que lisez-vous en ce moment ? - le retour -

[NIMOe]

Oué, j'ai vu le film au cinéma, je l'avais trouvé magnifique même si un peu hermétique, après Starsky m'a tout expliqué lors d'un post demeuré légendaire, et qui finit par disparaitre...
(et que j'aurai du apprendre par coeur)

Donc ben comme on m'a offert le combo DVD+livre, je me suis dit que lire le livre avant de le revoir était une bonne idée !

Si j'aime bien je me fais la Route après, mais la traduction (j'en suis qu'au début) me trouble un peu, je sais pas si je vais accrocher ou pas.

yep, le film "no country for old men" est superbe (et javier bardem y est grandiose !). pas lu le bouquin mais si ceux que j'ai lu de McCarthy ("un enfant de dieu", "méridien de sang" et "la route") ont tous en commun un style qui lui est propre pour distiller comme personne (parfois même sans en avoir l'air) terreurs et surtout violences humaines (à fleur de sang... se r'trouvant hors des chairs, libérant les os), des façons de faire, atmosphères et peintures malgré tout aussi pas mal différentes entre les bouquins j'ai trouvé, bref... si le trouble persiste et si l'accrochage se fait pas pour çui-ci... j'me permets de conseiller de peut-être tout de même pas s'arrêter en route... mais de rester sur "la route", quand même, un vrai p'tit chef d'oeuvre !

[niap]

Après "les couilles de dieu" de Pourquié, qui finit d'être intéressant aux deux tiers, voici "Moi tout craché" de Jay McInerney

Après le triomphe de La Belle Vie en 2007, Jay McInerney revient avec des nouvelles inédites, chroniques d’une Amérique désenchantée.

Qu’est-ce qui a bougé, en Amérique, entre 1982 et 2009 ?

Avec sensibilité, avec humour, et non sans cruauté, Jay McInerney fait le portrait d’une génération qui avait voulu changer le monde et qui se retrouve, trente ans plus tard, prise au piège de ses propres contradictions.

Jay McInerney va vite, très vite, sa plume capte les frémissements les plus ténus, ceux qui, justement, définissent le climat d’une époque, sa vie encore secrète. Il excelle dans le croquis à main levée, le détail cru, la phrase notée au vol. Lorsqu’il décrit un trader cocaïnomane ou une gosse de riche déprimée, il les invente au fur et à mesure qu’il les dessine, et nous les voyons pour la première fois, avant qu’ils ne se figent en clichés.

En regroupant en un seul volume toutes les nouvelles – ou presque – qu’il a publiées, l’auteur de La Belle Vie rend hommage à celui qui fut autrefois son mentor : Raymond Carver, maître incontesté de la short story. En 1982, encouragé par Carver, Jay McInerney écrit une histoire dédiée aux nuits blanches, comme la poudre dont son héros semble ne jamais se lasser, et qui deviendra plus tard le premier chapitre de Bright Lights, Big City … La suite appartient à la légende.

[Athalie]

pas lu le bouquin mais si ceux que j'ai lu de McCarthy ("un enfant de dieu", "méridien de sang" et "la route") ont tous en commun un style qui lui est propre pour distiller comme personne (parfois même sans en avoir l'air) terreurs et surtout violences humaines (

Je suis une grande fan de McCarthy dont j'ai lu tous les bouquins et à mon humble avis, son chef d'œuvre reste "L'obscurité du dehors". Il a un style très singulier, moins présent je trouve dans ses deux derniers romans où il se met presque à faire de la psychologie alors que c'était absolument banni des précédents : aucune intrusion dans les pensées des personnages, une écriture purement descriptive, très distancée mais lyrique en même temps, et ces très longues phrases avec des "et (...) et (...) et (...)" qui expriment par leur rythme même la fatalité qui pèse sur les personnages et leur profonde solitude ... j'adore
(du coup, toujours pas vu les trois films adaptés de bouquins du monsieur, trop peur d'être horripilée je crois)

[Doctor Louarn]

C'est bien mais avec le même défaut que le capital humain de Rouillan, parler de la vie d'usine avec 10% de fantasme et la volonté de démontrer tous les mauvais côtés dans une seule usine, je trouve que ça passe un peu à côté de la cible, mais le bouquin est pas mal en particulier sur la vision de la servitude volontaire en usine (à mon avis l'auteur a quand même mis les pieds dans une salle de pause plusieurs fois) .

A lire quand même, comme le capital humain d'ailleurs: bien écrit et qui met la pêche, l'envie de crever le monde tel qu'il est



Rouillan y intègre aussi ce qu'il connait, son expérience et surement rencontres de prisonnier, et surtout les luttes des années 70 et 80

[melvinjunko]

aucune intrusion dans les pensées des personnages, une écriture purement descriptive, très distancée mais lyrique en même temps, et ces très longues phrases avec des "et (...) et (...) et (...)" qui expriment par leur rythme même la fatalité qui pèse sur les personnages et leur profonde solitude ...

Oué, c'est exactement ça le style de "No country"...
Machin prend un verre et va boire au robinet et va fermer le robinet et sort de la cuisine et va monter dans sa voiture et va partir sur la route sableuse et ne regarde même pas dans le retro...

