sur les stals et la resistance

Le punk n'est pas qu'une musique ! Ici on discute de l'actualité, des manifs et des résistances en lien direct avec notre culture. "Make punk a threat again", ça vous dit encore quelque chose ?!
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Acrate33
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sur les stals et la resistance

Message par Acrate33 » 14 sept. 2007 14:55

Un texte interressant et bien écrit, a débattre avec ceux qui sont pret à tout accepter sous pretexte d'antifascisme.

trouvé la : http://forum.resistances-caen.org/viewtopic.php?t=1232" onclick="window.open(this.href);return false;

Lettre ouverte aux rédacteurs du « Bulldozer est passé près de chez vous »

Bonjour,

Depuis plusieurs semaines, je reçois à intervalles réguliers par mail le « Bulldozer », le papier rédigé par des occupants de La Picharlerie, dans les Cévennes, à l’occasion de la destruction du lieu par les forces de l’ordre. J’ai déjà émis, de façon verbale, des critiques à son égard et expliqué pourquoi je ne le diffuse pas. Si ceux qui occupaient La Picharlerie m’étaient étrangers, je n’irais sans doute pas plus loin. Mais ce n’est pas le cas. J’y compte des amis, parfois très proches, et la moindre des choses, dans de pareils cas, c’est de porter à leur connaissance par la plume ce que je leur reproche.

Je n’ai pas participé à l’occupation de La Picharlerie. Je n’y ai même jamais mis les pieds, Par suite, je laisse bien volontiers aux premiers intéressés le soin de faire le bilan critique de toutes ces années d’activités individuelles et collectives, que je n’ai pas l’intention de dénigrer. Par contre, j’ai pas mal circulé dans les Cévennes, dès les lendemains de Mai 68. J’y fus confronté à suffisamment d’histoires glauques pour être en désaccord total avec l’interprétation de la Résistance locale que charrie le « Bulldozer ». A l’époque, j’étais maoïste et l’organisation à laquelle je participais, contrainte à la clandestinité, était à la recherche de complices dans les régions et les milieux issus de la Résistance, pour monter des planques, des imprimeries, voire des centres destinés à effectuer des exercices assez peu spirituels. Ce qui, dans quelques cas rares, a fonctionné. Car nous allions en priorité à la rencontre de ceux qui avaient, aux lendemains de la Libération, refusé de rendre les armes et qui reprochaient au PCF de ne pas avoir saisi le pouvoir d’Etat par la force à la mode bolchevik. L’une des directives de l’organisation était d’ailleurs de nous manifester, à l’occasion, sur les lieux de pèlerinage des associations d’anciens de la Résistance, pour bien montrer notre filiation avec elle, du moins avec les fractions qui nous paraissaient les plus susceptibles de partager nos conceptions. Guingouin, fondateur du premier maquis du PCF dans le Limousin à l’époque du pacte Staline-Hitler, contre les ordres de Thorez et chassé du Parti dans les années 50, était notre modèle. Evidemment, lorsque nous le rencontrâmes dans l’Aube, à la même époque, il nous déçut beaucoup par son chauvinisme, par son attachement religieux au Parti qui l’avait pourtant traîné dans la boue et par son refus de discuter des questions importantes, le rôle du PCF dans la reconstitution de l’Etat à la Libération, par exemple. Il est vrai qu’il avait mis lui-même la main à la pâte dans le Limousin, à la veille de la drôle de guerre, comme responsable de l’Organisation Spéciale locale, chargée de traquer l’opposition trotskyste…

Bref, c’était l’époque où Dominique Grange, égérie de la Gauche prolétarienne, chantait : « Nous sommes les nouveaux partisans, partisans de la guerre de classe… » Nous participions à la belle et touchante tentative de réconciliation entre les jeunes maos-staliniens et les vieux staliniens-staliniens qui, en réalité, n’avaient en commun que de reprocher à la direction du PC thorézienne l’acceptation du « révisionnisme kroutchévien », selon les propres termes de Guingouin. De sa retraite de l’Aube, il avait dû lire Mao pour parler comme ça. Le dernier carré des puritains de la Résistance ne comprenait pas que Thorez n’avait jamais réalisé que du « révisionnisme stalinien ». Nous non plus d’ailleurs. En pur « homme de confiance » que Staline plaçait aux postes clés du Komintern, Thorez tentait de concilier la raison d’Etat de Moscou avec celle de Paris, quitte à faire passer la première avant la seconde, au grand dam de ses détracteurs nationalistes dans le PCF, par exemple Guingouin, lors du pacte germano-soviétique.

