samedi 5 avril 2008
14h30 place d'italie
manifestation pour l'arrêt des rafles, la fermeture des centres de rétention, la régularisation de tous les sans-papiers, l'abolition des frontières, la libre circulation des personnes
samedi 5 avril 2008 PARIS
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- squatteur/euse
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Quelques rectifications concernant la manif du 5 avril.
Pour réctifier quelques rumeurs.
On entend dire ici que, durant la manifestation de soutien aux sans-papiers, le 5 avril à Paris, un Black Bloc aurait chargé le cortège de la LCR. C'est une information erronée ; à deux titres.
D'une part il n'y avait pas de "bloc" dans cette manif'. Ce qui est évoqué ici c'est vraisemblablement une partie du cortège, assez éparse par ailleurs, regroupée autour d'une banderole "destruction des centres de rétention". Certes il y a eu un peu de casse dans cette manif', on peut le regretter ou non (qui pleurera, au fond, quelques voitures de bourgeois), mais pas de quoi en faire un bloc... encore moins noir.
Quant à l'incident avec la LCR, voilà comment on pourrait le résumer : en fin de parcours, pour se débarraser du cortège fumant (non pas fumeux, mais plein de fumigènes) qui lui faisait de l'ombre, les trotskistes ont pris la décision de le dépasser (par la gauche), afin de l'isoler du reste de la manif'. Face à cette manoeuvre, nos fumigénistes (et non pas fumistes) ont entrepris de trouver une autre place dans la manif. Lutte Ouvrière les a gracieusement laissé passer, mais la LCR n'a pas supporté ce nouvel outrage. Son service d'ordre a donc entrepris d'arracher la banderole "détruction des centre de rétention". Evidemment ceux et celles qui la tenaient ne se sont pas laissés faire. Les vieux de la LCR ont rapidement usé des poings. Mais leur arthrite les faisant souffrir ils ont préféré sortir 3-4 gazeuses familiales, qu'ils ont copieusement et indistinctement vidé sur tout le monde. Ils ont été finalement repoussé. Le SO de la LCR, dans une manifestation de sans-papiers, s'est donc attaquée à une partie du cortège. Il a tapé sur des militants investis de longue date dans ces luttes. Il a mis en danger ses propres militants LCR (car ces vieux briscards sont incapables d'assumer pleinement leurs actes ; une fois leurs gazeuses vidées ils ont laissé quelques trotskistes se prendre une bonne dérouillée). Il a protégé le cordon de police ; alors même que cette dernière avait à nouveau assassiné un sans-papier, la veille. Que veut la LCR ? Diviser le mouvement ? Attaquer ceux qu'elle perçoit comme des concurrents pour la création de son nouveau parti ? Subir les représailles de ceux et celles qui ont mangé du gaz au poivre en pleine gueule ?
Pour réctifier quelques rumeurs.
On entend dire ici que, durant la manifestation de soutien aux sans-papiers, le 5 avril à Paris, un Black Bloc aurait chargé le cortège de la LCR. C'est une information erronée ; à deux titres.
D'une part il n'y avait pas de "bloc" dans cette manif'. Ce qui est évoqué ici c'est vraisemblablement une partie du cortège, assez éparse par ailleurs, regroupée autour d'une banderole "destruction des centres de rétention". Certes il y a eu un peu de casse dans cette manif', on peut le regretter ou non (qui pleurera, au fond, quelques voitures de bourgeois), mais pas de quoi en faire un bloc... encore moins noir.
