stockage régulier de ’’marchandises’’ en tous genres serait réalisé et partirait régulièrement, à une fréquence inconnue, mais à l’occasion des relèves organisées sur le barrage du Testet. Il s’agirait autant de nourriture, vêtements que matériels de défenses artisanaux (boucliers, frondes, lance-pierres, etc.) »

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 01 nov. 2014 5:02

Le drame du Testet ne doit pas se reproduire, ni à Notre-Dame-des-Landes, ni ailleurs !

Suite à la manifestation de ce lundi 27 octobre à Nantes, l’ACIPA condamne les dégradations commises dans le centre-ville, dans le prolongement d’un hommage à Rémi Fraisse, tué par les forces de l’ordre dans la forêt de Sivens, dans le Tarn. Hommage rendu précédemment à 18h, pacifiquement et symboliquement devant le monument aux morts face à la préfecture.

L’ACIPA n’appelle pas à participer à la manifestation organisée par des habitant-e-s de la ZAD le samedi 1er novembre à Nantes, pour les raisons suivantes :
- Les débordements violents qui suivent les manifestations que nous voulons pacifiques sont inacceptables et nous refusons de risquer d’entrer dans la spirale de violence.
- La famille de Rémi Fraisse et le collectif des opposants au barrage du Testet ont appelé au calme et non à la vengeance. Nous entendons complètement cet appel et nous nous y associons.
- Une nouvelle catastrophe est à craindre comme celle de Sivens. La lutte de Notre Dame des Landes ne doit pas connaître la même situation dramatique.

L'ACIPA ne reste pas dupe devant les tentatives de salir la mémoire de Rémi, comme de salir la légitimité de nos luttes.

Le projet de Notre Dame des Landes ne sera pas stoppé par un « martyr » mais bien par la volonté pacifique et déterminée de ses opposants qui continueront de dénoncer les énormes mensonges liés à ce dossier jusqu’à l’abrogation de la Déclaration d’Utilité Publique (DUP) signée en 2008.

Continuons les luttes à Notre Dame des Landes, en Picardie, dans le Tarn ou ailleurs tous ensemble, en restant fidèles aux 3 piliers de notre lutte (mobilisation sur le terrain, procédures juridiques et volet politique).

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 02 nov. 2014 3:45


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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 02 nov. 2014 16:50

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Message par Nico37 » 03 nov. 2014 16:23

Hommage au manifestant tué dans le Tarn 01/11

Le collectif ornais contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a organisé un rassemblement, ce matin devant la préfecture, pour protester contre la mort de Rémi Fraiss.

« Rémi Fraisse mort pour la planète », « Ni oubli ni pardon, État assassin ». À l'appel du collectif ornais contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes (NDDL), une vingtaine de personnes se sont rassemblées, ce samedi matin devant la préfecture de l'Orne, pour protester contre les violences policières, après la mort du jeune manifestant Rémi Fraisse, samedi dernier au Testet (Tarn), en marge d'une manifestation contre le barrage de Sivens.

Les partis EELV, NPA, Parti de Gauche et l'union syndicale Solidaires se sont joints au mouvement. « À l'heure où nous nous rassemblons, des centaines de policiers viennent d'être déployées sur le site de Notre-Dame-des-Landes », a déclaré Adèle, porte-parole du collectif ornais contre l'aéroport. « Quelle est la légitimité de tant de moyens utilisés et d'oppression policière ? »

Le collectif ornais contre NDDL combat « tous les grands projets que l'on juge inutiles et imposés, ceux qui nuisent à l'environnement ou qui dépensent énormément d'argent public »

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 04 nov. 2014 17:59

Après les débordements de ce week-end, faut-il expulser la ZAD ? 03/11

De nombreux appels à expulser les Zadistes sont lancés depuis les affrontements en centre-ville, en marge de la manifestation en mémoire de Rémi Fraisse...