Au fil des discussions dans les Cévennes, ça devenait d’ailleurs intenable de concilier la défense de Staline et la critique des « trahisons » de Thorez, le « premier stalinien de France », en particulier celles envers les peuples colonisés par la France. Car notre filiation à nous, maoïstes, ce n’était pas que la « résistance nationale » en France, mais aussi les « luttes de libération nationale », y compris celles dirigées contre l’Empire français. Nous allions parfois y participer, sans comprendre que nous favorisions la formation de nouveaux Etats. Mais nous prenions au pied de la lettre la formule de Lénine : « Des peuples qui en oppriment d’autres ne sauraient être libres. » D’où nos critiques acerbes contre le chauvinisme du PCF, particulièrement odieux lorsque le « premier parti de France » accéda au sommet de l’Etat pour participer à la reconquête de l’Empire. Thorez était vice-président du Conseil avec Tillon, fondateur des FTP, comme ministre de l’Air, lors des massacres de Sétif en 1945 ; il occupait encore le même poste avec Billoux, l’un des principaux créateurs de l’OS, comme ministre de la Défense, au cours des génocides à Tananarive et aux quatre coins de l’île en 1947. Bien entendu, le rappel de pareilles histoires de famille ne pouvait que nous fermer les portes, y compris celles des déçus du PCF dans les Cévennes. Car nous avions oublié qu’ils étaient aussi des vétérans des guerres coloniales auxquels ils avaient participé, parfois comme volontaires, sous la houlette de leurs chefs de maquis devenus, à la Libération, officiers dans l’armée, voire ministres d’Etat comme Tillon. De plus, au gré des rencontres avec les retraités staliniens des FTP, nous en apprenions de belles sur l’histoire réelle de la Résistance dans les Cévennes et dans les zones avoisinantes. Bon nombre d’entre eux justifiaient toujours la liquidation des oppositionnels au nom de l’union nationale, à l’extérieur comme à l’intérieur des FTP, des trotskistes aux anarchistes, ceux-ci étant en règle générale des réfugiés de la guerre d’Espagne. L’une de ces immondes opérations eût d’ailleurs lieu à 50 kilomètres à peine au sud de Sainte-Croix, si mes souvenirs sont bons, contre des Espagnols libertaires et quelques Allemand proches du communisme des conseils. Nous étions maoïstes, très jeunes et très cons, mais déjà assez révoltés pour que de telles attitudes sordides nous révulsent. Au fil des mois, l’épopée héroïque des prétendues guérillas ressemblait décidément à ce que nous connaissions trop bien : le militarisme d’Etat. Dégoûtés, nous décidâmes d’arrêter là l’aventure. D’ailleurs, la chefferie locale du PCF, ayant appris que des maoïstes braconnaient sur ses terres, commençait à nous rendre la vie impossible, verrouillant le terrain via les associations d’anciens combattants à sa botte et n’hésitant à nous balancer à la gendarmerie dans la pure tradition de la Résistance.