Quant à l'incident avec la LCR, voilà comment on pourrait le résumer : en fin de parcours, pour se débarraser du cortège fumant (non pas fumeux, mais plein de fumigènes) qui lui faisait de l'ombre, les trotskistes ont pris la décision de le dépasser (par la gauche), afin de l'isoler du reste de la manif'. Face à cette manoeuvre, nos fumigénistes (et non pas fumistes) ont entrepris de trouver une autre place dans la manif. Lutte Ouvrière les a gracieusement laissé passer, mais la LCR n'a pas supporté ce nouvel outrage. Son service d'ordre a donc entrepris d'arracher la banderole "détruction des centre de rétention". Evidemment ceux et celles qui la tenaient ne se sont pas laissés faire. Les vieux de la LCR ont rapidement usé des poings. Mais leur arthrite les faisant souffrir ils ont préféré sortir 3-4 gazeuses familiales, qu'ils ont copieusement et indistinctement vidé sur tout le monde. Ils ont été finalement repoussé. Le SO de la LCR, dans une manifestation de sans-papiers, s'est donc attaquée à une partie du cortège. Il a tapé sur des militants investis de longue date dans ces luttes. Il a mis en danger ses propres militants LCR (car ces vieux briscards sont incapables d'assumer pleinement leurs actes ; une fois leurs gazeuses vidées ils ont laissé quelques trotskistes se prendre une bonne dérouillée). Il a protégé le cordon de police ; alors même que cette dernière avait à nouveau assassiné un sans-papier, la veille. Que veut la LCR ? Diviser le mouvement ? Attaquer ceux qu'elle perçoit comme des concurrents pour la création de son nouveau parti ? Subir les représailles de ceux et celles qui ont mangé du gaz au poivre en pleine gueule ?
Paris : Récit du 5 avril, journée de solidarité avec les sans-papiers
Ce récit a pour but de décrire ce qui s'est passé, de manière certainement non exhaustive, lors des 6 heures et demi de manifestation le 5 avril 2008 à Paris. Parce que des bêtises ont été écrites sur quelques sites, dont Indymedia-Paris, et parce que les mass-médias ont simplement "oublié" de parler de tout ça.
Cette journée de manifestation commençait avec l'annonce d'une nouvelle du racisme ordinaire, meurtrier quand la police est dans les parages : la veille également, Baba Traoré, un Malien de 29 ans, est mort après s'être jeté dans la Marne, fuyant un contrôle de police. La police le pousuivait parce qu'il n'avait pas présenté de papiers d'identité aux contrôleurs du RER (alors qu'il avait un pass Navigo fonctionnel)...
http://www.liberation.fr/actualite/soci ... 727.FR.php" onclick="window.open(this.href);return false;
Cette information toute récente aggravant forcément le climat de tension suscité par la véritable chasse aux sans-papiers menée par l'Etat français.
14h30, place d'Italie, de nombreux cortèges se rassemblent et se dirigent doucement vers l'avenue des Gobelins. En tête, des stars plus ou moins connues se placent derrière une banderole officiellement "unitaire" : beaucoup de blancs-becs, des "représentants" syndicaux et des élus, entre autres on y trouve Arlette Laguiller et Maurice Rajsfus. Des tas de journalistes prennent des tas de photos. Et derrière, plus loin, il y a des cortèges de collectifs de sans-papiers, dont plus de 300 d'entre eux avaient été expulsés de l'EHESS par la police, la veille (l'occupation n'aura duré que quelques heures...). Il y a aussi des cortèges d'organisations politiques ou syndicales, de collectifs RESF et autres, un cortège des Panthères Roses ainsi qu'un assez important cortège anarchiste réunissant notamment quelques organisations libertaires (avec une jolie banderole noire pleine de A cerclés, pour la liberté de circulation).
http://thibautcho.free.fr/99.jpg" onclick="window.open(this.href);return false;
Au bout de quelques minutes, toujours sur l'avenue des Gobelins, une énorme banderole noire est déployée entre deux arbres, au-dessus de la manifestation. On peut y lire "Vive la solidarité avec les sans-papiers - Liberté pour Bruno, Ivan et les autres".
