Une dizaine de flics sont venus ce matin à 8H30 au 44 rue Lamartine, ils
ont défoncé la porte, sans commission rogatoire, sans justification.
Ils sont ensuite rentrés dans les chambres pour contrôler les identités,
se sont baladés dans le squat.
La police Tourangelle a emmené deux de nos compagnons, en les accusant
d'une soi disant "dégradation".
Rendez vous devant la mairie, place Jean Jaurès à 14H00.
La répression ne nous arrêtera pas.
Solidarité!
la-victoire@laposte.net
Arrestations de squatteurs du Pied de Biche
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- touriste
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Re: Arrestations de squatteurs du Pied de Biche
Nos 2 potes sont sortis: la première a été entendue comme "témoin" pour une dégradation sur la voie publique (une vitrine a été cassée lors d'une manif de nuit étudiante...) et libérée au bout de 4H. Le second est resté 12H au comico et est accusé d'avoir cassé cette vitrine! Un témoin l'aurait reconnu, mais à la demande du pote, une confrontation avec ce dit témoin a été refusée... il racontera bientôt comment s'est passé en détails cet interrogatoire.
En attendant, pour vos agendas: il passe en procès le 12 aout.
Les flics (une bonne trentaine apparemment, beaucoup étaient dans les rues parallèles) ont défoncés la porte du squat à 8h du mat parce qu'il n'y avait pas de sonnette... logique!
En attendant, pour vos agendas: il passe en procès le 12 aout.
Les flics (une bonne trentaine apparemment, beaucoup étaient dans les rues parallèles) ont défoncés la porte du squat à 8h du mat parce qu'il n'y avait pas de sonnette... logique!

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Re: Arrestations de squatteurs du Pied de Biche
sarahfoetus a écrit : Les flics (une bonne trentaine apparemment, beaucoup étaient dans les rues parallèles) ont défoncés la porte du squat à 8h du mat parce qu'il n'y avait pas de sonnette... logique!

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- touriste
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Re: Arrestations de squatteurs du Pied de Biche
Lundi 18 mai, 8h30, la porte d'entrée du squat le « Pied De Biche » vole en
éclat. Les forces du désordre font usage de leur bélier, après avoir soit
disant sonner, alors qu'on a plus de sonnette depuis une descente de fafs, il
y a quelques mois. Le bruit nous réveille. Dans la cour, une dizaine de
flics en uniforme et tout autant de civils armés qui commencent à envahir les
étages du bâtiment principal. Lorsqu'ils arrivent à notre étage, nous sommes
à moitié nus. Ils sont une demi douzaine à se rincer l'oeil avec un sourire
narquois et à nous dire de nous habiller. Quand J., une habitante du squat,
demande pourquoi ils sont là, ils lui répondent qu'on est pas chez nous et
de nous dépêcher de nous habiller. Nous pensons alors être expulsés, sans
même qu'il y ait eu de procédure. Lorsque je demande la raison de ce bordel,
ils me répondent qu'ils ont besoin de nous auditionner pour une affaire de
dégradation, sans rien dire de plus. Avant de descendre, l'un d'eux nous
demande si nous avons des objets de valeurs, à quoi je réponds que toute
notre vie se trouve entre ces murs. Un petit blanc s'installe avant qu'il
réplique de ranger ces dits objets, pour pas qu'on accuse la police de vol.
En descendant, nous voyons notre colocataire, entouré de 5 flics, contrôlant
son identité. Chacune des pièces de la maison et des dépendances sera
visitée par les pandores. En sortant dans la rue, accompagnés de 6 hommes de
la BAC et de quelques uniformes, nous voyons encore des flics. De nombreuses
voitures sont garées dans la rue Lamartine et dans la rue Walvein. En tout,
une bonne trentaine de flics en uniforme et de la BAC. D'ailleurs, il y a
plus de BAC que d'uniforme.