Il existe évidemment de grandes différences entre la période dont je vous parle, celle de l’après-Mai 68, et l’actuelle. Le PCF, resté très stalinien, en « théorie » comme en « pratique », était omniprésent. Sans lui, le retour au calme après Mai 68 n’aurait pas été possible. Il assurait son rôle de pompier social ainsi que la défense de son monopole sur des secteurs entiers de la vie sociale et politique via la chasse au moindre oppositionnel, y compris par la violence. Désormais, le « premier parti de France » est devenu le « dernier » et, pour survivre, il a décidé de réviser sa propre histoire et de changer de tactique. La seule roue de secours idéologique dont il dispose, c’est la mythologie sur la Résistance, et encore, à condition d’en regratter le parchemin en fonction des impératifs de la nouvelle époque. Place du Colonel Fabien, les archives sensibles sont en libre accès, mais après le passage du broyeur. Voilà pourquoi, d’affaire nationale, menée par des Français contre les Boches, la Résistance a été récemment élevée, par les chefs du PCF, au rang de lutte citoyenne de portée mondiale à laquelle tous les opprimés peuvent s’identifier. La République française a valeur de république universelle, c’est bien connu. Les FTP, « fidèles à l’esprit universaliste de la révolution française », acceptaient en leur sein les nationalités européennes les plus diverses, à la seule condition qu’elles soient antifascistes. Voilà ce qu’affirme désormais « L’Humanité ». Laquelle négocie le virage de l’intégration européenne contre les derniers ultranationalistes du PCF. « L’Humanité », évidemment, « oublie » de signaler que la création officielle des FTP coïncida avec la rupture du pacte germano-soviétique par Hitler et l’appel de Staline « aux peuples du monde entier à lutter contre le fascisme ». L’intérêt d’Etat de l’URSS et celui de la « libération de la France » étaient désormais en phase. Par suite, les anciens cadres des Brigades internationales présents dans l’Hexagone, y compris les Allemands de la Brigade Thaelmann, furent reconvertis en chefs de maquis sous la houlette de Tillon, avec la bénédiction du Kremlin. A l’image des Brigades, il organisa les FTP de façon militaire, plaçant des « hommes de confiance » du Komintern aux postes clés, chargés de discipliner les troupes aux origines nationales les plus diverses et de briser la moindre tentative de résistance à la militarisation. La portée de la Résistance en France dépassa effectivement les limites de l’Hexagone, mais le jargon républicain est destiné, ici comme au cours de la révolution en Espagne, à en camoufler les enjeux réels : les intérêts d’Etat. Dans cette optique, le PCF réhabilite à tour de bras les exclus de l’histoire officielle des FTP, à commencer par Guingouin, et, pourquoi pas demain, les anarchistes qu’il massacra au maquis. Parallèlement, il est à l’affût des moindres forces qu’il pourrait capter sur le terrain de l’antifascisme, via les associations qu’il contrôle encore en partie, en particulier celles d’anciens combattants de la Résistance. Lesquelles ne manquent pas évidemment de protester contre la destruction de leurs autels sacrés dans les Cévennes. Mais en oubliant par la même occasion de parler des fosses communes anonymes que certains de leurs membres ont rempli des cadavres des révolutionnaires, assassinés par leurs soins.

Je ne compte pas ici résumer la tranche d’histoire complexe, cachée derrière le joli terme de Résistance, et encore moins la réduite à celle des FTP. Mais simplement signaler les dangers de la pente savonneuse sur laquelle vous vous engagez et qui risque de vous conduire vers quelque marécage particulièrement nauséabond. Le « Bulldozer » joue aussi le rôle d’appel à la solidarité. Mais je ne peux être solidaire qu’avec ce qui est autonome. L’existence d’activités individuelles et collectives à la Picharlerie est bien sûr la preuve que ce désir d’autonomie n’est pas du pipeau. Mais la reprise, qui plus est en tête du papier, des mythes de la Résistance l’annule. L’organisation de la Résistance fut le prélude à la reconstitution de l’Etat nation hexagonal. Rien de moins autonome, vu sous cet angle, que les FTP, y compris dans les Cévennes, à moins d’avaler l’histoire officielle du maquis, telle qu’elle est racontée par les associations d’anciens combattants. La Résistance, pour moi comme pour les compagnons de la génération précédente qui eurent affaire à elle, c’est essentiellement l’histoire de la liquidation, parfois par les armes, de la moindre tentative d’autonomie, y compris dans les maquis créés en dehors d’elle. Comme le disait l’un de mes proches, libertaire aujourd’hui décédé : « Les lieux de culte de la Résistance me débectent car ils cachent nos charniers. » N’oublions jamais que le Parti des fusillés fut celui des fusilleurs. Alors, amis de la Picharlerie, ne venez pas nous bassiner avec la Résistance, terme qui renferme le même mensonge que celui de Démocratie. Là, je le dis clairement, il n’y a aucune solidarité possible. En mettant en avant de pareils thèmes racoleurs, c’est à la récupération par tous les apologistes des mythes fondateurs de l’Etat issus de la Résistance que vous allez être confronté, pour les raisons indiquées au paragraphe précédent. Vous désirez sans doute élargir la mobilisation et briser le relatif isolement envers le milieu local qui limite, en l’absence de mouvement de révolte plus général, les perspectives et les activités de tels lieux occupés, surtout en zone rurale. Vieux problème. Mais il est impossible de dépasser des limites qui ne dépendent pas que de vous, loin de là, en faisant des compromis sur les principes. Vous y gagnerez de la reconnaissance officielle, via « Libération », par exemple, qui invite ses lecteurs en mal d’exotisme à faire du tourisme dans les Cévennes, « terre d’asile, terre de camisards et de maquisards ». De la reconnaissance, oui… Mais, à quel prix, je vous le laisse deviner.

