100 milliards d'euros: ce que devrait coûter l'accident de Fukushima 07/11
Le coût total engendré par la catastrophe nucléaire de Fukushima pourrait doubler, a prévenu le producteur d'éléctricité Tepco ce mercredi.
La note s'alourdit pour le Japon. Le coût total lié à la catastrophe nucléaire qui s'est produite après le tsunami du 11 mars 2011 dans la centrale de Fukushima devrait être deux fois plus important que prévu. La direction de Tokyo Electric Power, le producteur d'énergie qui gère la centrale, a en effet indiqué ce mercredi qu'il prévoyait des coûts de 10.000 milliards de yens (soit près de 100 milliards d'euros) au lieu des 5.000 préalablement calculés. Ce montant comprend les dédommagements aux victimes et la décontamination des sites qui avaient été touchés par les fuites nucléaires.
En raison des graves difficultés financières engendrées par la catastrophe pour Tepco, l'Etat nippon a mis la main à la poche, grimpant au capital de la compagnie, ce qui a débouché sur une nationalisation de fait. Face à ces nouveaux besoins identifiés, le Tokyo risque d'être à nouveau sollicitée.
la catastrophe nucléaire de Fukushima
Re: la catastrophe nucléaire de Fukushima
Re: la catastrophe nucléaire de Fukushima
Des robots pour inspecter la centrale nucléaire de Fukushima Marc Zaffagni
Pour travailler dans les décombres de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, détruite par le tsunami qui a frappé le Japon en mars 2011, des engins spéciaux voient le jour. Toshiba propose un curieux robot quadrupède portant sur son dos un petit rover et Cyberdine adapte son exosquelette HAL pour protéger des radiations et de la chaleur.
À la suite du tsunami qui a ravagé le Japon en mars 2011, la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi a subi une explosion sur l’un de ses réacteurs. Plus d’un an et demi après le sinistre, le site reste hautement contaminé et certaines zones sont encore inaccessibles aux interventions humaines. Pour avancer dans les travaux sans risquer des vies, l’alternative consiste à utiliser des robots. Toshiba vient de présenter un modèle quadrupède capable d’évoluer sur des terrains accidentés, de monter des escaliers et d’éviter les obstacles jonchant le sol. Il est équipé d’une caméra et d’un dosimètre pour mesurer le niveau de radiation environnant.
Contrôlé par une connexion sans fil, ce robot pourra se rendre dans les zones les plus fortement contaminées. Et s'il se trouve bloqué dans sa progression, il peut lâcher... un robot, qu’il transporte sur son dos. Doté de 4 roues et d’une caméra, ce compagnon est relié au robot principal par un câble. Il pourra, par exemple, inspecter l’état d’une tuyauterie ou des installations situées dans des zones étroites difficiles d’accès.
http://www.youtube.com/watch?v=Uohs8ompwxU
Le robot quadrupède de Toshiba en action, capable de gravir des marches avec une inclinaison prononcée. Lorsque le terrain ne lui permet plus de progresser, il peut déployer le minirobot qui se trouve sur son dos à l’aide d’un bras motorisé. Le minirobot peut par exemple s’engouffrer dans un passage étroit ou un tuyau, en renvoyant les images avec sa caméra embarquée.
Le robot quadrupède pèse 65 kg pour un peu plus d’1 m de haut. Il se déplace à 1 km/h et possède une autonomie de deux heures. Le minirobot d’inspection pèse quant à lui 2 kg, pour 313 mm par 327 mm par 47 mm, avec une autonomie d’une heure et une vitesse de déplacement de 200 m/h. Toshiba indique dans son communiqué qu’il compte poursuivre le développement de son robot, notamment en ajoutant un bouclier antiradiations et en le rendant étanche.
Un exosquelette avec du tungstène pour explorer Fukushima
Les interventions humaines restent malgré tout indispensables à la centrale de Fukushima-Daiichi. Afin de protéger les personnes et les soulager dans leurs tâches pénibles, l’une des solutions adoptées est le recours à un exosquelette. Cyberdyne, une société créée par le professeur Sankai de l’université de Tsukuba, a développé une version spéciale de son exosquelette Hybrid Assistive Limb (HAL) destiné aux équipes ayant à évoluer dans des conditions dangereuses.
HAL utilise des capteurs placés sur la peau qui détectent les signaux électriques envoyés par le cerveau aux muscles et permettent au système de se synchroniser avec les mouvements des bras et des jambes. Résultat : HAL permet de soulever jusqu’à 40 kg sans forcer. L’exosquelette intègre des coques de protection en tungstène afin de réduire de moitié l’exposition aux radiations, un système de refroidissement pour l’utilisateur et des capteurs qui mesurent le rythme cardiaque et la température. De quoi prêter main forte aux équipes sur place.
Re: la catastrophe nucléaire de Fukushima
Japon: un réacteur bientôt démantelé ? AFP 10/12
Un réacteur d'une centrale nucléaire actuellement stoppée du Japon est vraisemblablement situé sur une faille active et, dans ce cas, risque de devoir être démantelé, selon des géologues consultés par la nouvelle Autorité de régulation nucléaire. Les experts mandatés par cette instance ont procédé à des examens sous le complexe nucléaire de Tsuruga (préfecture de Fukui, ouest), études qui indiquent que les derniers mouvements de la faille identifiée sont selon eux suffisamment proches pour considérer qu'elle est encore active.
