Infos du 28 juillet au 3 août
Tant que la situation est calme, on continue les infos régulières sur un rythme plus détendu d’un article par semaine, mis à jour tous les 2-3 jours. Si quelque chose s’accélère, on donnera de nouveau les nouvelles en temps réel. écoutez les nouvelles transmises par radio klaxon en streaming.
Si vous voyez des mouvements de police anormaux autour de la zone, contactez-nous ! sur le numéro d’urgence au 06.43.92.07.01.
ZAD AntiRep NDDL
Actuellement deux personnes sont en prison suite à la manif’ du 22 février : Engué purge une peine de 1 an, puis Simon de 4 mois.
Pour leur écrire du courrier ou les soutenir financièrement, contactez le Comité de Soutien aux Inculpé-e-s à l’adresse suivante : Le Gué - 44220 Couëron.
Pas de rassemblement prévu devant le tribunal de Nantes cette semaine ...
ce qui n’empêche pas d’être solidaire avec celleux qui font face à la justice et la police !
URGENT : Une centaine de gens refugé dans le squat de la moutonnerie a nantes ont été expulsée mercredi matin. Illes occupent la place du Pont Morand depuis mercredi soir et appellent à soutien.
Appel à matos et connaissances
Nos potagers regorgent de courgettes. Comme on a pas envie des les perdre, on voudrait pouvoir les transformer en revigorante soupes que l’on pourra apprécier avec délices à l’automne et pourquoi pas jusqu’à l’hiver si on en fait assez. Mais pour ça on a besoin de contenant :
Si vous avez des bocaux qui trainent dans votre grenier, placard ou cave, si vous êtes gros-se consommateur-trice de jus de fruits (ceux dans une bouteille en verre à ouverture large) et que vous ne réutilisez pas les bouteilles, vous pouvez nous les apporter aux Fosses noires ou au Dôme (au fond du champ Rouge et Noir à gauche de la grande serre), on sera ravi des le remplir !
On est quelques-un-e-s à avoir aussi envie de nous lancer dans l’aventure de "Fabrique tes pâtes toi même", si vous savez où on peut trouver du matériel pour faire ça en moyenne quantité et surtout si vous avez déjà mis en place des installations pour faire du séchage Do It Yourself et que vous avez envie de partager ça, bienvenue également au Dôme ou aux Fosses Noires.
à la Wardine, l’aménagement de la salle polyvalente va commencer : si vous avez des miroirs, de quoi faire une piste de danse ou d’autres trucs utiles comme ça, n’hésitez pas !
et pour le hangar du Rosier, on cherche du gravat...
Jeudi 31 juillet
9h : le squat de la Moutonnerie à Nantes s’est fait expulsé hier. Les occupant-e-s exuplsé-e-s, dont beaucoup de migrant-e-s occupent la place du Pont Morand (devant la préfecture) et appellent à soutien.
Mercredi 30 juillet
URGENT : Une centaine de gens refugé dans le squat de la moutonnerie a Nantes ont été expulsée se matin sans la présence d’un huissier et sans avertissement. On a pas plus de nouvelle mais on peut bien s’imaginer que tout solidarité et soutiens sur place sont bien venu. Dans presse océans ils indiquent que le squat a partiellement ete détruit.
RDV a l’arrêt de tram du moutonnerie
Mardi 29 juillet
L’armée US admet dépenser des millions dans l’étude de la manipulation des réseaux sociaux. Attention, si vous cliquez sur ce lien vous allez peut-être être fiché comme un dangereux terroriste par nos chères polices secrètes ! La volonté de contrôle s’étend jusqu’au militant-e-s pour la création de pistes cyclables... Big brother se porte bien, merci !
Lundi 28 juillet
Le rideau de fer de l’agence de Vinci en centre-ville de Nantes vient d’être repeinte en vert... puisque la Métropole veut tout repeindre en vert, de l’asphalte du centre ville au béton de son projet d’aéroport, des inconnu-e-s inspiré-e-s sont venuEs faire éclabousser sa ligne verte sur les locaux de Vinci...