André Dréan
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Paris, le 18 août 2007

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Message par damien » 14 sept. 2007 15:52

Tres interessant , je savait que tout n'avait pas été rose , loin de la méme , mais a ce point la ....

Tu saurais si il y a d'autre textes/bouquins traitant du sujet ?
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Message par Acrate33 » 14 sept. 2007 16:28

je connais que celui-la, si des gens en connaissent d'autres....

http://increvablesanarchistes.org/artic ... ernoir.htm" onclick="window.open(this.href);return false;

1944, les dossiers noirs d'une certaine résistance


" LA FRANCE venait juste de se libérer, quand, à la faveur des troubles de l'époque, les staliniens, guidés par leur volonté d'hégémonie, s'attaquèrent à des antifascistes qui ne pensaient, ni agissaient comme eux..", c'est ainsi que débutait, voilà dix ans, la présentation d'un ouvrage (1) édité par le Cercle d'études sociales (CES) de Perpignan, sous le titre : Les dossiers noirs d'une certaine résistance.

Trajectoire du fascisme rouge.
La libération du pays ne s'est pas limitée aux seuls événements auxquels cet ouvrage faisait allusion. Ceci est une première évidence. Une seconde évidence, toute aussi remarquable, c'est qu'en ces temps de "commémorationnite" aiguë, nous allons devoir subir un cinquantenaire consensuel, des discours bien lissés, calibrés à souhait... en fait, l'image d'une résistance unanime malgré des divergences idéologiques, bien " normales" en somme.
Le récent cinquantenaire du débarquement des forces alliées, le 6 juin 1944, n'a-t-il pas été révélateur à cet égard ?
La bannière étoilée, à l'époque, prenait pied sur le continent européen, afin de contribuer à l'écrasement du nazisme. C'était utile d'écraser la bête immonde. Mais n'oublions pas pour autant que, dans les bagages de " nos " GI's, le capitalisme américain avait pris place... Cette même bannière étoilée, par la suite, débarqua à maintes occasions en Asie du sud-est, sur le continent américain... avec d'autres motivations. Le capitalisme, lui, était chaque fois au rendez-vous.

Dans les commémorations officielles, ce qui est gênant, c'est qu'elles produisent du consensus, qu'elles font disparaître toute dimension critique et, en définitive, elles ont tendance à nous conter une histoire édulcorée. Le discours officiel sur la Libération est un discours qui a révélé, dès l'origine, une propension à l'hégémonisme de la part des organisations qui ont participé à la Résistance et à la lutte pour la "libération de la France". Les brevets de résistancialisme que certains se sont décernés, les déclarations tonitruantes sur les " premiers à avoir lancé la Résistance", sur le "parti des fusillés", tout cela cachait mal la volonté des camps en présence de mettre la main sur le pouvoir, d'agencer l'État à leur convenance, mais avant tout et par-dessus tout de restaurer l'État, alors qu'une partie non négligeable des résistants, après avoir mené une guerre contre le nazisme et le fascisme, une lutte sociale de libération, désirait poursuivre cette lutte jusqu'à son terme révolutionnaire.

L'enjeu des pouvoirs à la Libération (2) et les luttes qui furent menées alors, afin d'attribuer un avantage idéologique et politique à l'un ou l'autre camp, ces luttes, donc, se traduisirent par la liquidation de résistants, révolutionnaires authentiques qui ne se pliaient manifestement pas au diktat de Staline et de ses agents; en France, le PCF et ses diverses dépendances : Comités de Libération, FTP, Front national, CGT, Union des femmes françaises... Aujourd'hui, nous considérons que les événements et les faits que nous avions relaté dans Les dossiers noirs d'une certaine résistance. Trajectoire du fascisme rouge, ont été confirmés par dix années riches en bouleversements sociaux et en réévaluations historico-idéologiques. Le stalinisme, digne descendant du bolchevisme et du communisme autoritaire, a réussi, par le biais de ses pratiques, de sa réalité, à déconsidérer jusqu'à l'idée même de communisme.