A la suite d'une réunion avec lesdits experts, Shunichi Tanaka, président de l'organisme de régulation, a laissé entendre que l'autorité aurait dans ces conditions du mal à garantir la sécurité du site et donc à donner l'autorisation de redémarrer le réacteur concerné. Si l'Autorité nucléaire conclut qu'il s'agit d'une faille active, le réacteur en question devra être démantelé.
A ce jour, seulement deux réacteurs sur un parc de 50 sont en service au Japon, les autres étant maintenus à l'arrêt par mesure de précaution et en raison de nouveaux tests de résistance aux catastrophes naturelles imposés par le gouvernement après l'accident de Fukushima consécutif à un tsunami en mars 2011. Aucun ne peut redémarrer sans le feu vert de la nouvelle autorité nucléaire créée en septembre et qui est en train de revoir les standards de sécurité.
Les mêmes experts sont aussi consultés sur d'autres soupçons de failles actives ailleurs, dont une sous le complexe d'Ohi (ou Oi) où deux des quatre tranches (3 et 4) sont actuellement actives, ayant obtenu en juin l'aval de l'Etat pour être relancées.
Re: la catastrophe nucléaire de Fukushima
Japon : la victoire des conservateurs rouvre la porte du nucléaire 18.12 Audrey Garric (avec agences)
L'argument de la "sortie du nucléaire" n'a pas su convaincre au Japon. Vingt mois après la catastrophe de Fukushima, le Parti libéral-démocrate (PLD), pro-nucléaire, a triomphé, dimanche 16 décembre, aux législatives, laminant les formations qui avaient fait campagne pour l'abandon de l'atome en pariant sur le rejet de la population.
Bien que des millions de Japonais aient signé une pétition pour dire "adieu au nucléaire" et que des centaines, voire des milliers, de militants "no nuke" aient défilé chaque vendredi sous les fenêtres du premier ministre, le PLD l'a emporté en se posant en "parti réaliste" privilégiant les défis économiques, principale préoccupation des citoyens, devant la question des centrales atomiques.
RELANCE DES RÉACTEURS
Conséquence : le plan énergétique du gouvernement sortant de Yoshihiko Noda – qui prévoyait l'arrêt progressif de la production nucléaire sur trente ans – risque, sinon de passer intégralement à la trappe, du moins de subir une révision importante.
Le PLD s'est engagé à un passage en revue des 50 réacteurs du pays – dont seuls deux sont actuellement en service – dans un délai de trois ans pour se prononcer ensuite sur leur relance. Les conservateurs, qui plaident en faveur d'un Japon fort et non tributaire de l'étranger, jugent en effet impossible à moyen terme de se passer d'une des rares formes d'électricité que le pays est capable de produire sans trop dépendre de l'extérieur.
La perspective d'une relance du nucléaire s'est immédiatement traduite sur les marchés par une très forte progression des titres des compagnies d'électricité lundi. Plus forte hausse : l'action de la compagnie gérant la centrale de Fukushima, Tokyo Electric Power (Tepco), s'est envolée de près de 33 % à la Bourse de Tokyo, après être tombée très bas après l'accident nucléaire de mars 2011.
Lire : Japon : le marché salue la victoire des conservateurs
NOUVELLE AUTORITÉ DE RÉGULATION NUCLÉAIRE
Si la décision de relance est du ressort du pouvoir politique, le verdict de sûreté préalable doit toutefois être prononcé par la nouvelle Autorité de régulation nucléaire, mise en place en septembre. Cette instance prévoit de définir de nouvelles normes de sécurité plus sévères que les précédentes dans le courant de l'année prochaine, de superviser l'élaboration de plans de prévention et de secours par les régions hébergeant des installations atomiques et de se prononcer sur leur sûreté.
Lire : Japon : l'autorité nucléaire renforce les règles de sûreté des centrales
Outre le passage en revue des résultats de "tests de résistance" imposés à tous les réacteurs, l'autorité est en train de procéder, avec des experts-géologues extérieurs, à des examens du sous-sol de six sites nucléaires soupçonnés d'être bâtis sur des failles actives.
La nouvelle autorité, constituée d'un comité de 5 membres et d'effectifs administratifs et techniques de 500 personnes, s'avère, à la différence de la précédente, statutairement indépendante du gouvernement et, en particulier, du ministère de l'industrie. Sa transparence se matérialise notamment par la diffusion sur Internet de ses réunions et trois conférences de presse hebdomadaires. Mais des critiques ont fusé dans la presse sur les choix de ces cinq membres, compte tenu de leur passé professionnel dans le secteur de l'énergie nucléaire.
DÉFAILLANCE DES OPÉRATEURS DE CENTRALES
"Les changements concernant le statut de l'instance de régulation sont positifs, mais il reste beaucoup à faire au niveau des industriels et exploitants en termes de prise de conscience et de gestion de la sûreté", a assuré à l'AFP André-Claude Lacoste, ex-président de l'Autorité de sûreté nucléaire française, auditionné vendredi par l'autorité nippone avec deux autres experts étrangers. Et d'ajouter : "Il est extrêmement dangereux que les opérateurs de centrales considèrent comme suffisant de s'en tenir aux seules règles que leur impose le pays, car le principe premier de la sûreté nucléaire internationale repose sur l'initiative d'élever davantage le niveau."