Jolie contribution au voyage à Nantes ! Texte de revendication et photos ici
Mise a jours de l’appel pour les libertés publiques pour le rassemblement de 20 septembre a nantes
[Calais] Appel solennel et sans frontière à venir défendre le fort Galloo à Calais && Soutien à l’occupation de Galou - du 26 juillet au 6 août - calais et partout ailleurs
[Testet] nouvelles lettres aux déboiseurs + une appel a réoccupation de la forêt sivens (voir les liens dans l’article).
lutte à Notre Dame des Landes
Re: lutte à Notre Dame des Landes
Re: lutte à Notre Dame des Landes
1, 2 et 3 août : 3 nuits de projection en plein air sur la ZAD de la nuit tombée a la levée du jour : LA GRANDE AVENTURE DES PLANTES.
Cinéma en plein air à la Noé Bernard. Diffusion en continue des 26 épisodes de la série réalisée en 1982 par Jean-Marie Pelt (grand biologiste, pharmacien agrégé, botaniste-écologue, professeur honoraire des universités en biologie végétale et pharmacognosie) et Jean-Pierre Cuny.
La série explique, à travers des exemples souvent extraordinaires, entre reportages venant du monde entier et animations, l’évolution du monde végétal et la vie des différentes familles de plantes, de la première cellule jusqu’à la diversité des organismes végétaux actuels.
Venez vous laisser captiver par l’intelligence de la nature. Et prenez-en de la graine !
Thé et tisane à volonté apportez vos plantes et vos gâteaux si vous avez envie. Soirée sans alcool et sans chiens. Liste des épisodes :
01 - À La recherche de la toute première plante : à force de prendre des claques on apprend la vie
02 - La conquête de la terre et l’invention du bois
03 - L’ère des grandes inventions : l’ovule et la graine
04 - L’amour chez les fleurs
05 - La longue marche du pollen
06 - L’architecture et la fleur
07 - Le bal des oiseaux et des vampires
08 - Le contrat avec les insectes
09 - La communication avec l’extra-végétal
10 - La protection maternelle et infantile
11 - La fleur enceinte
12 - La socialisation des fleurs
13 - Une rencontre au sommet : l’Homme et l’orchidée
01 - Quand on est mort c’est pour la vie (20/03/1986)
02 - Le plus faible des deux (16/03/1987)
03 - Mission impossible (27/03/1987)
04 - Les conditions extrêmement extrêmes (04/07/1987)
05 - Le roi de la forêt (11/07/1987)
06 - Sur un arbre perché (18/07/1987)
07 - Dis moi où tu habites (25/07/1987)
08 - Le troisième règne (01/08/1987)
09 - La guerre ou la paix (08/08/1987)
10 - La plante et la fourmi (15/08/1987)
11 - L’apprenti sorcier (22/08/1987)
12 - L’empereur et les envahisseuses (29/08/1987)
13 - Le chêne et le roseau (05/09/1987)
Re: lutte à Notre Dame des Landes
Semis de prairies multi-espèces des 6 et 7 septembre 2014 Copain 44
Les différentes composantes agricoles et Sème ta zad ont décidé de s'inscrire dans une projection à plus long terme pour l'occupation et l'usage des terres, sur la zad, et plus particulièrement dans la zone travaux, en semant des prairies.
Les 5 et 6 juillet dernier, à Notre Dame, un stand mobile a été présenté pour exposer la démarche, et une souscription citoyenne était organisée pour financer le semis.
Il a été décidé d'élargir cette souscription par les réseaux professionnels, et par internet vers les collectifs.
L'argumentaire du stand s'appuie sur quatre panneaux que vous trouverez en pièces jointes, ainsi que la plaquette d'appel à dons.
Diffusons largement cet appel dans nos réseaux.
Re: lutte à Notre Dame des Landes
Vinci : prévision de chiffre d'affaires 2014 légèrement révisée en baisse Olivier Cheilan 31/07
Les comptes semestriels 2014 de Vinci font ressortir une légère progression du chiffre d'affaires à structure comparable, une stabilité de la capacité d'autofinancement (EBITDA) et une progression du résultat opérationnel courant. Le résultat net, quant à lui, est en forte hausse, conséquence de l'ouverture du capital de Vinci Park à hauteur de 75%.