Même s'il est difficile de savoir qui étaient réellement les manifestants cagoulés ayant participé aux affrontements avec les forces de l'ordre samedi à Nantes ou ayant brisé les vitrines de ce même centre-ville lundi dernier, les opposants Zadistes à l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes sont aujourd'hui pointés du doigt par de nombreux Nantais. Plusieurs personnalités politiques réclament désormais à l'Etat une évacuation sans attendre de la fameuse ZAD de Notre-Dame-des-Landes.

« Mettre un terme à cette zone de non-droit »

« La situation de Nantes est insupportable, victime du contexte particulier lié au projet d'aéroport et à l'existence de la ZAD. Il faut maintenant en finir avec cette situation ubuesque et scandaleuse en mettant un terme à cette zone de non-droit » réclament les conseillers régionaux UMP. Ils présenteront un vœu en ce sens lors de prochaine session du conseil régional des Pays de la Loire.
Son président, le socialiste Jacques Auxiette, est d'ailleurs du même avis. « Aéroport ou pas aéroport, il faut aujourd'hui évacuer la ZAD » , estime-t-il. Et d'ajouter : « Certaines condamnations sont factices ou faciles. Ceux qui refusent l'évacuation de la ZAD doivent affronter leur part de responsabilité. » Le FN et l'association pro-aéroport Des Ailes pour l'Ouest ne disent pas autre chose. Sur les réseaux sociaux, de plus en plus d'anonymes expriment aussi leur ras-le-bol.

Le syndicat de police Alliance n'est pas étonné. «Les habitants sont excédés devant de tels agissements, constate Arnaud Bernard, secrétaire départemental d'Alliance. Il est anormal qu'un groupe de personnes puisse nuire ainsi à la démocratie. Dans les rangs de la police aussi il y a de l'exaspération. La manif anti-aéroport du 22 février avait déjà fortement marqué les esprits. Notre métier c'est la sécurité des personnes et des biens, pas d'être la cible de telles violences.»
Le syndicaliste reconnaît toutefois que l'évacuation des Zadistes serait «un projet compliqué». «Plus le temps passe, plus ils sont implantés, estime Arnaud Bernard. Mais c'est faisable malgré tout. Après, est-ce que leur expulsion serait la garantie d'un retour au calme?»

Un accord empêche toute expulsion

D'autres personnalités ne sont pas sur la même longueur d'ondes. S'ils condamnent bien sûr les débordements survenus la semaine dernière, Johanna Rolland, maire PS de Nantes, ou Ronan Dantec, sénateur EELV de Loire-Atlantique, rappellent aussi qu'un accord avec le gouvernement empêche toute expulsion jusqu'à l'épuisement des recours juridiques en cours sur le projet d'aéroport.
« Attention à la récupération, alerte Ronan Dantec. Les pro-aéroport profitent du contexte pour passer en force. L'important en ce moment me paraît surtout d'apaiser les tensions. Et ce n'est pas en appelant à évacuer la ZAD qu'on va y parvenir. »

« Ne pas faire d'amalgame »

L'Acipa, la principale association opposée à l'aéroport, invite également ceux qui stigmatisent la responsabilité des Zadistes à faire preuve de «prudence» et de «retenue». «Le mouvement est hétérogène. On ne peut pas faire d'amalgame entre ces dérapages inadmissibles et l'ensemble des personnes installées sur la ZAD. On a des relations très saines avec beaucoup d'entre elles», indique Julien Durand, l'un des porte-paroles de l'Acipa. Le militant y voit surtout «une nouvelle tentative de discréditer la lutte anti-aéroport». Et prévient: «S'il y a une intervention policière sur la zone, si des lieux de vie sont menacés, on sera là pour réagir.»

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 05 nov. 2014 11:15

« détermination » de Valls « à voir le projet réalisé » AFP 05/11


Le Premier ministre Manuel Valls exprime « la détermination de l’Etat » à voir « réalisé » l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, dans un courrier adressé à une association favorable au projet contesté, publié dans la
presse mercredi.

« La détermination de l’Etat à voir ce projet réalisé est intacte » , écrit M. Valls dans une lettre au président de l’association « Des ailes pour l’Ouest » , datée du 28 octobre et que publient lefigaro.fr et
franceinfo.fr.