Au commissariat, j'apprendrai, seulement après l'avoir demandé, que je suis
en garde à vue. On ne m'informe pas de mes droits et je ne connais toujours
pas le motif exact de tout ce cinéma. Le flic ne fait que taper sur le
clavier de son ordinateur. Sur les mur des dizaines d'articles de journaux
relatant tout autant d'embastillement. Surement les « exploits » du chien de
garde qui m'auditionne. Il daigne enfin m'informer de la raison exacte pour
laquelle je suis devant lui : DEGRADATION VOLONTAIRE D'UNE VITRINE DE LA
SOCIETE ADIA INTERIM A L'AIDE D'UNE BOUCHE D'EGOUT LORS D'UNE MANIFESTATION
INTERDITE LE JEUDI 14 MAI 2009. Je demande aussitôt à voir un avocat, un
médecin, ainsi que prévenir une personne proche, et je précise que je
garderais le silence jusqu'à ce que mes droits soient appliqués.
*Ce jeudi 14 mai, un l'appel des étudiants pour une manifestation de nuit
contre la marchandisation de l'Université et de l'éducation en général avait
été lancé. L'idée de faire une manifestation de nuit permettait aussi de
protester contre la politique de la mairie qui interdit tout rassemblement
festif, concert et autres dans la ville. Environ 150 personnes avaient
répondu à l'appel. Il y avait des étudiants pour une grande partie, mais
aussi des travailleurs, des chômeurs, des SDF... La manifestation était
festive et joyeuse. En arrivant place de la Victoire, le cortége s'arrête
quelque instant. Les banderoles se mettent devant l'agence d'intérim qui
fournit la main d'œuvre nécessaire au déblocage de l'université. Des
individus commencent à peindre des slogans. A ce moment, je suis à une
dizaine de mètres de la vitrine en train de regarder un cracheur de feu,
présent pour l'occasion. Soudain un bruit sourd retentit : la vitrine de
l'agence d'intérim est brisée. Tout le monde est surpris. Le temps s'arrête
quelques secondes. Puis la manifestation repart déambuler dans les rues du
vieux Tours. Selon la police, un témoin m'aurai vu jeté la bouche d'égout
dans la vitrine à deux reprises. *
Au poste, des coups de fil sont passés, à ma famille et à mon avocat. Dans
la foulée, je suis descendu sous bonne garde dans une cage où j'ai droit à
une fouille. Je finirai en caleçon sous la caméra d'une cellule peu éclairée.
Le flic me demande de me rhabiller. Avant de me mettre en cellule, il me
demande mes lunettes. Je refuse, en lui disant qu'« *il ne demanderai jamais
son pacemeaker à un cardiaque* ». Il me menace, je lui donne. Puis il me met
dans la cellule juste en face de son bureau. Lors de la visite du médecin,
je n'ai droit qu'à une prise de tension. Le médecin me demande si je suis
sous subutex, je lui répond que *« la peau qu'il voit sur mes os, c'est pas
la came, mais la dalle qui me ronge. »* L'entretien se termine par quelques
blagues sur Sarkozy auxquelles seul le médecin et le flic, présent lors de
l'entretien, se marrent. Avant d'être remis en cellule, je remarque sur la
montre du doc', il est à peine 10h30. Une heure plus tard, je retourne dans
les bureaux pour une seconde audition. On tourne et retourne dans les
couloirs et les étages. Je suis complètement perdu dans ce bâtiment. Nouveau
flic, nouveau bureau, nouveau décor. Sur le mur, des photos du film les
TONTONS FLINGUEURS (la scène où ils se prennent une cuite), une carte de la
police grand format avec Coluche en photo, ça me fait sourire. Dans cet
enfer, on se détend comme on peut ! L'audition porte sur mon mode de vie,
mon logement, mes ressources, etc... Puis vient, de nouveau, une question
sur l'affaire. Je réponds la même chose qu'à son collègue, à savoir que je
n'ai rien à dire et que je souhaite voir mon avocat. De retour au rez de
chaussée, en cellule. Sur le chemin, je croise J., sur un banc dans un
couloir. Je lui dit discrètement « avocat ». J'ignore si elle est ou pas en
garde à vue.
La cage, quelques mètres carrés de béton recouvert d'une fine pellicule de
peinture, elle-même recouverte de crasse, de trace de merde et de sang. Sans
parler de l'odeur, à gerber ! De plus, il y a la clim, ou un ventilo qui
tourne en permanence. Mon attention se tourne vers les tâches de sang. Ça
fait une ligne de tâches éclatées et quasi rectiligne, comme si vous preniez
un pinceau imbibé de peinture, et que vous donniez un coup sec dans le vide.