Le chiffre d'affaires consolidé s'établit à 18,5 milliards d'euros, en légère diminution de 1,3% à structure réelle. Cette évolution traduit une croissance organique de +0,7%, l'impact des variations de périmètre, dont la déconsolidation de CFE réalisée fin 2013, pour -1,4% et un effet de change défavorable de 0,6% en raison de l'appréciation de l'euro par rapport à plusieurs devises. Le chiffre d'affaires de la branche concessions (2,9 milliards d'euros) est en croissance de 10,7% à structure réelle et de 4,6% à structure comparable avec une progression du chiffre d'affaires de Vinci Autoroutes de 4,1%. Le chiffre d'affaires de la branche contracting s'établit à 15,6 milliards d'euros, stable à structure comparable mais en baisse de 3,2 % à structure réelle.
L'EBITDA est stable à 2,4 milliards d'euros et représente 12,9% du chiffre d'affaires. Le taux d'EBITDA/ chiffre d'affaires de Vinci Autoroutes atteint 70,1% au 1er semestre 2014 (69,8 % au 1er semestre 2013), grâce notamment à une bonne maîtrise des charges opérationnelles. Celui de Vinci Airports s'établit à 44% du chiffre d'affaires. De son côté, l'EBITDA du contracting, pénalisé par certaines activités de Vinci Construction, a été ramené à 3,9% du chiffre d'affaires (4,5% au 1er semestre 2013). Le résultat opérationnel sur activité (ROPA), qui mesure la performance opérationnelle des filiales consolidées par intégration globale, progresse de 3,6%, à 1,5 milliard d'euros et représente 8,3% du chiffre d'affaires (7,9% au 1er semestre 2013).
Le résultat net part du groupe s'élève à 1,3 milliard d'euros, en forte hausse (748 millions d'euros au 1er semestre 2013). Hors éléments non courants, le résultat net part du groupe ressortirait à 753 millions d'euros.
Vinci révise sa prévision de chiffre d'affaires, désormais attendu en légère contraction à structure comparable. Une stabilité était pressentie auparavant. Le groupe évoque une situation du secteur du bâtiment et des travaux publics qui s'est dégradée en France au deuxième trimestre et une accentuation de la baisse des commandes publiques suite aux élections municipales, alors que la relance attendue du marché de l'immobilier résidentiel ne s'est pas encore manifestée. Il en a résulté pour les entreprises du groupe une diminution de leurs prises de commandes.
A l'international, la situation est jugée plus contrastée : "si les tendances de fond restent porteuses, particulièrement hors d'Europe, l'activité pourrait connaître un certain tassement au second semestre, notamment du fait du phasage de certains grands projets hors d'Europe", explique Vinci.
Vinci table quand même sur une progression du résultat opérationnel sur activité exprimé en pourcentage du chiffre d'affaires, par la combinaison d'une amélioration de la contribution des concessions et d'une baisse de celle du contracting, impacté par les difficultés rencontrées dans la construction au Royaume-Uni. Le résultat net consolidé part du groupe sera en forte progression grâce au gain réalisé sur la cession de Vinci Park.
Re: lutte à Notre Dame des Landes
De la ZAD aux Communaux ? Quelques pistes à explorer pour aller plus loin...
1/ Beaucoup de questions se posent actuellement sur le devenir des terres de Notre-Dame-des-Landes une fois le projet d'aéroport abandonné. Des pistes sont explorées par plusieurs composantes du mouvement, mais en réduisant trop souvent la question foncière à celle du statut juridique futur de ces terres, la question des usages à un enjeu de propriété. D'un autre côté, sur la ZAD, intronisée « zone de non droit » de l'aveu même du pouvoir, beaucoup de conflits d'usage se déploient. Qu'il s'agisse de l'usage des prairies et des champs ou de celui des routes et des chemins, de la chasse ou des pratiques agricoles, ces conflits sont multiples.
Le devenir de ces terres dépend entièrement de notre capacité à y vivre en commun aujourd'hui. Ces deux problématiques sont indissociables. Si nous ne parvenons pas, ici et maintenant, à concilier les différentes pratiques et la multiplicité des usages qui co-habitent sur les terres de la ZAD, alors il nous sera difficile de nous projeter ensemble dans un avenir sans aéroport.
2/ A l'heure où les décideurs pataugent, où le projet est comme gelé dans une sorte de moratoire qui ne dit pas son nom, nous disposons d'une fenêtre de quelques années pour rendre envisageable et surtout désirable l'hypothèse d'une Commune à Notre-Dame-des-Landes. Demain, quand les cumulards et autres gros propriétaires voudront se partager le gâteau du foncier ou quand l'État établira de nouveaux plans pour ce bocage, ce n'est que par une volonté commune qu'ici se vive autre chose que nous pourrons leur résister.