« Pour autant, et conformément aux engagements pris par le gouvernement, les travaux ne s’engageront qu’une fois les recours contre le projet jugés » , prend soin de préciser le chef du gouvernement.

Début septembre, cette association pro-aéroport avait adressé une lettre ouverte à Manuel Valls, co-signée par une douzaine d’acteurs économiques régionaux, lui demandant de «lancer rapidement les travaux».

Le projet prévoit le transfert de l’actuel aéroport de Nantes, situé en zone urbaine, vers Notre-Dame-des-Landes, à une quinzaine de kilomètres au nord de la ville. L’inauguration du futur aéroport, initialement prévue en 2017, n’est désormais pas envisagée avant 2019 par les partisans du transfert.

Le courrier du Premier ministre intervient en pleine controverse autour du barrage de Sivens dans le Tarn auquel la ministre de l’Ecologie Ségolène Royal a dit vouloir trouver des « solutions alternatives » , à l’issue d’une réunion mardi avec les acteurs concernés.

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 06 nov. 2014 14:58

De Notre-Dame-des-Landes à Sivens, les luttes écologistes convergent Raphaël Proust 02/11

Des mouvements hétéroclites et locaux prennent une dimension politique nationale grâce au succès du combat contre l’aéroport de Nantes

François Hollande et Manuel Valls ont appelé mardi à l’apaisement au moment où le ministère de l’Intérieur et les écologistes se livrent à une violente passe d'armes après la mort dans des circonstances encore à déterminer d'un jeune homme sur le chantier du barrage de Sivens, dans le Tarn.

La ferme des Mille vaches dans la Somme, le barrage de Sivens dans le Tarn, la ligne de TGV Lyon-Turin... la France est parsemée de ces conflits qui émergent çà et là, au gré de l’actualité. Ces mouvements de contestation de projets industriels ou de grandes infrastructures rappellent les combats populaires menés avec succès dans les années 70 contre l’agrandissement du camp militaire du Larzac ou la construction des centrales nucléaires de Plogoff et du Carnet, qui posèrent les jalons du mouvement écologiste. La mobilisation en 2012 et 2013 contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes a été un détonateur à bien des égards. Notamment parce qu’au delà d’une problématique très locale, les opposants ont réussi à donner une dimension politique à leur mouvement. Les militants écologistes d’aujourd’hui entendent réussir là où le mouvement altermondialiste a échoué il y a quelques années. «On assiste à une repolitisation de ces contestations qui veulent passer par le local pour changer les choses au niveau global. Cela passe par une mise en réseau de toutes ces luttes qui se découvrent des problématiques à la fois particulières et partagées», explique Hervé Kempf, rédacteur en chef du site Reporterre et auteur de Notre-Dame-Des-Landes (Ed. du Seuil).

Ces mouvements n'entendent pas simplement empêcher des projets accusés de vouloir détruire l'environnement, ils s'inscrivent dans une logique d'alternative. Que ce soit par le biais de contre-expertises et d'argumentaires ou par la mise en œuvre de modes de vie «plus sobres, plus écologiques et, surtout pour les plus jeunes, plus démocratiques avec des modalités de prise de décision sans hiérarchie», poursuit Hervé Kempf. Un idéal de démocratie directe qu'on a pu observer par le passé dans les mouvements alternatifs des «Indignés» en Espagne ou d'«Occupy Wall Street» aux Etats-Unis... et dans la «zone à défendre» (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes. La ZAD est le détournement de l'acronyme pour «zone d'aménagement différé», le secteur où devrait se construire l'aéroport du Grand Ouest et là où campent encore aujourd'hui en permanence une centaine de personnes, les «zadistes».

Si la tentation est forte d'opposer ces derniers aux militants plus traditionnels issus des partis politiques de gauche ou des syndicats, la séparation entre les deux ne serait pas si claire que ça car les «trajectoires sont souples et les luttes évoluent et une culture commune émerge dans le conflit», souligne Hervé Kempf. Les points de vue sur le recours à la violence ou à la désobéissance civile peuvent fluctuer, même si le journaliste reconnaît que «les bandes qui viennent pour casser ne sont pas au cœur de ces mobilisations». Ces convergences de vues ne débouchent pas pour autant sur une organisation ou un réseau et ce sont souvent les structures traditionnelles qui font le lien. Les partis mais aussi les syndicats comme la Confédération paysanne, étant donné que la question des terres agricoles est au cœur des projets contestés.

