Merci pour la playlist en acrostiches meluzine! Quel talent

Bon ben on entame la deuxième et on recommence. Cela fait du bien de lire de petits morceaux de vie ici. Les inquiétudes, on sait qu'on en a tou-te-s, mais mis noir sur blanc, ben, ça nous rapproche un peu. Les mots du kolonel à propos de l'Indonésie sont touchants. Je pense aussi à Madagascar où des cas sont confirmés. Le pays est un des plus pauvres du monde. Ma belle-sœur a sa famille là-bas. Ça va être rude.
Il faut jongler entre rester informés, faire preuve de précautions et se vider la tête chez soi, pour tous ceux qui en ont un. Avec mon aimé on est locataires d'une maison dans un tout petit village de la France tranquille (oui vraiment des fois quand tu te balades, tu peux faire exactement la même photo que l'affiche de Mitterrand). On a un jardin clos de murs médiévaux, au pied de collines sauvages. On a jamais été aussi contents d'être dans notre petit coin reculé. Ayant vécu 35 ans en hlm auparavant, je pense à tous les gens enfermés (et à mes potes), qui ont juste un bout de ciel et un autre bâtiment pour vue. Le week-end dernier on s'est senti privilégiés à désherber tranquillou et pouvoir oublier un peu ce qui est hardcore (ne pas pouvoir voir nos très proches).
Ce qui me gave pas mal c'est de voir des articles qui se veulent tous plus "familialement incorrectes" (je crois que je vais déposer cette notion) les uns que les autres sur comment supporter sa femme/son mari/ses gosses en temps de confinement. Conseils soit-disant drôles à l'appui. Je trouve ça indécent. Il y a des gens divorcés qui pour x motif ne voient pas leurs enfants actuellement. Il y a aussi des gens veuf-ve-s ou qui vivent complètement seuls, sans enfants, sans parents. Qui n'ont personne en particulier avec qui discuter un peu, avec qui mater les infos, avec qui rire un coup. Avec qui s'engueuler un coup aussi. Même ça ils l'ont pas. C'est mon reup qui m'en a fait prendre pleinement conscience en me disant: "Ben là tu vois j'aimerais bien m'engueuler avec ta mère si elle était encore là. Au moins ça voudrait dire qu'on peut se parler". Il vit tout seul et est reconnu handicapé asthmatique sévère. Il a du diabète. J'habite à l'autre bout du pays. Voilà. Inutile de dire ce que je ressens actuellement. On s'appelle longuement. Comme beaucoup d'autres qui ont leurs parents loin, j'ai la hantise du coup de téléphone qui pourrait m'annoncer qu'il est malade. Je me dis qu'il est solide, que "ça va le faire". Mais je dois bien avouer que même si je reste confiante, je sursaute à tout ce qui est bruit de sonnerie après 20h.
En tous cas à la zonmé avec mon chéri on parle. On écoute de la musique, on jardine. On a fait une fois de la gymnastique devant les videos youtube d'un Musclor et d'une Barbie (on s'est marrés comme des petits fous en tenues de gym. Z'auriez dû voir ça, la honte totale). Pis c'est prévu qu'on écoute du punk ou du jazz, des bruits de la mer, des bruits de la pluie, de la zique bretonne. Prévu que je continue à écrire sur la vie en unité Alzheimer, prévu de regarder des films dans l'air du temps comme The big Lebowski, Hot Fuzz, Le dernier Pub avant la fin du monde, La Route. On se fait des petits plats chacun notre tour, on marmotte, je joue à GTA, je chante à tue-tête en dévalant les rues de Los Angeles au volant de vieux tacots, il geeke, il lit, me fait des petits dej au lit. Alors même si on a hâte de refaire des kilomètres à pieds avec le pique-nique dans le sac, de se refaire nos balades nocturnes périlleuses à la faible lueur d'un téléphone, d'entendre les animaux sauvages cavaler autour de nous dans le noir, de tomber sur des chevreuils paisibles, des sangliers trailers, des chevaux de caractère, des vaches acrobates
en liberté dans les collines désertes, de traverser des torrents dans les sous-bois en faisant gaffe de pas marcher sur les salamandres: et ben en attendant on va pas trop se plaindre.