Pour l'instant, nous avons en partage le refus d'un aéroport. Si nous en restons là, nous sommes condamnés à disparaître en tant que mouvement au moment de l'abandon du projet contre lequel nous nous organisons. C'est en faisant naître parmi nous un horizon commun vers lequel cheminer que nous serons capables d'empêcher la reconquête de ce territoire par la métropole. Au moment où ce bocage n'a jamais été aussi ingouvernable, nous refusons de croire que pendant les semis collectifs ou sur les barricades, pendant les chantiers de construction ou dans les rues de Nantes, il était simplement question d'un aéroport.
3/ Comment faire pour résoudre les conflits d'usages entre habitants sans avoir besoin de la police ou de la justice ?
Comment faire pour habiter ce bocage et y construire des formes d'organisation collectives sans avoir besoin de la chambre d'agriculture ou de la CDOA (Commission Départementale d'Orientation Agricole), ni d'experts ou d'aménageurs, pour décider des usages présents et futurs de ces terres ?
Comment faire pour que les personnes qui vivent, habitent et cultivent la ZAD, mais aussi toutes celles qui participent du mouvement de lutte, puissent ensemble déterminer ce qu'elles veulent pour ce territoire, et ensemble construire ce que sera ce bocage demain une fois que nous aurons fait échouer le projet d'aéroport ?
Lire le reste des 14 points sur le pdf à télécharger...
Re: lutte à Notre Dame des Landes
Vivre et lutter au matin du 21ème siècle
Un ancien maquisard nous racontait que si aujourd’hui une révolution éclatait, il ne saurait sans doute pas la reconnaître comme telle. C’est un genre similaire de cécité, la lucidité en moins, qui frappe notre époque et ses ’analystes’ figés dans une grille de lecture qui ne sait plus voir la révolte, aveugle à ces éclats, insensible à sa puissance. Le regard doit s’affûter à la meule du présent, desceller les paupières dogmatiques de ce qui a vécu. Les révoltes n’existent pas « encore », elles existent tout court.
Mais parce qu’elles désertent les autoroutes du grand soir, les TGV de LA révolution et les tours de contrôle des partis politiques, elles dessinent une géographie que les vieilles phraséologies ignorent, et dont la langue s’ébauche à fleur d’existence, avec dans la bouche toujours le goût de l’inconnu.
Avec l’ouvrage Constellations, nous avons tenté de déplier cette carte nouvelle et foisonnante, celle d’une génération politique des années 2000 (la nôtre, quel que soit notre âge) qui réinvente ses propres pistes révolutionnaires. Ce ciel-là est parsemé de fêtes sauvages arrachées aux rues pacifiées, de hackers aux prises avec la toile, de savoir-faire regagnés sur la dépossession, ou de tentatives d’organisation politique sans Organisations. Ciel menaçant, que nous entendons bien contribuer à précipiter sur la tête de l’ordre existant.
Nous vivons un temps qui exige que la question révolutionnaire soit reposée depuis les combats en cours, depuis leur force, depuis les victoires qui font bégayer la voie du Progrès, que d’aucuns voudraient linéaire et sans tache. C’est au cœur de ces combats que les mots justes s’énoncent, que les pensées s’élaborent, çà et là ; c’est donc leur écho qu’il convient de répercuter ici. Aux deux extrémités de l’Hexagone, deux luttes - parmi tant d’autres - deux épopées, deux territoires en ébullition parviennent aujourd’hui à agréger des constellations multiples et à les faire consister en foyers indéracinables. Côté Atlantique, la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Là-bas, depuis quarante ans, un projet d’aéroport « vert » menace d’atterrir sur 2000 hectares de terres agricoles, bocages et hameaux. À partir de la fin des années 2000, des dizaines de personnes sont venues s’installer sur cette Zone À Défendre à l’appel d’habitants et de paysans qui avaient choisi de résister. Ce sont ces occupants sans droits ni titres que l’opération César d’octobre 2012 a tenté d’expulser avec la plus grande difficulté pendant plusieurs semaines. Le 17 novembre suivant, 40 000 manifestants venaient témoigner leur solidarité en participant à la réoccupation du bocage et à la construction d’un ensemble de nouvelles cabanes.