Le changement du rapport au sol et à la terre est d'ailleurs un autre aspect de ces luttes écologistes du XXIe siècle, en France comme dans le reste de l'Europe. «L'artificialisation des sols est de plus en plus ressentie par une partie des agriculteurs et par les néo-ruraux», explique Géraud Guibert, président de la fondation «La Fabrique Ecologique». La crise explique en partie l'ampleur de ces mouvements qui concentrent pour la plupart leurs critiques sur les investissements disproportionnés dans des ouvrages destinés au bien collectif. «Dans un contexte où l'argent public se fait rare, on se pose la question de savoir quel est le service, pour quel coût et au bénéfice de qui. Quand l'avantage est considéré comme suffisant et que le projet semble ne pas servir l'intérêt général, ce sont les inconvénients qui l'emportent», précise Géraud Guibert. Et pour les militants les plus versés dans l'idéologie, ces projets deviennent des symboles à combattre, partout en Europe.

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 07 nov. 2014 16:00

Une marche solidaire samedi dans le bocage 06/12

Les opposants au projet d'aéroport marcheront sur les lieux où se déroulèrent les affrontements, il y a deux ans

Zadistes, paysans, élus, militants politiques et associatifs.. Les opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes ont présenté un front uni, jeudi, lors d'une conférence de presse. Celle-ci se déroulait à la Vache-Rit, quartier général de la résistance au transfert de l'aéroport de Nantes.

Les opposants ont appelé à une marche solidaire, samedi, "contre les violences policières et judiciaires".

L'initiative a été lancée par le COPAIN (collectif des organisations professionnelles agricoles indignées par le projet d'aéroport). Elle est relayée par les les paysans locaux de l'Adéca, les élus du CéDpa, l'association citoyenne Acipa, Attac, EELV, Ensemble, le parti de gauche...

La marche aura lieu dans le bocage de Notre-Dame-des-Landes, sur les lieux des violents affrontements de novembre 2012 où, selon les opposants, "nous aurions pu vivre le même drame qu'au Testet".

Les gendarmes mobiles tentaient alors de déloger les occupants de la zone.

Les organisateurs ont été interrogés sur la lettre de Manuel Valls à l'association pro-aéroport Des Ailes pour l'Ouest. Le Premier ministre y exprimait "la détermination de l'État" à voir réalisé le projet d'aéroport. Réponse d'un opposant: "De tels propos renforcent la mobilisation".

Le parcours. Rendez-vous à 12 heures, samedi, au Sabot (sur la route La Pâquelais-Fay-de-Bretagne). La marche (2 km) ira jusqu'à la châtaigneraie où furent construites les cabanes des occupants de la ZAD," la zone à défendre".

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Re: lutte à Notre Dame des Landes

Message par Nico37 » 08 nov. 2014 17:21

Chronique d’un aéroport en jachère DENIS FAINSILBER 04/11

40 fois plus vaste et 80 fois plus cher que le projet de barrage dans le Tarn, l’aéroport projeté au nord de Nantes est un casse-tête d’un autre calibre pour le gouvernement. Les opposants veulent croire à son abandon.

Les tritons marbrés vont pouvoir batifoler pour un bon moment encore en bord de mares avec les campagnols amphibies: les Boeing des compagnies low cost ne sont pas près de poser leurs roues à Notre-Dame des Landes. Un îlot de nature humide de 1.700 hectares très peu habité, protégé de facto du mitage périurbain de la banlieue nantaise, depuis ce jour de 1974 où il fut classé zone d’aménagement différé (ZAD) par arrêté préfectoral pour en faire à terme... un aéroport.

