magouille&compagnie a écrit :Toutes les discussions de ce topic sont vraiment intéressantes , mais vous pensez pas qu'il serai bien de reprendre tout ce qui concerne la prostitution dans un topic dédié spécialement à ce sujet ?
(Un tour de passe-passe de modo-admin , et c'est joué , non ? )
Ok, on fera ça si le sujet continue. Pour l'instant on n'en est qu'à une page 1/2 donc on peut peut-être encore attendre un peu?
A ce propos, Il s'agit bien de parler de "sexisme" dans la notion de prostitution; les posts de Mélusine traitant avant tout de sexisme, je ne les considère pas comme des floods, dans le sens où ils ne nuisent pas au forum (et ne sont pas postés de façon malveillante, mais dans le but d'ouvrir une discussion)...
Dénoncer la violence de la prostitution (acte sexuel non désiré et rémunéré exercé pour l'écrasante majorité par des femmes pour des clients homme) et du rapport de soumission/domination qu'elle véhicule, n'en fait pas, je pense, une propagande outrancière pour l'abolition. Le texte posté par bub, écrit par un groupe de travailleuses-eurs du sexe de Calcutta, décrit la prostitution ainsi:
Ce n'est certainement ni amusant ni divertissant. De plus, il y a des risques professionnels comme les grossesses non désirées, les avortements douloureux ou les MTS. Dans presque tous les quartiers rouges, les facilités de logement et de santé sont atroces, les lieux sont surpeuplés, la majorité des travailleuses du sexe sont pauvres, et en plus, il y a le harcèlement policier et la violence des délinquants locaux. De plus, il faut ajouter à la condition matérielle de dénuement et de pauvreté, la stigmatisation et la marginalisation - l'opprobre sociale d'être "pécheresses", d'être mères d'enfants illégitimes, d'être les cibles des frustrations et colères de ces enfants.
Ce groupe défend le fait que pour évoluer, il faut débattre.
Le processus de lutte dans lequel nous, les membres du Comité Mahila Samanwaya, sommes actuellement engagées, vient juste de commencer. Nous pensons que notre mouvement possède deux axes principaux. Le premier consiste à débattre, définir et redéfinir toutes les questions de genre, de pauvreté, de sexualité, posées par le processus de la lutte elle-même. L'expérience du Comité Mahila Samanwaya montre que, pour qu'un groupe marginalisé puisse faire des avancées minimes, il est impératif de remettre en cause un ordre matériel et symbolique omniprésent, qui modèle non seulement les discours dominants existants mais, peut-être plus important encore, conditionne historiquement la façon dont nous négocions nos propres contextes de travailleuses au sein de l'industrie du sexe. Ce processus complexe et à long terme devra continuer.
Alors oui, c'est important d'en parler, d'écouter plusieurs idées, celles des prostitué-es féministes ou non, celles des féministes prostitué-es ou non. Refuser d'entendre celles qui souhaitent changer l'image d'objets sexuels des femmes qui se prostituent c'est nier la violence faite aux femmes intrinsèque à la prostitution et au capitalisme sexuel en général.
Je ne suis pas pro-prostitution, je ne suis pas abolitionniste, je décris une situation de violence, je pose des questions, et j'écoute les réponses.
Je ne sais plus qui posait la question des personnes handicapées qui ne pourraient pas faire autrement sans le recours aux service de prostituées. Alors si, c'est possible et ça existe:
http://fr.wikipedia.org/wiki/Assistant_sexuel
C'est une activité que l'on choisit "pleinement", qui est encadrée, pour laquelle on est formé, qui ouvre à des droits et des obligations, et surtout, c'est remboursé par la sécurité sociale (car la majorité des personnes déficientes motrices ne sont pas pétées de tunes comme dans Intouchables...). Le rapport n'est pas imposé, il n'y a pas de violence, c'est un soutien médicalisé. Il est pratiqué aussi bien par des femmes que par des hommes et aussi bien pour les femmes que pour les hommes. Un texte intéressant à ce propos, et j'espère que ça arrivera un jour ici. (D'ailleurs, je comprends très mal les féministes qui luttent contre l'assistance sexuelle aux personnes en situation de handicap...).
http://leplus.nouvelobs.com/contributio ... sance.html
Mais n'édulcorons pas trop le tableau, la majorité des clients (on ne parle pas de "patients" mais bien de clientèle) qui se payent les services des prostitué-es, ne sont pas handicapées ou en manque profond de sexe. Ce sont, pour beaucoup, des mecs déjà en couples ou ayant des rapports sexuels fréquents, mais qui aiment pouvoir aller voir une fille qu'ils n'auront pas besoin de caresser, ni de baratiner, mais à qui ils pourront juste imposer leurs fantasmes masculins, sans qu'elles chipotent et pour leur seul plaisir. C'est même pour beaucoup le fait que le rapport soit imposé qui les excite.
C'est ça qu'il faut combattre, c'est ce qui fait gerber. C'est important de le dire.
Conditionné-es par les idéologies patriarcales du genre, hommes et femmes soutiennent généralement qu'il faut contrôler le commerce du sexe et opprimer les travailleuses et travailleurs du sexe pour maintenir l'ordre social. Ce discours moral est si fort que même nous, les prostituées, avons tendance à nous penser nous-mêmes dépravées et dévergondées. Les hommes qui viennent vers nous en tant que clients sont également victimes de cette même idéologie. Quelques fois, le sentiment de péché renforce leur excitation, quelques fois il mène à la perversion, et presque toujours, il crée un sentiment de dégoût d'eux-mêmes. Il ne permet jamais un échange sexuel confiant, honnête.
Dixit le manifeste des travailleuses du sexe de Calcutta.