Un militant assassiné par 3 néonazis parisiens

Le punk n'est pas qu'une musique ! Ici on discute de l'actualité, des manifs et des résistances en lien direct avec notre culture. "Make punk a threat again", ça vous dit encore quelque chose ?!
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Re: Un militant assassiné par 3 néonazis parisiens

Message par Nico37 » 10 juin 2013 22:13

Troisième Voie annule une manifestation prévue dimanche à Paris

Une manifestation prévue dimanche à Paris par le mouvement d'extrême droite Troisième Voie, dans le collimateur depuis la violente rixe qui a provoqué la mort de Clément Méric le 6 juin, a été annulée, a déclaré lundi à l'AFP le leader de Troisième Voie, Serge Ayoub.

Cette manifestation, en soutien au régime syrien de Bachar al-Assad, se voulait une protestation "contre la levée de l’embargo sur les armes destinées aux islamistes syriens".

"Dans le contexte actuel, la préfecture a refusé cette manifestation et notre politique n’est absolument pas de provoquer", a déclaré M. Ayoub. Selon une source à la préfecture de police, "aucune déclaration de manifestation n’a été reçue de la part de Troisième Voie".

Les cinq suspects poursuivis après la rixe survenue mercredi dernier à Paris, qui a causé la mort d’un étudiant de 18 ans et militant antifasciste, Clément Méric, sont des sympathisants de Troisième Voie. Samedi, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé sa décision d’engager une procédure de dissolution du groupuscule des Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), le service d’ordre de Troisième Voie.

Par ailleurs, des militants d’extrême droite s’organisent pour soutenir Esteban Morillo, l’auteur présumé des coups mortels sur Clément Méric. Âgé de 20 ans, il a été mis en examen pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner.

Une page Facebook "Soutenons Esteban" a été lancée et avait reçu près de 7.000 mentions "J’aime" lundi après-midi. Cette page renvoie à une "cagnotte" pour "aider Esteban et nos camarades". Cette cagnotte est gérée par le Comité d’entraide aux prisonniers européens (Cepe).

Cette association, qui a longtemps été présidée par Richard Roudier, le chef de la Ligue du Midi, vient régulièrement en aide à des militants d’extrême droite poursuivis par la justice. Le Cepe avait notamment lancé une collecte début juillet 2012 pour venir en aide à un militant du Bloc Identitaire placé en détention après une violente rixe dans les rues de Toulouse, au cours de laquelle un étudiant chilien avait été grièvement blessé.

Contacté par l’AFP, Richard Roudier a affirmé qu’il n’était plus le dirigeant du Cepe, mais qu’il faisait partie de son bureau. Il a confirmé une initiative de l’association en soutien à Esteban Morillo.
Serge Ayoub, starlette de la violence

La mort de Clément Méric, mercredi 5 juin, a remis sur le devant de la scène le leader des skinheads d'extrême droite parisien qui aime se pavaner dans les médias. C'était déjà le cas dans les années 90 où le décor n'était pas toujours celui des plateaux de télévision...

L’appartenance à la mouvance des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires/Troisième Voie – difficilement contestable – d'Esteban Morillo (20 ans), auteur pésumé des coups mortels portés contre Clément Méric (19 ans) a offert une fenêtre médiatique à leur chef : Serge Ayoub.

Le lendemain du drame, le bien nommé « Batskin », en référence à sa passion pour l’usage de la batte de baseball dans les années 80, a, en effet, volontiers décroché son téléphone pour se mettre à disposition de diverses médias (AFP, BFM, Itélé, Les Inrocks), décidés à lui donner la parole. Ainsi a-t-il eu l'occasion de démentir tous liens entre les JNR, lui-même, et les jeunes nervis d’extrême droite qui se rendaient à une vente privée Fred Perry, la même où se rendaient Clément Méric et quatre de ses amis.

Avec une extraordinaire mauvaise foi, Ayoub a tenté de retourner l’événement en la faveur des crânes rasés, incriminant « l’extrême gauche », qui incarnerait la « violence aujourd’hui ». « L’extrême gauche, si vous n’avez pas leur coupe de cheveux, si vous n’avez pas leur blouson, s’arroge le droit de menacer et de frapper les gens », a-t-il osé sur le plateau d’Itélé.