Vendredi, Tepco avait admis que ses "mauvaises habitudes" étaient responsables de la catastrophe du 11 mars 2011. Takefumi Anegawa, qui dirige la cellule de réforme mise en place par le groupe après le désastre, a fait siennes les conclusions d'un rapport parlementaire qui avait dénoncé en juillet la "collusion" entre le gouvernement, l'autorité de sûreté et l'opérateur nucléaire. Le responsable de Tepco a jugé que ce rapport, fruit de six mois d'enquête, contenait de nombreuses descriptions "des failles de notre culture d'entreprise en matière de sécurité et de nos mauvaises habitudes".
Lire : Fukushima : le gouvernement et Tepco ont ignoré le risque d'accident
La compagnie avait déjà admis en octobre qu'elle avait minimisé le risque de tsunami par peur de devoir fermer la centrale pour travaux. Dans un rapport en forme de confession, elle indiquait qu'avant même que le tsunami géant ne submerge la centrale, la compagnie était au courant que les systèmes de défense et de protection étaient insuffisants, mais qu'elle n'avait toutefois pas agi. "Il y avait cette inquiétude que si de nouvelles et sévères mesures étaient imposées, la sécurité de toutes les centrales existantes serait devenue un sujet de préoccupation", indiquait le texte.
Lire : Fukushima : la compagnie Tepco admet avoir minimisé le risque de tsunami
NORMES DE SÛRETÉ PLUS ÉLEVÉES
"Il est nécessaire de relever encore les normes de sûreté nucléaire, en envisageant tous les événements extrêmes qui peuvent affecter les centrales, et ce, de manière transparente", assure Delphine Batho, interrogée par Le Monde.fr. La ministre de l'écologie, qui participait à une conférence ministérielle internationale sur la sûreté nucléaire, samedi dans la préfecture de Fukushima, a fait des propositions en ce sens : la publication du suivi par chaque Etat du plan d'action sur la sûreté de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), comme le fait déjà la France ; l'obligation de revues des centrales par des équipes étrangères ; et la création d'une force d'action rapide à l'échelle internationale en cas de crise.
"Les engagements pris lors de la conférence générale de l'AIEA en septembre 2011 [un renforcement de la sûreté des centrales mais sans caractère contraignant] ne doivent pas être perdus de vue, avance la ministre. Au Japon, nous avons essayé de convaincre nos partenaires d'avancer sur la question de la sûreté nucléaire, qui est un peu éclipsée aujourd'hui au profit de l'agenda économique."
Re: la catastrophe nucléaire de Fukushima
Fukushima : le CNRS tait la vérité et domestique les masses Thierry Ribault | Economiste au CNRS
Le CNRS a rendu accessible le 7 janvier un dossier scientifique multimédia sur l’énergie nucléaire, destiné au « grand public ». Chercheur au CNRS en poste au Japon, où je travaille sur les modalités de la protection humaine dans le contexte du désastre de Fukushima, je tiens à me dissocier des propos tenus dans cette « animation », destinée à domestiquer les masses et taire la véritable situation à Fukushima.
Dans ce dossier « scientifique » aux desseins animés, les affirmations dénuées d’argumentation et prenant des allures d’évidences indiscutables sont légion. Ainsi, il y est certifié que :
« Le nucléaire est un investissement politique sur le très long terme, qui impose des décisions sur plusieurs décennies, difficiles à remettre en cause même après un accident nucléaire majeur comme celui de Fukushima. »
On apprend également que :
« Le rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) sur la catastrophe de Tchernobyl, paru en 2005 sous l’égide des Nations unies, a évalué le nombre de décès de victimes immédiates de l’accident à moins de 50, et à 2 200 celui de l’excès de décès entraîné par l’exposition à la radioactivité des 200 000 “liquidateurs” les plus exposés. »
Des estimations remises en question
Rappelons que ces estimations ont été contestées par l’Union of Concerned Scientists (qui annonce 25 000 morts), ou par l’Académie des sciences de New York (qui en annonce entre 211 000 et 245 000, 15 ans après la catastrophe).
En Ukraine, un rapport gouvernemental de 2011 rend compte de 2 254 471 personnes affectées par le désastre de Tchernobyl, dont 498 409 enfants. Entre 1992 et 2009, chez les enfants ukrainiens, les maladies endocriniennes ont été multipliées par 11,6, les pathologies de l’appareil locomoteur par 5,3, les maladies du système gastro-intestinal par 5, les maladies cardiovasculaires par 3,7 et les troubles du système urogénital par 3,6.
La proportion d’enfants présentant des maladies chroniques est passée de 21% à 78%, et sur les 13 136 enfants nés des « liquidateurs » de Tchernobyl de 1986-1987, 10% présentaient des malformations congénitales à la naissance.
Parodie de « neutralité scientifique »
Les Nations unies constituant par ailleurs manifestement l’unique source accréditée par les contrôleurs scientifiques du CNRS, pourquoi ces derniers ne se réfèrent-ils pas au rapport radionégationniste de 2011 de l’United Nations Scientific Committee on the Effects of Atomic Radiation (UNSCEAR) ?
Ce dernier fait état de 62 morts – 15 morts du cancer de la thyroïde et 47 morts parmi les secours d’urgence – en tout et pour tout en lien avec l’irradiation due à la catastrophe de Tchernobyl.
