auto-réduction & répression à Lyon

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culte de la charogne
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auto-réduction & répression à Lyon

Message par culte de la charogne » 03 déc. 2007 10:08

Le torrent idéologique de la calomnie s’est déjà beaucoup déversé dans
la presse et autres médias dominants. Il est donc nécessaire, alors que
11 personnes sont aujourd’hui mises en examen, de faire taire les
fausses rumeurs et les récits frauduleux. Les éléments réunis ici sont
basés sur les témoignages des personnes présentes sur le campus de Bron
le soir du 28 novembre 2007, ainsi que ceux des personnes arrêtées.


Les faits

- Vers 18h30 le 28 novembre 2007, une opération « supermarché gratuit »
est entreprise par une cinquantaine de personnes dans le cadre du
mouvement contre la LRU et le gouvernement Sarkozy. Cette action a
simplement été évoquée en AG mais n’a pas été votée. Elle est pourtant
bien pratiquée par des grévistes.

- Aux alentours de 19h, entendant des cris aux abords de la fac, la
quarantaine de personnes alors présente sur le piquet de grève sort.
Deux hommes, membres du personnel du Leader Price où a eu lieu l’action
d’autoréduction, font montre d’agressivité, de violences et profèrent
des menaces, apparemment dans le but de récupérer le contenu des 4
caddies dérobés au supermarché. Des grévistes tentent alors de tempérer
et de calmer l’attitude violente des deux membres du supermarché. Un
vigile se met torse nu. L’autre employé pousse avec force un caddie sur
une étudiante, laquelle est alors blessée à la cuisse, comme l’attestent
plusieurs témoignages et le certificat médical dressé par le médecin le
lendemain.

- Un très grand nombre de personnes ayant participé à cette action
d’autoréduction, ou juste inquiètes à l’idée d’une intervention
policière quittent la fac. Dans le même temps, et jusque 23h, de
nombreux-ses étudiant.es arrivent sur le campus, certain.es afin de
participer au repas festif qui avait été annoncé depuis le début de la
semaine ce mercredi soir sur le site occupé de Lyon II, et d’autres
informé.es de l’assaut imminent des forces de l’ordre afin de soutenir
l’occupation de la fac. Parmi les personnes qui ont tenté de rejoindre
l’occupation, une vingtaine d’étudiant.es ainsi que cinq professeurs ne
peuvent accéder à l’intérieur de la fac, bloqué.es par le dispositif
policier.

- À l’intérieur, la tension monte, les informations viennent de
l’extérieur, par les étudiant.es et les professeur.es. Elles indiquent à
la fois l’évolution et la mise en place du dispositif répressif, et les
intentions annoncées par les forces de l’ordre. Sont mobilisés un
hélicoptère, 10 cars de gardes mobiles, 12 de CRS, 5 voitures de la BAC
et 5 RG.

- Les CRS interviennent et font sortir les 80/90 personnes présentes,
qui forment une chaîne solidaire, afin de permettre le contrôle mais
également « l’identification » de certaines personnes comme ayant
participé à l’action d’autoréduction. La procédure est douteuse : les
arrestations sont totalement arbitraires.

- À la sortie de l’amphi D, les contrôles d’identité sont aléatoires :
une douzaine de personnes parviennent à passer à travers les mailles du
filet. Après avoir isolé 13 individu.es, le dispositif de CRS pousse les
étudiants jusqu’au parking devant la fac, côté tram Parilly, leur
laissant le soin de trouver un moyen de rentrer chez eux, il est environ
00h45/1h00.

De nombreux autres témoignages et faits pourraient être mentionnés et
ajoutés afin d’étayer ce récit qui met en évidence non seulement le faux
chef d’inculpation de violence mais également l’aspect arbitraire des
arrestations qui a conduit 13 personnes en garde à vue, détenues pendant
une quarantaine d’heures, puis accusées de chefs d’inculpations
mensongers.


Des arrestations arbitraires et des identifications ubuesques
Il s’agit ici de démontrer sur la base des faits pourquoi les méthodes
policières utilisées dans cette affaire sont arbitraires.

- Les personnes évacuées de l’amphi n’ont pas toutes été contrôlées. En
effet, la police a laissé passer une quinzaine de personnes sans
contrôler leur identité. La procédure de contrôle ne fut donc pas
systématique. Pourquoi telle personne n’a-t-elle pas été contrôlée ?

Dès le départ, un individu a été arrêté avant que son identité soit
contrôlée et sans avoir été désigné par les vigiles. Comme par hasard,
des témoins diront le reconnaître le lendemain…

- La désignation des interpellé.es s’est faite dans des conditions pour
le moins étranges. Un inspecteur confiera à l’un des interpellé.es :
« le premier avocat venu rigolerait en voyant la façon dont ça s’est
fait »…

* Les personnes évacuant l’amphi défilent entre deux
rangées de gardes mobiles. On leur demande de se
retourner, et de se découvrir. Il est 23h30, il fait
noir, seul un projecteur de la police éclaire la scène.
En face, à une dizaine de mètres, installés sur une
passerelle située à 5m de hauteur, les témoins (le
vigile, le magasinier et peut-être le gérant), entourés
de policiers, vont « reconnaître » certaines personnes.
* Un individu est désigné par les vigiles. Un professeur
présent entend le vigile dire « La fille là-bas ». Il
s’agissait d’un garçon…
* Il est difficile de savoir si toutes les personnes
arrêtées ont été désignées par les vigiles ou choisies
par la police.

À partir de cette rapide et fragile reconnaissance, 40 heures de galère
et de peur commencent pour 13 personnes.

- Au commissariat, les 13 arrêté.es sont présenté.es derrière une glace
sans tain devant les témoins.