« Batskin », qui n’aime pas qu’on lui rappelle ce petit surnom (« On m’appelait comme ça quand j’avais 17 ans, j’en ai 48 ! »), voudrait faire oublier devant la France entière d’où il vient, d’où il parle et ce qu’il représente pour ceux qui rejoignent ses rangs, quand ils ne sont pas déjà des habitués du « Local », le bar qu'il a ouvert en 2007 dans le XVème arrondissement de Paris, comme le rapelle Le Monde (édition abonnés).

La courte vidéo qui suit lui rafraîchira peut-être la mémoire. Il s’agit d’un extrait de reportage réalisé dans les années 90 (Ayoub était déjà friand des caméras de télévision). On y voit Ayoub arpenter les catacombes avec ses amis, des bières à la main. Et c’est ainsi que « Batskin » raconte qu’ils descendaient « sous la rue » au milieu des années 80 pour « corriger » ceux qui y « faisaient la fête » : « les anarchistes, les communistes et autres drogués ». A la question « qu’est-ce que vous leur faisiez ? », celui qui, aujourd’hui, joue les vierges effarouchées répond fièrement : « Ce que fait tout skin quand il rencontre un ennemi : lui taper la gueule ».

Et comment reconnaît-on l’ennemi ? A « une étoile rouge et une tête de premier de la classe », répond-t-il du tac au tac. Frémissant, au regard des événements et du profil du jeune homme de 19 ans décédé la semaine dernière.

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Message par Nico37 » 11 juin 2013 14:01

Affaire Méric : quels sont les liens entre le FN et les JNR ? Vivien Vergnaud 10/06

Marine Le Pen martèle qu'elle n'a aucun rapport avec Serge Ayoub et ses Jeunesses nationalistes révolutionnaires, dont cinq sympathisants sont accusés de la mort de Clément Méric. La présidente du FN a avoué l'avoir rencontré une fois. Pourtant l'homme connait d'autres membres du FN.

Marine Le Pen assure n'avoir "aucun rapport" avec eux. Jean-Luc Mélenchon prétend l'inverse. Depuis la mort du jeune militant antifasciste Clément Méric et la mise en examen de cinq personnes qui ont toutes reconnu être des sympathisants du groupuscule d'extrême-droite Troisième voie et des Jeunesses nationalistes révolutionnaires, ces deux organisations sont dans le viseur des autorités. Et la présidente du Front national le martèle depuis plusieurs jours : "Nous n'avons aucun rapport avec ces groupes". "Je ne connais pas précisément ce groupe", avait-elle ajouté dimanche sur BFMTV. Tout au plus reconnaissait-elle avoir rencontré une fois le leader des deux organisations, Serge Ayoub.

En effet, selon le livre de deux journalistes du Monde paru en 2011 et intitulé Le système Le Pen, la patronne du Front a dîné en 2010 avec Serge Ayoub, alias "batskin" dans le milieu skinhead. A l'époque, la chef de file du FN n'avait pas démenti cet épisode. Elle avait décidé de le rencontrer car l'homme, contrairement à beaucoup d'autres issus comme lui de l'ultra-droite, avait choisi de la soutenir lors de la campagne interne au FN, contre Bruno Gollnisch.

D'autres membres du FN connaissent Ayoub

Rien de plus? Marine Le Pen a dû entendre parler d'autres fois de Serge Ayoub. En mai 2012, en pleine campagne pour les législatives à Hénin-Beaumont, ce dernier avait embarrassé la candidate du FN par un tractage sous ses yeux. Elle disait alors ne pas le connaître. Pourtant, en 2008, elle a participé à une soirée "100% French pride" à son "Local", un bar où il organise de nombreux colloques pour l'extrême-droite.

Et Troisième voie entretient des liens avec certains membres du FN. Le 1er mai, 2010, puis 2011 et encore en 2012, Ayoub avait participé au défilé du FN. En 2012, il y distribuait notamment son journal Salut public, dans lequel écrit Christian Bouchet. Ce dernier a été investi à Nantes par le FN aux législatives l'année dernière face à Jean-Marc Ayrault. Robert Ménard, soutenu par le parti pour les municipales à Béziers, a participé à un débat au "Local" en mai dernier.

