Message
par Chéri-Bibi » 27 janv. 2010 20:38
- Mon cher Watson, observez bien cette première image, qu'en déduisez-vous?
- Hum, mon cher Holmes, je dirais qu'il s'agit de mains sanguinolentes...
- En êtes-vous bien sûr Watson? Que remarquez-vous d'autre?
- Eh bien... il s'agit de mains d'hommes, a priori recouvertes de sang.
- Bon, à présent observez cette seconde image, que voyez-vous?
- Un couple...?
- Oui, d'accord, un couple, mais encore???
- Un couple d'âge mûr, bon chic bon genre voire vieille école bourgeoise, qui semble avoir subi en plusieurs points des dommages létaux susceptibles d'entraîner une mort sûr et certaine. Pourtant ils regardent l'objectif.
- Et qu'en déduisez-vous?
- Qu'il s'agit de morts -vivants?
- Enfin mon cher Watson, ils me semblent bien paisibles pour des morts-vivants. N'avez vous donc aucune culture cinématographique? Les morts-vivants ça marche -ça court à la rigueur- vers la proie la plus proche, ça ne reste pas là à observer... à observer quoi?
- Le spectateur?
- Ah, cher Watson, la Nouvelle Vague vous a retourné le cerveau! Mais non, ils doivent observer un personnage hors-champ, c'est évident!
- Mais pourquoi l'observent-ils au lieu de le dévorer si ce sont là des morts-vivants?
- Peut-être parce qu'il s'agit plutôt de fantômes... d'apparitions de personnes décédées. Donc on peut supposer qu'ils aient un lien -une parenté- avec la personne observée.
- Vous voulez dire que, si l'on se base sur les poncifs scénaristiques en vigueur, la personne observée serait leur enfant, habité d'un sentiment de culpabilité hérité d'un évenement lié au décès de ses parents?
- Ou du cadre rigide dans lequel il semble avoir été élevé.
- Il?
- Parfaitement Watson, la caméra subjective est la même que pour le plan des mains sanglantes, ce qui nous pousse à la conclusion qu'il s'agit d'un homme, donc d'un fils.
- Mais, Holmes, leur regard semble bienveillant.
- Ah mon cher Watson, vous omettez les poncifs hérités du succès au box office d'un film comme Psychose. Et partant de ce genre de trame éculée, nous avons le droit -et le devoir- de déduire que le film dont il est question a pour sujet un jeune homme atteint de troubles mentaux suite à une éducation rigoriste l'ayant plongé dans la culpabilité. De facto, comme la plupart des déséquilibrés mentaux mis en scène par un cinéma bien peu inspiré sont des meurtriers en puissance, nous en concluons qu'il a ou va durant le métrage commettre un acte violent de nature à créer une émotion chez le spectateur... Vous me suivez Watson?
- Parfaitement Holmes, mais où voulez-vous en venir?
- Ré-flé-chi-ssez Watson! Des parents rigoristes dont la vision, fantasmée ou réelle, plonge le "héros" dans la culpabilité, une dose de fantastique et de sang propre à appâter le chaland, et l'utilisation de tout un tas d'artifices vus et revus, ça ne vous rappelle rien?
- Eh bien... un paquet de nanards pour ados bouffeurs de pop-corn pondus par des aspirants David "Twin Peaks" Lynch...
- Oui c'est vrai, Il y a en effet un tas de ces daubes pseudo-horrifiques qui, sous couvert de drame psychiatrique, n'arrivent pas à faire réprimer un assoupissement certain chez le curieux.
- Le curieux?
- Tout à fait Watson. Vous oubliez qui a posté ces photos: un amateur de films étranges, ce qui exclue toutes les bouses "Screameuses" produites en série. Donc ce qui présuppose que celle-ci s'est parée d'une approche esthétisante lui donnant un bien artificiel cachet artistique propre à attirer l'attention de l'amateur d'étrangeté. Et cela ressert un brin la sélection des possibles.
- Mon Dieu...
- Mon Dieu, le terme est juste.
- Mon Dieu ?... My God! Bon sang, mais c'est bien sûr! Un nanard de bas échelon dont les prétentions lynchiennes sont rendues caduques par un jeu d'acteurs au ras des paquerettes et par un suspens qui ne survit pas au visionnage de la bande-annonce, ce ne peut être que...
- ... ?
- The Passion of Darkly Noon de ce tâcheron anglosaxon multicartes de Philip Ridley avec les insignifiants Brendan "Je ne connais qu'une expression faciale" Fraser, Ashley "J'en connais deux" Judd et Viggo "je passe" Mortensen !
- Élementaire mon cher Watson.
IN GIRUM IMUS NOCTE ET CONSUMIMUR IGNI
Nous tournons en rond dans la nuit et le feu nous dévore