De juin à novembre 1944, par Parti communiste espagnol (PCE) et Union Nacional Española interposés, cette politique meurtrière s'est employée à tenter d'éradiquer toute idée révolutionnaire autonome, des masses en général et des masses espagnoles exilées en particulier ! L'élimination physique de dizaines de militants antifascistes espagnols, témoins de la part prépondérante prise par le mouvement libertaire ibérique dans la résistance, voilà quelle fut la pratique stalinienne dans cette période. Présents dans les maquis du sud de la France, dans les groupes FFI, FTP, MUR ou dans des groupes autonomes (le bataillon Libertad dans le Cantal, le maquis Bidon 5 en Ariège, dans le Languedoc-Roussillon...), nos compagnons anarchistes, par centaines, poursuivirent sur le sol de France la lutte qu'ils avaient menée contre le fascisme espagnol.
Une lutte pour la libération sociale des individus, une lutte révolutionnaire.
Staline et ses affidés avaient décidé d'éliminer ces révolutionnaires anarchistes qui leur faisaient passablement de l'ombre; certains socialistes et quelques trotskistes (3) subirent un sort identique, pour les mêmes raisons.

Au plan international, L'équilibre des forces à la Libération permettait aux Occidentaux de relancer la machine économique et de développer le capitalisme, sans secousses, dans leur sphère d'influence. Staline, de son côté, pouvait asseoir son hégémonie sur les contrées d'Europe centrale et en Asie et, par le biais de cette pause stratégique, tenter de faire redémarrer l'économie soviétique. Cette pause, aussi courte que fut sa durée, ne pouvait s'envisager avec l'ouverture, simultanément, d'un front révolutionnaire en Espagne, dès la fin 1944.

Plutôt Franco que la révolution sociale et libertaire pouvait penser Staline...
Plutôt Franco que la révolution sociale pensaient les chefs d'État occidentaux, comme en écho.
Des anarchistes, par dizaines firent donc les frais de cette conjoncture, de cette stratégie contre-révolutionnaire. Les libertaires espagnols qui, par milliers, participèrent à la résistance au nazisme (4) et qui, pour certains d'entre eux, poussèrent dans les bataillons de la France libre, la lutte jusqu'en Allemagne (5) sont des épines révolutionnaires qui dans l'histoire présente et future accompagnent toutes les "roses officielles" des anniversaires convenus.
La lutte pour la Libération avait rassemblé, il y a cinquante ans, des milliers de révolutionnaires et parmi eux des anarchistes en grand nombre. Ils croyaient que la révolution sociale allait suivre...
Très vite ils durent déchanter, et virent les mêmes bourgeois occuper les places laissées vides, un temps, dans la finance et dans l'économie, et les mêmes partis politiques (de droite comme de gauche) restaurer l'État un moment chancelant.

Aujourd'hui, à cinquante ans d'intervalle, il est consternant de constater que le paysage politique a réintégré les vieux démons de l'époque : des nationaux-populistes et racistes ici, des post-fascistes là, et même des néo-nazis en grand nombre !
La bête immonde n'est pas morte. Seule la révolution sociale était susceptible d e la faire crever, il y a cinquante ans. C'est toujours vrai de nos jours. Ainsi le meilleur anniversaire que l'on puisse souhaiter, en ce cinquantenaire, c'est de reprendre la lutte là où celles et ceux qui nous ont précédés l'avaient laissée.
Contre toutes les dictatures, tous les Etats, tous les politiciens, tous les fauteurs de guerre et de misère... voilà notre lutte de Libération en 1994.