Et puis l'appareil du parti connait bien Serge Ayoub, puisque ce dernier avait été approché en 1995, pour lui proposer une tête de liste aux municipales, en banlieue parisienne, racontent Les Inrockuptibles. L'affaire avait capoté. En 1999, le FN a eu également une petite attention pour "batskin". Selon l'ancien skinhead et JNR Eric Rossi, dans son mémoire Jeunesse française des années 1980-1990: la tentation néo-fasciste, le Front avait fait parvenir un télégramme de soutien à Ayoub après l'explosion (à la dynamite) de son magasin pour skinheads en 1993. Le parti avait été le seul à faire un geste.

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Re: Un militant assassiné par 3 néonazis parisiens

Message par Nico37 » 13 juin 2013 1:38

Edit modo
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Serge Ayoub : " Dissoudre les JNR, c'est impossible "

INTERVIEW - Après la mort de Clément Méric, tombé sous les coups de nationalistes, le gouvernement a promis la dissolution des jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR). Leur leader, Serge Ayoub, réagit pour metronews.

Le premier ministre a demandé samedi 8 juin au ministre de l'intérieur, Manuel Valls, "d'engager immédiatement" une procédure en vue de la dissolution du groupuscule d'extrême droite Jeunesses nationalistes révolutionnaires (JNR), après la mort de Clément Méric. Cette demande se fonde également sur la base d'éléments antérieurs et "plus larges" que la seule rixe au cours de laquelle le garçon est mort mercredi.

Que vous inspire la décision du gouvernement ?

On peut reprocher ce que l'on veut aux JNR, mais dire qu'ils sont impliqués dans la mort de Clément Méric, c'est faux. J'ai été entendu par la police, ils n'ont pas cité une seule fois les JNR. Le gouvernement veut justifier une erreur qu'il a commise. Ils ont cru qu'un meurtre avait été perpétré par une bande de fascistes, et ils ont tout de suite visé les JNR. Ils sont allés trop vite.

Le gouvernement se fonde aussi sur la base d'"incidents" plus anciens...

Ni Troisième Voie ni les JNR n'ont participé à la manif pour tous. Nous n'avons jamais eu aucun problème sur le terrain. Au contraire, lors d'une récente manifestation, nous nous sommes même interposés entre des nationalistes et des CRS pour éviter les incidents. On fait un travail de service d'ordre. Nous n'avons jamais eu de problème quand on demandait d'organiser une manifestation à la préfecture : jamais un mot plus haut que l'autre, jamais un tract par terre, jamais d'incidents. Ce sont des manifs pépères... Il n'y a rien à nous reprocher. Nous ne violons aucun des articles du code de la sécurité intérieure L212-1 que cite Manuel Valls. Juridiquement, ses arguments ne tiennent pas.

Peut-il dissoudre les JNR ?

On ne peut pas dissoudre ce qui n'existe pas, pour une action qu'ils n'ont pas commise. Légalement, c'est impossible de dissoudre les JNR. Ils n'ont pas de statuts juridiques. Le gouvernement ne peut rien faire. On est une bande d'amis d'une trentaine de personnes ! Quand on s'est connu on était jeunes. Maintenant on a 40 ans, on a rien à voir avec des gamins de 20 ans comme Esteban (l'auteur présumé du coup fatal porté à Clément Méric, ndlr). C'est ridicule de vouloir dissoudre une bande d'amis !
Des antifas tourangeaux a écrit :Nous apprenons par la NR* que suite à la manifestation de samedi dernier en hommage à Clément Méric, qui est passée devant sa boutique, M.Mériguet a écrit au préfet pour demander une protection policière pour lui et sa famille.
Au delà de cette énième tentative de faire le buzz sur sa personne, nous sommes extrêmement surpris de ce revirement de M.Mériguet, qui, il y a quelques années encore, exprimait sa haine de la police nationale dans une chanson intitulée "Flic républicain", dont le refrain était "flic républicain honte du genre humain!".
La police tourangelle à qui il demande protection sera probablement ravie de connaitre le reste des paroles : "tu obéis sans honneurs aux ordres les plus malsains", "barbouze sans scrupule aux ordres de crapules, tu traques les résistants qui combattent l'occupant", etc, etc...

une chanson-culte à écouter ici: http://www.youtube.com/watch?v=Ad1OC1KqHFc

Manifestement Pierre-Louis Mériguet n'en est pas à une contradiction près pourvu que l'on parle de lui dans les journaux. Mais à force de retourner sa veste de tous côtés, elle va finir par craquer, comme dirait Jacques Dutronc**!