« Dès lors commença, plus qu’un chantier : une œuvre, une œuvre commune. Tel jour au son d’un duo de saxo et d’accordéon grimpé sur un toit, tel autre sous une pluie battante ; toujours dans la boue et sous les espèces d’une fraternité communicative. Un de ces moments de pur bonheur où l’on pourrait croire qu’un tel déploiement de forces libres est facile et durerait toujours. Pourtant, tout a été accompli sous la pression jamais relâchée des gendarmes, des hélicoptères, des déclarations menaçantes des notables, et dans la conscience que le reste du monde n’avait pas changé, qu’il regorgeait de dispositifs hostiles, braqués contre nous dès lors que nous démontrions par l’exemple que nous n’avions pas besoin d’eux pour nous conduire. […]
Auprès [des édifices de Vinci, constructeur de l’aéroport], quoi de plus frêle que ces assemblages de bois, de paille et d’argile, que nous façonnons : des châteaux de cartes gonflés de sève, de vie, qui ressemblent à nos rêves mais sculptés dans la matière, et que nous défendrons comme on défend sa peau [1]. »
Côté alpin, la lutte No TAV [2] contre le projet de TGV reliant Lyon à Turin fait rage depuis plus d’une dizaine d’années. Le foyer majeur de contestation se situe juste de l’autre côté de la frontière française, dans la vallée occitane de Susa déjà balafrée par l’autoroute du Fréjus. C’est là que les Autorité italiennes et européennes tentent de faire démarrer les travaux de forage nécessaires au percement d’un nouveau tunnel. Après une féroce bataille en 2005, la vallée bénéficia de cinq ans de répit. Mais depuis le début de l’année 2011, les porteurs de projet tentent à nouveau de reprendre l’initiative...
« La libre république de la Maddalena a commencé à la fin du mois de mai [2011]. Un jour on apprend que les flics allaient venir dans la nuit pour occuper des terrains. Dans l’après-midi, on organise un débat et on part faire des barricades. La première barricade était à Ramats, et d’autres étaient dressées jusqu’à la centrale électrique. Notre « check-point » se trouvait là. De l’autre côté, la zone barricadée s’étendait jusqu’à Clarea. On était un millier, et toute la nuit on a barricadé. Les flics sont arrivés à minuit, à Clarea, on les a empêchés d’entrer et ils sont partis. Cette nuit-là, on a déclaré la libre république, et on est resté sur place. On avait le bar et le four à pizza, les avocats, les médecins, ainsi qu’un espace multimédia. […] Ça devait ressembler à quelque chose comme la commune d’oaxaca [3]. Chaque jour on était plus organisé, et ça a duré 45 jours. Les flics ne pouvaient pas entrer, ni l’État, on a fait la même chose que les maquisards, sans les mitraillettes [4]... »
HABITER UN TERRITOIRE
Ces kystes [5] se sont métastasés, au grand dam de ceux qui s’en voyaient déjà les habiles chirurgiens et qui redoutent explicitement que ceux-ci viennent contaminer tous leurs autres projets [6]. Ils n’ont pas subi la quarantaine des marginalisations, car la solidarité de ceux qui habitent et luttent là-bas ne permet pas aux États de faire moisson d’ivraie, en dialoguant avec le bon grain. Leurs échecs se lisent sur les lèvres des habitants du Val Susa scandant « nous sommes tous des black-blocs » après une manifestation particulièrement agitée le 3 juillet 2011. Accepter la diversité des pratiques de lutte, avoir un but commun mais des moyens différents pour y parvenir, telle est la force de ces deux combats, telle est leur intelligence. Dont la source est peut-être à chercher dans le lien que ces habitants ont su tisser au territoire qu’ils défendent.
« Nous habitons ici, et ce n’est pas peu dire. Habiter n’est pas loger. Un logement n’est finalement qu’une case, dans laquelle on « loge » de gré ou de force les gens après leur journée de travail et en attendant la suivante. C’est une cage dont les murs nous sont étrangers. Habiter, c’est autre chose. C’est un entrelacement de liens. C’est appartenir aux lieux autant qu’ils nous appartiennent. C’est ne pas être indifférent aux choses qui nous entourent, c’est être attaché-e-s : aux gens, aux ambiances, aux champs, aux haies, aux bois, aux maisons, à telle plante qui repousse au même endroit, à telle bête qu’on prend l’habitude de voir là. C’est être en prise, en puissance sur nos espaces. C’est l’opposé de leurs rêves cauchemardesques de métropole où l’on ne ferait que passer.