Edward Sarboni (gr. Puig-Anticb - Perpignan)

(1 ) Les dossiers noirs d'une certaine résistance. Trajectoire du fascisme rouge, CES, Perpignan, 1984. En vente à la librairie du Monde Libertaire
(2) Grégoire Madjarian, Conflits, pouvoirs et société à la Libération, UGE 10-18, Paris, 10-18.
(3) René Dazy, Fusillez ces chiens enragés, éditions Orban, Paris, 1981.
(4) Les dossiers noirs d'une certaine résistance Trajectoire du fascisme rouge, p.89à p.161.
(5) Enrique Marco Nadal fut fait prisonnier dans la poche de Colmar et envoyé au camp Langwasser à Nurenberg (Todos contra Franco. La Alianza Nacional de fuerzas democraticas 1944/1947, éditions Queimada, Madrid 1982).

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Message par luxpo » 14 sept. 2007 21:20

Sur l'assassinat d'un groupe trotskyste par les stals pendant la Résistance, y'a Meurtres au maquis de Pierre Broué et Raymond Vacheron.

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Message par Acrate33 » 16 sept. 2007 10:47

Les mensonges staliniens sont toujours d'actualité. A noter ce texte cosigné par l'AIT de Toulouse et les vignoles de l'ariège :-)

Communiqué de la CNT 09 et de la CNT-AIT Toulouse
Arrow http://www.cntaittoulouse.lautre.net/ar ... rticle=154" onclick="window.open(this.href);return false;

Monsieur le Rédacteur en Chef de la Dépêche du midi,

Suite a la lecture de votre édition du 19 août 2007, nous sommes au regret de constater que les propos tenus par Mr DELPLA dans l’article concernant la Libération de la ville de Foix, le 19 août 1944, semblent plus orientés par les sympathies politiques de l’auteur que par un documentation historique un tant soi peu sérieuse. Nous vous demandons donc de publier notre réponse que vous voudrez bien trouver ci-dessous :

Dans un article concernant la Libération de Foix, sous la signature d’un Monsieur Delpla, La Dépêche (19 août 2007) a publié un article dans lequel un Monsieur Delpla tente rien moins qu’une indécente et grossière récupération politicienne : une opération qui consiste à déguiser les combattants anarchistes (les plus nombreux dans les maquis espagnols d’Ariège) en communistes. Rappelons tout d’abord que, si les maquis espagnols étaient en effet les mieux organisés du département, il ne faut pas pour autant oublier que les rangs de la résistance espagnole étaient composés d’individus venus de toutes les organisations issues de l’exil antifranquiste (républicains, communistes, socialistes et anarchistes), un exil dans lequel les communistes étaient très minoritaires.

C’est dans ce contexte qu’il faut lire les allégations de Monsieur Delpla : « Le Capitaine Abel Rous alias « Richard », nommé par Toulouse chef départemental du Service d’Atterrissage et Parachutage (SAP), a pour mission de créer des terrains de parachutages bien protégés par des maquis solides et stables. Il constate que les seuls maquis solides et opérationnels capables de recevoir des parachutages et de garder des armes, sont ceux des Guérilleros espagnols. Toutefois, ces combattants étant communistes, les services de parachutages d’Alger n’enverront pas d’armes aux communistes. « Richard » qui a reçu la mission de préparer la libération de l’Ariège doit obtenir des armes pour chasser l’armée allemande. Il décide de truquer la réalité et fait enregistrer les guérilleros comme maquis libertaires de la « la FAI » Fédération Anarchiste Ibérique ..... ».

Pour avancer sa théorie abracadabrantesque, Monsieur Delpla est obligé de supposer une fiction (le refus "par Alger" de parachuter des armes aux communistes) bien éloignée de la vérité historique : d’une part à "Alger" le pouvoir était truffé de communiste, d’autre part et surtout ce n’est pas "Alger" qui décidait des parachutages mais l’État-major Allié. Une preuve, entre mille autres, la déclaration d’Astier de la Vigerie, le 08 janvier 1944 a la tribune de l’Assemblée d’Alger "L’armement des maquis dépend uniquement des Alliés". On ne saurait être plus clair.

Mais entrons dans le vif du sujet : la libération de Foix est survenue le 19 août 1944. Or, en 1944, on n’était pas, loin s’en faut, dans la guerre froide que présuppose la théorie de Monsieur Delpla ! Bien au contraire : à partir de 1941 et jusqu’en 1945, en application de la loi US dite de prêt-bail, les USA ont livré directement aux communistes - en l’occurrence à l’URSS stalinienne - des quantités industrielles d’armes : 15 000 avions de guerre, 10 000 chars d’assaut , 400 000 véhicules, 8 000 pièces d’artillerie, 1 300 000 mitrailleuses.