http://thibautcho.free.fr/100.jpg" onclick="window.open(this.href);return false;
Des fumigènes sont allumés des deux côtés de la banderole et de nombreux tracts distribués, visant à donner quelques explications au sujet de la banderole... Sur un tract intitulé "Noël en centre de rétention, Pâques en prison - Solidarité contre la machine à expulser", on peut lire de nombreux exemples d'arrestations ayant eu lieu ces derniers mois autour des luttes contre les centres de rétention, et notamment cette histoire assez révoltante : "Sur le chemin de la manifestation nationale contre l'allongement de la durée de rétention du 19 janvier, trois personnes sont arrêtées pour avoir eu dans leur sac des fumigènes et des pétards. Une enquête est ouverte pour "association de malfaiteurs, détention et transport d'engins incendiaires ou explosifs en vue de détruire des biens ou de commettre des atteintes aux personnes". Des appartements sont perquisitionnés et saccagés. Deux personnes, Ivan et Bruno, sont depuis plus de deux mois en détention préventive à Fresnes et à Villepinte où elles attendent qu'une date de procès soit fixée".
D'où les nombreux fumigènes, en signe de solidarité.
Ensuite, la manif a traversé une partie des 5ème et 6ème arrondissements, en direction du quartier des ministères, dans le 7ème arrondissement. Des pochoirs racistes sont peints ici et là sur le sol, "oeuvres" plus ou moins illisibles des Jeunes Identitaires... Dans ces moments, c'est pas mal de sortir les bombes de peinture.
Un cortège autonome s'est formé peu à peu, laborieusement car la manif est super longue (à croire qu'on était beaucoup plus que les 15 000 annoncés, sachant que la police en voyait encore moins), derrière une jolie banderole "Destruction des centres de rétention".
http://thibautcho.free.fr/101.jpg" onclick="window.open(this.href);return false;
Des dizaines de fumigènes, artisanaux ou pas, sont allumés au fil de la manif.
http://thibautcho.free.fr/106.jpg" onclick="window.open(this.href);return false;
http://paris.indymedia.org/IMG/jpg/doc-51920.jpg" onclick="window.open(this.href);return false;
Devant ce cortège se trouvent un petit paquet de sociaux-démocrates, quelques drapeaux sont volés aux jeunesses socialistes (MJS), des fumis sont utilisés pour les cramer dans la joie et la bonne humeur.
Dans la rue d'Assas, les fumigènes se font de plus en plus nombreux, la densité de la fumée est impressionnante mais n'empêche pas de gueuler "Libérez nos camarades !" à qui voudra bien l'entendre... Un moment assez fort qui renforce le sentiment de puissance collective à un bon moment. La manif touche à sa fin, à l'approche du 7ème arrondissement, ça rejoint le boulevard Raspail et l'hôtel Lutetia prend des coups (ce palace a notamment servi de QG parisien à la Gestapo pendant la 2nde guerre mondiale...), ainsi que quelques voitures bien choisies (faut dire que dans le quartier, ça sent la haute bourgeoisie à plein nez), des restes de fumigènes sont laissés dans une Porsche déjà bien abimée... Une ou deux banques ont également leurs vitrines brisées, puis les fumigènes se font moins nombreux et tout devient plus calme.
J'en profite pour signaler que ce moment un peu plus "offensif" où des propriétés de la bourgeoisie ont été prises pour cibles a eu lieu à un moment où les flics étaient relativement absents. Ce moment a été assez tranquille, ne mettant personne en danger. Cela d'autant plus que les cortèges proches de celui des autonomes n'étaient pas des cortèges de sans-papiers.
En fait, suite à la "casse", rien ne s'est passé. Aucune réaction policière ni rien. Tout cela a été suffisamment mesuré pour que ça ne dégénère pas complètement, et c'était mieux ainsi puisque quelques centaines de mètres plus loin, le quartier était quadrillé par des flics en tenue anti-émeute, des grilles, etc.