*http://www.lanouvellerepublique.fr/Indr ... te-1501812
**cf. L'opportuniste : http://www.youtube.com/watch?v=k1SvDqKA_UQ

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Message par damien » 13 juin 2013 7:57

.
Modifié en dernier par damien le 13 juin 2013 20:23, modifié 1 fois.
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Message par niap » 13 juin 2013 11:34

Nico37 a écrit :Image
Tu aurais pu mettre l'article du canard en entier.
Dans tout ce que j'ai lu sur l'affaire, dans les media "grand public", seul le canard a eu le bon goût de qualifier Clément de "militant antifasciste". Le reste, et ce n'est pas surprenant parle de militant d'extrème gauche, histoire de bien montrer que les extrèmes, c'est blanc bonnet et bonnet blanc.
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Message par Chéri-Bibi » 13 juin 2013 14:39

Il faudrait surtout comprendre, chers intervenants, qu'au-delà du chagrin, des colères, des amertumes et des questionnements consécutifs à la mort de ce jeune camarade tout autant qu'au tintamarre médiatico-marthyrologique qui s'en est ensuivit, vous êtes ici sur un forum public, une instruction judiciaire est en cours et le camp de l'auteur des coups mortels ratisse large pour alimenter sa défense.

Alors oui, il y aura beaucoup de choses à dire, comprendre et échanger -si possible de manière dépassionnée- quant à l'actualité, aux futurs et aux risques d'une indispensable vigilance antifasciste, mais pour l'instant, un conseil : mettez-la en veilleuse.

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Re: Un militant assassiné par 3 néonazis parisiens

Message par Nico37 » 13 juin 2013 23:07

Relativiser cette tragédie, c'est le tuer une seconde fois Hagay Sobol Universitaire, Président d'Association, Édité par Louise Auvitu

Le principal suspect dans l'enquête sur la mort de Clément Méric a été mis en examen. Le jeune militant d'extrême-gauche, décédé jeudi 6 juin après après avoir été battu à mort par des skinheads, continue d'émouvoir les Français. Quelles leçons faut-il tirer de ce drame ? Pour notre contributeur, la révolte est indiscutable.

La vie de Clément Méric s'est arrêtée à 18 ans, est-ce un drame ou une récupération. Faut-il renvoyer dos à dos les deux extrêmes ? Faire cela c'est rendre le mal banal et oublier que la France est un État de droit.

Notre société va si mal que cela choque de moins en moins de se battre plutôt que de débattre.

Il est plus facile de se battre

À peine sorti de l'adolescence, âge sans concession, la vie de Méric s'est arrêtée. À cet âge, on est de tous les combats, on veut changer le monde et pas toujours de la manière la plus subtile. Est-ce une raison pour légitimer sa mort ?

Non en aucun cas ! Pour Clément, son engagement était peut-être pour une façon de nous dire à nous adultes et parents que le monde que nous lui laissons, ainsi qu'à nos enfants, est dans un triste état. Qu'aurait-il pu devenir avec quelques années de plus. Avec une vie en plus ?

De l’autre côté, il faut se rendre à l’évidence, avoir le crâne rasé, vêtu comme un paramilitaire et armé d’un coup de poing américain, c’est rarement pour faire de la poésie. Peut-être que celui qui a porté de coup fatal, était "désorienté" et endoctriné, "ne cherchant qu’à ce défendre"… À se défendre de quoi du débat d’idées ? C’est en effet plus facile de se battre que de débattre.

Combattre le mal de toutes ses forces

Oui, c’est vrai, l’intolérance est dans les deux camps. Mais la France est un État de droit et les citoyens qui la composent ont le devoir de faire régner les principes républicains qui régissent notre vivre ensemble. "Tous ensemble". Sinon nous sombrerons à court terme dans la barbarie en légitimant la mort ici, et l’obscurantisme là-bas.

Aujourd’hui, les idéologies extrêmes sont responsables de deux vies gâchées. Combien demain si nous nous y habituons ? Si nous ne nous révoltons pas devant ce mal qui corrompt nos valeurs. Non, il ne faut pas s’habituer au mal, au point qu’il devienne banal. Il faut rester lucide pour le combattre de toutes ses forces.

Relativiser la mort de Clément, âgé à peine de 18 ans, l’âge de tous les possibles, c’est le laisser mourir une deuxième fois en renvoyant dos à dos "victime et meurtrier".

Oui ce monde est malade d’indifférence et de lâcheté. Se révolter face à ce drame n'est pas de la récupération, s'est simplement faire preuve d'humanité !

