L'Etat et le patronat veulent casser nos combats, la misère engraisse le racisme !
Le nouvel « ordre nouveau » du développement mondialisé et suicidaire du capitalisme est heureux de vous présenter une version remastérisée de la chasse aux pauvres et de la criminalisation de la pauvreté.
D’hier à aujourd’hui chassés, fichés… bientôt exterminés ?
Depuis des siècles, les Rroms sont pourchassés dans toute l'Europe. Les progrès techniques, comme la photographie, ont d’emblée été utilisés pour ficher ces « nomades ». Environ 300 000 d’entre eux périrent dans les camps de concentration nazis, dont 15 000 furent déportés depuis la France. Près de nous, les anciens camps de Moisdon-la-Rivière (Loire-Atlantique) et de Montreuil-Bellay (Maine-et-Loire) sont là pour nous rafraîchir la mémoire ! Leur nom même (bohémien, romanichel) est devenu une insulte.
Aujourd’hui, les « voleurs de poules » d’hier sont accusés « d'exploiter leurs enfants à des fins de mendicité », et ce gouvernement justifie cette politique raciste de chasse aux Rroms grâce à un empilement de faits divers (avec pour point d’orgue l’attaque de la gendarmerie à Saint-Aignan). Aubervilliers (PS), Montreuil (Les Verts), Saint-Denis (PS), Saint-Étienne (PS), Chenôve (PS), Choisy-le-Roi (PCF), Montpellier (PS), Bordeaux (UMP)... Débutées depuis plusieurs années et ordonnées par des municipalités de gauche comme de droite, des expulsions abjectes de Rroms se multiplient aujourd’hui suite au discours de Sarkozy à Grenoble le 30 juillet. Quand les forces de l'ordre (sic !) débarquent avec des arrêtés d'expulsion pour faire monter ces miséreux dans des cars qui les conduisent jusqu'aux frontières ou aux aéroports, les ministres (Hortefeux, Besson) et hauts fonctionnaires responsables parlent de « retours humanitaires et volontaires ». Or, ce que laissent derrière eux ces « reconduits » est détruit à coups de pelleteuse : bien piètre image de l’ordre ! C’est notamment le cas de leurs caravanes – leurs domiciles ! – qui se retrouvent brûlées (Ensisheim, UMP). Ces retours prétendument volontaires des Rroms vers la Roumanie disputent la palme médiatique aux fermetures de campements des gens du voyage pour des prétextes tous plus fallacieux les uns que les autres. Il est prévu au moins deux évacuations par semaine et un nouveau fichier pour condamner ceux qui reviendraient.
Le racisme débute avec un bouc émissaire !
La Fédération anarchiste récuse les termes de xénophobie d’Etat utilisés pour qualifier ces événements dignes des heures les plus noires de l’Histoire de l’humanité. En effet, ce ne sont pas seulement les ressortissants roumains qui sont victimes de ces exactions, mais aussi « les gens du voyage », citoyens de notre république, qui subissent le même harcèlement.
Quoiqu’il en soit le scandale est le même !
Il s’agit donc bien plutôt d’un véritable racisme, larvé dans nos sociétés sédentarisées depuis des millénaires, et pour qui les nomades inspirent une peur fantasmée. Il en résulte une politique d’Etat, quelle que soit leur couleur politique, où les itinérants sans patrie ni frontières sont des sous-hommes, fichés plus que les citoyens dits « normaux », à qui on impose un carnet de circulation à faire viser par la gendarmerie, à qui on refuse l’accès à des campements décents pour mieux les chasser de ceux, insalubres, bruyants et dangereux, où ils ont été contraints de s’installer en désespoir de cause.
De ce point de vue, choisir un bouc émissaire dans ces populations procède du même principe que celui qui présida autrefois aux rafles, qui mena les Gitans dans les camps d’extermination ! Même des députés UMP s’en sont émus ! Briser la solidarité de classe a toujours été le jeu favori du pouvoir. Tout grossier qu’il est, le procédé n’en est pas moins efficace pour canaliser les ardeurs revendicatrices des victimes de la guerre sociale (voir les sondages d’opinion favorable).
Au final, le spectacle des hordes policières mettant à sac, brutalisant chacun jusqu’au plus faible, est le même en 2010 qu’en décembre 2002, quand le ministre de l’Intérieur de l’époque faisait fermer Sangatte ou qu’en septembre 2009, quand le ministre de l’Identité nationale faisait fermer la jungle de Calais. La logique qui prévaut dans toutes ces tragédies humaines est la même : seconder le système capitaliste dans son désir de contrôler les flux migratoires au seul profit de ses intérêts, chasser les pauvres improductifs des rares endroits où ils pourraient être un peu moins miséreux.
Halte aux positions timorées !
En ce sens, dénoncer la politique des gouvernements roumain et français sans la mettre en regard de l’exploitation capitaliste revient à s’arrêter au milieu du gué ; invoquer la Constitution comme bouclier des opprimés relève de la naïveté, et mêler à une manifestation de solidarité à tous les migrants la célébration du 140ème anniversaire d’une république fondée par un personnel politique qui comptait dans ses rangs tous les bourreaux de la Commune de Paris, qui pilla par la colonisation les richesses naturelles et humaines de nombreux pays d’Afrique et d’Asie, qui fit tirer sur des grévistes et qui lança la classe ouvrière dans les deux plus grandes boucheries de l’Histoire s’assimile à une manipulation.
C’est pourquoi la Fédération anarchiste appelle à manifester pour la liberté de circulation et la liberté d’installation partout sur la planète, pour la fin immédiate de ce racisme institutionnalisé, et pour la solidarité internationale entre tous les exploités.
LIBERTÉ DE CIRCULATION ET D’INSTALLATION !
HALTE AU RACISME D’ETAT !
Groupe La Sociale de la Fédération Anarchiste