C'est assez bizarre au début, mais quand on prend le bon rythme, c'est plutôt sympa. J'ai hâte de le finir pour me refaire le film, j'hallucine à quel point certaines séquences semblent être parfaitement identiques et vraiment vraiment bien adaptées.

[Athalie]

Ah, alors moi il faut que je mate le film ! (Je n'ai aucun problème avec les adaptations très libres si c'est présenté comme tel, mais pour moi McCarthy ça tient tellement à ce style particulier que je crains de ne voir aucun intérêt à des adaptations qui n'en reprendraient que l'histoire.. enfin, à voir !)

[Polemick Sterile]

ABC Dick
http://www.dickien.fr/files/254-ABCDick.php

je le conseil a tout fan de ce grand ecrivain, et chapeau Monsieur Kyrou , ce bouquin est tres bien ficelé.

[NIMOe]

Je suis une grande fan de McCarthy dont j'ai lu tous les bouquins et à mon humble avis, son chef d'œuvre reste "L'obscurité du dehors". Il a un style très singulier, moins présent je trouve dans ses deux derniers romans où il se met presque à faire de la psychologie alors que c'était absolument banni des précédents : aucune intrusion dans les pensées des personnages, une écriture purement descriptive, très distancée mais lyrique en même temps, et ces très longues phrases avec des "et (...) et (...) et (...)" qui expriment par leur rythme même la fatalité qui pèse sur les personnages et leur profonde solitude ... j'adore
(du coup, toujours pas vu les trois films adaptés de bouquins du monsieur, trop peur d'être horripilée je crois)

ah yep, pareil, l'absence de ponctuation qui coure dans la dimension purement et simplement descriptive j'trouve ça vraiment férocement super balèze aussi. quand ça en fait un truc au premier abord distancié, ça en livre aussi un rendu paradoxalement très rentre dedans, au corps...
à manger de la description, t'avales... et tu dois digérer...
du coup t'as très bien dit ce que m'a fait la lecture d'"un enfant de dieu" (le premier que j'ai lu), la claque ! qui a été aussi de croire pendant un instant que je trouvais ça pas si violent qu'annoncé (du fait de découvrir ne pas être plongée au sein d'allées et venues dans les méandres labyrinthiques du cervelet et autres artères du palpitant du personnage), hum... autant dire que ça n'a pas duré : son style narratif dépouillé s'imprégnant a contrario comme rarement oui, avec désespoirs et descentes aux enfers humain-e-s qui vont avec, tout rentre sans en avoir l'air (ça a l'air mis à distance (sic!) !) de manière du coup très profonde en étant enchainé avec une écriture si précisément descriptive qu'on y est, juste... et du coup le non-dit est évidemment là, transpirant et suintant de cette non formulation, c'en est encore plus fort et rentre en résonance de manière bien terrible, en étant déjà dans l'estomac... bref, mwep, ce McCarthy a vraiment une écriture d'une grande force : et du coup un peu pareil concernant les adaptations et la question de l'éventuelle déception en fait, j'ai vu le film dont j'avais pas lu le bouquin ("no country for old men") et j'ai toujours pas vu "la route" dont j'ai lu le bouquin, à voir si j'vais sauter le pas... mais ce qui est certain là après t'avoir lue en tout cas c'est que ça m'a relancée sur la plume du bonhomme et que j'm'en vais dénicher "l'obscurité du dehors" !!!

mais et sinon je n'ai connaissance que des deux susnommées, c'est quoi la troisième adaptation alors ?

[Athalie]

Ah ben si t'as aimé "Un enfant de Dieu" tu devrais apprécier "L'obscurité du dehors" je pense :-)
La troisième adaptation, la première chronologiquement, c'est "De si jolis chevaux", adaptation du roman éponyme avec Matt Damon et Pénélope Cruz. ça m'avait fait bien peur à l'époque mais ceci dit je ne l'ai toujours pas vu...

Dans un tout autre genre je dévore en ce moment "Le pont de Londres", la suite de "Guignol's band" - avec Céline on reste dans la catégorie des écrivains à style fort ! Ici on est dans une narration à la première personne et à la place des longues phrases en "et (...) et" caractéristiques de McCarthy ce sont là les exclamations et points de suspension qui créent tout le style. Et qu'est-ce que c'est fort aussi dans son genre ! On sent vraiment la matérialité du langage, le rythme effréné qui correspond pour le personnage à l'urgence de lutter pour la vie et contre le traumatisme de la guerre. J'adore le mélange de langage oral et familier et de construction rythmique très travaillée. Voilà bien deux exemples de grands écrivains chez qui les idées prennent vraiment corps dans la matière des mots et de la ponctuation !

[NIMOe]

j'viendrai en dire mots et sentiments après lecture...

ouh la oui... peuuur pour l'adaptation "De si jolis chevaux" ; j'crois que pour (pas ?) passer le pas, j'vais plutôt aller dans l'autre sens... (film > bouquin) et lire "no country for old men"... :-)

j'connais très mal Céline, la tentative quand j'étais ado m'est tombée des mains et m'a laissé un souvenir obscur, j'ai jamais remis ça... ça fait partie des lacunes, à rattraper, il doit être temps... et tu attises diablement bien le truc avec ton post et le parallèle d'écriture en forte tension avec McCarthy : et ben ouala, la liste des à dénicher se voit encore ponctuer d'une nouvelle ligne...