Vazy, même mézigo j'connais
Oggy & les cafards
Par contre c'est marrant, autant j'apprécie vraiment l'éclectisme punk représenté sur ce forum (qui me permet de découvrir pas mal de trucs), autant j'ai l'impression de scènes punks totalement parallèles les unes aux autres alors même que l'on se croise parfois dans la vraie vie (tu te rappelles le squat dans une ancienne presse de disques à Aubervilliers mon Pascal ?). L'affiche de ce genre de festoche tourangeau me cause pas une seconde... Bien sûr, je connais la plupart des groupes mais ça n'a jamais dépassé le stade d'une écoute plus ou moins polie. Je sais pas si j'étais déjà trop vieux pour le "punk à roulettes" style NOFX, mais j'ai jamais accroché. Quant à Pennywise (merci Stephen King), je les ai vu qu'une fois, dans un de ces grands festoches que j'exècre, le Garorock en 2012, et ils m'avaient vraiment fait pitié aussi bien sur scène que backstage : un pote roadie m'avait déniché un "pass presse" (j'ai pu faire une hilarante interview de Puppetmastaz -pas encore publiée d'ailleurs- et discuté un brin avec les Specials) me donnant donc accès à un "espace presse" séparé autant du commun des festivaliers en pantacourt et sarouel que des backstages abritant les zartistes. Ceux-ci devaient toutefois traverser cet espace presse sur 15 mètres pour accéder à un algeco où avaient lieu des interviews... Or si Cypress Hill franchit cette modique distance avec l'aisance de mastodontes à la cool, les "punks" de Pennywise exigèrent une escorte de SO, comme si des journalistes déchainées allaient leur sauter dessus ! Pathétique...
Bref, ce genre de gros festoche m'insupporte, c'est peut-être une des raisons pour lesquelles je n'ai jamais mis les pieds à Blackpool, par contre j'aime bien les plus petits, plus "familiaux"... et à ce titre, je suis tombé amoureux cette année du Zikenstock au Cateau-Cambresis dans le ch'Nord !
J'y étais déjà allé une seule journée en 2017 et il y avait déjà une superbe affiche : Toots & The Maytals, Angelic Upstarts, Adicts, Les Rats... Mais cette année, les 6 & 7 mai dernier, ils ont fait très fort !
D'abord, les bénévoles du festoche sont adorables ! Ils font ça pour le plaisir et ça se sent. Sur deux jours, le festival en lui-même est à taille humaine (une seule scène) et formidablement bien géré : camping gratos, chiottes propres (ça compte), bière et bouffe abordables (ça compte aussi !), entrée tout autant abordable vu le nombre de têtes d'affiche alignées (40 balles les deux jours en prévente), ambiance à la cool (pas une seule embrouille en deux jours malgré l'alcoolémie ambiante) et prog de ouf !
Pour résumer à peu près : j'avais rencard à Montreuil ce vendredi morninge pour un convoi léger (une bagnole et un camion) vers les Hauts-de-France -quel nom à la con-, du coup on arrive assez tôt. Après s'être restauré localement (ah, les frites à la graisse !), on passe le SO détendu mais pro (ils te fouillent bien, mais avec le sourire) et on rejoint tout un tas de copains-copines venus de Bordeaux, Bretagne, Suisse, Belgique, etc. Je retrouve l'ami Vincent sur le beau stand Mass Prod (qui m'offre -mille mercis- le dernier album de La Fraction, jouasse je suis !) puis dépose des
ChériBibi sur le stand de Thierry General Strike (alias l'homme le plus gentil du monde). La prog a un peu de retard suite à un soucis de transfo électrique puis
Charge 69 commence, essuyant les plâtres des derniers ajustements techniques consécutifs aux-dits ennuis d'alimentation. Bon, c'est peu dire que la bande à Caps ne m'a jamais intéressé... mais
Wunderbach enchaîne et, franchement, la nouvelle mouture avec Lola au chant et Jano Holy Holster à la gratte envoie sévère. Il est dans les 17h et l'ambiance s'est déjà passablement réchauffée !
Puis viennent mes chouchous, j'ai nommé les Jamaïcains
Keith & Tex accompagnés du vétéran
Rudy Mills et des aminches teutons
The SteadyTones (Flo le batteur, hospitalisé, est remplacé efficacement par le batteur des Moon Invaders de Belgique). Les darons du rocksteady font un set écourté (je les ferait jouer 2h le mercredi suivant à Ivry...) mais assûrement l'un des clous du festoche !!! Ça me troue toujours le cul que ces artistes ne soient pas davantage reconnus, il fallait voir l'ambiance sur
Stop That Train ou le
John Jones de Rudy Mills chantés en coeur par le public (Rudy n'en revenait pas !).