Faire état de quelques nuisances radio-induites supplémentaires ne peut, il est vrai, que servir la déplorable parodie de « neutralité scientifique » à laquelle ils s’adonnent, en concubinage avec leurs « partenaires » (CEA [Commissariat à l’énergie atomique], ANDRA [Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs], IRSN [Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire], EDF, AREVA).
« Domestiquer les masses »
A Fukushima, selon le même dossier, « une zone rouge de 20 km a été délimitée, dans laquelle le gouvernement travaille à la dépollution : nul ne sait quand les quelque 110 000 habitants seront autorisés à rentrer », sans que soit fait mention des vastes zones inhabitables situées à 40 km de la centrale et bien au-delà, et sans que soit rappelé que le critère de définition de la zone de migration obligatoire a été fixé à une dose de 20 millisieverts par an, soit quatre fois plus qu’à Tchernobyl et vingt fois la norme internationale d’inacceptabilité.
La fameuse « non-imposition des valeurs », à laquelle faisait référence Max Weber dans sa conférence de 1917, « La science, profession et vocation » (si chère à certains chercheurs du CNRS qui, récemment réunis en colloque, l’y revendiquaient encore), ne s’est, de fait, pas imposée dans l’élaboration de ce dossier sur le nucléaire, destiné plutôt, comme dirait Weber lui-même, à « domestiquer les masses ».
Ce que le dossier du CNRS se devait d’établir concernant le désastre de Fukushima, et que ses exécutants académiques ont choisi de ne pas dire, je souhaite le dire aujourd’hui après bientôt deux ans de travail sur place.
Fukushima : les silences du CNRS
Le désastre de Fukushima, c’est une diffusion de césium 137 dans l’atmosphère 500 fois plus importante qu’à Hiroshima, d’après le physicien artisan du nucléaire japonais Anzai Ikuro. C’est aussi, selon le Norwegian Institute of Air Research, la plus grande émission de gaz rare xénon 133 connue en dehors des essais nucléaires : plus de deux fois les émissions de ce gaz à Tchernobyl.
C’est un tiers du département de Fukushima contaminé à un taux supérieur à 37 000 becquerels par mètre carré (pour le seul césium 137), et au moins treize départements contaminés, le tout représentant 8 à 10% du territoire japonais.
C’est 1 532 barres de combustible de 3 tonnes et de 4 mètres de long chacune, stockées dans la piscine du réacteur n°4, au cinquième étage d’un bâtiment qui menace, à la première secousse, de s’effondrer, suscitant ce commentaire laconique du Pr. Hiroaki Koide, spécialiste des réacteurs à l’université de Kyoto : « Ce serait la fin ».
Le 4 janvier 2013, le Pr. Koide reconnaît dans un entretien qu’il nous a accordé qu’« il existe une marge de manœuvre, car selon TEPCO, si la piscine du 4ème réacteur s’effondrait, ou même si toute l’eau de refroidissement s’échappait, tant que la disposition des barres n’est pas modifiée, la température peut monter jusqu’à 170°C ».
100 000 habitants de Fukushima qui ne peuvent pas partir
Le désastre de Fukushima, c’est 24 000 employés ayant travaillé sur les lieux depuis mars 2011, dont seulement 3,7% peuvent bénéficier d’un examen de détection de cancer proposé par les autorités et TEPCO. C’est, sur les deux millions d’habitants du département, seulement 100 000 réfugiés du nucléaire ayant migré à l’intérieur du département et 63 000 autres l’ayant quitté.
C’est seulement 10% des enfants du département déplacés en dehors de celui-ci. C’est un tiers des 300 000 habitants de la ville de Fukushima affirmant vouloir partir sans pouvoir le faire. Ce sont les aides au retour mises en place par le gouvernement, pour inciter les réfugiés à revenir dans des zones pourtant identifiées comme contaminées, et c’est depuis décembre 2012 la suppression de la gratuité des logements publics pour les nouveaux réfugiés hors du département.
Le désastre de Fukushima, c’est la mise en place de la plus grande enquête sanitaire sur les effets des radiations jamais conçue, qui permettra de collecter, d’ici 2014 et sur trente ans, les données relatives aux habitants du département, dont 360 000 enfants, les objectifs de l’équipe en charge étant de « calmer l’inquiétude de la population » et d’« établir un record scientifique ».
Sur les 80 000 enfants examinés pour la thyroïde, 39% présentent des nodules de moins de 20 mm et des kystes de moins de 5 mm d’épaisseur. Un premier cas de cancer de la thyroïde a été officiellement déclaré chez un enfant de moins de 18 ans le mardi 11 septembre 2012.
« Les gens regardent ailleurs »
Le désastre de Fukushima, c’est cet habitant de la ville de Fukushima qui nous déclare lors d’un entretien, en novembre 2012, que le ghetto de Varsovie et les zones contaminées de Fukushima, c’est une seule et même chose :
« Les gens de l’extérieur savent que s’y trouve l’antichambre des camps de la mort, regardent ailleurs et continuent de certifier que le nucléaire, c’est incontournable. »
Voilà la « protection » mise en œuvre à Fukushima, qui ne suscite que silence dans le dossier nucléaire du CNRS. « L’ignorance c’est la force », disait Orwell. Dans cette situation d’effondrement de la conscience humaine, de grande inversion où le désastre est nié dans ses conséquences négatives, pour être transmué en opportunité d’affaires dans un milieu morbide auquel chacun est sommé de se soumettre, la prise de position en faveur de la vie est devenue un programme révolutionnaire.