La plus grosse tâche fait presque la taille de mon pouce. Je tourne et
retourne dans la petite cellule. Le temps passe... très lentement. J'ai
droit à un repas, sans goût. J'essaie de dormir un peu, mais impossible, il
y a toujours une porte qui claque, un boulet qui vient vous déranger pour
rien... Toujours ce foutu ventilo. Un peu plus tard, j'entends du chahut.
J'approche de la vitre, et vois une troupe de flic traînant un homme à
terre, menotté dans le dos. L'homme est amorphe, il ne dit pas un mot. Ils
remarquent que je les regarde, et trainent donc le type à l'abri des
regards, dans un autre couloir. J'entends des cris pendant quelques
instants. Plusieurs flics rejoignent l'attroupement. Puis plus rien. Pendant
une ou deux minutes, il y a un silence total. Puis les flics quittent la
scène. Ils sont près d'une douzaine. L'un d'eux a des vêtements dans les
mains. Les trois derniers tiennent l'homme, toujours aussi calme, mais
semble être un peu dans les vapes.
J'essaie de visualiser la configuration du bâtiment pour me rassurer. Vers
15h, je vois enfin mon avocat. Je lui précise les conditions dans lesquelles
je suis retenu. Le sang sur les murs, l'homme trainé au sol, mes lunettes...
Je lui demande des nouvelles de J. J'apprends qu'elle est libre, et qu'elle
était entendue en tant que témoin. Puis nous parlons de mon cas. Je lui
explique comment s'est passé la manifestation, et que le soit disant témoin
n'a pas pu me reconnaître en train de jeter la bouche d'égout, car je ne
l'ai pas jeté. Elle me conseille de détailler au maximum les faits, de
demander une confrontation avec le témoin, ainsi que d'aller sur les lieux
des événements. Avant de partir, mon avocat demandera à voir la cellule
dans laquelle je suis. Ce qui lui sera refuser. Elle demande aussi que mes
lunettes me soit rendues. Nouveau refus. Elle laisse une réclamation écrite, et
me dit que dehors, les copains me soutiennent. Ca fait du bien au moral !
A peine une heure après la visite de mon avocat, je remonte dans les
étages pour une troisième audition. Dans les couloirs, les humiliations
continuent, j'aurai droit à des brimades, des remarques à deux balles. Ils
veulent me provoquer pour que je craque. Les deux premières auditions
s'étaient à peu près bien passées. Celle-ci est beaucoup plus tendue. Le
flic est stressé et énervé. Je suis calme. Dans le bureau, il me pose des
questions auxquelles je réponds avec détail comme me l'a conseillé mon
avocat. Il note que ce qu'il a envie de noter. Je lui dit, mais il refuse de
compléter ma déposition. Je demande une confrontation avec le témoin. Il me
répond que ce n'est pas moi qui choisi la procédure. Je demande aussi à
pouvoir aller sur les lieux pour montrer et démontrer que je ne pouvais pas
être le lanceur de plaque d'égout. Nouveau refus. L'audition tourne court,
il note à la fin du rapport : « Je maintiens que je suis innocent », puis
imprime et me le donne pour que je signe. Je relis, complète ce qu'il a
volontairement omis. Il s'énerve, m'arrache le papier des mains, et me dit :
« Qu'est-ce tu fais ? T'écris pas sur MON papier, c'est MON papier. » Il
m'arrache le PV des mains et le déchire ; puis en imprime une nouvelle série
avant de me le tendre de nouveau pour le signer. Je lui dis que dans ces
conditions, il était hors de question de signer quoi que ce soit. Il
s'énerve un fois de plus, et me ramène en cellule. Pendant tout le trajet,
j'ai le droit de nouveau à des remarques désobligeantes et me laisse pourrir
de nouveau en cage.