* Les inspecteurs diront en audition aux interpellé.es
qu’il y avait trois témoins, alors qu’il semble y en
avoir 5 : le gérant du Leader Price, le vigile, le
magasinier, et deux caissières. Chose étonnante : les 13
interpellé.es ont tous été reconnu.es par au moins un
témoin ; les témoins avaient donc vu sacrément justement
juste dans cette nuit noire…
* Des témoins ont reconnu les mêmes personnes en train de
faire des choses soit totalement farfelues comme manger
des produits dans le magasin ( !), soit différentes,
comme par exemple tel témoin qui dit avoir vu telle
personne remplir les caddies, tandis qu’un autre dit
avoir vu la même personne à l’extérieur du magasin, au
même moment…
* Un inspecteur a expliqué à l’un des interpellé.es que
des « suspect.es-tests » seraient eux aussi confronté.es
aux témoins. Il s’agit d’une méthode classique en cas de
reconnaissance visuelle qui consiste à toujours mettre
les suspects aux côtés de personnes dont on est sûrs
qu’elles sont innocentes (des policiers en civil par
exemple), ce qui permet de tester la fiabilité des
témoins. Cette méthode n’a pas été utilisée dans cette
affaire, et il est à parier que les témoins ont reconnu
les faux suspects comme ayant volé et violenté les
vigiles.

En clair, les témoignages ne concordent pas entre eux et les méthodes
d’identification utilisées sont pour le moins douteuses.

* Pourtant, deux personnes sont libérées sans poursuites
le lendemain. La première personne est libérée alors
qu’elle a été reconnue formellement par le gérant comme
ayant mangé des produits dans le magasin, ainsi que par
deux autres témoins, incapables eux de dire ce qu’elle
aurait fait. La seconde personne est elle aussi libérée
alors qu’elle a été reconnue comme poussant des
caddies.
Pourquoi ces personnes sont-elles libres alors qu’elles
ont apparemment autant d’éléments à charge que les
autres, et que leurs alibis n’ont pas été contrôlés ?
* La police a vérifié l’alibi d’un autre inculpé dès le
jeudi après-midi. Cette vérification auprès de témoins
correspondait parfaitement avec la déposition du
prévenu. Pourtant, ce dernier est aujourd’hui mis en
examen. Pourquoi ?

Les différences de procédures (vérification des alibis ou non, etc.)
semblent dépendre du bon vouloir des officiers de police judiciaire.


L’arbitraire et ses conséquences

- Les malchanceux-ses tombé.es sous le coup de l’arbitraire ont été
traité.es comme des criminel.les pendant une quarantaine d’heures. Un
OPJ confie à l’un des prévenus, que cette affaire est politique : « on
subit des pressions, ça vient d’en haut, c’est le gouvernement qui veut
très vite mater ce genre de débordement. Ils ont déjà eu des problèmes
avec les banlieues, si tout le monde s’y met… Le contexte ne joue pas
pour vous, ça c’est sûr ! Quand même, une douzaine d’OPJ mobilisés pour
un vol en supermarché par des étudiants, c’est un peu fort ! Ça montre
qu’ils veulent mettre tous les moyens contre vous… Enfin, pour nous,
c’est plus amusant qu’autre chose. »

Amusant… N’empêche que, « garde à vue », ça signifie fouille intégrale,
mise à nu, enfermement, seul.e ou à plusieurs dans une cellule sans
fenêtre, parfois en surnombre, dans le froid. Pendant 40 heures vous ne
savez pas s’il fait jour ou nuit, vous ne savez pas l’heure qu’il est.
Parfois on vous amène à manger, parfois on vous donne de l’eau, parfois
on vous laisse aller uriner, porte ouverte, sous le regard d’un
policier.

Jamais vous n’avez le droit au noir, une lumière vous éclaire en
permanence : vous êtes gardé.e à vue. À n’importe quel moment vous
pouvez être relevé.e pour un interrogatoire. De toute façon, il est très
difficile de dormir avec la peur, le froid, la lumière, le bruit des
clefs et des serrures, et la bruyante humeur paillarde des policiers de
nuit.

- En France on parle de présomption d’innocence, mais concrètement c’est
bien par présomption de culpabilité que procède la police. En France,
sur une simple dénonciation en pleine nuit par deux vigiles entourés de
flics, arbitrairement donc, on peut passer 40 heures sans voir le jour,
menotté.e, malmené.e, humilié.e, insulté.e, menacé.e…


Il faut soutenir les inculpé.es !

Évidemment, cet arbitraire est soumis au contexte politique : le pouvoir
cherche à réprimer le vent de révolte qui souffle en France depuis
quelques semaines. Peu importe ce qu’on peut penser de cette action.
Nous aurons le temps d’en débattre plus tard, entre nous. Il faut se
mobiliser contre ce qui n’est jamais que de la répression politique.
Nous lançons donc un appel de soutien aux personnes mises en examens.

Surtout, nous recherchons tout témoignage pouvant aider la défense, par
exemple en prouvant que les arrestations furent arbitraires, et que le
chef d’inculpation pour violence contre les vigiles est mensonger.
Témoignez :

* si vous étiez effectivement avec l’une de ces personnes
peu de temps avant les arrestations,
* si vous étiez présent.es sur la faculté lors des
violences des vigiles du supermarché, ainsi que de
l’attitude pour les calmer des étudiant.es,
* si vous étiez présent.es sur la faculté lors de
l’intervention policière et des procédures
d’arrestations.

Nous devons résister ensemble, collectivement, c’est pourquoi avant de
prendre toute initiative, contactez nous :

temoinslyon@free.fr

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