Raccourcir la période de nocivité des managers de l’organisation des apparences, mettre en cause l’ensemble des intérêts qui gouvernent la dégradation du tout, tromper les trompeurs, renverser les inverseurs, évacuer les évacuateurs : voilà ce que, à mes yeux, doit « chercher » à faire un chercheur au CNRS.
Non pas se contenter d’un engagement, piètre variante de la mise au service du nucléaire attestée ici par la mobilisation des scientifiques de caserne, mais, face aux actes déraisonnés des producteurs d’ignorance et à la déshumanisation qu’ils promeuvent, faire preuve d’un véritable enragement.
Re: la catastrophe nucléaire de Fukushima
Fukushima : augmentation du risque de cancer près de la centrale 28-02
L'accident nucléaire de Fukushima, au Japon, a entrainé une relative augmentation du risque de cancer dans les zones les plus touchées prés de la centrale, estime un rapport de l'Organisation Mondiale de la Santé, rendu public jeudi à Genève. (c) Afp
GENEVE (AFP) - L'accident nucléaire de Fukushima, au Japon, a entraîné une relative augmentation du risque de cancer dans les zones les plus touchées prés de la centrale, estime un rapport de l'Organisation Mondiale de la Santé, rendu public jeudi à Genève.
Il ressort de cette évaluation que l'évènement de Fukushima, en mars 2011, "ne devrait entraîner aucune augmentation perceptible des risques pour la santé à l'extérieur du Japon", ajoute le rapport d'experts.
Ils estiment dans ce document de 166 pages que dans un rayon de 20 km autour de la centrale accidentée après un violent séisme suivi d'un tsunami, le risque de cancer de la thyroïde chez les femmes et les enfants est en augmentation à 1,25%, contre habituellement 0,75%.
En 1986 après l'accident de Tchernobyl en Ukraine, il avait été relevé une augmentation notable des cancers de la thyroïde parmi les enfants.
"La première préoccupation identifiée dans ce rapport porte sur des risques de cancer particuliers liés à la zone et à des facteurs démographiques", a souligné Mme Maria Neira, directeur à l'OMS pour la santé et l'environnement.
"Un examen des données, basé sur l'age, le sexe et la proximité par rapport à la centrale, montre un risque plus grand pour ceux qui étaient dans les zones les plus contaminées. En dehors de ces zones, y compris au sein de la préfecture de Fukushima, aucune augmentation du risque de cancer est attendue", a affirmé Mme Neira.
L'OMS insiste dans ce rapport sur la nécessité d'un suivi au cours des années des populations à risque, ainsi qu'une surveillance des aliments et de l'environnement.
Pour les travailleurs qui participent à la neutralisation de la centrale, il y a une "augmentation des risques concernant leur vie entière pour la leucémie, le cancer de la thyroïde et l'ensemble des cancers solides par rapport aux taux de référence", estime le rapport. "Quelques travailleurs qui ont inhalé des quantités significatives d'iode radioactif pourraient développer des troubles non cancéreux de la thyroïde", ajoute l'OMS.
Re: la catastrophe nucléaire de Fukushima
Les corbeaux de Fukushima Karyn NISHIMURA-POUPEE
CENTRALE NUCLEAIRE DE FUKUSHIMA DAIICHI (Japon) - Lorsque la terre trembla le 11 mars 2011, que l'on ne tenait plus debout dans le bureau de l'AFP, on comprit tout de suite que ce séisme-là n'était pas comme les autres. Mais on était loin d'imaginer le drame qui allait suivre: le tsunami gigantesque, et la catastrophe dans la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi. Au cours des mois suivants, nous avons livré des centaines de dépêches sur la situation dans ce site atomique et alentour, sans jamais pouvoir constater la situation de visu: la zone était, et reste, strictement interdite.
Pour une journaliste, rien n'est plus frustrant que d'être à ce point dépendante du bon vouloir des autorités. Près de deux ans plus tard, fin décembre 2012, je peux enfin me rendre à Fukushima. Un voyage de presse de quelques heures, strictement encadré, dans la centrale dévastée pour accompagner une visite du Premier ministre Shinzo Abe. Mais deux ans plus tard, c'est encore plus désespérant.
J'ai encore du mal à me convaincre que les scènes que j'ai vu alors étaient réelles. Imaginez: des villes entières totalement désertées, plus une âme humaine qui vive sur des centaines de kilomètres carrés autour de la centrale maudite. Avant, il y avait des gens dans les appartements, des paysans dans les champs, des clients dans les restaurants, des enfants aux mains de leurs parents. Tout, tout est resté en plan, à l'abandon. On voudrait interroger des gens. Mais plus personne ne se promène sur les routes, ne prend plaisir à sillonner la forêt luxuriante avoisinante, une des plus belles du Japon.
Cette vidéo amateur, tournée par un évacué qui se fait appeler Nekiragi, montre ce qui était la rue principale de Tomioka, un village dont les habitants ont tous été priés de quitter les lieux après la catastrophe:
Intactes ou à moitié détruites par le séisme du 11 mars 2011, des dizaines de milliers de maisons sont inhabitées. Pas un seul individu dans les nombreuses petites entreprises, les stations-services, les supermarchés et autres bâtiments qui bordent les routes.