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Re: Un militant assassiné par 3 néonazis parisiens

Message par Nico37 » 14 juin 2013 18:39

Où en est l'extrême droite en France ? propos recueillis par Marie-Lucile Kubacki 12/06

Quelques jours après la mort de Clément Méric, puis de la dissolution des Jeunesses nationalists révolutionnaires, des voix s'élèvent pour dénoncer une poussée de la violence sur fond de montée de l'extrême droite en France. Qu'en est-il exactement ? Le politologue Jean-Yves Camus, auteur de Extrémismes en France : faut-il en avoir peur ? décrypte pour nous le phénomène.

Assiste-t-on à une résurgence de l’extrême droite en France ?

À l’extrême droite, on observe un changement de dynamique depuis que Marine Le Pen dirige le FN. Avant qu’elle n’en soit présidente, le FN acceptait en son sein des gens qui pouvaient appartenir à d’autres groupuscules radicaux ou professer une idéologie radicale. Officiellement, la double appartenance était interdite par les statuts mais dans la pratique, il y avait assez peu de contrôles. L’assassinat le 1er mai 1995 de Brahim Bouarram, jeune homme d’origine marocaine, poussé dans la Seine par des skinheads en marge du cortège du FN, a changé la donne. Le parti a compris que son image et sa réputation étaient en jeu et il a mis à disposition de la police les bandes vidéos qui ont permis d’appréhender les agresseurs. À partir de là, il a commencé à vouloir faire le grand nettoyage. Quand Marine Le Pen est arrivée en janvier 2011, elle a assez rapidement exclu des gens qui professaient des opinions particulièrement radicales. Cela a créé un petit espace à droite du Front, avec 3000 personnes tout au plus.

L’exclusion de ces membres « radicaux » ne les a-t-elle pas radicalisés davantage ?

Si. Quand on ne trouve pas de débouché proprement politique, le ton monte... D’autant que les nouveaux médias ouvrent à la surenchère verbale : on est de plus en plus virulents sur Facebook, Twitter et les forums de discussion. Cette rhétorique belliqueuse peut assez facilement inciter des gens, par ailleurs peu structurés idéologiquement, à passer du côté de la violence physique. Le climat actuel est caractérisé par une sorte d’échauffement généralisé des esprits, accru par le fait que les militants de cette mouvance sont souvent jeunes, se savent persona non grata au FN, et que leurs groupes, pris de manière autonome, n’ont pas de perspective. Pris dans une sorte de cul-de-sac, ils peuvent être tentés de compenser le faible nombre de militants et le faible écho de leurs mouvements par un passage à la violence d’autant plus facile que le culte de la violence est présent dans leurs groupes. Une violence exercée envers des cibles qui n’ont pas beaucoup changé au fil de l’Histoire : les opposants politiques de gauche et d’extrême gauche, les minorités ethniques et religieuses, les homosexuels et tous ceux qui ont le malheur de présenter un signe visible de leur différence.

On a vu certains de ces mouvements présents dans les Manifs pour tous. L’opposition au mariage pour tous a-t-elle été un terreau pour les extrémistes ?

Je ne vois pas les choses comme cela. Civitas, le Renouveau Français, les Jeunesses nationalistes, l’Œuvre française et le GUD ont manifesté mais ils existent depuis très longtemps ! Ils n’ont fait que trouver dans les manifestations anti-mariage pour tous une bonne occasion d’apparaître sous l’œil des caméras et d’utiliser ces manifs qui rassemblaient beaucoup de monde comme caisse de résonance. Ça leur a permis de recruter un peu, de se montrer, de diffuser leur message mais c’était l’occasion qui faisait le larron. Ces mouvements ne sont pas nés avec les Manifs pour tous.

En marquant sa différence par rapport à ces groupes, le Front National cherche-t-il a faire oublier l’étiquette « extrême droite » qui lui est collée ?

