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Anti-G8 de Gênes : carabiniers tabasseurs jugés

Posté : 23 mars 2008 13:03
par Torchons & Soviets
Sept ans après, la justice dénonce des « comportements inhumains,
dégradants et cruels ».

Charges furieuses de la police, matraquage de militants pacifistes,
assaut nocturne à l’école Diaz qui abritait des jeunes
altermondialistes... Les images du G8 de Gênes marqué par la mort de
Carlo Giuliani, le 20 juin 2001, avaient relégué au second plan les
sévices subis, à l’abri des regards, par 307 personnes interpellées au
cours du sommet international des grandes puissances et conduites à
l’extérieur de la ville, dans la caserne de Bolzaneto.
Près de sept ans après les faits, le procès intenté à 46 policiers,
carabiniers, agents pénitentiaires et autres médecins a enfin permis de
reconstruire de manière détaillée les trois jours de brutalités à
l’intérieur de cette structure qui devait être le lieu de triage des
manifestants arrêtés. La presse transalpine publie depuis quelques jours
de larges extraits des témoignages des victimes au procès et le
réquisitoire très dur des procureurs de Gênes. Ceux-ci ont requis des
peines pour un total de 76 ans et quatre mois à l’encontre de 44
inculpés. Ils sont pêle-mêle accusés d’abus de pouvoir, de violences
privées, d’injures ou encore de coups.

« Proches de la torture »

Le délit de « torture » n’a pas été retenu. Celui-ci n’existe toujours
pas dans le Code pénal italien. « Nous étions tout proches de la torture
», ont tout de même fait savoir les procureurs. « Bolzaneto a été un
lieu où pendant trois jours interminables les droits humains ont été
suspendus », a précisé l’un d’entre eux, Vittorio Ranieri Miniati, qui a
dénoncé les « humiliations et l’anéantissement des personnes recluses ».
L’acte d’accusation parle de « comportements inhumains, dégradants et
cruels » et encore de « la violation systématique des droits de l’homme
et des libertés fondamentales ».
A leur arrivée à la caserne de Bolzaneto, les manifestants étaient
immanquablement insultés, bousculés, menacés et obligés, pour certains,
de rester des heures durant les jambes écartées et les bras tendus
contre le mur. Une fois conduits dans leurs cellules, ils ont subi une
pluie de coups de matraques, des crachats, des gifles, des coups sur la
nuque et des jets de gaz lacrymogène.
« Bienvenue à Auschwitz », lançaient les policiers. Traités de «
communistes de merde », de « pédés », de « putains », menacés de
sodomisation ou de viol, frappés à coup de saucisson ou de matraque dans
les testicules pour les uns, à coups de poing dans le visage pour les
autres, ils ont tous été humiliés. Les filles devaient tourner nues sur
elles-mêmes sous les rires des policiers. Une jeune femme s’est vu
retirer son piercing vaginal devant cinq personnes. Un jeune a eu les
côtes fracturées. Un troisième des brûlures de cigarette sur le pied.
Etudiants pour l’essentiel, employés, ouvriers ou chômeurs mais aussi
avocat ou journaliste, leurs récits ont notamment été confirmés par un
infirmier présent sur les lieux. « J’ai vu des détenus giflés, frappés à
coups de poing, coups de tête contre le mur. Pour certains, c’était un
vrai lynchage, a ainsi raconté Marco Poggi. J’ai assisté à des choses
que je croyais inimaginables. »

Bientôt prescrits

« Nous ne croyons pas à des explosions de violence à l’improviste,
soulignent les procureurs. Le procès a prouvé que les chefs de cette
caserne ont permis et consenti à cette grave atteinte aux droits des
personnes. » Malgré cela, aucune enquête interne n’a été ordonnée par la
police. Le procès de Bolzaneto a laissé quasiment indifférente toute la
classe politique italienne. Le verdict de première instance devrait être
prononcé avant l’été. Mais quel qu’il soit, aucun des inculpés n’ira en
prison. Dans un an, tous les délits commis à Bolzaneto seront considérés
comme prescrits.
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