Evil Conduct n'éveillant que peu mon intérêt (à part leur reprise du
King Of Kings de Jimmy Cliff et le tubesque
One Day Will Come), je fonce backstage interviewer
Charlie Harper durant près d'une bonne heure... Je l'avais déjà interviewé en 2002 (paru dans l'
ChériBibi de 2004) et c'était l'occase d'approfondir le sujet. Merde, ce mec est tellement adorable que t'as envie de l'appeler
"Papa !"
Je reviens devant la scène pour la fin du set de
Roy Ellis (qui remplace Ken Boothe initialement programmé), ambiance
Skinhead Girl avec la scène prise d'assaut par les demoiselles d'un public autant féminin que masculin.
Puis c'est l'heure de
UK Subs et c'est le feu ! Bordel, dire que Charlie (
"Papa !") a l'âge de mon daron...
Seul bémol, alors que je rattrape un skin bourré tombé dans les vapes en plein milieu du pogo, tous les boutons de ma Ben Sherman préférée se font la malle... Après avoir porté l'individu à l'infirmerie, je passerais la fin de la soirée en marcel & bretelles, Nicky Crane style (mais de gauche).
La Phaze termine les hostilités et, même si c'est pas trop ma came, leur électro-punk s'avère un bon choix de clôture. De toute manière, y'a un sound-system reggae qui déboîte dans un coin du festoche et on le squatte autant qu'on peut.
Les frangines-frangins lillois m'offrent une alternative à dormir dans l'camtard (merci !) sans préciser qu'il faut se fader plus d'une heure de route pour rejoindre... Lille ! M'enfin, on égrènera le répertoire de Boby Lapointe à gorge déployée sur la route et je pourrais prendre un bain le lendemain (la classe), puis surtout redonner à mes Docs une certaine dignité.
Le samedi, le temps de se retrouver et refaire la route, on arrive au début du set des
8°6 Crew (on a loupé sans regret
Los Tres Puntos, des gens très sympas mais dont la zik me fait résolument fuir, désolé). Alors évidemment, malgré le fâcheux remplacement de Clément & Muzo aux cuivres, le Crew c'est la famille et la scène se trouve à nouveau prise d'assaut pour le
Émeute final !
Pas trop attentif au set des
Washington Dead Cats, je me taperai tout de même des barres de rire backstage avec l'ami Mathias en le titillant sur son vieil antagonisme avec les Wampas
Je devais interviewer
The Undertones manière de compléter ma série sur le punk irlandais (après Stiff Little Fingers -publié dans le
ChériBibi n°10- et The Outcasts -à paraître) mais le groupe ayant fait chier les gars du festoche façon "grosses stars qui se la pètent", je déclinerais le créneau promis car j'aime pas causer avec des cons qui sont imbuvables avec les "petites mains"... Du reste, leur set m'en a touché une (sur
Teenage Kicks bien sûr) sans faire bouger l'autre.
Mais avant les Undertones, il y avait...
The Selecter ! Franchement, parmi les "Grands Anciens" du 2-Tone encore en activité, la bande à Pauline Black est celle qui assure le mieux en live these days. Alors que jusqu'ici il n'y avait plus que deux membres originaux (à savoir Pauline et l'autre chanteur, Gaps Hendrickson), les voilà rejoints par leur batteur historique, le très sympathique Charley Bembridge. Durant leur set, j'aperçois l'ami Roddy Moreno en coulisses sur le côté de la scène (The Oppressed clôturent le festoche), on se fait un signe de la main et, comme je vois qu'il est en train de faire le tour pour me rejoindre, je me désengage du public en folie pour aller à sa rencontre. De fil en aiguille, je me retrouve à mon tour sur le côté de la scène où Roddy me présente les nouveaux membres du groupe dont... Ducky, guitariste de la première formation (1981-1984) de retour 40 piges plus tard (sans sa mythique moustache). Bref, on reste à boire des bières en regardant The Selecter des coulisses et, comme de bien entendu, je skanke comme pas permis. D'un coup, je vois Pauline se diriger vers moi sans un mot, me prendre par la main et m'entraîner au milieu de la scène avec une injonction :
"Danse !"... Bon dieu, à présent je peux mourir heureux, Pauline Black m'a pris la main, c'est mieux que la Saint-Valentin (vivement la Sainte-Marguerite) !!! Après leur set, rouge comme une pivoine communiste, je leur refilais, à elle et Gaps, le
ChériBibi n°11 contenant leur interview faite à Paris en 2019.
Enfin,
The Oppressed clôturèrent donc le festoche en apothéose et je n'eut cette fois aucunes récriminations à m'écrouler dans le camion, repu de bonnes vibrations.
Voilà, en résumé, le genre de festoche que j'aime : éclectique, modeste, passionné par le seul but de rendre les gens heureux plutôt que de leur soutirer un maximum de flouze. Maximum respect ! Mon seul petit bémol étant qu'ils n'aient pas laissé un peu de place à de jeunes pousses...
Quelques vidéos glanées sur Youteub :
Tiens, en passant, je fais jouer The Oppressed à Ivry le 21 octobre, avec Gonna Get Yours et La Fraction