Je sortirai de garde à vue un peu avant 18h, avec une convocation au
tribunal de tours le 12 août 2009 à 9h pour être jugé pour dégradation
volontaire d'un bien, en l'occurrence le bris d'une vitrine de la société
Adia Interim. Je risque 2 ans de prisons et 30 000 euros d'amende. Dans le
contexte actuel, où les gouvernants « orientent » les décisions de justice,
je n'attends rien de cette procédure judiciaire qui vise à me marginaliser.
Que ce soit individuellement ou collectivement, les tribunaux condamnent, et
ce, même en absences de preuves, se pliant, volontiers, à la volonté
politique de criminaliser tous ceux qui résistent, luttent et tentent de
s'extraire du système capitaliste. Face à un tel désir répressif, aucune
défense juridique ne tient la route. Je reste donc persuader que la
meilleure des défenses consiste à affaiblir les racines de cette mascarade
« démocratique », les tenants du pouvoir politique et économique.
LA ROUE TOURNE...
PAS DE JUSTICE, PAS DE PAIX
FEU AUX PRISONS
éclat. Les forces du désordre font usage de leur bélier, après avoir soit
disant sonner, alors qu'on a plus de sonnette depuis une descente de fafs, il
y a quelques mois. Le bruit nous réveille. Dans la cour, une dizaine de
flics en uniforme et tout autant de civils armés qui commencent à envahir les
étages du bâtiment principal. Lorsqu'ils arrivent à notre étage, nous sommes
à moitié nus. Ils sont une demi douzaine à se rincer l'oeil avec un sourire
narquois et à nous dire de nous habiller. Quand J., une habitante du squat,
demande pourquoi ils sont là, ils lui répondent qu'on est pas chez nous et
de nous dépêcher de nous habiller. Nous pensons alors être expulsés, sans
même qu'il y ait eu de procédure. Lorsque je demande la raison de ce bordel,
ils me répondent qu'ils ont besoin de nous auditionner pour une affaire de
dégradation, sans rien dire de plus. Avant de descendre, l'un d'eux nous
demande si nous avons des objets de valeurs, à quoi je réponds que toute
notre vie se trouve entre ces murs. Un petit blanc s'installe avant qu'il
réplique de ranger ces dits objets, pour pas qu'on accuse la police de vol.
En descendant, nous voyons notre colocataire, entouré de 5 flics, contrôlant
son identité. Chacune des pièces de la maison et des dépendances sera
visitée par les pandores. En sortant dans la rue, accompagnés de 6 hommes de
la BAC et de quelques uniformes, nous voyons encore des flics. De nombreuses
voitures sont garées dans la rue Lamartine et dans la rue Walvein. En tout,
une bonne trentaine de flics en uniforme et de la BAC. D'ailleurs, il y a
plus de BAC que d'uniforme.
Au commissariat, j'apprendrai, seulement après l'avoir demandé, que je suis
en garde à vue. On ne m'informe pas de mes droits et je ne connais toujours
pas le motif exact de tout ce cinéma. Le flic ne fait que taper sur le
clavier de son ordinateur. Sur les mur des dizaines d'articles de journaux
relatant tout autant d'embastillement. Surement les « exploits » du chien de
garde qui m'auditionne. Il daigne enfin m'informer de la raison exacte pour
laquelle je suis devant lui : DEGRADATION VOLONTAIRE D'UNE VITRINE DE LA
SOCIETE ADIA INTERIM A L'AIDE D'UNE BOUCHE D'EGOUT LORS D'UNE MANIFESTATION
INTERDITE LE JEUDI 14 MAI 2009. Je demande aussitôt à voir un avocat, un
médecin, ainsi que prévenir une personne proche, et je précise que je
garderais le silence jusqu'à ce que mes droits soient appliqués.