Marine Le Pen a compris deux choses : pour devenir un parti véritablement normalisé aux yeux des Français et devenir acceptable aux yeux des alliances locales, le FN doit être irréprochable sur la question de l’Histoire et établir un cordon vis-à-vis des groupes radicaux. Sur la question de l’Histoire, il n’y a plus de petites phrases sur le « point de détail » et sur le cordon sanitaire, il y eu cette tentative d’exclure les éléments les plus embarrassants. Le FN est pris dans cette ambiguïté permanente entre la volonté d’être un parti comme les autres et la récurrence des affaires révélant qu’en son sein militent des gens qui professent des idées pas comme les autres. Des événements comme celui de la semaine dernière ne desservent pas le FN : tous les projecteurs se braquent sur des groupes tellement radicaux qu’à côté il passe pour un parti plus respectable. Ainsi, par contraste, on a moins de mal à la croire quand elle dit : « nous ne sommes pas d’extrême droite ».

On décrit souvent les militants d’extrême droite comme des gens peu formés, en difficulté sociale... Est-ce le cas ? Y a-t-il une sociologie de l’extrême droite ?

Il ne faut rien caricaturer. Les militants, y compris ceux des groupuscules, ne sont ni des gens d’intelligence inférieure, ni des sous-citoyens. Serge Ayoub lui même a une culture d’autodidacte. Chez les électeurs, structurellement, plus on a un niveau de diplôme élevé, moins on vote FN. Voilà pourquoi la catégorie de jeunes ciblée par les frontistes et les groupuscules sont ceux qui ont eu une entrée rapide dans la vie active et se trouvent confrontés à tous les problèmes de l’époque, insertion dans le monde du travail, coût des études et délocalisations.

[...]

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Re: Un militant assassiné par 3 néonazis parisiens

Message par Nico37 » 15 juin 2013 22:14

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Communiqué de l’Action Antifasciste Paris-Banlieue

Voici la preuve incontestable et définitive qu’Esteban Morillo, l’assassin de notre camarade Clément, est un militant de Troisième Voie, groupe d’extrême droite dirigé par Serge Ayoub. On observe sur cette photo Esteban Morillo (vêtu d’un tee shirt Troisième Voie) en compagnie d’un certain nombre d’autres militants dont leur leader Serge Ayoub.

La révélation de ce cliché est l’occasion pour notre organisation de soulever certains points importants liés au dramatique assassinat de Clément.

Voici une semaine que notre camarade et ami nous a quitté et que nous devons faire face à une exposition médiatique importante. Si le traitement de l’information n’est pas uniforme, nous constatons néanmoins que certains médias, dans leur recherche du scoop et du sensationnel, se sont empressés de donner la parole à l’infâme Serge Ayoub, leader de l’organisation Troisième Voie dont l’assassin de Clément était donc militant. L’occasion était trop belle pour l’extrême droite et le comportement irresponsable de certains leur a permis d’étaler leur propagande mensongère et de jouir, une nouvelle fois, d’une exposition de grande ampleur à peu de frais.

Nous souhaitons également réitérer de façon claire et directe notre accusation portée au Front National et à sa présidente Marine Le Pen. Oui les liens existent et ils ont été largement mis en lumière ces derniers jours : sécurité du défilé du 1er Mai du Front National par certains membres des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires, diner en tête à tête entre Marine Le Pen et Serge Ayoub, présence de Marine Le Pen au local de Troisième Voie en 2008(1) ou encore soutien de Serge Ayoub et de Troisième Voie sur les marchés d’Hénin-Beaumont lors de la campagne du FN face à Jean Luc Mélenchon. A quand des investigations supplémentaires sur ces liens avérés entre les mouvances d’ultra droite et le Front National ?

Pour notre part, nous appelons à une grande manifestation unitaire face à la montée des idées de l’extrême droite. Rendez-vous le Dimanche 23 Juin à 15h à Paris (lieu à définir).

Toujours antifascistes !
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Re: Un militant assassiné par 3 néonazis parisiens

Message par Nico37 » 16 juin 2013 20:56

Jeunesse Nationaliste Révolutionnaire

Les JNR est un rassemblement de skinheads d’extrême droite, qui a connu deux périodes d’existence : la première de la fin des années 80 au milieu des années 90, et la seconde plus récente, depuis environ 2010. A chaque fois ce groupe était dirigé par Serge « Batskin » Ayoub

La première mouture des JNR apparait en 1987, une période où le FN, mais également le PNFE, tentent avec plus ou moins de succès de récupérer à leur compte le mouvement skinhead en France, alors majoritairement nationaliste. Batskin fonde les JNR sur les cendres d’une précédente bande, le Klan, qui était le rassemblement des éléments les plus violents et radicaux des différentes bandes de skins nationalistes à Paris. Ce Klan (appelé parfois aussi Nazi Klan ou encore Zyklon Army, pour les besoins de certains reportages télévisés) gravitait autour du groupe RAC Evil Skin [1]