Où sont-ils tous ? Quelle existence mènent-ils maintenant ? Espèrent-ils revivre ici? Font-ils parfois le déplacement? "Je suis revenu visiter ma maison, à Tomioka", m'a récemment écrit le même Nekiragi, photos à l'appui. "Ca c'est une peinture que j'avais réalisée il y a des années". Illusoire plus que prémonitoire, elle s'appelle "le retour". Impossible retour dans un environnement où le dosimètre affiche plus de 6 microsieverts/heure (contre 0,05 à Tokyo).
Elle était pourtant belle sa grande demeure blanche et marron à deux étages. A l'intérieur, tout est resté. Ici, la bibliothèque. "J'avais acheté le livre 'Terre des hommes', d'Antoine de Saint-Exupéry", dit encore Nekiragi. Et devant ce spectacle de désolation, le même de philosopher: "la tristesse ce n'est pas que ce soit cassé, c'est que le temps soit arrêté".
Le plus souvent, les seuls objets en mouvement que l'on aperçoit dans la zone encore fermée sont des fourgons de la police en patrouille ou les voitures des travailleurs du complexe atomique ravagé. Les panneaux publicitaires se voulaient alléchants, ils sont déprimants: on y souhaite la bienvenue, on y parle d'avenir, mais il n'y a plus personne pour les lire, personne pour y croire.
Personne, mais de pauvres corbeaux qui se croient encore heureux dans la nature continuent de survoler la centrale. Comme avant. Tôt ou tard les rayonnements qu'ils ne voient pas, ne sentent pas, auront raison d'eux. Ils nous fichent le cafard, ces corbeaux noirs. Et on regarde encore et encore partout, en se disant que non, ce n'est pas possible, que c'est juste pour quelques heures, quelques jours, quelques mois au plus. Mais non, c'est pour des années, que dis-je, des décennies pour les villages les plus proches du foyer radioactif.
Devant ce spectacle affligeant, le visiteur d'un jour tente d'imaginer comment cela s'est passé le 11 mars 2011, à 14H46, lorsque la terre a tremblé comme jamais dans cette région du nord-est du Japon, lorsque la vague de plus de quatorze mètres est venue gifler la centrale. "J'ai cru plusieurs fois mourir", a témoigné le directeur du site à l'époque, Masao Yoshida, un homme aujourd'hui très malade du cancer, pas à cause des rayonnements... du moins pas directement... du moins officiellement.
Au pied des réacteurs 5 et 6 du complexe atomique, l'océan si proche est redevenu sage. Mais ses ravages sont toujours visibles: des énormes réservoirs pliés par la déferlante, des carcasses de voitures enfoncées dans les bâtiments, des débris entassés.
Et puis des enchevêtrements de tuyaux, partout, sur lesquels s'affairent par endroits des hommes en combinaisons blanches, casqués et portant un masque intégral. A proximité, sont enterrés sous d'immenses tentes blanches des décombres radioactifs. Peu importe que l'on soit samedi ou dimanche, entre Noël et le jour de l'An, le travail doit continuer à la centrale de Fukushima, l'attention rester extrême. "Agir avec la sécurité comme première priorité", rappelle un panneau signé du directeur dans le QG de crise du complexe où quatre des six réacteurs ont été saccagés par la nature.
Il y a tout juste un an que le site est considéré comme stabilisé, mais le danger n'est pas écarté pour autant. La compagnie exploitante, Tepco, veut accélérer le calendrier, retirer vite le combustible usé de la piscine de désactivation du réacteur 4. Si elle venait à flancher, ce n'est pas un rayon 20 km qu'il faudrait évacuer, mais 200 ou plus, Tokyo compris! Vider en urgence une mégalopole de 37 millions d'habitants, soit l'équivalent de l'Algérie ou de la Californie? Cela semble infaisable, impensable. Qu'une telle possibilité ait pu à un moment émerger dans les têtes des experts-conseillers du gouvernement semble sortir tout droit d'un mauvais film catastrophe. Et pourtant, le scénario a bel et bien été envisagé, à un moment, par les autorités.
Sur le terrain, la bataille contre le temps est quotidienne. Quelque 3.000 personnes s'escriment là chaque jour. Certains ont l'air si jeune, la trentaine. Comment leur famille vit-elle leur dévouement? Ont-ils vraiment choisi d'être ici? Sont-ils conscients du danger? Quels sont d'ailleurs réellement les risques qu'ils encourent? Les avis des experts sont divisés sur la question, pas facile de savoir.
Quelle est leur motivation ? N'ont-ils pas l'impression de perdre leur temps ceux qui, à longueur de journée, passent lentement des compteurs Geiger de gauche à droite, de haut en bas, sur les carrosseries et vitres des véhicules sortant de la centrale, juste pour s'assurer qu'ils ne sont pas trop contaminés? Et cette femme qui me sourit à J-Village, centre de préparation des travailleurs, que pense-t-elle ? N'a-telle pas en réalité plutôt envie de pleurer? Moi, si. "J-Village: hôtel, restaurant, fitness club", annonce encore une pancarte surréaliste à l'entrée de cet ex-centre d'entraînement sportif construit par Tepco.
Aux murs des bâtiments de cet espace à 20 km de la centrale, des messages d'enfants de la région ont été punaisés pour encourager tous ceux qui ont désormais à effectuer la tâche la plus ingrate qu'il soit: nettoyer le site saccagé. "Gokurosama", "otsukaresama" ("vous avez bien travaillé", "vous devez être fatigué"): entre eux, les ouvriers se saluent humblement dans la file d'attente devant le système de contrôle d'irradiation, en espérant qu'il ne mente pas quand il leur dit d'une voix féminine "il n'y a rien d'anormal".