Un peu plus loin, la manif s'est arrêtée, les premiers arrivés semblaient se disperser, tandis que d'autres restaient. Quelques cortèges "doublaient" pour rejoindre la tête de manif, qui était donc à l'arrêt. Lorsque le cortège autonome a fait de même, des gros bras du service d'ordre de la LCR s'est mis en travers de la route et a attrapé violemment la banderole de tête, bousculant et insultant les manifestants présents en première ligne... La plupart des "autonomes" ont calmé le jeu sans pour autant reculer, mais la réaction spontanée de défense active est carrément compréhensible : quelques échanges de coups ont eu lieu, plusieurs gazeuses dites "familiales" ont été sorties côté LCR et ils ont gazé dans le tas, incommodant manifestants (y compris ceux de leurs "rangs") et passants. En retour, quelques bouteilles ont été balancées... Cette embrouille me semble assez représentative des volontés d'hégémonie de la LCR et du futur "parti anticapitaliste", refusant les tactiques de lutte qui pourraient indirectement leur faire de l'ombre. Enfin c'est vraiment l'anecdote la plus ridicule du jour, parce qu'il y avait mieux à faire ce jour-là que de se bastonner entre vieux trotskards et jeunes autonomes... A quelques dizaines de mètres de là, des rangées de flics anti-émeute attendaient patiemment.
Presque au bout du boulevard Raspail, un dispositif policier était prêt à prendre en tenaille ce qui resterait de manifestants sur la fin (d'autres cordons de flics anti-émeute se trouvaient dans les rues adjacentes, et quelques groupes de la BAC commençaient à roder...). La dispersion s'est faite peu à peu, la conscience collective du danger mettant un peu (trop ?) de temps à se matérialiser. A ma connaissance, il n'y a pas eu d'arrestations ni rien, mais j'ai entendu parler d'une arrestation tout au début de la manif, y'a des infos précises là-dessus ?
Il était alors entre 17h et 18h, la dispersion était réelle pour la plupart des manifestants, mais certains d'entre eux se dirigeaient en groupe vers le métro puis le RER, direction le centre de rétention (CRA) de Vincennes. Métro gratuit pour tout le monde, dans les couloirs du métro, de nombreuses pubs sont détournées, ou simplement arrachées. Idem dans les rames du métro. Détruisons les centres de rétention.
Environ 200 personnes se retrouvent devant le CRA, l'ambiance est assez dynamique mais les flics sont disposés de telle façon qu'il est difficile de s'approcher du CRA sans prendre le risque de se faire encercler. Des slogans sont gueulés, les manifestants aperçoivent au loin des sans-papiers enfermés derrière les murs du CRA. Les derniers fumigènes sont allumés. Au bout de quelques dizaines de minutes, le groupe commence à se sentir impuissant et malgré l'arrivée d'une centaine d'autres personnes, la décision est prise de rebrousser chemin... Sur les 300 personnes, il n'y a quasiment que des "autonomes", comme on dit (au sens large, mais en tout cas, les orgas sont absentes - les collectifs de sans-papiers aussi, mais vu le quadrillage policier autour du CRA, ça se comprend). Il est 18h passées depuis un moment, certains se dirigent vers le RER et finissent là leur journée de manif, mais environ 150 à 200 personnes partent en manif sauvage !