A cette aide militaire considérable s’ajoutent, dés 1943, les effets politiques de l’alliance entre Churchill, Roosevelt et Staline (Conférence de Téhéran). A partir de 1943, les partis communistes européens, qui sont inféodés à Staline et à son système totalitaire, comme l’étaient le parti communiste espagnol et le parti communiste français, sont devenus des alliés potentiels des forces anglo-américaines. Il est donc parfaitement grotesque de laisser croire qu’un communiste aurait eu le moindre intérêt à se travestir en anarchiste pour bénéficier de la sympathie de l’État major allié. D’autant que, poids lourds parmi ces alliés, le gouvernement des USA a toujours poursuivi les anarchistes d’une haine mortelle. Faut-il rappeler que, uniquement à cause de leurs idéaux anarchistes Sacco et Vanzetti ont été exécutés sur la chaise électrique ? Faut-il rappeler que quelques années avant les martyrs de Chicago (base de l’histoire du 1er Mai), militants anarchistes eux aussi, ont été pendus dans l’injustice la plus totale ? A qui fera-t-on croire que le gouvernement US était prêt a armer ceux qu’il électrocutait et pendait plutôt que ses propres alliés ?

Passons maintenant à l’autre présupposé de Monsieur Delpla et à cet "Alger" qui, d’après lui, discriminait tellement les communistes qu’il les obligeait à se faire passer pour des anarchistes. Monsieur Delpla semble ignorer qu’à Alger, siège provisoire de la France libre, depuis avril 1944, il y avait des représentants officiels du parti communistes au sommet des plus hautes instances ! Que ce soit au sein du Gouvernement Provisoire de la République Française, du Conseil National de la Résistance, de l’Assemblée Provisoire, les communistes y étaient, et en nombre ! Où est donc la discrimination ? Par quelle étrange aberration les communistes de France métropolitaine n’auraient reçu aucun appui du gouvernement d’Alger où ils siégeaient ; alors que la FAI, qui, elle, n’y avait aucune représentation, aucun appui, mais qui y comptait de nombreux ennemis (à commencer par les staliniens), en aurait reçu ?

Pendant des décades les épigones communistes se sont ingéniés à passer sous silence le pacte Hitler-Staline (et son application par tous les partis communistes européens). Voici qu’une fois de plus, il tentent de récupérer toute la résistance, en particulier la résistance anarchiste. Comme nous l’avons démontré ci-dessus, en 1944, les communistes espagnols de Foix bénéficiaient d’un soutien des Alliés et d’Alger à tous les niveaux. Ils n’avaient nul besoin de se faire passer pour des anarchistes. A l’inverse, dès avant cette époque, en application des consignes de Staline, les communistes ont eu pour politique de liquider physiquement ceux qui ont été leurs opposants, tels que les anarchistes.

Si Monsieur Delpla veut à toutes forces repeindre en rouge les maquis anarchistes, il y a une raison : c’est, qu’effectivement les anarchistes dans les maquis d’Ariège étaient très nombreux, très actifs et bien organisés. Même si cela fait mal à certains, telle est la vérité historique. A ceux qui ne peuvent la digérer, à ceux qui ne peuvent rendre hommage aux anarchistes tombés sous les balles nazis pour la Libération de Foix et de l’Ariège, demandons au moins d’avoir la décence de ne pas salir leur mémoire en les affublant, 60 ans après leur action, d’une étiquette qu’ils ont toujours rejetée.

Dernier point, qui démontre la méconnaissance, par certains, du sujet : la majorité des maquisards n’était pas "de la FAI" (qui a toujours été une organisation numériquement légère) mais de la CNT, qui, en tant qu’organisation anarchosyndicaliste, était et est toujours l’expression de l’anarchisme militant.

Toulouse - Foix, 11 septembre 2007

CNT09
11, place Georges Duthil 09000 FOIX

CNT-AIT Toulouse
7 rue saint Rémésy 31 000 Toulouse

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