Dans ce Nazi Klan on trouve quelques éléments des futurs JNR comme Régis « Madskin » Kerhuel [2]. Les apparitions provocatrices deviendront la spécialité du Klan qui n’a que peu d’activité politique, comme en 1985 où le groupe défile avec une banderole « Les amis de Klaus Barbie » lors de l’hommage de l’extrême droite rendu à Jeanne d’Arc en mai. Le Klan à cette époque se rend célèbre par ses nombreux actes de violence contre les autres bandes skins et punks, mais également contre des immigrés. Ils seront le sujet de nombreux reportages dans les années 80 où on peut les voir lancer des cocktails Molotov dans un hangar désaffecté.

Désirant donner une tournure plus politique à sa bande de skinheads, Ayoub les transforme en Jeunesse Nationaliste Révolutionnaire en 1987, en pratiquant une purge dans les rangs du Klan en expulsant les éléments les moins dociles à son autorité. Ceux du Klan ayant refusé de suivre Ayoub à TV se tourneront alors vers les Faisceaux Nationalistes Européens [3] , comme Pascal Berger [4].

Parmi les premiers membres des JNR on retrouve Régis Kerhuel, Joël Giraud, « Vitri », Eric Rossi, Grand Didier, Bruce Thomson, skin anglais ayant milité au National Front ou Gilles Dussauge dit Grand Gilles [5].

Jean-Gilles Malliarakis, qui dirige alors Troisième Voie, propose à Ayoub et ses troupes d’intégrer TV, devenant la branche « jeunes prolétaires » du mouvement tandis que le GUD se chargeait des étudiants. Mais la cohabitation entre le GUD et les JNR s’avère difficile, les skinheads des JNR s’amuseront parfois à dépouiller, dans le local qui était à leur disposition, les jeunes étudiants venus s’inscrire au GUD. Dans la pratique les JNR sont cantonnés à la sécurité des manifestations et rassemblements du mouvement, une activité que les troupes d’Ayoub, à la lecture des bulletins internes du mouvement de l’époque, auront du mal à tenir [6].

Les mises en scènes médiatiques des JNR [7] , comme les photos où ils posent avec des armes à feu, la présence récurrente d’Ayoub sur les plateaux télés [8] et les coups de mains répétés en tant que SO supplétif au Front National terminent d’agacer Malliarakis qui décide de se séparer de tout ce petit monde.

Ayoub et les JNR se tournent alors vers lePNF [9] et s’installent dans leur local.

Les JNR apparaissent alors parfois sous le nom Comité de Base Jeunesse. La collaboration entre les vieux nazis et les jeunes néonazis est éphémère, les anciens de la Waffen décident de mettre les jeunes cons à la porte après la diffusion de tracts pro-irakiens pendant la Guerre du Golfe. Les JNR et Ayoub décident alors de devenir un groupe politique autonome et de ne plus être une composante d’un des multiples groupuscules d’extrême droite de cette période.

Le 5 mars 1993 les JNR organisent un meeting politique intitulé les Nouveaux Barbares à Vitry-sur-Seine, où se rassemblent des skinheads néonazis venus d’Allemagne, d‘Italie ainsi que des représentants du mouvement néonazi Blood & Honour. Le 7 mai 1994 les JNR appellent, aux côtés du GUD et de l’Oeuvre Française à un rassemblement pour dénoncer la commémoration du débarquement des alliés en 1944, ce débarquement étant considéré non comme une libération mais comme une invasion [10].

Entre 1992 et 1994, il n’est pas rare de voir les JNR, parfois aux côtés du GUD dirigé alors par Frédéric Chatillon, faire le SO volant autour des meetings du Front National, comme au meeting du Zénith à Paris en 1992.

Mais les affaires de violences finissent par rattraper les membres des JNR : Régis Kerhuel et Joël Giraud sont arrêtés pour le meurtre d’un jeune Mauricien au Havre quelques années plus tôt. C’est alors la fin des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires première période, d’autant qu’en 2000, lors du procès de Régis et Joël, Ayoub lâchera ses anciens complices.

JNR version 2.0

Ayoub fait son retour dans le milieu nationaliste français au milieu des années 2000. Après s’être rapproché un temps d’Alain Soral, il ouvre son bar associatif Le Local, et réactive en 2010 les JNR en même temps qu’il s’accapare l’appellation Troisième Voie.