Au départ, la manif a un petit côté "promenade", et je réalise que ceux qui se trouvent devant ont l'excellente idée de nous mener vers l'endroit où Baba Traoré est mort la veille, poursuivi par des flics de la BAC. En traversant le pont, l'émotion est à son comble, la circulation est bloquée, des slogans hostiles à la police sont criés, des tags inscrits à la bombe de peinture sur le pont et ailleurs (contre la police, les centres de rétention et les prisons, et quelques "Guerre sociale" bien placés). La manif se dirige un peu au hasard dans Joinville-le-Pont, que pas grand monde ne semble connaître. On croise des jeunes qui nous indiquent le commissariat de police municipale, tout près, tout le monde y va et là, ça gueule des "à Joinville, la police assassine" (ailleurs aussi, mais bon, ici les noyades en fuyant la police semblent presque habituelles... sur ces dernières années, c'est déjà la troisième fois que ça arrive). Tandis que quelques personnes s'attaquent aux panneaux de pub aux alentours (en enlevant les affiches ou en brisant les panneaux), d'autres s'attaquent au commissariat, cassant quelques fenêtres, et à une voiture de police dont le pare-brise arrière est éclaté. Un peu plus tard, car tout ceci se passe assez paisiblement, trois flics municipaux se pointent au loin, visiblement assez effrayés. L'un d'entre eux sort un sifflet... et siffle ! Puis, voyant que tout le monde s'en fout, et que quelques projectiles arrivent sur eux, ils se cassent. Après un moment d'hésitation sur la direction à prendre, la manif repart en arrière et re-traverse le pont en re-bloquant la circulation. Sur le chemin, tous les panneaux de pub sont brisés et d'autres tags effectués. De quoi agacer le maire local...
http://www.joinville-le-pont.info/article-18507178.html" onclick="window.open(this.href);return false;
La police n'a pas encore réussi à "rejoindre" la manif sauvage, qui se termine à l'entrée de la station RER de Joinville-le-Pont (celle où Baba Traoré a été contrôlé la veille, celle où tout le monde descend les jours de manif contre le centre de rétention, situé à quelques centaines de mètres de là). Sur le quai, en attendant le RER, les pubs sont arrachées, taguées, les caméras de vidéosurveillance recouvertes de bombe de peinture noire. Quelques minutes après, la police arrive en force, casques-boucliers-matraques, mais reste en bas de l'escalator et sur le quai d'en face. La tension monte un peu, mais les flics ne font pas les malins non plus. On est au moins 100 sur le quai. Quand le RER arrive, le GPSR (milice de la RATP) descend du RER, tandis que tout le monde monte... On s'est senti bien "libres" pendant cette manif sauvage, mais personne n'a eu le temps d'oublier que nous vivons dans un monde sécuritaire de flics et de vigiles.
Et pour finir, quelques mots repris d'un tract lu lors de la manif ("La meilleure défense, c'est l'attaque") : "Si la population doit se partager entre les honnêtes gens et les autres, les citoyens et les voyous, nous sommes résolument du côté des voyous. Nous planquons des sans-papiers. Nous faisons des mariages blancs. Nous nous opposons physiquement aux rafles. Nous haïssons la police et perturbons l'embarquement des vols Paris-Bamako. Nous rallions la clandestinité de ceux que nous aidions. Début d'une résistance. Viennent le sabotage et l'offensive."
Et dès le lendemain :
Encore des violences policières au centre de rétention de Vincennes
http://paris.indymedia.org/article.php3 ... icle=97601" onclick="window.open(this.href);return false;
Rassemblement à Joinville-le-Pont (La mort d'un Malien renforce les critiques contre la "chasse aux sans-papiers")
http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.html" onclick="window.open(this.href);return false;
A lire également (sur la manif "officielle") :
http://paris.indymedia.org/article.php3 ... icle=97602" onclick="window.open(this.href);return false;
http://paris.indymedia.org/article.php3 ... icle=97616" onclick="window.open(this.href);return false;
http://grenoble.indymedia.org/index.php ... le&id=6479" onclick="window.open(this.href);return false;
Ce récit a pour but de décrire ce qui s'est passé, de manière certainement non exhaustive, lors des 6 heures et demi de manifestation le 5 avril 2008 à Paris. Parce que des bêtises ont été écrites sur quelques sites, dont Indymedia-Paris, et parce que les mass-médias ont simplement "oublié" de parler de tout ça.