Les travaux d’aménagement des deux pistes parallèles et du futur terminal, qui devaient commencer au printemps 2014 pour une mise en service calée en 2017, afin de remplacer l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique guetté par la saturation, ont pris deux bonnes années de retard. Au mieux. Car ici, dans le bourg le plus connu de France (bien malgré lui), où l’une des associations d’opposants vient de passer le cap des quarante ans, certains interprètent le mutisme du gouvernement comme un renoncement implicite.
« Pour moi, cet aéroport ne se fera pas, mais on n’a pas complètement gagné. Ce que l’on craint surtout pour le moment, c’est l’enlisement complet », estime Dominique Fresneau, co-président de l’Acipa, une autre association d’opposants. « François Hollande ne fera jamais Notre-Dame des Landes », renchérit le sénateur Vert Ronan Dantec, qui se demande si l’Elysée aura le courage de l’annoncer clairement.
Interprétation erronée, relève à Nantes le sous-préfet de Loire-Atlantique, Mikaël Doré, chargé de ce dossier miné : « la légitimité de ce futur outil est démontrée et affirmée ; le tissu économique attend cet aéroport, et l’immense majorité des élus y sont favorables. Le gouvernement a marqué sa volonté de le réaliser, mais veut aller au bout des contentieux, pour être tout à fait clair ».

Un projet très ancien

Identifié sur les cartes dès 1967 par le service technique des bases aériennes, ressorti des cartons à l’automne 2000 par le gouvernement Jospin, « l’aéroport du Grand Ouest » fut confirmé par une demi-douzaine de premiers ministres, a résisté aux écueils de l’alternance et même au Grenelle de l’environnement. La mode étant de moins en moins aux financements publics, il a été décidé de laisser au privé 70 % de l’ardoise , dans le cadre d’une délégation de service public sur une durée de 55 ans. Sur un coût total de 602 millions d’euros pour la réalisation de la première tranche de la plate-forme (hors accès routier), l’Etat n’en mettrait que 130 millions et les collectivités, 115 de plus, le solde étant à la charge de Vinci, qui a décroché la concession fin 2010, sous le gouvernement Fillon.
S’ensuit alors la phase de confrontation dure (automne 2012/2013), véritables batailles rangées qui ont opposé dans les bois des garnisons de CRS à des cohortes d’opposants radicaux très politisés, bien déterminés à « réoccuper » le site. Période émaillée de destructions de fermes à coup de bulldozers et de grèves de la faim, jusqu’au saccage du centre-ville de Nantes. Puis le vent a tourné depuis ce jour de février 2014 où Jean-Marc Ayrault, alors premier ministre et chaud partisan de l’aéroport, brandissait la nouvelle doctrine: la suspension des travaux sur le site jusqu’à l’épuisement complet des recours juridiques. Et la « mise sous cloche » des quelques fermes qui devaient encore être rasées.
Une manière de calmer le jeu à la veille des municipales, et de préserver les fragiles alliances locales avec les Verts. Mais un geste qui a également surpris, dans la mesure où les différents recours en question n’étaient pas suspensifs. « C’est la première histoire d’une lutte foncière, en France, où une action devient suspensive dans les faits pour des raisons politiques, alors qu’elle ne l’est pas en termes juridiques », s’étonne Julien Durand, un autre membre historique de l’Acipa. « Il n’était pas indispensable d’avoir cette position-là », avance quant à lui Jacques Auxiette, président de la région Pays de Loire et président du syndicat mixte aéroportuaire, qui cache mal son sentiment « d’exaspération et d’impatience » face à ces atermoiements.