*Ce jeudi 14 mai, un l'appel des étudiants pour une manifestation de nuit
contre la marchandisation de l'Université et de l'éducation en général avait
été lancé. L'idée de faire une manifestation de nuit permettait aussi de
protester contre la politique de la mairie qui interdit tout rassemblement
festif, concert et autres dans la ville. Environ 150 personnes avaient
répondu à l'appel. Il y avait des étudiants pour une grande partie, mais
aussi des travailleurs, des chômeurs, des SDF... La manifestation était
festive et joyeuse. En arrivant place de la Victoire, le cortége s'arrête
quelque instant. Les banderoles se mettent devant l'agence d'intérim qui
fournit la main d'œuvre nécessaire au déblocage de l'université. Des
individus commencent à peindre des slogans. A ce moment, je suis à une
dizaine de mètres de la vitrine en train de regarder un cracheur de feu,
présent pour l'occasion. Soudain un bruit sourd retentit : la vitrine de
l'agence d'intérim est brisée. Tout le monde est surpris. Le temps s'arrête
quelques secondes. Puis la manifestation repart déambuler dans les rues du
vieux Tours. Selon la police, un témoin m'aurai vu jeté la bouche d'égout
dans la vitrine à deux reprises. *
Au poste, des coups de fil sont passés, à ma famille et à mon avocat. Dans
la foulée, je suis descendu sous bonne garde dans une cage où j'ai droit à
une fouille. Je finirai en caleçon sous la caméra d'une cellule peu éclairée.
Le flic me demande de me rhabiller. Avant de me mettre en cellule, il me
demande mes lunettes. Je refuse, en lui disant qu'« *il ne demanderai jamais
son pacemeaker à un cardiaque* ». Il me menace, je lui donne. Puis il me met
dans la cellule juste en face de son bureau. Lors de la visite du médecin,
je n'ai droit qu'à une prise de tension. Le médecin me demande si je suis
sous subutex, je lui répond que *« la peau qu'il voit sur mes os, c'est pas
la came, mais la dalle qui me ronge. »* L'entretien se termine par quelques
blagues sur Sarkozy auxquelles seul le médecin et le flic, présent lors de
l'entretien, se marrent. Avant d'être remis en cellule, je remarque sur la
montre du doc', il est à peine 10h30. Une heure plus tard, je retourne dans
les bureaux pour une seconde audition. On tourne et retourne dans les
couloirs et les étages. Je suis complètement perdu dans ce bâtiment. Nouveau
flic, nouveau bureau, nouveau décor. Sur le mur, des photos du film les
TONTONS FLINGUEURS (la scène où ils se prennent une cuite), une carte de la
police grand format avec Coluche en photo, ça me fait sourire. Dans cet
enfer, on se détend comme on peut ! L'audition porte sur mon mode de vie,
mon logement, mes ressources, etc... Puis vient, de nouveau, une question
sur l'affaire. Je réponds la même chose qu'à son collègue, à savoir que je
n'ai rien à dire et que je souhaite voir mon avocat. De retour au rez de
chaussée, en cellule. Sur le chemin, je croise J., sur un banc dans un
couloir. Je lui dit discrètement « avocat ». J'ignore si elle est ou pas en
garde à vue.
La cage, quelques mètres carrés de béton recouvert d'une fine pellicule de
peinture, elle-même recouverte de crasse, de trace de merde et de sang. Sans
parler de l'odeur, à gerber ! De plus, il y a la clim, ou un ventilo qui
tourne en permanence. Mon attention se tourne vers les tâches de sang. Ça
fait une ligne de tâches éclatées et quasi rectiligne, comme si vous preniez
un pinceau imbibé de peinture, et que vous donniez un coup sec dans le vide.
La plus grosse tâche fait presque la taille de mon pouce. Je tourne et
retourne dans la petite cellule. Le temps passe... très lentement. J'ai
droit à un repas, sans goût. J'essaie de dormir un peu, mais impossible, il
y a toujours une porte qui claque, un boulet qui vient vous déranger pour
rien... Toujours ce foutu ventilo. Un peu plus tard, j'entends du chahut.
J'approche de la vitre, et vois une troupe de flic traînant un homme à
terre, menotté dans le dos. L'homme est amorphe, il ne dit pas un mot. Ils
remarquent que je les regarde, et trainent donc le type à l'abri des
regards, dans un autre couloir. J'entends des cris pendant quelques
instants. Plusieurs flics rejoignent l'attroupement. Puis plus rien. Pendant
une ou deux minutes, il y a un silence total. Puis les flics quittent la
scène. Ils sont près d'une douzaine. L'un d'eux a des vêtements dans les
mains. Les trois derniers tiennent l'homme, toujours aussi calme, mais
semble être un peu dans les vapes.