Cette journée de manifestation commençait avec l'annonce d'une nouvelle du racisme ordinaire, meurtrier quand la police est dans les parages : la veille également, Baba Traoré, un Malien de 29 ans, est mort après s'être jeté dans la Marne, fuyant un contrôle de police. La police le pousuivait parce qu'il n'avait pas présenté de papiers d'identité aux contrôleurs du RER (alors qu'il avait un pass Navigo fonctionnel)...
http://www.liberation.fr/actualite/soci ... 727.FR.php" onclick="window.open(this.href);return false;
Cette information toute récente aggravant forcément le climat de tension suscité par la véritable chasse aux sans-papiers menée par l'Etat français.
14h30, place d'Italie, de nombreux cortèges se rassemblent et se dirigent doucement vers l'avenue des Gobelins. En tête, des stars plus ou moins connues se placent derrière une banderole officiellement "unitaire" : beaucoup de blancs-becs, des "représentants" syndicaux et des élus, entre autres on y trouve Arlette Laguiller et Maurice Rajsfus. Des tas de journalistes prennent des tas de photos. Et derrière, plus loin, il y a des cortèges de collectifs de sans-papiers, dont plus de 300 d'entre eux avaient été expulsés de l'EHESS par la police, la veille (l'occupation n'aura duré que quelques heures...). Il y a aussi des cortèges d'organisations politiques ou syndicales, de collectifs RESF et autres, un cortège des Panthères Roses ainsi qu'un assez important cortège anarchiste réunissant notamment quelques organisations libertaires (avec une jolie banderole noire pleine de A cerclés, pour la liberté de circulation).
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Au bout de quelques minutes, toujours sur l'avenue des Gobelins, une énorme banderole noire est déployée entre deux arbres, au-dessus de la manifestation. On peut y lire "Vive la solidarité avec les sans-papiers - Liberté pour Bruno, Ivan et les autres".
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Des fumigènes sont allumés des deux côtés de la banderole et de nombreux tracts distribués, visant à donner quelques explications au sujet de la banderole... Sur un tract intitulé "Noël en centre de rétention, Pâques en prison - Solidarité contre la machine à expulser", on peut lire de nombreux exemples d'arrestations ayant eu lieu ces derniers mois autour des luttes contre les centres de rétention, et notamment cette histoire assez révoltante : "Sur le chemin de la manifestation nationale contre l'allongement de la durée de rétention du 19 janvier, trois personnes sont arrêtées pour avoir eu dans leur sac des fumigènes et des pétards. Une enquête est ouverte pour "association de malfaiteurs, détention et transport d'engins incendiaires ou explosifs en vue de détruire des biens ou de commettre des atteintes aux personnes". Des appartements sont perquisitionnés et saccagés. Deux personnes, Ivan et Bruno, sont depuis plus de deux mois en détention préventive à Fresnes et à Villepinte où elles attendent qu'une date de procès soit fixée".
D'où les nombreux fumigènes, en signe de solidarité.
Ensuite, la manif a traversé une partie des 5ème et 6ème arrondissements, en direction du quartier des ministères, dans le 7ème arrondissement. Des pochoirs racistes sont peints ici et là sur le sol, "oeuvres" plus ou moins illisibles des Jeunes Identitaires... Dans ces moments, c'est pas mal de sortir les bombes de peinture.
Un cortège autonome s'est formé peu à peu, laborieusement car la manif est super longue (à croire qu'on était beaucoup plus que les 15 000 annoncés, sachant que la police en voyait encore moins), derrière une jolie banderole "Destruction des centres de rétention".
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Des dizaines de fumigènes, artisanaux ou pas, sont allumés au fil de la manif.
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Devant ce cortège se trouvent un petit paquet de sociaux-démocrates, quelques drapeaux sont volés aux jeunesses socialistes (MJS), des fumis sont utilisés pour les cramer dans la joie et la bonne humeur.
