Pékin admet l'existence de troubles hors du Tibet
Pour la première fois depuis le début de la crise tibétaine la semaine dernière, un média officiel chinois a reconnu jeudi que les manifestations s'étaient étendues à d'autres provinces du pays. Le Dalaï Lama a réitéré sa disponibilité à discuter avec Pékin mais le régime communiste campe sur ses positions.
Les autorités chinoises semblaient reprendre le contrôle au Tibet et dans les provinces voisines où vivent plus de la moitié des 5,4 millions de Tibétains en Chine. La police allait de ville en ville pour vérifier les identités, des barrages empêchant les Tibétains de sortir et les journalistes d'entrer.
Il devient de plus en plus difficile de se rendre dans les autres provinces accueillant d'importantes populations tibétaines.
Dans la gorge du Tigre bondissant, dans la province du Yunnan, des centaines de membres des forces de sécurité roulaient en convoi d'au moins 80 camions en direction du sud du Tibet. D'autres paraissaient monter un camp et patrouillaient en tenue anti-émeute, certains armés de fusils.
Au Tibet même, hors de Lhassa, la présence des forces de sécurité était relativement discrète, selon un touriste autrichien passé au Népal mercredi. Andreas Steinbichler, qui venait de Lhassa, a affirmé ne pas avoir vu de troupes ou de signes de violence et n'avoir subi que des contrôles de passeport de routine.
Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Qin Gang, a déclaré que le gouvernement "suggérait" aux touristes étrangers de rester à l'écart des provinces du Gansu et du Sichuan, théâtres d'accrochages entre des Tibétains et les forces de l'ordre. "Mais je peux vous assurer que notre gouvernement est pleinement capable de maintenir la stabilité sociale et d'assurer la sécurité des touristes", a-t-il ajouté.
Dans le comté d'Aba, dans le Sichuan, une Tibétaine jointe par téléphone a dit sous le couvert de l'anonymat avoir entendu parler de nombreuses arrestations de manifestants. "Il y a beaucoup, beaucoup de soldats dehors. J'ai peur de sortir", a-t-elle ajouté. La police contrôlait les papiers et on l'entendait crier aux manifestants de se rendre.
L'armée a également barré des routes non loin, à Serthar, confinant les habitants chez eux, selon une autre femme interrogée au téléphone. D'après l'organisation Free Tibet Campaign, basée à Londres, l'armée y a été dépêchée après que des habitants eurent fait sauter un pont près du village de Gudu. Des manifestations étaient aussi signalées dans la province de Qinghaï à forte population tibétaine.
L'agence de presse officielle Chine nouvelle a accusé les manifestants d'avoir attaqué "des magasins et des bureaux du gouvernement" dimanche à Aba, mais n'a pas mentionné les tirs de soldats sur des manifestants rapportés par des groupes pro-Tibétains à l'étranger.
Un porte-parole du gouvernement du Gansu, Zhang Yusheng, a affirmé mercredi qu'"un petit nombre de contrevenants avaient hurlé des slogans réactionnaires, brandi le drapeau du séparatisme et adopté des méthodes violentes" mais qu'un renfort de troupes avait ramené l'ordre. Des commerces, écoles, habitations, véhicules et bureaux du gouvernement ont été attaqués, a-t-il ajouté, déplorant "une menace extrêmement grave" pour l'ordre social.
Le "Tibet Daily" a fait état de 24 arrestations pour menace à la sécurité de l'Etat et autres "crimes graves" lors des émeutes de vendredi dernier à Lhassa. Cent-soixante-dix autres personnes se seraient livrées à la police.
Les manifestations contre le pouvoir chinois sur cette région himalayenne avaient commencé pacifiquement le 10 mars à Lhassa, la capitale, à l'occasion de l'anniversaire du soulèvement tibétain de 1959 contre le régime communiste, mais elles ont tourné à l'émeute vendredi dernier. Les autorités chinoises font état de 16 morts et 325 blessés. Pékin accuse "la clique du Dalaï Lama" à l'étranger d'avoir fomenté ces troubles et rejette le bilan de 80 morts du gouvernement tibétain en exil en Inde.
Le Dalaï Lama, qui à 72 ans continue de militer pour une large autonomie du Tibet, a condamné la violence et menacé ses fidèles de démissionner de la tête de l'exécutif en exil si le mouvement s'emballait, mais les Tibétains semblent divisés entre l'ancienne génération de la résistance pacifique et la nouvelle des jeunes qui prônent l'action.
Le prix Nobel de la Paix s'est toutefois réaffirmé prêt à rencontrer des dirigeants chinois, y compris le président Hu Jintao, mais Pékin continue de le désigner comme le responsable des violences. Le chef du Parti communiste Zhang Qingli l'a qualifié de "loup en robe de moine" et déclaré que Pékin était engagé dans un combat "à mort" avec les autonomistes tibétains.
Le ministère chinois des Affaires étrangères a aussi exprimé sa "grave préoccupation" au sujet de la rencontre prévue en mai entre le Premier ministre britannique Gordon Brown et le chef des bouddhistes tibétains, appelant le premier à ne pas offrir de tribune au second, décrit comme "un exilé engagé dans des activités séparatistes sous le couvert de la religion". AP
st/v/tl
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