Habiter ici, c’est ne plus pouvoir imaginer comment tout ça pourrait disparaître : parce que ça, c’est ce qui fait nos vies [7]. »
Ces vies se mêlent si profondément à la lutte qu’elles en deviennent inséparables. Il ne s’agit plus ici de seulement militer pour ou contre une cause, ou en réaction à un grand projet nuisible, mais de rendre poreux l’existence et le combat jusqu’à en affaler les frontières. « Ce qui fait nos vies » est alors tissé d’un écheveau qui refuse tout dénouement. Ce qui voyage avec le slogan « ZAD partout », c’est cette réalité contagieuse : la possibilité effective d’existences antagonistes.
Dans un présent qui partout se défausse, il n’est pas paradoxal que ce soient les luttes les plus ancrées dans un territoire qui prennent des dimensions universelles. Car ces territoires ne se referment pas sur eux-mêmes, leurs frontières sont poreuses, traversées par ce que chacun peut y amener, et venir y puiser. Leurs échos se rencontrent à travers le partage de pratiques, de stratégies et d’un certain style (des ZAD sont nées dans le Tarn, le Morvan ou le Vaucluse) comme à travers les gestes de solidarité. C’est ainsi qu’à Nantes, le 22 février 2014, lors d’une manifestation rassemblant 50.000 personnes durant laquelle des locaux de Vinci et de Nantes Métropole ont été pris pour cibles, des opposants à l’aéroport s’en sont également pris à une agence SNCF en chantant les slogans italiens du No TAV. Si ces luttent rayonnent tant aujourd’hui, c’est qu’en ces territoires et dans leur au-delà se trouvent condensées et enchevêtrées les constellations de nos vies (les manières d’habiter, cultiver, se soigner, de constituer des « communs », mais aussi de retrouver des formes d’intervention politiques offensives ou de générer des imaginaires décolonisés).
ZONES DE NON-DROIT
La ZAD ou le Val Susa ne sont pas des « zones de non-droit » dans le sens où elles constitueraient de petits espaces au sein desquels le droit ne serait plus respecté, elles le sont dans la mesure où à travers chacune de leurs actions, elles déposent le droit, rendent caduque la loi et ridicules ses thuriféraires. Lorsque le 23 avril 2014 le préfet de Loire-Atlantique fait repartir ses troupes avant même qu’elles arrivent jusqu’aux tracteurs et barricades qui protègent la ferme nouvellement occupée de Saint-Jean-du-Tertre, lorsque ses arrêtés « interdisant de cultiver » ou de « reconstruire un hangar » sont et demeurent lettres mortes, lorsque même ses plus hargneuses tentatives restent couronnées d’échec, quelque chose se produit qui est davantage qu’une résistance locale, qui se transforme en démonstration, en porte ouverte dont le courant d’air traverse l’Europe. Lorsqu’à Venaus en 2005, les carabiniers vaincus doivent marcher au milieu d’une haie de déshonneur composée des habitants qui les ont acculés, c’est un euphémisme que de dire qu’un tel événement constitue un dangereux précédent.
Ces luttes éveillent la détermination à la fois des révoltés et des pouvoirs en place, car elles portent en elles, irréductiblement, concrètement, la possibilité d’un renversement de l’ordre en vigueur. Certains d’ailleurs ne s’y trompent pas : « On a pris un territoire et on a déclaré que ce territoire était libéré, que les lois de l’État italien n’avaient plus cours, que seules avaient cours les lois que nous partagions dans l’assemblée générale chaque soir. Le chef des industriels italiens est la personne qui a le mieux compris tout cela. Il a dit à la télé : ce n’est pas seulement la question du TAV, c’est pire, c’est la question de la déclaration d’un espace autonome de l’État italien [8]. » Voici donc la face Totalitaire de la démocratie, voici donc ce qu’elle ne peut souffrir : que ses administrés décident de se passer d’elle, lui échappent en assumant – en actes – leur antagonisme. Manuel Valls l’a parfaitement bien énoncé : « La colère, la violence, ne sont pas possibles dans une démocratie comme la nôtre [9]. » Seules sont tolérées la colère platonique et l’indignation sans conséquences. La vie tout autre que la ZAD et le Val Susa esquissent est donc, qu’on le veuille ou non, une vie en guerre.