Dans ces JNR, qui n’ont plus grand-chose de jeune (la moyenne d’âge a largement doublé par rapport à celle des années 80), quelques rares rescapés des premiers JNR sont encore là, comme Gilles Dussauge.

Cette fois-ci Ayoub ne tente plus de faire croire que les JNR seraient un groupe politique, avec un discours propre. Comme il le déclare alors dans les médias d’extrême droite, les JNR auront pour rôle de faire « de leur corps un rempart contre les attaques ennemies ».

L’autre grande nouveauté, c’est que là où dans les années 80 les JNR étaient un groupe d’une grosse trentaine de skinheads d’extrême droite, actifs essentiellement en Ile-de-France, ces nouveaux JNR, sont plus nombreux et surtout Ayoub a élargi le recrutement à toute la France, d’où l’apparition de différentes sections de JNR dans le Nord ou le Sud de la France. Ayoub va même chercher d’anciens membres de la tribune Boulogne comme Daniel Mack, que l’on a pu également apercevoir assurer la protection de Marine Le Pen lors du défilé du 1er mai 2012 à Paris, aux côtés d’Olivier « Géant » autre membre des JNR nouvelle version, sous les ordres d’Axel Lousteau, ancien du GUD des années 90. Pour plus d"infos sur cette histoire nous vous renvoyons à cet article

Ces JNR version 2.0 sont une nouvelle fois la garde prétorienne du mouvement Troisième Voie, et l’appartenance à ce groupe est vue dans les rangs des militants et sympathisants comme un véritable idéal à atteindre. Mais au final ses membres ont toujours le même point commun, ce sont en majorité des skinheads néonazis.

Concrètement, les JNR aujourd’hui au sein de TV sont réduits à servir de Service d’Ordre pour les manifestations organisées par le mouvement, comme lors de l’hommage rendu à Jeanne d’Arc chaque deuxième dimanche de mai [11]. Le reste du temps, on peut les apercevoir au Local, le bar associatif de leur chef.

Ayoub a réalisé un vrai travail marketing autour des JNR, dont les histoires de baston (réelles ou imaginaires) des années 80 font office légendes chez les jeunes générations de skins d’extrême droite. Entre les t-shirt siglés JNR [12], les blousons patchés JNR, tout est fait pour entretenir le mythe auprès de jeunes nationalistes à la recherche du petit frisson de la violence.

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[1] si ses membres n’étaient pas à proprement parler des militants, le groupe était néonazi, malgré une légende tenace qui voulait que les textes des chansons n’étaient que de la provocation
[2] également bassiste d’Evil Skin
[3] Mouvement néo-nazi qui a pris le relais de la FANE
[4] Il deviendra par la suite responsable de la sécurité pour le PSG via la société Challengers jusqu’au début des années 90
[5] qu’on retrouvera également dans la version 2010 des JNR
[6] Jeunesse Française des années 80-90 : La tentation néo-fasciste, Eric Rossi, LGDJ. p.284
[7] Certains journalistes à l’époque, à la recherche de sensationnel n’hésitaient pas à « chauffer » la bande d’Ayoub pour filmer quelques agressions. Ce sera le cas en particulier le 22 avril 1990. Pour les besoins d’un reportage pour la chaîne La 5, Batskin et quelques JNR, dont Eric Rossi et Joël Giraud, agresseront un africain, Karim Diallo sous les caméras des journalistes. Ils seront condamnés à 8 mois de prison avec sursis en janvier 1994 pour cette agression.
[8] Ciel mon mardi, le Droit de Savoir, 52 sur la Une
[9] Parti Nationaliste Français, dirigés par l’équipe du journal Militant, composés d’anciens engagés dans la Waffen SS et scissionniste du FN
[10] C’est au cours de cette manifestation que Sébastien Dezieux, militant nationaliste, perdra la vie. Un comité de soutien, composé du GUD, des JNR mais également du FNJ se retrouvera en souvenir de ce militant autour du Comité du 9 mai
[11] avec des prestations diverses. En 2012 ils ont été tenus en échec par l’Action Français et en 2013 la première ligne des JNR a largement avoiné les participants de son cortège qui souhaitaient en découdre avec les Femens venus perturber le rassemblement
[12] avec leur devise Croire Combattre, Obéir

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