Mais comment ne hurlent-ils pas en entendant ces mots? Car rien n'est normal, tout est anormal au contraire, dans ce travail, cette obligation de passer par des sas, d'être inspectés par des machines, de porter des tenues de cosmonaute, de respirer à travers des masques, de compter les doses de rayonnements absorbés...
Certains sont pourtant venus de loin pour trimer ici quelques mois ou années, parfois forcés par des yakuzas-usuriers, un sale boulot pour rembourser au centuple des dettes contractées je ne sais comment. Quant aux résidents chassés par la radioactivité, d'aucuns espèrent rentrer, vivants, avant la fin du démantèlement. Il devrait durer quarante ans.
Re: la catastrophe nucléaire de Fukushima
Panne de courant à la centrale nucléaire de Fukushima Edité par A.B. avec AFP 18/03
Une panne de courant a contraint l'opérateur de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima, ravagée par le tsunami de 2011, à suspendre le refroidissement de trois piscines de stockage de combustible usagé.
Le refroidissement de trois piscines de stockage de combustible usagé a dû être stoppé par l'opérateur de la centrale nucléaire japonaise de Fukushima, ravagée par le tsunami de 2011. En cause : une panne de courant, a rapporté mardi l'agence Kyodo. Les postes de contrôle voisins n'ont pas enregistré de modifications importantes des niveaux de radioactivité après cette coupure de courant survenue lundi peu avant 19 heures heure locale (11 heures, heure française), a indiqué l'agence de presse japonaise.
Dans la nuit de lundi à mardi, à 1h45 heure locale (lundi 17h45, heure française), l'opérateur de la centrale, Tokyo Electric Power Co. (TEPCO), n'était pas parvenu à relancer l'alimentation électrique des systèmes de refroidissement, a ajouté Kyodo. L'incident n'a pas affecté jusqu'à présent l'injection d'eau dans les réacteurs numéro 1 et numéro 3 de la centrale, dont le combustible avait fondu à la suite de l'accident de 2011, selon l'Autorité de régulation nucléaire (NRA) citée par Kyodo.
La fusion partielle ou complète du combustible était survenue dans trois des six réacteurs de la centrale de Fukushima à la suite du séisme et du tsunami géant du 11 mars 2011, qui avaient entraîné l'arrêt de la fourniture d'électricité et des systèmes de refroidissement. La panne d'électricité survenue lundi a entraîné, en plus de l'arrêt des systèmes de refroidissement des piscines de stockage du combustible usagé de trois des réacteurs, l'arrêt des équipements de traitement des débris de la centrale contaminés, dont des matériaux radioactifs.
Fukushima: reprise partielle du refroidissement des piscines après une panne 19.03 AFP
L'opérateur de la centrale nucléaire japonaise Fukushima Daiichi a partiellement rétabli mardi après-midi le système de refroidissement des piscines de stockage du combustible, arrêté depuis une panne de courant la veille au soir.
L'électricité a été coupée lundi pour une raison inconnue à 18H57 (09H57 GMT), a expliqué mardi matin à l'AFP un porte-parole de Tokyo Electric Power (Tepco), Kenichi Tanabe. Il a ajouté que cette panne de courant avait entraîné l'arrêt des systèmes de refroidissement des piscines de stockage du combustible usagé des réacteurs 1, 3 et 4.
Le rétablissement partiel du courant a ensuite permis de relancer le système de refroidissement de la piscine du réacteur 1 à 14H20 (05H20 GMT), a précisé Tepco un peu plus tard dans un communiqué.
La compagnie d'électricité a ajouté que les systèmes de refroidissement des piscines des réacteurs 3 et 4 devraient fonctionner normalement vers 20H00 (11H00 GMT).
Le dernier système de refroidissement en panne, celui de la piscine de stockage dite "centrale", à l'écart des réacteurs proprement dits, devrait remarcher mercredi à 08H00 (mardi 23H00 GMT), a ajouté Tepco, ce qui règlerait le problème.
"Aucun changement important des niveaux de radioactivité n'a été détecté par nos instruments de mesure à proximité", a souligné M. Tanabe, écartant la possibilité d'une résurgence de la crise.
L'incident n'a pas affecté l'injection d'eau dans les réacteurs 1 à 3 eux-mêmes, dont le combustible avait fondu à la suite de l'accident de 2011, a-t-il poursuivi.
De son côté le responsable exécutif des installations nucléaires chez Tepco, Masayuki Ono, a précisé que la température de la piscine de stockage du réacteur 4 avait été estimée à 30,5 degrés Celsius à 10H00 locale (01H00 GMT).
Cette piscine est celle qui inspire le plus d'inquiétude car elle est la plus "garnie", avec 1.330 barres de combustible usagé et 200 barres de combustible non utilisé.
D'après Tepco, la température y monte en moyenne de 0,3 à 0,4 degré par heure depuis la coupure du système de refroidissement, ce qui laisse à l'opérateur environ quatre jours pour rétablir le courant avant que ne soit atteinte la limite de sûreté, fixée à 65 degrés Celsius.