DROIT D’EXCEPTION
Le 22 mai dernier s’est ouvert en Italie le procès de Chiara, Claudio, Niccolo et Mattia, au sein d’un bunker judiciaire aménagé au sein de la prison de Turin. Si contrairement à l’annonce précédente d’un jugement par visioconférence, les prévenus sont effectivement présents sur place, le dispositif par lequel ils ont été auparavant tenus à distance dans trois prisons différentes, tout autant que la pression policière qui s’exerce sur leurs soutiens, ou encore le fait que le ’public’ ne peut assister au procès que maintenu derrière des parois en plexiglas, montre bien comment l’État contemporain compte traiter les existences qu’il ne peut contrôler. Leur chef d’inculpation : « acte de terrorisme à l’aide d’engins pouvant entraîner la mort ou explosifs, dégradations par voie d’incendie, violence contre agents de police, détention et transport d’armes de guerre ». C’est cette accusation de terrorisme, déjà utilisé contre les maquisards, que l’État emploie pour désigner le sabotage lorsqu’il devient nécessaire d’abattre une résistance irréductible. Car c’est bien de sabotage qu’il s’agit, ces quatre personnes ayant été arrêtées à la suite d’une action menée par une trentaine de personnes qui ont pénétré dans l’enceinte du chantier du TGV Lyon-Turin pour y incendier un compresseur et un générateur électrique, tandis que les forces de l’ordre étaient maintenues à distance à l’aide de cocktails Molotov (ne causant aucun blessé). Le lendemain de leur arrestation, la coordination de tous les comités No Tav déclarait : « Les inculpés sont des fils du Val de Susa, le sabotage est un acte de résistance légitime, les terroristes sont ceux qui imposent le TAV. » Les quatre inculpés risquent plus de vingt ans de prison, mais la vallée ne désarme pas [10]. Erri de Luca déclarait au Huffington Post : « Il faut saboter le TAV. […] Pour l’heure, la vallée entière est militarisée, l’armée surveille le chantier et ses résidents doivent montrer leurs papiers pour aller travailler la vigne. Les tables rondes avec le gouvernement ont échoué, les médiations ont échoué : le sabotage est la seule option [11]. » L’écrivain a été mis en examen pour ses propos.
En France, où le plomb de la répression a pesé moins lourd que de l’autre côté des Alpes dans la défaite du mouvement révolutionnaire des années 70, le pouvoir ne se permet pas tout à fait cette brutalité. Reste que la logique est la même et la police nationale n’est pas en reste. Ici aussi, le profilage politico-policier tente d’imposer sa performativité, avec l’arrestation plusieurs mois après les faits de manifestants du 22 février sur la seule base de photos ou vidéos floues et de fichages plus ou moins officieux.
Il ne semble pas que cela suffise cependant, puisque la solidarité reste intacte et que les appels et les gestes de soutien aux personnes ciblées par la répression se multiplient. Par la maîtrise d’une certaine forme d’aïkido politique, il se pourrait bien que les mauvais coups de la police reviennent plus vite que prévu aux visages des gouvernants. Car à trop vouloir circonscrire la révolte, pour l’extirper au scalpel ou la contenir par cordon sanitaire, le pouvoir est condamné à passer à côté de cette vérité : on n’expulse pas les rêves et les espoirs qui ont pris racine dans les plis de chaque existence et de chaque espace libéré. À la ZAD, on agit d’ores et déjà pour étendre l’idée de victoire au-delà du strict abandon du projet en communisant les terres et en pensant les conditions d’une zone libérée et contagieuse.
Au-delà de ces territoires, c’est dans cette réouverture des imaginaires, cette chair donnée à l’espoir, cette diversité assumée des formes de sabotage de l’hégémonie marchande et gestionnaire que se niche la possibilité actuelle d’un réel bouleversement. Car de leurs puissances éclosent des vies en devenir plus éloignées que jamais d’un retour à l’ordre.