Dans la rue d'Assas, les fumigènes se font de plus en plus nombreux, la densité de la fumée est impressionnante mais n'empêche pas de gueuler "Libérez nos camarades !" à qui voudra bien l'entendre... Un moment assez fort qui renforce le sentiment de puissance collective à un bon moment. La manif touche à sa fin, à l'approche du 7ème arrondissement, ça rejoint le boulevard Raspail et l'hôtel Lutetia prend des coups (ce palace a notamment servi de QG parisien à la Gestapo pendant la 2nde guerre mondiale...), ainsi que quelques voitures bien choisies (faut dire que dans le quartier, ça sent la haute bourgeoisie à plein nez), des restes de fumigènes sont laissés dans une Porsche déjà bien abimée... Une ou deux banques ont également leurs vitrines brisées, puis les fumigènes se font moins nombreux et tout devient plus calme.
J'en profite pour signaler que ce moment un peu plus "offensif" où des propriétés de la bourgeoisie ont été prises pour cibles a eu lieu à un moment où les flics étaient relativement absents. Ce moment a été assez tranquille, ne mettant personne en danger. Cela d'autant plus que les cortèges proches de celui des autonomes n'étaient pas des cortèges de sans-papiers.
En fait, suite à la "casse", rien ne s'est passé. Aucune réaction policière ni rien. Tout cela a été suffisamment mesuré pour que ça ne dégénère pas complètement, et c'était mieux ainsi puisque quelques centaines de mètres plus loin, le quartier était quadrillé par des flics en tenue anti-émeute, des grilles, etc.
Un peu plus loin, la manif s'est arrêtée, les premiers arrivés semblaient se disperser, tandis que d'autres restaient. Quelques cortèges "doublaient" pour rejoindre la tête de manif, qui était donc à l'arrêt. Lorsque le cortège autonome a fait de même, des gros bras du service d'ordre de la LCR s'est mis en travers de la route et a attrapé violemment la banderole de tête, bousculant et insultant les manifestants présents en première ligne... La plupart des "autonomes" ont calmé le jeu sans pour autant reculer, mais la réaction spontanée de défense active est carrément compréhensible : quelques échanges de coups ont eu lieu, plusieurs gazeuses dites "familiales" ont été sorties côté LCR et ils ont gazé dans le tas, incommodant manifestants (y compris ceux de leurs "rangs") et passants. En retour, quelques bouteilles ont été balancées... Cette embrouille me semble assez représentative des volontés d'hégémonie de la LCR et du futur "parti anticapitaliste", refusant les tactiques de lutte qui pourraient indirectement leur faire de l'ombre. Enfin c'est vraiment l'anecdote la plus ridicule du jour, parce qu'il y avait mieux à faire ce jour-là que de se bastonner entre vieux trotskards et jeunes autonomes... A quelques dizaines de mètres de là, des rangées de flics anti-émeute attendaient patiemment.
Presque au bout du boulevard Raspail, un dispositif policier était prêt à prendre en tenaille ce qui resterait de manifestants sur la fin (d'autres cordons de flics anti-émeute se trouvaient dans les rues adjacentes, et quelques groupes de la BAC commençaient à roder...). La dispersion s'est faite peu à peu, la conscience collective du danger mettant un peu (trop ?) de temps à se matérialiser. A ma connaissance, il n'y a pas eu d'arrestations ni rien, mais j'ai entendu parler d'une arrestation tout au début de la manif, y'a des infos précises là-dessus ?
Il était alors entre 17h et 18h, la dispersion était réelle pour la plupart des manifestants, mais certains d'entre eux se dirigeaient en groupe vers le métro puis le RER, direction le centre de rétention (CRA) de Vincennes. Métro gratuit pour tout le monde, dans les couloirs du métro, de nombreuses pubs sont détournées, ou simplement arrachées. Idem dans les rames du métro. Détruisons les centres de rétention.