M. Ono a souligné que la température des deux autres piscines était plus basse. Il a ajouté qu'un problème dans une unité de distribution de courant pourrait être à l'origine de la coupure, sans certitude toutefois.
"Notre priorité est de rétablir le courant pour relancer (le) refroidissement et nous voulons y parvenir le plus vite possible (...). Si cela prenait trop longtemps, nous pourrions toujours si nécessaire ajouter de l'eau de refroidissement (dans les piscines) afin d'éviter que la situation ne dégénère", a-t-il voulu rassurer.
Pour Akio Koyama, professeur au service de sécurité nucléaire de l'Université de Kyoto, la situation ne semble "pas grave dans l'immédiat".
"Même si l'eau atteint 65 degrés, ce ne serait pas critique à partir du moment où les barres sont toujours immergées. Mais si le niveau baissait au point que les barres soient à l'air libre, il y aurait alors motif à s'inquiéter", a-t-il ajouté.
L'accident nucléaire de Fukushima, le pire depuis celui de Tchernobyl (Ukraine) en 1986, s'était produit après un puissant séisme et le passage d'un tsunami géant le 11 mars 2011, qui avaient entraîné l'arrêt de l'alimentation des systèmes de refroidissement.
D'importantes quantités de radiation s'étaient disséminées dans l'environnement autour de cette centrale à 220 km au nord-est de Tokyo. La phase critique de l'accident est considérée comme terminée depuis décembre 2011, mais les travaux de sécurisation du site n'avancent que pas à pas en raison des hauts niveaux de radioactivité.
Re: la catastrophe nucléaire de Fukushima
" Situation d'urgence " à Fukushima, alors que l'eau radioactive se déverse dans l'océan AFP 06.08
Une "situation d'urgence" a été déclarée, mardi 6 août, par l'Autorité de régulation nucléaire japonaise (NRA) à la centrale de Fukushima, où de l'eau hautement radioactive se déverse toujours dans l'océan Pacifique, sans que l'opérateur Tepco (Tokyo Electric Power) soit en mesure de la contenir.
Selon la NRA, cette eau contaminée est en train de monter vers la surface et dépasse les limites légales d'écoulement radioactif, plus de deux ans après la catastrophe – accident nucléaire le plus grave depuis Tchernobyl, causé par un séisme et un tsunami qui avaient provoqué une panne de grande envergure dans la centrale.
L'ampleur de la menace posée par l'eau contaminée et ses conséquences sur l'environnement halieutique ne sont pas connues avec certitude. Mais les fuites radioactives de ce type peuvent affecter la santé des animaux marins puis celle des hommes qui consommeraient leur chair.
TRITIUM, STRONTIUM, CÉSIUM...
Dimanche, Tepco a communiqué pour la première fois une estimation des fuites radioactives dans l'océan. Bilan : entre vingt et quarante mille milliards de becquerels se sont déversés de mai 2011, soit deux mois après l'accident, à juillet 2013.
A la fin de juillet, la compagnie était revenue sur sa théorie selon laquelle l'eau chargée de tritium, de strontium, de césium et d'autres éléments radioactifs stagnait sous terre, et avait avoué qu'elle atteignait l'océan. Un revirement survenu au lendemain d'élections sénatoriales qui se sont soldées par la victoire du Parti libéral-démocrate du premier ministre Shinzo Abe, largement favorable au nucléaire. A la suite de cet aveu, l'autorité nucléaire japonaise a prévu d'enquêter sur ces fuites et de surveiller la contamination de l'océan.
Tepco avait toutefois assuré que l'impact de cette fuite radioactive dans le Pacifique était limitée et que les analyses d'eau de mer "ne montraient pas d'augmentation anormale des taux de radioactivité". Pourtant, dans des mesures prises dans un puits situé entre les réacteurs et la mer, Tepco avait enregistré un niveau de radioactivité de plusieurs dizaines de milliers de fois supérieur à la dose limite admise pour de l'eau de mer – niveau qui grimpait encore au mois de juillet.
"Nous ne savons toujours pas quelle est la cause précise de ces fuites, qui sont plus compliquées que nous ne le pensions", avait aussi déclaré Tepco, qui fait l'objet de critiques récurrentes pour sa façon, jugée malhonnête, d'informer le public. Pour l'instant, Tepco n'a prévu que des solutions temporaires pour pallier le problème. L'opérateur de la centrale injecte un produit chimique souterrain afin de solidifier les sols et d'éviter que les eaux radioactives ne s'écoulent, mais, selon le quotidien japonais Asahi, il n'est pas efficace au niveau des nappes phréatiques.
TEPCO CRITIQUÉ
Dans la centrale, chaque jour, 3 000 techniciens et ouvriers travaillent d'arrache-pied pour préparer le démantèlement du site, mais ils sont en permanence confrontés à de nombreuses avaries dans des lieux qui leur restent inaccessibles à cause de la radioactivité.
Tepco a été très critiqué pour son manque de réactivité face aux conséquences du tsunami et à la fusion des réacteurs. Dans les premières semaines qui ont suivi la catastrophe, le gouvernement japonais avait autorisé Tokyo Electric Power à déverser en urgence des milliers de tonnes d'eau contaminée dans le Pacifique.
Mais la diffusion de ces eaux toxiques a été vue d'un très mauvais œil par les pays voisins et les pêcheurs japonais. Depuis, la compagnie a promis qu'elle ne déverserait pas d'eau irradiée sans le consentement des localités voisines.
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