J'essaie de visualiser la configuration du bâtiment pour me rassurer. Vers
15h, je vois enfin mon avocat. Je lui précise les conditions dans lesquelles
je suis retenu. Le sang sur les murs, l'homme trainé au sol, mes lunettes...
Je lui demande des nouvelles de J. J'apprends qu'elle est libre, et qu'elle
était entendue en tant que témoin. Puis nous parlons de mon cas. Je lui
explique comment s'est passé la manifestation, et que le soit disant témoin
n'a pas pu me reconnaître en train de jeter la bouche d'égout, car je ne
l'ai pas jeté. Elle me conseille de détailler au maximum les faits, de
demander une confrontation avec le témoin, ainsi que d'aller sur les lieux
des événements. Avant de partir, mon avocat demandera à voir la cellule
dans laquelle je suis. Ce qui lui sera refuser. Elle demande aussi que mes
lunettes me soit rendues. Nouveau refus. Elle laisse une réclamation écrite, et
me dit que dehors, les copains me soutiennent. Ca fait du bien au moral !
A peine une heure après la visite de mon avocat, je remonte dans les
étages pour une troisième audition. Dans les couloirs, les humiliations
continuent, j'aurai droit à des brimades, des remarques à deux balles. Ils
veulent me provoquer pour que je craque. Les deux premières auditions
s'étaient à peu près bien passées. Celle-ci est beaucoup plus tendue. Le
flic est stressé et énervé. Je suis calme. Dans le bureau, il me pose des
questions auxquelles je réponds avec détail comme me l'a conseillé mon
avocat. Il note que ce qu'il a envie de noter. Je lui dit, mais il refuse de
compléter ma déposition. Je demande une confrontation avec le témoin. Il me
répond que ce n'est pas moi qui choisi la procédure. Je demande aussi à
pouvoir aller sur les lieux pour montrer et démontrer que je ne pouvais pas
être le lanceur de plaque d'égout. Nouveau refus. L'audition tourne court,
il note à la fin du rapport : « Je maintiens que je suis innocent », puis
imprime et me le donne pour que je signe. Je relis, complète ce qu'il a
volontairement omis. Il s'énerve, m'arrache le papier des mains, et me dit :
« Qu'est-ce tu fais ? T'écris pas sur MON papier, c'est MON papier. » Il
m'arrache le PV des mains et le déchire ; puis en imprime une nouvelle série
avant de me le tendre de nouveau pour le signer. Je lui dis que dans ces
conditions, il était hors de question de signer quoi que ce soit. Il
s'énerve un fois de plus, et me ramène en cellule. Pendant tout le trajet,
j'ai le droit de nouveau à des remarques désobligeantes et me laisse pourrir
de nouveau en cage.
Je sortirai de garde à vue un peu avant 18h, avec une convocation au
tribunal de tours le 12 août 2009 à 9h pour être jugé pour dégradation
volontaire d'un bien, en l'occurrence le bris d'une vitrine de la société
Adia Interim. Je risque 2 ans de prisons et 30 000 euros d'amende. Dans le
contexte actuel, où les gouvernants « orientent » les décisions de justice,
je n'attends rien de cette procédure judiciaire qui vise à me marginaliser.
Que ce soit individuellement ou collectivement, les tribunaux condamnent, et
ce, même en absences de preuves, se pliant, volontiers, à la volonté
politique de criminaliser tous ceux qui résistent, luttent et tentent de
s'extraire du système capitaliste. Face à un tel désir répressif, aucune
défense juridique ne tient la route. Je reste donc persuader que la
meilleure des défenses consiste à affaiblir les racines de cette mascarade
« démocratique », les tenants du pouvoir politique et économique.
LA ROUE TOURNE...
PAS DE JUSTICE, PAS DE PAIX
FEU AUX PRISONS
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Re: Arrestations de squatteurs du Pied de Biche
Ouais bon courage. Un petit truc, fais bien analyser la procédure par ton avocate, il se peut que les flics aient merdé à un moment ou un autre, ce qui te permettrait de la rendre nulle.
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