Environ 200 personnes se retrouvent devant le CRA, l'ambiance est assez dynamique mais les flics sont disposés de telle façon qu'il est difficile de s'approcher du CRA sans prendre le risque de se faire encercler. Des slogans sont gueulés, les manifestants aperçoivent au loin des sans-papiers enfermés derrière les murs du CRA. Les derniers fumigènes sont allumés. Au bout de quelques dizaines de minutes, le groupe commence à se sentir impuissant et malgré l'arrivée d'une centaine d'autres personnes, la décision est prise de rebrousser chemin... Sur les 300 personnes, il n'y a quasiment que des "autonomes", comme on dit (au sens large, mais en tout cas, les orgas sont absentes - les collectifs de sans-papiers aussi, mais vu le quadrillage policier autour du CRA, ça se comprend). Il est 18h passées depuis un moment, certains se dirigent vers le RER et finissent là leur journée de manif, mais environ 150 à 200 personnes partent en manif sauvage !
Au départ, la manif a un petit côté "promenade", et je réalise que ceux qui se trouvent devant ont l'excellente idée de nous mener vers l'endroit où Baba Traoré est mort la veille, poursuivi par des flics de la BAC. En traversant le pont, l'émotion est à son comble, la circulation est bloquée, des slogans hostiles à la police sont criés, des tags inscrits à la bombe de peinture sur le pont et ailleurs (contre la police, les centres de rétention et les prisons, et quelques "Guerre sociale" bien placés). La manif se dirige un peu au hasard dans Joinville-le-Pont, que pas grand monde ne semble connaître. On croise des jeunes qui nous indiquent le commissariat de police municipale, tout près, tout le monde y va et là, ça gueule des "à Joinville, la police assassine" (ailleurs aussi, mais bon, ici les noyades en fuyant la police semblent presque habituelles... sur ces dernières années, c'est déjà la troisième fois que ça arrive). Tandis que quelques personnes s'attaquent aux panneaux de pub aux alentours (en enlevant les affiches ou en brisant les panneaux), d'autres s'attaquent au commissariat, cassant quelques fenêtres, et à une voiture de police dont le pare-brise arrière est éclaté. Un peu plus tard, car tout ceci se passe assez paisiblement, trois flics municipaux se pointent au loin, visiblement assez effrayés. L'un d'entre eux sort un sifflet... et siffle ! Puis, voyant que tout le monde s'en fout, et que quelques projectiles arrivent sur eux, ils se cassent. Après un moment d'hésitation sur la direction à prendre, la manif repart en arrière et re-traverse le pont en re-bloquant la circulation. Sur le chemin, tous les panneaux de pub sont brisés et d'autres tags effectués. De quoi agacer le maire local...
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Et pour finir, quelques mots repris d'un tract lu lors de la manif ("La meilleure défense, c'est l'attaque") : "Si la population doit se partager entre les honnêtes gens et les autres, les citoyens et les voyous, nous sommes résolument du côté des voyous. Nous planquons des sans-papiers. Nous faisons des mariages blancs. Nous nous opposons physiquement aux rafles. Nous haïssons la police et perturbons l'embarquement des vols Paris-Bamako. Nous rallions la clandestinité de ceux que nous aidions. Début d'une résistance. Viennent le sabotage et l'offensive."
Et dès le lendemain :
Encore des violences policières au centre de rétention de Vincennes
http://paris.indymedia.org/article.php3 ... icle=97601" onclick="window.open(this.href);return false;
Rassemblement à Joinville-le-Pont (La mort d'un Malien renforce les critiques contre la "chasse aux sans-papiers")
http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.html" onclick="window.open(this.href);return false;
A lire également (sur la manif "officielle") :
http://paris.indymedia.org/article.php3 ... icle=97602" onclick="window.open(this.href);return false;
http://paris.indymedia.org/article.php3 ... icle=97616" onclick="window.open(this.href);return false;
http://grenoble.indymedia.org/index.php ... le&id=6479" onclick="window.open(this.href);return false;
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