Encore 30 recours à purger

Et maintenant ? Manuel Valls devenu premier ministre, la doctrine Ayrault continue officiellement à prévaloir, et Matignon se retranche derrière le tribunal administratif de Nantes. « On a gagné jusqu’à présent 52 recours contre les opposants, détaille le sous-préfet de Loire-Atlantique. Mais il y en a encore une trentaine en cours, dont 24 liés aux arrêtés sur l’eau et les espèces protégées, un recours sur la déclaration d’utilité publique du programme routier, et un autre en cassation sur les ordonnances d’expropriation ». Chronologiquement, le dernier point pourrait être jugé à la mi-2015, « dès lors que le conseil d’Etat aura rendu son jugement en appel concernant les arrêtés de cessibilité », ajoute Fabrice Roussel, vice-président de Nantes Métropole (24 communes, 600.000 habitants).
Autrement dit, un premier coup de pioche à ce moment-là seulement dans le meilleur des cas, alors que Vinci imaginait se mettre au travail beaucoup plus tôt... Même Ségolène Royal, ministre de l’environnement et des transports, pour une fois solidaire du gouvernement, se range prudemment derrière le leitmotiv officiel : « J’attends l’issue des différents recours pour voir ce qu’il convient de faire ». Mais ici en Loire-Atlantique, beaucoup se souviennent de ses positions antérieures cinglantes contre ce « projet daté, imaginé avant l’arrivée du TGV sur Nantes-Paris, et qui sera très difficile à faire ».
Du coup, partisans comme opposants se sont mis, bien malgré eux, en mode « provisoire qui dure ». Exemple : après avoir versé 33 millions d’euros au concessionnaire au titre d’avance remboursable, les collectivités locales, prenant acte de l’enlisement, n’ont plus mis un sou au pot depuis décembre 2013. Et l’instruction du permis de construire vient d’être suspendue, pour pouvoir ajuster les plans du terminal avec le nouveau calendrier.

Laisser la décision à la droite ?

Sur le terrain cependant, le climat est de plus en plus lourd. « Les gens en ont ras-le-bol de tout cet enfumage. Le gouvernement n’a pas envie d’y aller, mais laisse pourrir la situation tout en continuant à faire avancer les dossiers. On se demande s’ils ne vont pas délibérément laisser tout ça à la droite » , se désole Françoise Verchère, conseiller général et membre du CéDpa (Collectif d’élus doutant de la pertinence de l’aéroport).
La guerre des nerfs tient aussi aux forces en présence. Car à côté des associations classiques, citoyennes ou d’exploitants agricoles, qui mènent un combat somme toute classique sur le terrain juridique, la cohabitation est plus difficile avec l’autre forme d’opposition, les « zadistes ». Qui sont ces ultras qui, après avoir envoyé quelques camionnettes de légumes maison à leurs « camarades de lutte » du barrage de Sivens (Tarn), ont affrété un autocar le 24 octobre pour venir faire le coup de poing avec eux contre les CRS, le temps d’un funeste week-end?
Environ 150 jeunes (un peu moins l’hiver) qui occupent l’emprise du futur aéroport, dans des cabanes ou des fermes squattées. Leur mot d’ordre est large: « la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame des Landes, contre Vinci et contre le monde capitaliste ». Et leurs méthodes, pas franchement pacifiques: des automobilistes sommés de verser leur obole à des « checkpoints », un relais téléphonique de SFR récemment vandalisé à la machette, au grand dam des habitants, des barrages de pneus brûlés, les zadistes ne sont pas nés à l’ère du « peace and love ». Ils dénoncent «l’agriculture productiviste qui marche aux intrants chimiques», refusent de parler à la presse «issue d’un monde conspirationniste et réactionnaire», et tentent d’inventer un nouveau monde, sorte de petite République autoproclamée, sans argent et sans leader.