Dans une atmosphère collective aiguë rien n’est impossible à l’homme ; il ne perçoit plus les barrières sociales et matérielles, celles-ci disparaissent effectivement, la puissance humaine est alors réellement décuplée. […]Une protection surnaturelle paraît acquise à ceux qui ont franchi la frontière de leur ordinaire timidité. À la réflexion, ce qui est surnaturel, c’est que des millions d’êtres acceptent de vivre au-dessous de leurs possibilités dans l’ignorance de la puissance qu’ils renferment.
Pierre Mabille, Le miroir du merveilleux
[1] « Une brèche ouverte à Notre-Dame-des-Landes » in Constellations, p. 618.
[2] « Treno Alta Velocità », TGV en italien.
[3] Le 14 juin 2006, dans cette ville mexicaine, la répression du traditionnel piquet de grève des instituteurs en grève déclenche l’Insurrection de toute la cité.
[4] Interview d’un habitant du Val Susa, ibid., pp. 613-614.
[5] « Il est hors de question de laisser un kyste s’organiser », affirmait Manuel Valls à propos de Notre-Dame-des-Landes le 19 septembre 2012 à la sortie du Conseil des Ministres.
[6] Comme s’en alarme un économiste pro-aéroport : « Si on cède sur Notre Dame des Landes, il sera impossible de mener un projet d’infrastructure enFrance pendant quinze ans. »
[7] Compilation de textes sur la lutte contre l’aéroport et son monde
[8] Interview d’un habitant du Val Susa, Constellations, pp. 613-614.
[9] Manuel Valls interviewé sur RTL le 4 mars 2013.
[10] Le procès s’annonce long et coûteux, c’est pourquoi pour faire face à ces dépenses et à leur maintien en détention, un compte a été ouvert. Destinataire : FRANCESCA CAMICIOTTOLI. IBAN : IT27A0316901600CC0010722513
Données à ajouter pour les dons venant de l’étranger. BIC : INGDITM1XXX SWIFT : CIPBITMMXXX
[11] Interview accordée le 1er septembre 2013 sur le site de la version italienne du Huffington Post.
Re: lutte à Notre Dame des Landes
Les pro-aéroport affrètent un ulm et une banderole 04/08
Après « Hollande démission », c'est une banderole « Oui à l'aéroport et à l'emploi » que les estivants verront sur les plages de Loire-Atlantique, tirée par un ULM.
L'association « Des Ailes pour l'Ouest » et la Confédération générale des petites et moyennes entreprises de Loire-Atlantique (CGPME44) ont annoncé que les plages de La Baule, Piriac, Saint-Brevin, Pornic, La Turballe seront survolées par un ULM tractant une banderole « Oui à l'aéroport et à l'emploi ».
Re: lutte à Notre Dame des Landes
A propos de la répression suite à la manifestation du 22 février
Suite à la manifestation du 22 février à Nantes qui avait regroupé plus de 50 000 personnes et 500 tracteurscontre les menaces d’expulsion de la ZAD et de démarrage des travaux de l’aéroport, nous faisons face à une campagne continue d’arrestations.
Voici une compilation des textes parus à ce sujet.
juillet : Appel pour les libertés publiques : réunion le 20 septembre prochain en vue d’engager des actions communes, publiques et unitaires, de tout le mouvement : nous sommes tous et toutes en liberté provisoire
24 juillet : Comment soutenir les camarades incarcérés
23 juillet : Communiqué d’un évadé et réponse ouverte d’occupant-es
19 juillet : Été 2014, la justice (main dans la main avec la police) s’acharne sur les manifestant-E-s du 22 février... Un nouveau cycle répressif dans la continuité des dernières années
18 juillet : La peur comme seul argument de l’accusation
16 juillet : Procès du 16 juillet 2014
13 juillet : Action solidaire à la prison de Nantes
8 juillet : Face à leur justice, résistance collective
26 juin : Communiqué de COPAIN 44 : nous ne nous laisserons pas diviser par la répression policière et judiciaire !
25 juin : Texte d’un inculpé du 22
25 juin : Récapitulatif de la répression suite au 22 février
20 juin : La solidarité : "une association de malfaiteurs"
17 juin : Deuxième Communiqué du CARILA à propos des arrestations suite à la manif du 22
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