Trois kilomètres de chicanes

Le coeur de leur territoire, la D281, n’a pas fière allure: trois kilomètres de chicanes faites de palettes, gravats et voitures brûlées, des trous creusés dans le bitume, la voie étroite qui serait en théorie recouverte par les deux pistes d’atterrissage et la future duty free sent la guerre civile. Et les spécialistes venus faire les prélèvements archéologiques sous escorte policière n’ont pas fait de vieux os dans les bocages de l’Ouest.
«Toute une mouvance est arrivée à Notre-Dame des Landes en août 2009, avec le Camp action Climat que nous avions organisé sur le site», reconnaît Dominique Fresneau, de l’Acipa. «C’est pas facile à gérer tous les jours sur place, on a des divergences dans la pratique. Ces gens-là n’ont rien à perdre, et ne croient pas au juridique». Après avoir négocié avec eux la levée de plusieurs barrages dispersés sur l’ensemble de la ZAD, les débats avec « les associations bureaucratiques de lutte » portaient, juste avant les évènements du Tarn, sur le nettoyage de la « route des chicanes ». Mais les « zadistes » se cramponnent à leur symbole, et l’ambiance s’est retendue depuis la mort de Rémi Fraisse.
Pour autant, les ponts ne sont pas rompus, et les opposants «légalistes» laissent même filtrer une certaine affection à leur égard. Car peu à peu, les « black blocks des bois » ont fait de la place à d’autres jeunes, souvent des fils d’agriculteurs de la région, plus axés sur l’introduction de nouvelles cultures et des « circuits courts », à la façon des Amap (Association pour le maintien de l’agriculture paysanne). « Il faut laisser une part d’utopie à des jeunes qui s’investissent autant. Ils ont engendré une micro-société, ils créent beaucoup de choses, échangent beaucoup d’idées », raconte Dominique Fresneau qui fait le point avec eux une fois par mois.
Même sympathie chez Marcel Thébault, un « résistant historique », éleveur de vaches laitières en cours d’expropriation, aucunement dérangé par ses nouveaux voisins: ici dans son hameau du Liminbout, une maison squattée après avoir été vendue en 2012, là une autre rasée et remplacée par des caravanes, un peu plus loin un « collectif » regroupé autour d’un projet de culture bio. Les défenseurs de l’aéroport prétendent qu’ici, la terre argileuse, avec ses 98% d’humidité, est incultivable ? Eux veulent démontrer le contraire. Blé panifiable, pommes de terre, maïs, haricots secs, maraîchage mis à disposition des zadistes à prix libre... « Ils cultivent sans se faire bouffer par le boulot. Ils gardent du temps pour des spectacles,des discussions, des films. Leur projet est de remettre de la vie dans des lieux qui avaient été détruits », plaide Marcel Thébault. Bref, des méthodes d’action différentes, mais un but commun.

Problèmes de bruit à Nantes

Mais à Nantes, les défenseurs du projet Notre-Dame des Landes n’ont que faire de la réintroduction de la traction attelée dans le bocage. Avec 4,1 millions de passagers cette année (soit un million de plus en quatre ans) et sa piste unique orientée depuis l’origine vers le centre-ville, l’actuel aéroport de Nantes-Atlantique, au sud-ouest de la métropole, touche ses limites avec trois ans d’avance sur les projections du débat public, font valoir la Chambre de commerce comme la préfecture. Son transfert à 25 km plus au nord « permettra à 41.000 personnes de ne plus être sous le bruit des avions, alors qu’à Notre-Dame des Landes, le plan d’exposition au bruit porte sur 3.200 personnes au maximum avec un trafic bien supérieur », plaide Mikaël Doré.
Changer plutôt l’orientation actuelle de la piste, pour épargner les Nantais des nombreux survols actuels ? Difficile, car une commune concernée est protégée par la loi Littoral. Et une telle opération de réorientation de l’emprise supposerait de nombreuses expropriations de bureaux et de logements, alors que le transfert vise au contraire à loger jusqu’à 16.000 personnes de plus dans ces quartiers.
Et si, de guerre lasse, l’Etat venait à renoncer au nouveau site, comme il l’a fait sans sourciller sur l’écotaxe? Sur le papier, tout est prévu : la déclaration d’utilité publique (DUP) deviendrait caduque, la trentaine d’exploitants agricoles ayant accepté à l’amiable de vendre à l’Etat seraient prioritaires pour récupérer leurs fermes, tandis que leur exploitation serait orchestrée par une CDOA (Commission départementale d’orientation agricole). Quant à Vinci, ses conditions d’indemnisation en cas de résiliation de la concession sont dûment couchées, avec moult formules mathématiques, dans un décret signé par cinq membres du gouvernement Fillon fin 2010. Mais le discours officiel balaye toujours ces scénarios : pour l’heure, «  il n’y a pas de plan B  » , assure la préfecture de Loire-Atlantique, tandis que Matignon ne daigne aborder le sujet. Jusqu’à quand ?

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